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THE FIGHT FOR THE SKY

 

 
THE FIGHT FOR THE SKY

 

Année : 1945
Pays : Etats-Unis
Durée : 41 min.
Genre : Documentaire
Noir et blanc

Ronald REAGAN (Narrateur)

Photographie : 3° Combat camera unit
Producteur : AAF Motion picture unit

Avions :

  • -Boeing B-17G
  • -Lioré et Olivier H.242, F-APKJ 
  • -Lockheed P-38H/J
  • -North American P-51D
  • -Republic P-47D Thunderbolt 


Notre avis :

Ce court métrage, produit par l'USAAF, sortit un an après le débarquement de Normandie, alors que la guerre vient de finir en Europe. Il détaille les opérations d'une escadrille de chasse américaine chargée d'escorter les bombardiers au-dessus de l'Allemagne, mais aussi d'effectuer des missions de mitraillage  au sol.

En prélude au débarquement en France, les chasseurs-bombardiers des 8° et 9° Air Forces de l'USAAF, lancèrent, en février 1944, une série attaques contre le réseau ferroviaire, les terrains d'aviation, les ports, les ponts, dans le nord de la France et tout au long de la côte de la Manche. Ces attaques s'étendirent à la Belgique, ainsi qu'à l'Allemagne. Les images du film semblent dater de l'année 1944 et ont été prises avant et après le débarquement. Bien qu'elles soient censées avoir été prises en Allemagne, certains paysages, certains villages, évoquent plutôt la France.

Le documentaire commence sur une base US de l'East Anglia, en Angleterre. Les pilotes se reposent dans leur mess en écoutant la radio ou en jouant au billard. Pendant ce temps, à son quartier général, le général James Doolittle prépare avec ses officiers une nouvelle mission de bombardement sur la Ruhr, en Allemagne. Plus tard, les pilotes des chasseurs qui doivent escorter les bombardiers, reçoivent leur instructions. Puis, c'est l'envol et le rendez vous avec les bombardiers. A un certain point, des P-51 relayent les P-47 qui sont autorisés, sur la route du retour, à effectuer des missions de mitraillage au sol. Mais la chasse allemande intervient et abat plusieurs bombardiers. Les chasseurs d'escorte les engagent et en éliminent un grand nombre. Puis, sur le retour, les chasseurs descendent au niveau du sol pour attaquer les bases allemandes, ainsi que tous les moyens de communication. Le film se termine par un hommage aux principaux as de la chasse US en Europe, parmi lesquels, Francis Gabreski (28 victoires), Robert Johnson (27 victoires), Don Gentile (22 victoires), Walker Mahurin (19 victoires), Hubert Zemke (15 victoires), David Schilling (22 victoires) et Glenn Duncan (19 victoires), qui ont contribué à rendre possible la victoire sur le continent européen. C'est maintenant au tour du Pacifique (en juin 1945, le territoire japonais subit les bombardements quotidiens des B-29).

Dans la première partie introductive, on voit le général Jimmy Doolittle, le chef de la 8° Air Force, de janvier à septembre 1944. C'est lui qui changea les règles habituelles en autorisant les chasseurs d'escorte des bombardiers, à effectuer des mission de strafing, sur le chemin du retour à leur base. Ces missions appelées "rodeo" ("ramrod" étant le nom de code pour les missions d'escorte) contribuèrent de façon significative à assurer la maîtrise de l'espace aérien allemand par l'aviation alliée. La majeure partie du film est constituée par des films de ciné-mitrailleuses montrant la destruction des avions allemands en l'air, mais surtout au sol. On assiste ainsi, alors que la chasse allemande semble absente, à une véritable entreprise de démolition des avions parqués sur les terrains d'aviation. Quand, ils n'ont pas d'avions à se mettre devant le collimateur, les chasseurs, volant à très faible altitude, sautant les rideaux d'arbre ou fonçant à travers les débris des explosions, attaquent les trains, les voitures, les péniches, sans oublier les stations de radio, de radar ou les tours de Flak (qui paraissent être, en fait, des châteaux d'eau, où des pièces de DCA, étaient, certes, parfois installées...), semant la mort et la destruction derrière eux. Les Allemands avaient voulu la guerre, on leur a donné, telle semble être la morale du documentaire !

 

Les avions du film :

Sur la base US, "quelque part dans l'East Anglia" (vraisemblablement la base RAF d'Halesworth, dans le Suffolk, où fut basé le 56th Fighter Group, de juillet 1943 à avril 1944), le commentateur nous présente le Republic P-47D Thunderbolt (appelé familièrement "the jug"), puis, le Lockheed P-38H/J et enfin le North American P-51D Mustang. Ces chasseurs lourdement armés, étaient capables, par leur rayon d'action, d'escorter les bombardiers lourds comme d'effectuer des missions d'attaque au sol.

La plupart des P-47D possèdent un dos en arête (razorback) et quelques uns ont une verrière en bulle. Ils appartiennent au 350th Fighter Squadron (353 FG), code LH et au 63rd Fighter Squadron (56th FG), code "UN". On voit de près un P-47D de cette unité, le "UN-V" (s/n 42-28543), portant le nom de "Pat" et qui sera perdu au large de la côte hollandaise, le 9 septembre 1944. Le 56th Fighter Group était commandé, en 1944, par le colonel David C. Shilling, dont on voit l'avion "Hairless Joe".

Les unités auxquelles appartiennent les Lockheed P-38H/J, dont certains portent des bandes d'invasion, sont plus difficiles à déterminer. On ne peut distinguer que le code "CL" du 338th Fighter Squadron (55FG), une image antérieure au 5 septembre 1944, date à laquelle l'unité passa sur monomoteur P-51.

Les Mustang P-51B ou P-51D (verrière à bulle) appartiennent au 334th Fighter Squadron, (4th FG), code "QP". Au sol, on voit le "P-51B-5, "QP-T" (s/n 43-6719) qui sera abattu le 7 octobre 1944.P-51D-10, et le "QP-H" (s/n 44-14119) "Sizzlin' Liz" qui sera abattu le 21 novembre 1944. On a également une très belle vue en vol du P-51D-5 “Proboscis" (s/n 44-13959), portant le même code "QP-H"

A coté de ces chasseurs, sur la base US, on aperçoit rapidement avion d'entrainement, un North American T-6.

Les bombardiers escortés sont principalement des Boeing B-17G, mais ils sont vus de trop loin pour qu'on puisse reconnaitre leurs unités, à l'exception du B-17G s/n 42-102618 du 306th Bomber Group (un H dans un trinagle). Il y a aussi quelques Consolidated B-24D, vus plus tard, et appartenant au 389th Bomber Group (code "C" dans un rond).

Du coté de l'adversaire, un film allemand montre le décollage en urgence de Messerschmitt Bf.109G et de Focke Wulf Fw. 190. Ces extraits de films se retrouveront dans "Jéricho" (1946). Les avions ennemis en vol, sont filmés par les ciné-mitrailleuses. La majorité sont des chasseurs, Messerschmitt Bf.109 et Focke Wulf Fw.190, en proportion égale. Mais, les Américains abattent également des bimoteurs, Messerschmitt Bf.110, Messerschmitt Me. 210, Junkers Ju.88, et un Heinkel He.111 et aussi des Junkers Ju.52. Mais, à un moment, on distingue très distinctement un De Havilland Mosquito, touché au moteur gauche…

Les autres avions sont vus au sol, au cours de strafings sur les bases en Allemagne ou en France. Ce sont surtout des multimoteurs : des bombardiers, Heinkel He.111, Heinkel He.177, Junkers Ju.88, Junkers Ju.188, avec quelques monomoteurs Junkers Ju.87, des avions de transport, Junkers Ju.52, et un Savoia-Marchetti SM.81 italien, des avions d'entraînement, Junkers Ju.86, Siebel Si.204D.

Une séquence courte (9 secondes), mais intéressante, quoique plutôt triste, montre le mitraillage de quatre hydravions français, ancrés sur un lac. Ce sont des Lioré et Olivier H.242 d'Air France; on distingue même l'immatriculation d'un de ces appareils : "F-APKJ". C'était l'hydravion "Ville de Casablanca" (c/n 13), mis en service en mars 1937. Ce mitraillage, effectué en deux passes de tir (selon les témoins), eut lieu le dimanche 30 avril 1944, sur le lac du "Grand large" (appelé "Open sea" dans le film) au NE de Lyon. Il impliqua sept P-51 du 336 th Fighter Squadrons (4th Fighter Group, code VF), menés par le colonel Don Blakeslee. Les LeO H.242, au mouillage, ne portent pas de marques allemandes. Trois furent coulés (F-APKJ, F-ANPD c/n 7, "Ville d'Ajaccio", F-ANQF c/n 9,"Ville de Toulon"), le quatrième (le F-ANQH, c/n 11, "Ville de Cannes") restant en partie émergé, après l'attaque. Sur le film, les hydravions sont ancrés à l'extrémité ouest du lac, à proximité de la voie de chemin de fer et de l'actuelle rocade est; ils occupaient exactement le mouillage du club S.A.L. Yachting, situé sur le chemin de contre halage.

Ces appareils attachés à la base de Marignane, sur l'étang de Berre, avaient été convoyés, le 15 novembre 1942, par du personnel d'Air France vers le plan d'eau du Grand Large, après le débarquement allié en Afrique du Nord, pour les mettre à l'abri des éventuels bombardements alliés (qui eurent effectivement lieu, mais le 10 mars 1944). Ils furent saisis par les Allemands, mais ni la Lufthansa, ni la Luftwaffe n'acceptèrent de prendre ces vieux appareils en compte et ils ne volèrent plus. Les Allemands se montrèrent plus intéressés par les LéO H.246. Les épaves de ces hydravions furent relevées dès juin 1944 et ferraillées deux ans plus tard, à Lyon-Bron (Cf. Fana de l'Aviation n° 430, 2005, pp 31-32).

Autre séquence intéressante, on voit les avions américains mitrailler un bombardier anglais, un Avro Lancaster, qui s'est posé, presque intact, dans un champ, afin qu'il ne soit pas réutilisé par la Luftwaffe. De très nombreux Lancaster furent abattus au-dessus du territoire français, mais les Allemands en récupérèrent très peu en état de vol. Cependant, le pilote d'essai Hans Walter Lerche raconte, dans son livre "Testpilot anf Beuteflugzeugen" (1977), qu'il fut amené à faire les essais d'un Lancaster, récupéré, peu endommagé, dans la région de Travemünde, où il fut réparé par la Lufthansa, en août 1944. Il le convoya à Berlin, peu après, mais son sort reste inconnu.

 

Christian Santoir

*Film à télécharger sur www.archive.org

 

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