FERRY PILOT
Année : 1941
Pays : Grande Bretagne
Genre : documentaire
Durée : 31 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Pat JACKSON
Photographie : H.E. FOWLE
Musique : Brian EASDALE
Producteur : Ian DALRYMPLE
Compagnies productrices : Colonial Film Unit, Crown Film Unit
Avions :
- Armstrong-Whitworth Whitley Mk.V
- Avro Anson Mk. I
- De Havilland DH.80 Puss Moth, en arrière plan
- Hawker Tomtit
- Heinkel He.111E
- Messerschmitt Bf.110
- Spitfire Mk.I
Notre avis :
Ce petit documentaire fut tourné par le Ministère de l'Information britannique, par l'intermédiaire de Crow Film Unit. Cette unité tournera d'autres documentaire sur l'aviation comme "Target for tonight " (1941) et "Coastal Command" (1942). Le sujet est ici l'ATA, l'Air Transport Auxiliary. C'était une organisation civile destinée à convoyer les avions neufs ou réparés, entre les usines, les ateliers de montage, les unités de maintenance, les ports, d'une part, et les escadrilles ou les bases de la RAF, en Angleterre, d'autre part. L'ATA assurait également les liaisons rapides ainsi qu'un service d'ambulance aérienne. Ses pilotes étaient recrutés parmi des réservistes atteints par la limite d'âge ou ne pouvant satisfaire aux critères physiques de la RAF ou de la Fleet Air Arm. Une caractéristique unique de l'ATA, est que des handicapés étaient admis tant que leur handicap ne les empêchait pas de piloter ! Il y eut ainsi des pilotes unijambistes ou avec un seul bras, des myopes ou des borgnes ! Ils venaient de vingt huit pays différents, des pays du Commonwealth, mais aussi des pays neutres, comme les Etats-Unis. Fin 1939, l'ATA commença à incorporer des femmes qui atteignirent finalement le nombre de 166 (1/8° des effectifs totaux). Quinze perdirent la vie aux commandes d'avions, dont la célèbre aviatrice Amy Johnson. Les femmes pilotes de l'ATA servirent de modèles aux WAFS (Women’s Auxiliary Ferry Squadron) américaines, une unité de convoyage qui ne fut créée qu'à la fin de 1942.
Le documentaire nous montre donc le bureau central de l'ATA, basé sur le terrain de White Waltham (Berkshire), qui envoie les ordres de convoyages pour satisfaire aux demandes qu'il reçoit des différents commandements. Il nous montre ensuite une brochette de pilotes provenant d'horizons divers; il y a un médecin, un critique littéraire, un ancien pilote d'essai, un professeur, un commercial…Ces hommes ont laissé leur Puss Moth du dimanche pour piloter des chasseurs ou des bombardiers. Les femmes ne convoient pas des avions de combat, mais des avions d'entrainement ou de transport ( mais plus tard, elles pourront voler sur tous les types d'avions, du chasseur au bombardier quadrimoteur, à l'exception des grands hydravions, dont le pilotage demandaient beaucoup de muscle). Puis, le documentaire se focalise sur deux pilotes, un Anglais, Thomson, et un Américain, Tolbert. Avec d'autres pilotes, ils sont emmenés dans un petit bimoteur vers le terrain où ils doivent prendre en charge deux chasseurs. Après les avoir amenés à destination, ils doivent convoyer, cette fois, un bombardier bimoteur. Alors que le vol se passe sans histoire, ils sont interceptés par un groupe de chasseurs allemands. Mais heureusement, les chasseurs anglais ont été avertis à temps et repoussent les Allemands, en abattant l'un d'entre eux. Le soir, l'avion taxi ramène Thomson et Tolbert à leur point de départ où ils vont pointer auprès du bureau des opérations. C'est là que Tolbert apprend que c'était la première mission de convoyage de Thomson…
Il s'agit d'un documentaire typiquement britannique, avec des hommes dans des uniformes impeccables, faisant leur job avec calme, tout en fumant une bonne pipe ou dégustant une "nice cup of tea". Il est aussi empreint d'un humour bien particulier. Thomson et Tolbert ne s'apercevront pas qu'ils ont été attaqués, alors qu'un allemand avait pris pour cible leur bombardier désarmé, volant paisiblement en ligne droite (un vrai sitting duck !). A l'intérieur, Tolbert est en train de lire un comics, un magazine américain, "The lone eagle fighting ace", relatant les exploits d'un héros de la première guerre mondiale. "Lone eagle" était le surnom de Lindbergh. Après août 1941, le titre deviendra "American eagle", après que Lindbergh se soit déclaré contre la guerre et ait proféré des propos favorables au régime nazi...
On remarque que les avions allemands sont détectés par un système acoustique, qui fut certes, utilisé au début de la guerre, en Angleterre, mais qui fut rapidement remplacé par le radar, bien plus efficace et précis. Il faut voir là un effet de la censure.
Les avions du film :
Ce documentaire montre un échantillon d'avions de la RAF, au début de la guerre. Les avions sont filmés au sol, en vol, ainsi que, parfois, à l'intérieur du cockpit. Il y a, bien sûr, de nombreux Spitfire Mk.I, avec hélice bipale en bois, et tripale, à pas variable (dont le serial R7157); ce sont des avions sortis d'usine sans code de combat. Quand un des pilotes fait un point fixe, les roues étant calées, deux rampants doivent s'installer sur le plan arrière, pour éviter que l'avion ne bascule sur le nez. Le film offre, au passage, de belles vues de deux Spit au milieu des nuages ou survolant la campagne anglaise.
Le principal avion du documentaire est l'Armstrong-Whitworth Whitley Mk.V qu'on sort d'un hangar, tout au début (serial Z6669). L'autre Whitley, convoyé par Thomson et Tolbert, est codé "ZA-O" et appartient donc au 10th Bomber Squadron, le premier escadron équipé de ce type d'appareil pour le bombardement de nuit. Le Whitley était un avion de transition qui fut retiré des opérations fin 1942, pour devenir un avion de transport, de largage de parachutistes ou de remorquage de planeurs. On remarquera les consignes données au pilote pour l'atterrissage de cet avion très long et à aile très épaisse : maintenir la vitesse impérativement au-dessus de 90 miles (145 km/h); en finale, ne pas précipiter l'atterrissage, laisser l'avion atterrir tout naturellement.
Le Whitley rencontre, dans le ciel, un petit biplan Hawker Tomtit, portant cocardes, un avion d'entraînement de la RAF, retiré normalement du service, dès 1935.
L'avion taxi qui emmène les pilotes auprès de leurs avions, est Avro Anson Mk. I dont on aperçoit plusieurs exemplaires (serials N5280, N5100, N9872, N9877 de la sixième tranche de production, commandée en 1938). Au décollage, l'un d'entre eux survole plusieurs avions d'entraînement Miles Magister.
Les femmes de l'ATA passent devant un De Havilland DH.80 Puss Moth, un avion privé réquisitionné, utilisé par l'ATA comme avion de liaison. Une des femmes prend les commandes d'un bimoteur De Havilland Dominie, une autre d'un monomoteur Miles Master Mk.II (serial T8902).
D'autres avions sont vus en arrière plan : un Vickers Wellington, un Westland Lysander, et vers la fin du documentaire deux North American Harvard I.
Coté Allemand, les images viennent de documentaires de la Luftwaffe, montrant des avions en vol, avec quelques vues de l'intérieur des cockpits. On a ainsi de belles vues de bombardiers Heinkel He.111E et H (dont un du KG 51 "Edelweiss", codé "9K"). Ils sont escortés par des Messerschmitt Bf.110. L'un d'entre eux porte des cocardes et un camouflage anglais. Le bout de film montrant en vol, cet avion capturé et essayé en Angleterre, sera utilisé par plusieurs films, comme "Vainqueur du ciel" (1956).
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