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MISSION 633

 

MISSION 633

Vo. 633 Squadron 

 

Année: 1964
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 2 h 02 min.
Genre : guerre
Couleur

Réalisateur : Walter Grauman
Scénario : Frederick E. Smith, James Clavell , Howard Koch

Acteurs principaux :
Cliff Robertson (Wing commander Roy Grant), George Chakiris (Lieutenant Erik Bergman), Maria Perschy (Hilde Bergman), Harry Andrews (Air Vice Marshal Davis), Donald Houston (Group captain Don Barrett), Michael Goodliffe (Squadron Leader Frank Adams), John Meillon (Lieutenant Gillibrand), John Bonney (Lieutenant Scott), Angus Lennie (Hoppy Hopkinson), Scott Finch (Bissell), John Church (Evans), Barbara Archer (Rosie, la barmaid)

Musique : Ron Goodwin
Photographie : Edward Scaife
Producteur: Cecil F. Ford , Lewis J. Rachmil
Compagnie productrice: Mirish Films Ltd.
Compagnie distributrice: United Artists

Avions :

  • -De Havilland DH.98 Mosquito
  • -Miles M.38 Messenger Mk.2A, G-AKBO
  • -Nord 1002 Pingouin , F-BBBZ, F-BGVU
  • -North American TB-25J Mitchell, N9089Z

 

Notre avis :

« Mission 633 » fut le premier film sur la seconde guerre mondiale tourné en Panavision et en couleur. Pour cette raison, des documents filmés datant de la guerre ne pouvaient y être insérés pour des problèmes de format, et toutes les scènes aériennes durent être reconstituées avec de vrais avions, en l’occurrence des de Havilland Mosquito. Les avions sont tout dans ce film, car le scénario est plutôt médiocre. La société Mirish Films se livra à une vaste recherche et, avec l’aide du ministère de l’Air, elle réussit à trouver plus d’une dizaine de Mosquitos, sur la base d’Exeter dans le Sud Devon, mais aussi à Shawbury, Henlow, et à la Central Flying School de Little Risington. Ces appareils étaient pour la plupart en passe d’être réformés par la RAF, et si les studios avaient tardé, ils auraient été acquis par des musées ou envoyés à la ferraille (si l’on peut dire, pour des avions en bois..).

Au début de 1944, le chef de la résistance norvégienne, le lieutenant Erik Bergman informe les autorités britanniques de l’existence dans son pays, d’une usine de fabrication de carburant destiné aux V-2. Le squadron 633 commandé par le Wing commander Roy Grant et équipé de Mosquito, est chargé de la détruire. Cependant, cette usine est située au fond d’un fjord étroit, au pied d’une haute falaise, et protégée par une Flak importante. Le seul moyen de détruire l’usine est de provoquer l’effondrement d’un pan de la montagne sur les installations ! Seuls, les Mosquito sont capables d’effectuer un tel travail. L’escadrille s‘entraîne en Ecosse dans une vallée ressemblant au fjord. Entre deux missions d’entraînement, Grant tombe amoureux de Hilde, la soeur de Bergman. Ce dernier est parachuté en Norvège pour coordonner l’attaque avec les résistants locaux qui doivent détruire les emplacements de DCA. Mais Erik Bergman est capturé par la Gestapo. Pour l’empêcher de parler et abréger ses souffrances, Grant bombarde la prison où il est détenu. L’escadrille sera forcée d’attaquer au milieu d’une forte DCA. L’usine est finalement détruite, Grant attirant sur lui les tirs de la Flak. Tous les avions sont néanmoins abattus. Grant est touché et doit se poser; blessé, il est recueilli par des Norvégiens.

On remarquera que les scénaristes n’ont pu s’empêcher de nous montrer l’épisode des Mosquitos attaquant des bâtiments, comme la prison d’Amiens (voir le film « Jéricho » 1946), ou comme l’immeuble de la Gestapo de La Haye, ou encore le Château du Fou, quartier général de la SS dans la Vienne. Coté bombardement, on voit des Mosquito FB chasseurs-bombardiers embarquer des bombes ressemblant à des « cookies » de 1800 kg que seule la soute agrandie de la version bombardier pouvait accueillir.

D’une manière générale, le film ne cherche pas à restituer l’ambiance de l’époque, habillement civils, coiffures, matériel militaires, véhicules en arrière plan, datent en grande partie, des années soixante ! Il n’est pas sûr que le choix de l’acteur d’origine grec, George Chakiris pour jouer un Norvégien, ait été très judicieux, si ce n’est d’un point de vue commercial…

Le film insiste sur le coté cosmopolite des équipages de Mosquitos, le Squadron 633, ayant un commandant américain portant l’insigne des Eagle Squadrons, des pilotes australiens, indiens...

« Mission 633 » fut filmé en Ecosse. Le réalisateur Walter Grauman, fit cinquante six missions de bombardement comme pilote de B-25 en Europe, et était décoré de la Distinguished Flying Cross et de l’Air Medal. Les Mosquito de la MAF (Mirish Air Force !) furent pilotés par des cascadeurs britanniques dont certains étaient d’anciens pilotes de la RAF, pendant la guerre. La star, Cliff Robertson, pilote privé et grand collectionneur d’avions anciens, ne fut pas autorisé à piloter, à cause de l’assurance.

 

Les avions du film :

Le tournage eut lieu en partie sur la base désaffectée de Bovingdon, une ancienne base de l’USAF en Angleterre. Plusieurs autres films y furent tournés : « The War Lover » (1961), « Mosquito Squadron » (1968) et « Hanover Street » (1978).

Nous avons essayé de retrouver les Mosquito qui participèrent d’une manière ou d’une autre au tournage . On n’en voit jamais plus de quatre en vol, ou au sol. Cinq étaient en état de vol.

1) Un T.T.Mk.3 (TW117) fut utilisé par l’instructeur du 3 CAACU, Harry Ellis, pour qualifier les pilotes civils du film sur Mosquito . Cet avion avait été rayé de l’inventaire de la RAF en mai 1963 pour être envoyé au musée de la RAF, mais il fut prêté à Mirish Films pour le tournage. Il reçut alors le code HT-M avec le serial HR-155. Il retourna à Henlow et fut stocké en attendant que le musée soit prêt. En 1971, il partit au musée d’Hendon. Il est actuellement exposé à Bodo en Norvège, dans le cadre d’un échange entre les deux musées; il a été modifié pour représenter un FB.VI du Squadron 333, pendant la seconde guerre mondiale. Avec son pare brise droit et son nez plein, cet avion est le plus proche de la version chasseur bombardier censée être montrée dans le film.

2) Un TT.Mk.35 (RS709) C’était un Mosquito TT. Mk.35 (RS709) acquis par la société Mirisch Films Ltd, de Bovingdon en 1963, et immatriculé G-ASKA. Dans le film, il est codé HT-C avec le serial HJ662 et « décoré» de nombreuses traces de balles sur l’empennage. Il fut racheté peu après le tournage, par le Skyfame Museum de Staverton qui le fit voler pour «Opé ration V-2». Il partit en 1969 aux Etats-Unis, acquis par la société Vintage Aircraft International, de Nyack, (NY) et immatriculé N9797. Puis, il passa entre plusieurs mains : Confederate Air Force (1971-1975), David Tallichet (1975-1979), Doug Arnold de Warbirds of GB (1979-1983). Il fut alors réimmatriculé G-MOSI et remis en état de vol. Revendu à un particulier, il fut finalement acquis par le musée de l’USAF à Wright-Patterson AFB. Il y est restauré et exposé comme un Mosquito PR.XVI (NS519P) sous les couleurs d’un avion météo du 653rd Bombardment Squadron basé en Angleterre en 1944-1945.

3) Un TT.Mk.35 (RS712) était un autre TT.Mk.35 (RS712) acheté par la même société Mirisch Films Ltd., en 1963, et immatriculé G-ASKB. Après le tournage, il fut revendu au Group captain T.G. Mahaddie qui le fit voler dans  « Opération V-2 ». Stocké en 1972, il eut plusieurs propriétaires avant d’être acquis en 1981 par Kermit Weeks de Tamiami (Fl.) et ré immatriculé N35MK. Restauré en 1984 en Angleterre, il vola jusqu’en 1991 date à laquelle il fut exposé au EAA Museum d’Oshkosh sous le serial RS712, et le code EG-F.

4) Un B.Mk.35 (TA639) fut prêté par la RAF, en juillet 1963, à la Mirish Films Ltd. Il vola sous le code HT-B (HJ682). Puis fut convoyé au musée de la RAF d’Henlow en juillet 1967. Depuis 1970, il est exposé au musée de la RAF de Cosford. avec le ode AZ-E. (TA639).

5) TT.Mk.35 (TA719) servit avec le 3 CAACU d’Exeter de juin 1954 jusqu’à sa réforme en novembre 1962. Il était alors un des derniers Mosquitos à quitter le service actif. Il vola dans la plupart de scènes aériennes sous le code HT-G (HJ898) mais était immatriculé G-ASKC. Il fut gravement accidenté à l’atterrissage à Staverton, lors du tournage. Il fut finalement acquis en 1978 par l’Imperial War Museum de Duxford où il est exposé sous ses anciennes couleurs d’avion remorqueur de cibles du 3 CAACU d’Exeter.

Trois autres Mosquitos servirent pour les prises de vues au sol :

1) Un T.T.Mk. 35 (TJ118) réformé en septembre 1961 servit pour les scènes au sol et les vues intérieurs du cockpit. Son aile peut être vue dans le film, disposée sur des vérins avec ses bandes noires d’avion remorqueur sur l’intrados. Le fuselage est au Mosquito Aircraft Museum de London Colney et l'avion doit être restauré.

2) Un autre TT.Mk.35 (RS715) appartenant à Mirisch Films Ltd. de Bovingdon, depuis le 3 août 1962, fut également utilisé pour le scènes au sol et servit aussi à fournir des pièces détachées. Après le tournage, il fit transporté aux studios MGM de Borehamwood et stocké jusqu'en 1973, date de son achat par Tony Agar. La partie arrière de l'avion servit à la restauration du Mosquito NF.II "HJ711" du Lincolnshire Aviation Heritage Centre.

3) Un NF. Mk. II (HJ711) appartenait au Air Training Command, de Chingsford, en 1963. Le fuselage avant fut acquis par le Reflectaire Museum, de Blackpool, (1971-1972), puis par Tony Agar. Après une longue et magnifique restauration, l’avion est au Yorkshire Air Museum, d’ Elvington, avec le code VI-C;

4) Un rare T.3 (TV959) qui fut en service avec le 3 CAACU d’Exeter avec le code Y, d’avril 1959 à mai 1963, fut prêté à Film Aviation Services d'Elstree, pour les vues du cockpit et les scènes au sol, à Bovingdon , il était codé HT-P avec le serial MM398. Après le tournage, il fut donné à l’Imperial War Museum de South Lambeth pour préservation. Il y fut exposé suspendu au plafond sans son aile droite, faute de place ! Puis, l’avion fut transféré à la Fighter Collection de Duxford, début 1990. Il fut vendu à Paul Allen en 2003, puis expédié en mai 2011 à AVspecs, en Nouvelle-Zélande pour y être restauré. L'avion revola en septembre 2016; puis, il fut démonté et expédié aux USA. L'avion est maintenant décoré comme un FB.VI, opéré par le 605 squadron et exposé au Flying Heritage & Combat Armor Museum Skyfair, à Everett (WA) depuis juillet 2017.

Trois autres Mosquito furent accidentés et détruits pendant le tournage :

1) Le TT.35 (TA642) réformé en mai 1963, fut endommagé quand son train céda à l’atterrissage en août 1963. Il fut ferraillé.

2) Le B.35 (RS718) réformé en juin 1962, fut volontairement endommagé dans la scène où on le voit effacer son train, filmé le 9 août 1963. Il fut plus tard totalement brûlé dans la dernière scène du film.

3) Le TT.35 (TA724) construit en 1946 et aussitôt stocké, il fut acheté par Mirish pour le film; il fut détruit le 10 août 1963, dans la scène où, à l’atterrissage, pendant l’attaque des Messerschmitt, il se précipite sur un camion citerne.

La majorité des avions utilisés par le tournage étaient des TT.35, c’est à dire des bombardiers B.Mk 35 reconvertis en remorqueurs de cibles (TT=Target Tug). Ils ont un pare brise en deux parties non blindé, une soute à bombe agrandie et un nez en Perspex qui fut recouvert de toile et peint pour le film, avec ajout de quatre canons de mitrailleuses factices. On peut regretter que la production se soit livrée à de si nombreuses destructions ; il faut croire qu’en 1963, il y avait pléthore de Mosquitos !

Les avions allemands sont deux Nord 1002 Pingouin, alias Bf. 108b Taifun quadriplaces, construits en France en 1945 et pilotés par Martin Caïdin et « Jeff » Hawke. Ils avaient participé au film « Le jour le plus long » (1962). Après le tournage, les deux Nord 1002 français (F-BBBZ n° 88 et F-BGVU n° 264) furent achetés par Martin Caïdin. Malheureusement, lors du vol de transfert vers les Etats-Unis, l'un des avions fut perdu au Groenland, suite à un problème moteur. L’avion survivant, le Nord 1002 n° 88, décoré du numéro 14 et de croix noires, fut immatriculé N108N aux USA. En 2004, il fut revendu à un particulier allemand et immatriculé D-ELLM

Au tout début du film, le lieutenant Erik Bergman s’embarque à bord d’un Miles M.38 Messenger Mk.2A, sous les balles des soldats allemands. Ce curieux petit appareil à trois dérives (c/n 6378) fut construit en 1947 à Newtownards, en Irlande du Nord. Immatriculé G-AKBO il vola d’abord avec l’Air Schools Ltd, de Burnaston avant de participer à de nombreuses courses. En 1957, il appartenait au Scottish Aero Club de Perth. Après être passé entre plusieurs mains, il fut remis en conditions de vol en 1987. En 2003, G-AKBO fut transféré à Enstone (Oxfordshire) pour y subir une révision minutieuse et complète destinée à lui faire retrouver sa gloire d’antan. Si ce petit appareil fut utilisé par la RAF pendant la guerre, ce n’était certes pas pour exfiltrer des agents secrets, vu son faible rayon d’action (418 km) et malgré ses capacités STOL, mais plutôt pour transporter des « huiles »…

Le lieutenant Bergman retourne en Norvège dans un autre avion de la RAF, un North American TB-25J Mitchell (serial 44-30861) qui arriva des Etats-Unis avec l’immatriculation N9089Z, pour servir d’avion caméra. Il avait été utilisé pour le tournage de « L’homme qui aimait la guerre »  (1962). Stocké jusqu’en 1987 à North Weald, Essex, l’avion fut acheminé au Wycombe Air Park, Buckinghamshire, en février 2006, pour y être restauré et exposé.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.com

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