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13 HEURES DANS L'AIR

 13 HEURES DANS L'AIR 

Vo. 13 hours by air

 
 
Année : 1936
Pays : Etats-Unis
Genre : policier
Durée : 1 h 17 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Mitchell Leisen
Scénario : Frank Mitchell Dazey , Kenyon Nicholson
 
Principaux acteurs :
Fred MacMurray (Jack Gordon), Joan Bennett (Felice Rollins), Zasu Pitts (Miss Harkins), Alan Baxter (Curtis Palmer), Fred Keating (Gregore Stephani), Brian Donlevy (Dr. Evarts), John Howard (Freddie Scott), Adrienne Marden (Ann McKenna), Ruth Donnelly (Vi Johnson), Benny Bartlett (Waldemar Pitt III), Grace Bradley (Trixie La Brey).
 
Musique : Heinz Roemheld
Photographie : Theodor Sparkuhl
Produceteur : E. Lloyd Sheldon
Compagnie productrice : Paramount Pictures

Avions :

  • Boeing 247D, NC13342

 

Notre avis :

Ce film peut être considéré comme le premier grand film d'aviation se déroulant presque entièrement à bord d'un avion commercial, un sous-genre appelé (airline epic) à un grand avenir. Ce film de la Paramount fut produit, parait-il, par son désir de promouvoir le transport aérien. La compagnie United Airlines avait déjà travaillé avec les studios en fournissant un Boeing 40B pour filmer des vues des montagnes des Rocheuses, lors de films antérieurs. Retournant la politesse, la Paramount demanda aux auteurs Bogart Rogers et Frank Mitchell d'écrire un scénario qui montrerait de façon fidèle, le professionnalisme du nouveau service transcontinental d'United. Pendant près d'un mois, une équipe de tournage, dont le cameraman Charles Marshall, prit des vues au sol et en l'air, le long de la ligne Newark-Los Angeles. Ces séquences montrant les nouvelles installations d'United, ainsi que le Boeing 247, sont de bons documents sur le transport aérien de l'époque. Le logo de la compagnie est clairement visible tout au long du film, bien qu'elle soit rarement mentionnée.

Le titre choisi pour son caractère publicitaire, était, à la limite mensonger, et révélateur du dilemme d'United Airlines. En opération normale, le Boeing 247 mettait au moins vingt et une heures pour relier New York à San Francisco, et dix neuf heures en sens inverse. Bien que ce soit une bonne performance au milieu des années trente, on était loin de l'annonce ! En réalité, le titre fait allusion au record établi en juin 1934 par le nouveau DC-1, quand il vola, entre Burbank (Los Angeles) et Newark (New-York), en treize heures quatre minutes. Parmi l'équipage se trouvait l'as de la première guerre mondiale, et directeur d'Eastern Airlines, Eddie Rickenbacker. L'acteur Fred Mc Murray sera amené à rencontrer ce personnage quand il tournera le film "Captain Eddie" (1945), la biographie romancée de Rickenbacker produite par la Fox. En 1936, United bataillait pour rester une des premières compagnies transcontinentales, la concurrence de TWA et de ses DC-2, devenant féroce.

Le film nous fait donc suivre un groupe de passagers embarqués sur un vol Newark (New-York)-San Francisco, avec des escales de ravitaillement à Chicago et Salt Lake City. Il y en avait bien d'autres que le film ne nous montre pas.

Le pilote de ligne Jack Gordon, un homme à femmes, a été rappelé par sa compagnie alors qu'il était en congé. A son arrivée à l'aéroport, son mécontentement est atténué par la rencontre d'une belle blonde distinguée, Felice Rollins, qui n'a pas d'argent pour acheter son billet pour San Francisco. Jack paie à sa place et reçoit une bague en diamant en guise de remboursement ! Jack parie avec l'hôtesse Vi Johnson, que Felice  acceptera un invitation à dîner à leur arrivée à destination. Sur ce vol embarquent Waldemar Pitt, un jeune garçon insupportable et sa gouvernante Miss Harkins, le Dr James Evarts, et un Européen de noble origine. Après avoir lu sur un journal, qu'un vol de bijouterie impliquant une belle blonde avait eu lieu, Jack commence à suspecter Felice. A l'escale de Chicago, il la débarrasse d'un importun, Gregorie Stéphanie, avec lequel elle avait un violente discussion. Quand elle apprend qu'il la suspecte, elle lui montre sa photo dans la colonne mondaine du journal ! L'avion atterrit à Omaha, ou Felice avoue à Jack qu'elle a rompu ses fiançailles avec le frère de Gregorie, et que maintenant, ce coureur de dot a jeté son dévolu sur sa sœur..Elle vole vers San Francisco pour prévenir sa sœur contre ce douteux personnage. A Omaha, Jack prend son service en tant que commandant de bord. Arrivé au dessus des Montagnes Rocheuses, le temps se dégrade, et il reçoit l'ordre de faire demi tour. Mais quand Felice lui demande de n'en rien faire, il essaie de trouver un passage au milieu des nuages. La tempête de neige s'intensifiant, Jack doit se poser en pleine montagne. C'est alors qu'un des passagers lui fait part qu'il est un agent du FBI sur la piste de Palmer, un homme très dangereux, qui fait partie des passagers. Palmer profite de l'absence de Jack pour détruire la radio. Il tire sur le Dr Evarts et sur le copilote Freddie qui sont grièvement blessés. Le lendemain, Jack décide de repartir, mais Palmer exige qu'on débarque les passagers. Jack refuse étant le seul à pouvoir piloter l'appareil. C'est alors que le jeune Waldemar envoie du liquide d'extincteur dans les yeux du bandit ! Jack réagit aussitôt, et se jette sur Palmer qui est maîtrisé après une bagarre générale. Jack est blessé dans le tumulte, aussi demande t-il à Felice de prendre la place du copilote. A deux , ils ramènent l'avion à San Francisco où elle accepte son invitation à dîner. Il envoie le menu signé par Felice à Vi, l'hôtesse, en lui demandant ses deux dollars dont il aura besoin pour le certificat de mariage…

Paradoxalement, ce film était produit pour démontrer que le transport aérien était sûr et confortable. La conclusion du film fut réécrite et retournée, après que les officiels d'United et le personnel l'aient vu en avant première. Ils s'étaient élevés contre la lutte en plein vol, entre Gordon et Palmer. Ils furent satisfaits quand cette bagarre eut lieu au sol. Mais voir un commandant de bord désobéir aux ordres de sa compagnie pour les beaux yeux d'une passagère (ce qui se traduisait par un atterrissage forcé) ne semblait avoir choqué personne ! Le Boeing faisait, dans la première version, un atterrissage beaucoup plus réaliste, dans une prairie Les représentants des studios trouvant que cela manquait de sensationnel, l'atterrissage forcé eut lieu cette fois, en pleine montagne, et en plein blizzard, un exercice à très hauts risques.

Malgré ces vicissitudes, "13 heures dans l'air" connut un grand succès commercial à sa sortie, bien que manquant un peu de substance, selon nos critères actuels.

  

Les avions du film :

Ce film comporte un seul avion "acteur", un Boeing 247D, dans la cabine duquel se passe la grande partie de l'action. Le Boeing 247 fit son premier vol le 8 février 1933, et quelques mois plus tard United Airlines en avait trente en service sur une commande de soixante. C'était alors le premier avion de transport moderne. Vu les liens étroits entre United et Boeing, aucune autre compagnie ne put avoir accès à cet appareil, avant qu'United soit servi!. C'est ainsi que naquit le Douglas DC-1, sous l'impulsion initiale de TWA. Il fit son premier vol le 6 décembre 1933. Le premier 247 n'étaient pas exempt de défauts et ses performances à partir des aéroports situés en altitude, comme dans les Rocheuses, étaient mauvaises. On munit les moteurs d'hélices à pas variable, et on redessina les fuseaux moteurs pour donner naissance au Boeing 247D.

L'avion du film (c/n 1724, NC13342) fut acquis en juillet 1933 par National Air Transport, puis par United Airlines en mai 1934. Converti en 247D, en juillet 1935,  il fut loué à Western Air Express, puis Pennsylvania Central Airlines en décembre 1939. En juillet 1942, l'avion désigné C-73, fut réquisitionné par l'USAAF (s/n 42-68373) jusqu'en 1944, date à laquelle il fut vendu à la compagnie brésilienne Varig. Immatriculé XA-DEZ, il fut ensuite exploité par diverses compagnies brésiliennes : Aero Transportes (1944), Servicios Aeros Paninias (1945), Aeronaves Caxaca (1948), enfin, Servicios Aeros Nacionales (1949). Il fut détruit à Vera Cruz en août 1950. On retrouvera ce même avion dans un autre film de la Paramount, sorti la même année, sur un sujet presque identique, "Sky parade",.

Le 247D du film a conservé son pare brise d'origine en pente inversée, à la mode au début des années trente (pour éviter les reflets des instruments de bord, la nuit). Mais la soute à bagages est toujours située dans le nez de l'appareil. On remarque que les moteurs Pratt & Whitney, n'ont pas de démarreur. Cependant, on n'utilise plus la manivelle, mais un lanceur extérieur à moteur électrique.

La cabine passagers reconstituée en studio embellit quelque peu les choses. Les sièges inclinables apparaissent plus profonds et plus confortables que les vrais. Elle est aussi sensiblement plus grande que l'originale (L : 6 m, l :1m 62, H : 1,8 m) et surtout il n'y a plus les deux longerons d'ailes qu'il fallait enjamber pour se rendre d'un bout à l'autre ! Cet inconvénient majeur, n'existait pas sur le DC-2. L'allée du 247 ne faisait, en outre, que 23 cm de large; dans ces conditions, Gordon aurait été bien été incapable de rouler sur le plancher avec le gangster ! Le système de carte lumineuse où l'on peut suivre le parcours de l'avion, installé le long de la cabine, au dessus des hublots, ne semble pas avoir jamais été mis en service.

Les scènes d'aéroport furent tournées en partie à l'Alhambra airport (CA), mais aussi au terminal aérien de Newark Municipal airport, avec des vues des terminaux d'autres aéroports, Chicago et Salt Lake city.

 

Christian Santoir

*Film rare.

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