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WINGS


LES AILES
 

Vo. WINGS

 

Année : 1927
Pays :USA
Durée : 2 h 19 min<
Genre : guerre<
Noir et blanc

Réalisateur : William A. Wellman
Scénario : Hope LORING, Louis LIGHTON
Histoire originale : John Monk SAUNDERS
 
Principaux acteurs :
Clara BOW (Mary Preston ), Charles Buddy ROGGERs (JackPowell), Richard ARLEN (David Armstrong), Cary COOPER (aspirant White), Jobyna RALSTON (Sylvia Lewis), Roscoe KARNS (lieutenant Cameron), Hedda HOPPER (Mme Powell), El BRENDEL (Herman Schwimpf), Richard TUCKER (le commandant)

Musique : J. S. ZAMENICK
Photo : Harry PERRY
Producteur : Lucien HUBBARD
Compagnie distributrice : Paramount

Avions :

  • -Curtiss NBS-1
  • -Curtiss P-1A
  • -Airco DH.4
  • -Fokker D.VII
  • -SPAD VII
  • -Thomas Morse S-4C
  • -Vought VE-7
  •                 

    Notre avis :

    Ce film muet est dédié aux « jeunes guerriers du ciel dont les ailes se sont repliés pour toujours ». L’histoire fut écrite par John Monk Saunders qui servit dans l’armée comme instructeur durant la première guerre mondiale. La guerre dans les airs était alors un genre totalement vierge de tout film. Le combat aérien ne pouvait être convenablement représenté sur une scène ou dans les pages d’un livre, seul l’écran en donnait toute la dimension. Le script nécessitait de faire appel à des avions militaires filmés en formation ou en combat tournoyant. Des avions devaient s’écraser, des ballons devaient être descendus en flamme et une grande bataille avec des milliers de soldats devait être reconstituée. WINGS fut le premier film à utiliser un aussi grand nombre d’avions. Seule l’armée pouvait fournir autant d’hommes et de matériel à une si vaste échelle. Grâce à ses relations à Washington, Saunders contacta le War Département et présenta le concept de ce film original destiné à glorifier les défenseurs de la nation. Le War Department accepta de collaborer, car ce n’était pas la première fois qu’il s’impliquait dans le tournage d’un film ; en 1925, il avait prêté prés de quatre mille hommes et une centaine d’avions pour « Big Parade » de King Vidor.

     Le camp Stanley près de Leon Springs au Texas, fut choisi comme site principal de tournage car il était à proximité de plusieurs bases militaires. Au milieu de l’été 1926, des pilotes et des avions venant de Selfridge Field (Michigan), Crissy Field (San Francisco), Langley (Virginie) convergèrent vers Kelly Field au Texas. Y arrivèrent également des troupes, des camions, des tanks, du fil de fer barbelé et des explosifs. Le scénario comportait plusieurs crashs, des vrilles et autres accidents qui n’étaient pas dans les accords passés entre l’armée et la Paramount. Les studios louèrent les services de Frank Tomick comme chef pilote et de Ross Cooke comme assistant. Dick Grace fut également employé pour deux crashs. William Wellman, un ancien pilote du Lafayette Flying Corps, ayant servi dans une escadrille française en 1917, reçut la charge de diriger le film. Deux autres pilotes de la grande guerre travaillèrent également à WINGS. Sterling Campbell qui servit dans le Royal Flying Corps, s’occupa de superviser les scènes aériennes et Edwin C. Parson, un ancien de l’escadrille La Fayette, fut conseiller technique et rédacteur de scripts.

     Six cent ouvriers recrutés localement, payés par la Paramount mais dirigés par les ingénieurs de l’armée, convertirent huit kilomètres carrés du terrain de manoeuvre du camp Stanley en une réplique d’un champ de bataille avec tranchées, trous d’obus, réseaux de barbelés, nids de mitrailleuses. Plusieurs milliers d’hommes vinrent de Fort Sam, (Houston) pour reconstituer la bataille de la poche de St Mihiel (12/09/1918). Des vagues entières de soldats et de tanks (Renault) se frayaient un passage au milieu d’obstacles bourrés de dynamite, survolés à basse altitude par un nuée d’avions !

     Harry Perry qui était connu pour avoir filmé les scènes aériennes de films comme « Broken wings » (1923) et « The fighting american » (1924), dirigeait une vingtaine de cameramen. Des cameras contrôlées à distance furent montées sur les avions. Buddy ROGERS et Richard ARLEN qui avait servi dans le Royal Flying Corps au Canada, passèrent de nombreuses heures en l’air. Ils étaient filmés par des caméras fixées sur le fuselage pendant que Frank Tomick et Ross Cooke pilotaient en se tenant hors du champ, dans le second cockpit. Plus tard, les héros combattront dans la sécurité de plateaux climatisés ! Perry et Wellman réalisèrent rapidement que les formations nuageuses étaient un élément essentiel pour rendre à l’écran la profondeur tridimensionnelle de l’espace aérien, et fournir des repères aux évolutions des avions. Il fallut donc tenir compte de la météo qui fut trop souvent excellente. Après six mois de tournage à Camp Stanley et à Kelly Field, les extérieurs furent terminés. Il fallut encore un autre semestre pour achever le film. Les studios avaient dépensé deux millions de dollars de l’époque.

     WINGS commence dans une petite ville du middle west, où Jack et David sont amoureux de la belle Sylvia qui, en fait, préfère le riche David. Mary, une sorte de garçon manqué, est la voisine de Jack qu’elle aime en secret. Quand la guerre éclate, les deux hommes s’engagent dans l’aviation et sont affectés tous les deux au 39° Aero squadron, à Toul en France. Ils deviennent amis intimes. Pour se rapprocher de Jack, Mary s’engage comme ambulancière en France. Elle rencontre Jack en permission à Paris, mais il est trop ivre pour la reconnaître. La « grande offensive » est commencée, dans la région de Mervale et les deux amis sont en première ligne. David est descendu, mais survit et réussit à s’emparer d’un avion allemand pour rejoindre les lignes alliées. En plein ciel, il rencontre Jack qui ne le reconnaît pas, et l’abat; ce n’est qu’au sol que Jack trouve son ami agonisant ! Il rentre tristement au pays où il est accueilli en héros. C’est alors qu’il se rapproche de Mary et découvre son amour pour lui.

     Ce film met l’accent sur l’enfer des combats aériens qu’avait connus Wellman pendant quatre mois de service à la N.87. Blessé, il fut réformé le 29 mars 1918 et retourna aux USA, avant la bataille de St Mihiel. A part cette dernière (dans le film, St Mihiel est appelé Merval, un village situé bien plus à l’ouest, à proximité du chemin des Dames), il y a peu de repères historiques dans le film. Nos deux héros font leur service sous l’uniforme américain et l’action se situe donc entre janvier et septembre 1918. On parle dans le film du « cirque volant » du comte von Kellerman, qui rappelle inévitablement le baron von Richthofen qui fut tué en avril 1918, dans la Somme.

     Bien que Wellman ait accordé beaucoup d’attention aux combats aériens, il ne s’est pas beaucoup préoccupé de l’authenticité de l’époque. WINGS se déroule pendant l’été 1918 mais les uniformes, les véhicules, les avions sont de 1926. A Paris, les Folies Bergères sont peuplées de jolies « garçonnes » et (même de lesbiennes, pour évoquer la liberté des moeurs de la capitale française !) avec coiffures et robes courtes, typiques des années vingt.

     WINGS sortit au milieu du printemps 1927 à San Antonio où il reçut un accueil enthousiaste de la part de la critique comme du public. Le film profita de l’engouement général pour l’aviation après la traversée de Lindbergh effectuée quelques mois plus tôt. Il ouvre d’ailleurs sur un hommage du célèbre aviateur aux pilotes de la guerre. La première officielle eut lieu à New York, au Criterion Theater, avec une copie légèrement raccourcie. Malgré un scénario plutôt banal basé sur l’éternel triangle amoureux, le film constituait un des summums du cinéma de l’époque en matière de direction, de jeux d’acteurs, de montage et plus particulièrement, de prise de vues aériennes. WINGS est un classique dont les scènes aériennes inspireront tous les films d’aviation qui allaient suivre, et qui ont été rarement égalées depuis.

     

     Les avions du film :

     Huit ans après la fin de la seconde guerre mondiale, il ne restait déjà plus beaucoup de modèles d’avions y ayant participé. Seuls, le SPAD VII, fabriqué en Angleterre, et le Airco DH.4M construit par Boeing, étaient encore en service dans l’US Army en 1926. Les DH.4 provenaient du 90th Bombardment squadron basé à Langley, les SPAD de la base de Kelly Field où ils servaient d’avions d’entraînement. La majorité des avions du film sont par conséquent contemporains du tournage. Il en est de même pour le matériel montré comme les « Ruggles orientators », les premiers simulateurs de vol, ou le pas de tir pour l’entraînement à la mitrailleuse. Le gros des flottes aériennes est constitué de Thomas Morse MB-3A, utilisés pour l’entraînement à Kelly Field. Cet avion fut fortement influencé par le SPAD auquel il ressemble de loin, avec ses huit mâts d’ailes. Pour augmenter la ressemblance, la dérive fut partiellement peinte en blanc pour imiter celle du SPAD. Les SPAD sont parfois doublés dans les vues de face, par des Vought VE-7 qui avait la particularité d’avoir un radiateur circulaire à peu près identique. Les chasseurs allemands furent représentés par les tout nouveaux Curtiss P-1A des 17th, 27th, 94th et 95th Pursuit squadrons (1st Pursuit group), équipés de deux mitrailleuses sur le capot et avec la mention « Fokker D.VII » sur la dérive ! Les bombardiers Gotha allemands sont remplacés par des Curtiss NBS-1 du 11th et 96th Bombardment squadron. On aperçoit au sol également ce qui pourrait être une maquette grandeur réelle de Gotha ou un NBS transformé, avec une dérive unique ainsi qu’un train à quatre roues, mais avec des hélices tractrices. Des rangées de Curtiss Jenny et des Canuck aux couleurs de l’armée canadienne, sont aperçus sur le terrain de Kelly Field. Enfin, la First Balloon Company de Scott Field (Illinois) fournit le ballon que l’on voit tomber en flamme, après que les observateurs se soient parachutés.

     En plus des deux cents vingt avions de l’armée, Wellman fit acquérir deux SPAD et deux Fokker D.VII. Un SPAD fut acheté au pilote cascadeur Earl Daugherty de Long Beach, l’autre est d’origine inconnue. Le SPAD que Dick Grace cassa à l’atterrissage était équipé d’un réservoir placé sur l’aile supérieure, pour lui éviter d’être aspergé par l’essence quand l’avion se retournerait. Les Fokker D.VII provenaient de Long Beach et des environs de Los Angeles. C’est dans un Fokker gris que Grace faillit se tuer en simulant un avion abattu au décollage. Il se brisa plusieurs vertèbres cervicales qui l’envoyèrent à l’hôpital pour six mois. Ce Fokker avec des échappements sur le coté du capot, devait être propulsé par un moteur V8 Hall Scott, les moteurs BMW et Mercedes étant depuis longtemps hors d’usage. L’autre Fokker peint en noir, est un Fokker D.VII biplace transformé en monoplace et équipé d’un moteur en ligne indéterminé. Le Fokker D.VII biplace fut en service dans l’armée américaine juste après la guerre. Il faut enfin mentionner, deux Thomas Morse S-4C, réformés par l’Armée, qui furent détruits dans des crashs avec des mannequins.

     La décoration des avions est assez fantaisiste. Les avions allemands sont généralement peints de couleur sombre, ou en gris avec bandes ondulée, ou avec des damiers. Sur le fuselage. Ils sont tous porteurs de larges croix de fer soulignées de blanc, comme au temps où Wellman était en service, mais ayant été remplacées après avril 1918 par des balken Kreuze, plus étroites. Ces croix de fer deviendront la marque indélébile de tous les avions allemands de la grande guerre dans les films suivants, et ce, jusqu’à nos jours ! Les Fokker D.VII n’ont pratiquement jamais porté de croix de fer. Côté allié, ce n’est guère mieux. SPAD et MB3 sont couverts de taches de couleur sombre sur fond clair, qui n’ont rien à voir avec le camouflage français de l’époque. L’avion de Jack possède beaucoup (trop) d’insignes personnels dont une étoile filante , un insigne répandue chez les aviateurs de tous les camps. Elle rappelle la « comète » du 22nd Pursuit Squadron américain (2nd Pursuit Group). Il y a également un aigle aux ailes déployés qui, lui, fait plutôt allusion à l’insigne du 27° Pursuit Squadron (1st Pursuit Group).

     Malgré ces imperfections, Wellman eut le mérite de faire manoeuvrer toute cette armada aérienne sans trop de casse (à part celles commandées). Le tournage n’eut à déplorer qu’un seul accident fatal, celui d’un pilote de l’armée, ce qui constitue un remarquable record de sécurité comparé aux films qui allaient suivre…

     

    Christian Santoir

     *Film disponible sur amazon.fr

     

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