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LE TIGRE DU CIEL

LE TIGRE DU CIEL

Vo. Aces high

 

 

Année : 1976
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 49 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Jack Gold
Scénario : Howard Barker

Acteurs principaux :
Malcom McDowell
(Major John Gresham), Christopher Plummer (Capitaine « Uncle » Sinclair), Simon Ward (Lt. Crawford), Peter Firth (Lt. Stephen Croft), David Wood (Lt Tommy Thompson), Ray Milland (Brig. Whale), Trevor Howard (Lt-Col. Silkin)

Musique : Richard Hartley
Photographie : Gerry Fisher
Prises de vues aériennes : Geoff Mulligan
Conseillers techniques : Air Commodore Alan Wheeler, Group Captain Dennis David.<
Producteur : Benjamin Fisz
Compagnie productrice : Cine Artists Pictures

 Avions :

  • Avro 504K, réplique
  • Bücker Bü-133 Jungmeister
  • De Havilland DH.82 Tiger Moth
  • Fokker E.III, G-AVJO, réplique
  • RAF SE.5, répliques

 

 Notre avis :

 Les années soixante dix virent la sortie de plusieurs films d’aviation sur la Grande Guerre. Celui-ci arrive cinq ans après « Le baron rouge » de Roger Corman qui traitait de l’évolution du combat aérien, l’affrontement chevaleresque du début passant rapidement à une franche tuerie. Ici, on met l’accent sur ce dernier aspect avec un héros prêt à craquer. Le scénario, assez banal, est basé sur la pièce de théâtre de R.C Sheriff, de 1929, « Journey’s end » qui donna lieu au film de même nom, réalisé par James Whale en 1930. Mais dans « Le tigre du ciel », nous ne sommes plus dans les tranchées, mais dans un ciel zébré de traçantes. Le scénario utilise aussi les mémoires de Cecil Lewis, un pilote du Royal Flying Corps, publiées en 1936 sous le titre de « Sagittarius Rising ».

 L’action est datée : octobre 1917. Ce film se place donc bien après le « bloody » avril 1917 qui vit les escadrilles anglaises décimées par les chasseurs allemands, ce qui provoqua l’afflux de jeunes pilotes hâtivement formés pour compléter les rangs. En octobre 1917, les Alliés lancent une série d’offensives vers le Chemin des Dames et le fort de la Malmaison, sur l’Aisne. Dans le nord, le mauvais temps perturbe les opérations aériennes qui consistent souvent en missions d’appui feu, au bénéfice de l’infanterie. Dans les états-majors, on prépare la grande offensive de Cambrai, qui aura lieu en novembre 1917. Enfin, depuis avril, les Etats-Unis sont en guerre avec l’Allemagne, ce qui remonte le moral des Alliés, bien que les Américains ne soient pas tout de suite opérationnels.

 Dans son collége, le jeune Stephen Croft assiste, enthousiaste, au discours patriotique que prononce son futur beau-frère, le major Gresham du Royal Flying Corps. Un an plus tard, Croft a rejoint cette arme et se trouve affecté à l’escadrille de Gresham, la 76, en octobre 1917. Son arrivée n’enchante guère Gresham qui, désillusionné, est irrité par l’admiration que lui voue le jeune homme. Mais il craint aussi que celui-ci ne découvre, sous le vernis de l’officier brillant, un homme qui a peur et qui ne tient que grâce à l’alcool. Stephen cependant ne voit aucun changement dans son idole, surtout après que Gresham lui ait sauvé la vie, lors de sa première mission. En une semaine, le jeune homme s’est aguerri et pilote de mieux en mieux. Mais, il manque d’être descendu par un avion ennemi. Cependant, il parvient à atterrir et à retourner à la base, après s’être perdu. Le cinquième jour, Stephen accepte d’accomplir une mission d’observation particulièrement dangereuse en emmenant « Oncle » Sinclair, l’officier administratif du groupe avec lequel il a sympathisé. Ils accomplissent la mission au milieu d’une DCA d’enfer; à l’atterrissage Stephen s’aperçoit que Sinclair est mort. Puis c’est l’attaque de ballons d’observation allemands. Le jeune Croft s’en sort bien et abat même son premier avion. Mais au moment où il est tout à sa victoire, il entre en collision avec un avion allemand ! Gresham doit écrire à sa famille..La vie en unité de Croft n’aura duré que sept jours, mais les remplaçants sont déjà là.

 Bien qu’inspiré de « Journey’s end », le film doit beaucoup à « Dawn patrol » (1930). Le personnage de Gresham est clairement façonné d’après celui de Courtney, quand celui-ci doit assumer la responsabilité de l’escadrille. Beaucoup de scènes ont déjà été vues : le bar de l’escadrille où après chaque vol, les pilotes se retrouvent pour oublier l’horreur des combats  en buvant et en chantant; l’officier âgé (observateur ou pilote), qui, après une grave blessure, remplit la fonction d’adjoint au chef d’escadrille, mais aussi celle, officieuse, de confident des pilotes ; le pilote allemand invité au mess ; l’observateur mort au retour de mission ( Cf. « L'équipage », « The eagle and the hawk »..) ; l’arrivée des jeunes recrues hâtivement formées... Le pilote qui boit est un personnage largement répandu dans les films sur la première guerre mondiale (Cf. « Dawn patrol », « Crimson romance », « Hell's angels » ou « Aces of aces »..). Dans les tranchées, où l’eau potable était une denrée rare, on marchait au pinard et à la gnôle.. Seuls les pilotes expérimentés s’en sortaient en se stimulant à l’alcool, ou en devenant des maniaques du calibrage des cartouches (comme le lieutenant Rex Thorne de « Ace of aces », 1933).

 Le film soulève le problème du parachute. Le parachute en 1917 était à peu près au point, bien qu’encombrant, et il équipait les aérostiers (mais ce n‘était pas un parachute dorsal comme on le voit dans le film, le sac du parachute étant attaché à l’extérieur de la nacelle de la saucisse). Les pilotes allemands en furent les premiers équipés au printemps de 1918. Les états-majors alliés pensaient que les pilotes n’hésiteraient pas à s’en servir à la moindre occasion et que cela diminuerait leur agressivité..Ils avaient une bien piètre idée du courage de leurs aviateurs ! L’anecdote du pilote qui se jette dans le vide, plutôt que de rester griller dans son cockpit, est tirée d’histoires réelles. L’escadrille 76 du film est vaguement inspirée du squadron 56, l’un des plus fameux squadron anglais, équipé de SE.5.

 Ce film a de bonnes scènes aériennes, bien que les avions se poursuivent d’un peu trop prés, pour des raisons de cadrage. Les pilotes tiraient entre 50 et 100 mètres de distance, selon le point de convergence de leurs armes. Le bruit des moteurs, post synchronisé, est celui de moteurs rotatifs qui rappellent ceux de « Hell’s angels » ou de « Dawn Patrol », alors que les SE.5 était équipés d’un Wolseley Viper V8, au bruit plus feutré. En face, en octobre 1917, tous les avions étaient équipés de moteur en ligne, à l’exception du Fokker Dr.1. L’apparition d’un Fokker E.III est tout à fait anachronique. Arrivé sur le front en août 1915, il fut retiré du service bien avant octobre 1917.

 En définitive, « Le tigre du ciel », malgré son titre français ringard, est un film intéressant avec une vision réaliste de la guerre et une interprétation de qualité par de grands acteurs britanniques. Le message du film est plus clairement opposé à la guerre, que dans « Dawn patrol », mais ce film démontre que l’influence des films des années trente continue à hanter les réalisateurs, quarante ans plus tard.

 

Les avions du film :

 Les avions du film ont été fournis par Personal Planes Services Ltd. de Douglas Bianchi, une société basée à Booker Airfield, à High Wycombe (Buckinghamshire) où furent tournées les scènes aériennes.

 Les avions sont quatre répliques de RAF SE.5 construits à partir de Stampes SV.4, dont on reconnaît le train d’atterrissage et le plan des ailes légèrement en V, avec des bouts ronds, alors que celles du SE.5 étaient droites avec des bouts carrés. Trois répliques étaient en état de vol. Un bon point pour le viseur Aldis et la mitrailleuse Lewis montée sur son rail Foster, sur le plan supérieur. Mais ça ne va plus quand on voit Gresham en train de la recharger en plein vol, debout dans son cockpit. Contrairement au Nieuport, le SE.5 était équipé d’un rail justement pour éviter au pilote de se lever et de pouvoir recharger en restant assis. Mais bien que le pilote disposât de trois chargeurs, il était pratiquement impossible de les changer en vol. Dans le film, les chargeurs des Lewis n’ont que 47 cartouches, soit quatre seconde de feu, vu la cadence de tir élevée de la mitrailleuse !

 Il y a aussi une réplique d’Avro 504K qui est relayée en l’air par une maquette radio commandée. Cet avion ne servit que dans les unités d’entraînement où il s’avéra excellent, mais jamais en tant qu’avion d’observation. Il ne fut armé qu’après la guerre, dans les « gunnery schools ». En outre, les unités de chasse anglaises ne comprenaient qu’un seul type d’appareil et n’avaient pas d’avions d’observation. La décoration des avions anglais est assez conforme à la réalité.

 On parle dans le film de Sopwith Pup, de RAF FE, et de Nieuport, mais il n’y en a aucune trace à l’écran. le Pup fut retiré du front avant octobre1917, tout comme le FE..

 Coté allemand, on a la très belle réplique de Fokker E.III (G-AVJO) de Douglas Bianchi, construite en 1965. Cet avion est actuellement en Angleterre, au « Flying aces movie aircraft collection » de Compton Abbas. L’avion que l’on voit le plus souvent est un Valmet Viima II V1; (G-BAAY) finlandais, équipé d’une tourelle de mitrailleuse (Parabellum). Cet avion d'entraînement fut livré à l'armée de l'air finlandaise en 1939 (s/n VI-3). En mai 1960, il fut immatriculé "OH-VIG" et en août 1972, "G-BAAY" au nom d'un particulier anglais. Le Viima II fut restauré en 1970-73 à partir d’une épave de la dernière guerre, et revola en 1974. Il eut quatre autres propriétaires, avant de quitter l'Angleterre pour la Belgique, le 23 novembre 1989, acquis par Robert Landuyt, avec le matricule " OO-EBL". Endommagé lors d'un accident en 1994, l'avion fut envoyé à Skysport Engineering pour une complète resturation. Suite au décès de Landuyt, l'avion fut acheté par un collectionneur allemand et immatriculé "D-EVVI" en juin 2011. En juillet 2015, il rejoignit son pays d'origine acquis par Phillip Lawton et retrouva son ancien matricule "OH-VIG".

 Sa couleur rouge est tout à fait erronée. Seul, le chasseur de von Richthofen avait cette couleur, jamais des biplaces qui avaient un camouflage d’usine à petits losanges colorés. Les autres avions allemands ont une décoration tout aussi fantaisiste. Pour faire nombre, on utilisa aussi un De Havilland DH. 82 Tiger Moth et un Bücker Bü-133 Jungmeister.

 Le film emprunte plusieurs séquences aux films « Le crépuscule des aigles » (1966) et «Le baron rouge » (1971), où l’on voit des répliques de Fokker.D.VII, de Pfalz D.III, de SE.5 et un Caudron Luciole. La scène où l’observateur se jette en parachute de son ballon est tiré du premier film.

 

 Christian Santoir

 

*Film disponible sur amazon.fr

 

 

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