LA PATROUILLE DE L'AUBE
Vo. Dawn Patrol
Année : 1938
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 43 min.
Genre : guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Edmund GOULDING
Scenario : Seton I. Miller et Dan TOTHEROH
Histoire originale : John « Monk » SAUNDERS
Acteurs principaux :
Errol FLYNN (Capitaine Courtney), Basil RATHBONE (Major
Brand), David NIVEN (Lieutenant Douglas Scott), Donald CRISP (Phipps), Melville
COOPER (Sergent Watkins), Barry FITZGERALD (Bott), Carl ESMOND (Von
Mueller) Photo : Tony GAUDIO
Musique : Max STEINER
Conseiller technique : Capitaine L.G.S. SCOTT
Avions :
-
-Garland Lincoln LF-2, NC75W
-
-Nieuport 28 C1
-
-Thomas Morse Scout
Notre avis :
La Warner se crut autorisée à faire un remake du Dawn Patrol
d’Howard Hawks (1930), tel avait été grand le succès de la première version. Le
scénario tenait toujours la route ; on prit un nouveau réalisateur et de
nouveaux acteurs mais on réutilisa toutes les scènes aériennes ce qui
permettait de faire de substantielles économies. Le "Dawn Patrol" de 1938 est
dirigé par un Anglais, qui participa à la première guerre mondiale où il fut
blessé, avant d’émigrer aux Etats-Unis. Ce n’était pas un spécialiste des films
d’action, mais un excellent directeur d’acteurs. L’ancienne version de 1930
changea de nom quand le film sortit, et s’appela « The flight commander » qui
était le titre de l’histoire de John « Monk » Saunders à l’origine du
scénario. Rappelons rapidement
l’histoire déjà exposée dans la fiche du « Dawn Patrol » de 1930. En 1915, le
commandant d’une escadrille anglaise en France, doit envoyer au combat, et à
une mort quasi certaine, de jeunes pilotes sans expérience. Il entre en conflit
avec un de ses officiers, le capitaine Courtney qui le traite de boucher. Quand
ce dernier doit prendre à son tour la tête de l’escadrille, il se retrouve
devant le même dilemme. Un jour, il doit envoyer en mission le jeune frère de
son meilleur ami, Scott. Courtney périt dans une mission suicide qu’il effectue
à la place de Scott qui s’était porté volontaire. Ce fut le dernier film antimilitariste avant
la guerre, car à partir de 1939, Hollywood se mit sur le pied de guerre, malgré
l’ambiance non interventionniste, sinon pacifiste, qui régnait encore aux Etats
Unis. Mais les événements mondiaux de 1938 (l’Anschluss, les accords de Munich)
ont influencé le film, notamment au niveau des dialogues ; ainsi Courtney parle
de la guerre comme d’un jeu stupide susceptible de finir aussi vite qu’il a
commencé « jusqu’à ce qu’une bande d’irresponsables criminels, assis autour
d’une grande table, nous précipitent dans un autre conflit ». On ne saurait
être plus clair ; la SDN en prend un coup ! Le film sortit à New York, la
veille de Noël, juste un jour après un autre film d’aviation sur la grande
guerre, mais à Berlin. C’était le film de Karl Ritter « Pour le Mérite » dont
le sujet était radicalement opposé, valorisant la guerre et la violence ; «
vérité en deçà de l’Atlantique, erreur au delà », aurait dit Pascal. Cette version se caractérise surtout par la
présence des deux grands acteurs, Errol Flynn qui était heureux de sortir enfin
des films de capes et d’épée, et David Niven, un ancien diplômé de Sandhurst,
très à l’aise dans les rôles de militaires. Goulding sut exploiter au mieux les
rapports d’amitié qui existaient entre les deux hommes. Ce fut sans doute là un
des meilleurs rôles de Flynn. A part ça, la nouvelle version est la copie
conforme de l’ancienne. Les décors sont pratiquement les mêmes et Niven-Scotty
s’envole toujours avec son pyjama à pois sous sa tenue de vol. Les scènes
d’extérieur où figurent les nouveaux acteurs ont été tournées dans le ranch de
la Warner, à Calabassas, l’ancien terrain « anglais » étant maintenant occupé
par des maisons. Les avions du film : Si les scènes aériennes sont les mêmes que
celles de la version précédente, au sol, on compte quatre Nieuport 28, deux
avec des mats d’entretoise en « N », et deux avec des mats en « I » Un seul était un vrai Nieuport 28 C1 à
moteur rotatif, reconstruit en 1920 par Garland Lincoln avec un Wright de 220
chevaux et immatriculé NC75W, vers 1932, sous le nom « Garland Lincoln LF-2 ».
En 1932, le « Garland Lincoln LF-1 » (N12237) fut le premier des trois
répliques de Nieuport 28 avec des ailes raccourcies pour accroître la vitesse,
et un moteur Gnome de 160 chevaux, à être construit par Flagg qui fournit
d’autres avions pour le tournage. La réplique était si fidèle à l’originale que
la toile de l’extrados de l’aile supérieure se déchira pendant un piqué, ce qui
était le défaut des vrais Nieuport! Deux autres répliques construites vers 1934
(N10415, N2539) avaient des moteurs Wright J-4 de 200 chevaux et des mats
d’entretoises en « I ». Les peintres recopièrent scrupuleusement sur ces
appareils les décorations portées lors du tournage de 1930. Ne pouvant emporter de bombes, le Nieuport
28 aurait été bien incapable d’attaquer les Allemands de « Souley ». Soit dit
en passant, cette ville au nom fictif, existe bien ; Errol Flynn nous la montre
sur une vraie carte, au sud de Spincourt et à l’ouest de Gondrecourt, il s’agit
d’Etain, ville que les Allemands occupèrent jusqu’à l’armistice et qui fut
pratiquement rasée. Les Américains y eurent une importante base aérienne
en…1954 ! Le film fait une grande
utilisation au sol de Thomas Morse Scout dont la silhouette s’apparente vaguement
à celle des Nieuport. Un d’entre eux fut placé dans la même position et
exactement au même endroit, pour le tournage de la scène où Errol Flynn tire
une fusée dans le cockpit pour enflammer l’appareil, exactement comme Richard
Barthelmess l’avait fait en 1930. Christian Santoir *Film disponible sur amazon.fr
Scenario : Seton I. Miller et Dan TOTHEROH
Histoire originale : John « Monk » SAUNDERS
Musique : Max STEINER
Conseiller technique : Capitaine L.G.S. SCOTT
- -Garland Lincoln LF-2, NC75W
- -Nieuport 28 C1
- -Thomas Morse Scout
Notre avis :
La Warner se crut autorisée à faire un remake du Dawn Patrol
d’Howard Hawks (1930), tel avait été grand le succès de la première version. Le
scénario tenait toujours la route ; on prit un nouveau réalisateur et de
nouveaux acteurs mais on réutilisa toutes les scènes aériennes ce qui
permettait de faire de substantielles économies. Le "Dawn Patrol" de 1938 est
dirigé par un Anglais, qui participa à la première guerre mondiale où il fut
blessé, avant d’émigrer aux Etats-Unis. Ce n’était pas un spécialiste des films
d’action, mais un excellent directeur d’acteurs. L’ancienne version de 1930
changea de nom quand le film sortit, et s’appela « The flight commander » qui
était le titre de l’histoire de John « Monk » Saunders à l’origine du
scénario.
Rappelons rapidement
l’histoire déjà exposée dans la fiche du « Dawn Patrol » de 1930. En 1915, le
commandant d’une escadrille anglaise en France, doit envoyer au combat, et à
une mort quasi certaine, de jeunes pilotes sans expérience. Il entre en conflit
avec un de ses officiers, le capitaine Courtney qui le traite de boucher. Quand
ce dernier doit prendre à son tour la tête de l’escadrille, il se retrouve
devant le même dilemme. Un jour, il doit envoyer en mission le jeune frère de
son meilleur ami, Scott. Courtney périt dans une mission suicide qu’il effectue
à la place de Scott qui s’était porté volontaire.
Ce fut le dernier film antimilitariste avant
la guerre, car à partir de 1939, Hollywood se mit sur le pied de guerre, malgré
l’ambiance non interventionniste, sinon pacifiste, qui régnait encore aux Etats
Unis. Mais les événements mondiaux de 1938 (l’Anschluss, les accords de Munich)
ont influencé le film, notamment au niveau des dialogues ; ainsi Courtney parle
de la guerre comme d’un jeu stupide susceptible de finir aussi vite qu’il a
commencé « jusqu’à ce qu’une bande d’irresponsables criminels, assis autour
d’une grande table, nous précipitent dans un autre conflit ». On ne saurait
être plus clair ; la SDN en prend un coup ! Le film sortit à New York, la
veille de Noël, juste un jour après un autre film d’aviation sur la grande
guerre, mais à Berlin. C’était le film de Karl Ritter « Pour le Mérite » dont
le sujet était radicalement opposé, valorisant la guerre et la violence ; «
vérité en deçà de l’Atlantique, erreur au delà », aurait dit Pascal.
Cette version se caractérise surtout par la
présence des deux grands acteurs, Errol Flynn qui était heureux de sortir enfin
des films de capes et d’épée, et David Niven, un ancien diplômé de Sandhurst,
très à l’aise dans les rôles de militaires. Goulding sut exploiter au mieux les
rapports d’amitié qui existaient entre les deux hommes. Ce fut sans doute là un
des meilleurs rôles de Flynn. A part ça, la nouvelle version est la copie
conforme de l’ancienne. Les décors sont pratiquement les mêmes et Niven-Scotty
s’envole toujours avec son pyjama à pois sous sa tenue de vol. Les scènes
d’extérieur où figurent les nouveaux acteurs ont été tournées dans le ranch de
la Warner, à Calabassas, l’ancien terrain « anglais » étant maintenant occupé
par des maisons.
Les avions du film :
Si les scènes aériennes sont les mêmes que
celles de la version précédente, au sol, on compte quatre Nieuport 28, deux
avec des mats d’entretoise en « N », et deux avec des mats en « I » Un seul était un vrai Nieuport 28 C1 à
moteur rotatif, reconstruit en 1920 par Garland Lincoln avec un Wright de 220
chevaux et immatriculé NC75W, vers 1932, sous le nom « Garland Lincoln LF-2 ».
En 1932, le « Garland Lincoln LF-1 » (N12237) fut le premier des trois
répliques de Nieuport 28 avec des ailes raccourcies pour accroître la vitesse,
et un moteur Gnome de 160 chevaux, à être construit par Flagg qui fournit
d’autres avions pour le tournage. La réplique était si fidèle à l’originale que
la toile de l’extrados de l’aile supérieure se déchira pendant un piqué, ce qui
était le défaut des vrais Nieuport! Deux autres répliques construites vers 1934
(N10415, N2539) avaient des moteurs Wright J-4 de 200 chevaux et des mats
d’entretoises en « I ». Les peintres recopièrent scrupuleusement sur ces
appareils les décorations portées lors du tournage de 1930.
Ne pouvant emporter de bombes, le Nieuport
28 aurait été bien incapable d’attaquer les Allemands de « Souley ». Soit dit
en passant, cette ville au nom fictif, existe bien ; Errol Flynn nous la montre
sur une vraie carte, au sud de Spincourt et à l’ouest de Gondrecourt, il s’agit
d’Etain, ville que les Allemands occupèrent jusqu’à l’armistice et qui fut
pratiquement rasée. Les Américains y eurent une importante base aérienne
en…1954 !
Le film fait une grande
utilisation au sol de Thomas Morse Scout dont la silhouette s’apparente vaguement
à celle des Nieuport. Un d’entre eux fut placé dans la même position et
exactement au même endroit, pour le tournage de la scène où Errol Flynn tire
une fusée dans le cockpit pour enflammer l’appareil, exactement comme Richard
Barthelmess l’avait fait en 1930.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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