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HORIZONS SANS FIN

 
HORIZONS SANS FIN

 

                                 

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Pays : France
Année : 1952
Durée : 1 h 44 min.
Genre :Drame
Noir et blanc

Réalisateur : Jean Dréville
Scénario et dialogues : Raymond Caillava

 Acteurs principaux :

Gisèle Pascal (Hélène Boucher), Maurice Ronet (Marc Caussade), Marcel André (Dusmesnil), Christiane Barry (Jacqueline), Jacques Bernard (Pigeon), René Blancard (René Gaudin), Jean Chevrier (André Danet), Paul Frankeur (Soupape),

 

Photographie : André Bac
Musique : René Cloerec
Production : Armand Begue
Distribution: Société nouvelle des films Dispa

 

Avions :

  • - Adam RA.15 (F-AEET
  • - Caudron C.277 Luciole, F-ALUR
  • - Caudron C.366 Atalante
  • - Caudron C.600 Aiglon
  • - Morane Saulnier MS.230, F-BGJS
  • - Samlson D7 Cri Cri Major (c/n 5, F-BFNC

 

 

 Notre avis :

 Ce film est un hommage à Hélène Boucher mais il est également dédié aux pilotes d’essais. Il s’ouvre sur le record de vitesse féminin en circuit fermé battu en mai 1951 par Jacqueline Auriol, sur Mistral. En fait, Horizons sans fin ne traite qu’une partie de la vie d’Hélène Boucher, entre le 4 juillet 1930, date de son baptême de l’air, et le 11 août 1934, date de son record de vitesse. Elle se tuera trois mois plus tard à l’âge de vingt six ans. Le film a été tourné sur l’aérodrome d’Enghien-Moisselles censé être l’aérodrome de Caudron, à Guyancourt. On a d’ailleurs l’impression que toute la carrière d’Hélène Boucher se passe sur cet aérodrome et chez Caudron. Le film relate les divers facettes de sa carrière: pilote de raid  (tentative Paris-Saigon, février 1933), pilote de voltige (meetings de Villacoublay en octobre 1933, de Vincennes en octobre 1934) et pilote de records, d’endurance  (premier équipage féminin aux « 12 heures d’Angers » sur Mauboussin 121/35, en juillet 1933, puis sur Caudron Rafale en 1934), d’altitude  (record féminin catégorie monoplace léger : 5900 m sur Mauboussin 120/32) et de vitesse ( août 1934 : records  de vitesse féminin monoplace sur 100 km et 1000 km., record de vitesse sur base toutes catégories avec 445 km/h.). En définitive, Hélène Boucher battit sept records, dont six sur Caudron Renault.

 Le scénario prend certaines libertés avec la vraie vie d’Hélène Boucher. Elle ne reçut pas le baptême de l’air après avoir rencontré le chef pilote de Caudron chez la modiste où elle travaillait. Elle aidait sa meilleure amie Dolly van Dongen (citée dans le générique) qui tenait un magasin de mode et décida de passer son baptême de l’air après la mort d’un ami pilote. Elle prépara son brevet, non pas à Guyancourt, mais à Mont de Marsan où un industriel venait de fonder un aéroclub et offrait une prime à la première femme qui suivrait les cours de son école de pilotage. Elle y passa son brevet de pilote le 21 juin 1931. Lors de sa tentative Paris- Saigon, la scène du crash est inexacte et se rapporte à un incident antérieur qui s’est passé dans la Nièvre et non pas en Irak ! En Irak, elle atterrit sur la piste de Ramadi, sans aucun problème à part un moteur cassé. Elle est embauchée par Caudron en mai-juin 1934 seulement, alors qu’elle est une pilote de voltige renommée et qu’une certaine Maryse Hilsz postulait pour la place. Un Caudron Rafale (F-AMVB) à son nom, lui est affecté un temps pour son entraînement ; c’est sur cet appareil qu’elle se tuera.

 Une grande place dans le film est donné à « René Gaudin », mélange de Raymond Delmotte, chef des essais chez Caudron qui assura l’entraînement d’Hélène sur le Rafale, et d’Antoine Maillet, ancien chef pilote de l’aviation du Négus et, à l’époque, chef pilote du Roland Garros, le groupement privé de l’aéroclub de France. Il ne travailla jamais pour Caudron Renault mais, ami intime d’Hélène Boucher, il l’aida constamment de ses conseils, de ses relations. Il se tua, comme dans le film, à Orly, non pas en conyoyant un Caudron, mais en donnant un cours, et le 3 juin 1934, soit deux mois avant les records de vitesse d’Hélène, pas le jour même.

 Si Hélène Boucher a une place à part et un renom que ne connurent pas les autres femmes pilotes françaises, c’est qu’en moins de trois ans elle réussit un parcours éblouissant et qu’elle fut fauchée en pleine gloire. Sa mort et son jeune âge lui permirent d’accéder au rang de mythe. Cette biographie filmée prend parfois l’allure d’un documentaire, avec voix off de Gérard Oury, dans un style un peu grandiloquent, typique des années cinquante. Elle jette un voile pudique sur la vie privée de l’héroïne, sur ses liaisons masculines réelles ou supposées, notamment avec le grand Mermoz, sur ses rivalités avec les autres femmes pilotes qui la jalousaient, comme Maryse Hilsz. Le choix de Gisèle Pascale fut judicieux, pour interpréter la «jeune fille de France ». Cependant, la frêle Gisèle n’a pas la robuste constitution d’Hélène ; faire de la voltige de compétition sur Morane 230 demandait du muscle et une poigne ferme.

 En définitive, tout aérocinéphile se doit d’avoir dans sa vidéothèque Horizons sans fin qui est un classique du film d’aviation, avec des scènes aériennes assez longues et une belle brochette d’avions anciens.

 

Les avions du film :

 Le film commence par un véritable défilé aérien à base de bandes d’actualité. On voit successivement un De Havilland DH.100 Vampire (code NL-F de l'EC 3/2 Alsace) suivi par : un Boeing 377 Stratocruiser, un SE 2010 Armagnac (c/n 01, F-WAVA, perdu par accident le 30/06/1950 près de Toulouse) d'Air France, des Douglas DC-3, le Dougas C-54A (c/n 10372, F-BELD) d'Air France, le Douglas  DC-6 "Liberty Bell" (N6519C) de la PAA, un De Havilland Comet de la BOAC, un Gloster Javelin, un Vickers Valiant, un Avro Vulcan, le Dassault Mystere MD 452-01, un Supermarine Swift, le rare Dassault MD-453 Mystère III  et un Hawker Siddeley Sea Vixen.

 Le tournage a rassemblé une demi douzaine d’avions censés représenter les avions pilotés par Hélène Boucher ou contemporains. Mais le film s’ouvre sur les essais d’un Adam RA.15 (F-AEET), sorti en 1947. Cet appareil léger ne fut construit qu’à quatre exemplaires. De même, un Samlson D7 Cri Cri Major (c/n 5, F-BFNC, un avion d'usine), avion à aile haute qui fit son premier vol en 1949, remplace le Mauboussin 120/32 à aile basse qu’elle utilisa pour le record d’altitude. Cependant, les scènes aériennes correspondantes sont prises dans un Tiger Moth, et non dans un Salmson.

Les autres avions sont des modèles d’avant guerre. On aperçoit à plusieurs reprises un Caudron C.277 Luciole (c/n 6/6595, F-ALUR), notamment lors du baptême de l’air d’Hélène; en l’air il se transforme en De Havilland DH. 82 Tiger Moth, un avion plus proche de celui dans dans lequel elle reçut effectivement son baptême (un DH. 60 Gipsy Moth) et sur lequel elle fut lâchée. Le F-ALUR est doublé dans une scène, par un autre Luciole qui porte sur la dérive la mention :" C.275R", ce qui en fait le F-BBAZ, qui était équipé d'un  moteur Renault 4 Pgi de 100 chevaux.

 Pour le tournage, le problème était de trouver un véritable Caudron de course, ressemblant de près ou de loin, aux avions pilotés par Hélène Boucher. L’appareil utilisé est un peu un mystère ; il ressemble à un C.366 dont on aurait transformé l’arrière du fuselage, le capot moteur, ainsi que la verrière, beaucoup plus large que l’originale qui protégeait juste la tête du pilote et qui était la signature de Riffard. Cet avion transformé, muni d’un moteur électrique pour les roulages au sol, pourrait être le Caudron C.366 Atalante qui est actuellement dans les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace. Dans le film, il est appelé le « 360 », appellation sous laquelle aucun appareil ne vola ; le C.360 devint le C.366 avec un moteur Régnier et le C.362 avec un moteur Renault Bengali. Le même avion tient lieu également de Caudron C.430 Rafale avec lequel Hélène Boucher participa aux « 12 heures d’Angers », ainsi que de Caudron C.450 n° 13 sur lequel elle battit ses records de vitesse. Pour les scènes aériennes, il est doublé par un Caudron Aiglon ainsi que par un extrait d’actualités montrant le véritable appareil au décollage. La décoration du C.450 est pour le moins curieuse ; si le ruban tricolore a bien été porté, la bande de couleur sombre courant le long du fuselage n’a décoré que les Rafales, et ces derniers ne portaient pas le nom « Rafale » sur le capot moteur, mais sur la dérive. Enfin, le C.450 portait son numéro de série (6910) au bas du gouvernail.

 Si le premier avion acheté par Hélène fut bien un De Havilland (dans le film, il s'agit d'un DH.82A Tiger Moth,  c/n 86618, F-BGEE), elle n’entreprit pas son raid avec lui, mais avec un Avro Avian IVM acheté d’occasion, en Angleterre. Cet avion (G-ABIE) était la version « High Test » avec un réservoir de 500 litres occupant la place avant; il avait été utilisé par l’Anglais Tommy Rose pour son raid Londres-Le Cap, qui s’était achevé en Egypte, au retour, deux ans avant son achat par Hélène Boucher.

 Un Morane Saulnier MS.230 (c/n 1075, F-BGJS) figure le MS.233 bleu et noir (c/n 54, F-AJML) de voltige, qu’Hélène Boucher pilota dans les meetings. On voit également un autre "315" (c/n 315, F-BCBU) dans un hangar.  Enfin, on assiste au décollage d’un Caudron C.282/9 Phalène (c/n 21/6813, F-AMMP) et, en vol, on peut voir son étonnant manche à balai fixé au plafond, un dispositif propre au Phalène.

 

 Christian Santoir

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