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HIMMELHUNDE



 

HIMMELHUNDE

 

Année : 1942
Pays : Allemagne
Durée : 1 h 16 min.
Genre : Drame
Noir et blanc


Réalisateur : Roger von Norman
Scénario : Philipp Lothar Mayring

Principaux acteurs :
Albert Florath, Lutz Götz, Erna Heidersdorf, Malte Jäger, Josef Kamper, Waldemar Leitgeb, Klaus Pohl, Siegmar Schneider

Musique : Werner Bochmann
Photographie : Herbert Körner
Compagnie productrice : Terra

Aéronefs :

  • - DFS Rhönbussard
  • - DFS Weihe,
  • - DFS Rhönsperber
  • - FVA 10B Rheinland
  • - Grunau Baby
  • - Schemp Hirth Gö.3,



Notre avis :

Alors que la guerre durait, et après les pertes subies par la Luftwaffe lors de l’attaque de l’Angleterre, il devenait de plus en plus évident aux responsables de la Jeunesse du Reich que la mobilisation des jeunes (garçons) devait être renforcée. Pour cela, on avait besoin d’un film nouveau qui leur fût destiné, n’utilisant pas les moyens d’expression utilisés jusqu’ici. Ce film fut « Himmelhunde » (Les chiens du ciel..). Avec lui, on faisait la promotion de la formation para militaire, et de l’embrigadement dans les sections aéronautiques de la Hitlerjugend, sans faire allusion au caractère durable de la guerre. Aussi, ce film mettait-il moins l’accent sur le service militaire, que sur l’habitude d’obéir aux ordres, la discipline et la soumission à la hiérarchie. Déjà, dans la comédie d’Heinz Ruhmann « Quax, der Bruchpilot » en 1941, un instructeur affirmait aux élèves que la discipline était le maître mot dans l’aviation. Il est bien connu en outre, que les régimes dictatoriaux ont plus besoin d’agneaux que de jeunes loups.

Werner Grundler appartient à une section de vol à voile de la Jeunesse hitlérienne, basée dans le camp de Hornberg, dans le Jura souabe. Leur instructeur est l’Obertruppführer Kilian, un homme très apprécié par les jeunes. Ces derniers travaillent avec enthousiasme sur son nouveau planeur, un prototype qui doit participer à une compétition, avec Werner aux commandes ; ses performances seront alors contrôlées officiellement. Tout le monde est convaincu de la victoire. Lors des essais, Kilian constate une fissure à l’emplanture de l’aile droite, qui laisse deviner un défaut de construction majeur. Il donne l’ordre à Werner de ne pas participer à la compétition, sous aucun prétexte. Mais Werner qui est chargé de mener à la victoire le planeur de son professeur, répare la fissure, secrètement avec l’aide de quelques camarades. Le jour de la compétition, il décolle et bat le record de durée, tout en se crashant à l’atterrissage. La victoire espérée est obtenue, mais c’est une victoire obtenue en enfreignant de façon manifeste un ordre absolu. Par conséquent, elle ne peut être attribuée à Werner. Werner et ses camarades sont renvoyés du camp pour leur indiscipline, et rendent leur uniformes. Alors que les exclus comprennent la mesure, dure mais juste, prise par la direction du camp, ils mettent tout en oeuvre pour prendre leur revanche, Werner persiste dans son attitude d’insubordination. Il n’admet pas que son geste, fait par esprit de camaraderie, puisse enfreindre la discipline. Comme le danger subsiste qu’il s’enferme dans une attitude de refus insensée, Kilian le ramène à la raison, et le réintègre dans le cercle de ses camarades, pour reconstruire un nouveau planeur. Un jour, Werner sera pilote dans la Luftwaffe.

Ce film illustre le concept fondamental de la Jeunesse hitlérienne « Jugend wird von Jugend geführt » (la jeunesse est dirigée par la jeunesse ). La camaraderie est conçue comme le principal moyen de socialisation. Depuis la loi de décembre 1936, rendant obligatoire l’enrolement dans la Jeunesse Hitlérienne de tous les garçons, l’éducation fournie jusqu’ici par l école et la famille, est battue en brèche. Ces milieux seront même critiqués plus ou moins ouvertement. Les parents sont décrits dans le film, comme dans tous les autres films sur la Hitlerjugend, comme plutôt apathiques et rétrogrades. Le vieux père de Werner ne maintient son autorité sur son fils que parce qu’il est en accord avec les principes éducatifs du chef des jeunes. A coté des adolescents et de leurs chefs fringants, les aînés, englués dans leurs habitudes, apparaissent gauches et mesquins. « Himmelhunde » est un film éducatif sur le thème du nécessaire abandon de l’individualisme au profit du groupe; il transmet, d’autre part, un message très clair : les jeunes tiennent fermement les commandes. Dans le conflit qui l’oppose à ses chefs, il n’y a aucun doute que Werner ne retrouve le chemin des « vertus » nationales socialistes.

Ce film, en dehors d’une plongée dans le passé allemand, est aussi pour les aérocinéphiles, l’occasion de voir de nombreux planeurs allemands, en service en 1942, filmés sur place, dans le Jura souabe, près du château de Lichtenstein et du massif du Albrauf.


Les avions du film :

Le vol à voile était particulièrement développé en Allemagne, avant la guerre, à cause des clause restrictives du Traité de Versailles, mais aussi parce qu’il était considéré, à juste titre, comme une excellente initiation à l’aviation et au pilotage des avions à moteur. Cette activité « sportive » permettait aussi de camoufler un vaste programme de formation de pilotes, qui commença bien plus tôt, et connut une autre ampleur, que notre « Aviation populaire »…

Si on aperçoit très furtivement un planeur de début assez archaïque, un Schulgleiter SG.38, la plupart des machines montrées sont plus performantes. Werner est lâché sur un Grunau Baby qui servait, depuis 1931, à la formation de base dans les écoles de vol à voile. Cet appareil, dont on voit de très nombreux exemplaires (dont les D-15-1059, 1267,1104,1209), était lancé à l’élastique par deux groupes d’une dizaine de personnes. Le planeur « nouveau » de Kilian est une aile volante Horten Ho.III (D-15-1315), un des premiers modèles construits, où le pilote est assis, et non allongé sur le ventre. Ce type de planeur fit son premier vol en 1938, pour les compétitions du Rhön. Ce planeur décolle remorqué par un avion (que l’on ne voit pas), peut être un Klemm L.25 que l’on aperçoit garé dans un coin, au début du film. On remarque l’immatriculation spéciale des planeurs allemands entrée en vigueur en 1937. Elle fait suivre la lettre d’identification nationale "D", par le numéro du district de la section de vol à voile, puis du numéro de l’appareil à l’intérieur de ce district.

Les autres planeurs que l‘on voit décoller sont des grands classiques : DFS Rhönbussard, DFS Weihe, DFS Rhönsperber, Schemp Hirth Gö.3, FVA 10B Rheinland.



Christian Santoir


* Film rare


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