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F.P.1 antwortet nicht

F.P.1 antwortet nicht

 

Année : 1932
Pays : Allemagne
Durée : 1h 54 min.
Genre : science-fiction
Noir et blanc

Réalisateur : Karl Hartl
Scénario : Curt Siodmak, d’après son roman "F.P.1 antwortet nicht"

Acteurs principaux :

Hans Albers (Ellissen), Sybille Schmitz (Claire Lennartz), Paul Hartmann (Capitaine Droste), Peter Lorre (Johnny, le reporter photographe), Hermann Speelmans (l’ingenieur chef Damsky), Georg August Koch (premier officier), Hans Schneider (second officier), Werner Schott (Matthias Lennartz), Erik Ode (Konrad Lennartz), Philipp Manning (le médecin).

Musique : Alan Gray
Photo : Günther Rittau, Konstantin Tschet, Otto Baecker
Producteur : Erich POMMER
Compagnie productrice : Universum-Film AG (Ufa), Berlin

Avions

  • -Heinkel He 10, en arrière plan 
  • -Heinkel He 22, D-1096
  • -Heinkel He 42b, D-2032, en arrière plan
  • -Junkers W33f, D-1957


Notre avis : 

La coopération européenne était à la mode au début des années trente, du moins dans l’industrie cinématographique. Ce film fit ainsi l’objet de deux autres versions ; une anglaise « F.P.1 doesn't answer» avec Leslie Fenton, Conrad Veitl et Jill Esmond, et une française « I.F.1 ne répond plus » avec une distribution prestigieuse : Charles Boyer, Daniele Parola, Jean Murat, Pierre Brasseur...Cette dernière copie serait malheureusement perdue.
 
Il s’agissait à l’époque d’un film de science fiction qui reposait sur l’idée d’une île flottante imaginée par Curt Siodmark. En réalité, Siodmark n’eut qu’à s’inspirer de projets qui existaient déjà. Sans remonter à Jules Verne et son « Ile à hélices » (1895), on peut citer l’ingénieur américain Edward Armstrong qui avait pensé, dès 1913, à établir dans l’Atlantique une chaîne de pistes flottantes appelées « seadromes », chacune ayant un poids de 50.000 tonnes avec une piste de 400 mètres de long, sur 135 m de large, stabilisée par des piliers s’enfonçant dans la mer à 60 mètres de profondeur, le tout étant ancré sur le fond par des câbles. Chaque «seadrome » devait comportait un hôtel de quarante chambres, un café, un salon, des ateliers.. La crise de 1929 vint mettre un terme à ce projet qui dépassait certainement les possibilités techniques du moment. Le vol de Lindbergh en 1927 avait également prouvé qu’un avion pouvait relier les deux continents d’un seul coup d’aile mais au prix d’une diminution de la charge marchande. Son Ryan était une citerne volante où le carburant représentait plus de la moitié du poids total de l’avion. Rappelons qu’en 1986, quand Burt Rutan fit le tour du monde non stop avec son Voyager, le poids de son appareil était composé à 80% de carburant ! Cependant, les Zeppelins et de gros hydravions aux moteurs performants, permirent de vaincre l’Atlantique nord dans les années trente. La guerre banalisa les vols long courriers avec des avions terrestres.

L’île flottante du film fut reconstituée sur la petite île de Greifswalder Oie, dans la Baltique, située juste au nord de la future base secrète de l'armée allemande de Peenemünde. On y construisit un pont de 500 mètres de long sur 150 mètres de large, à 25 mètres au-dessus du niveau de la mer, et sur lequel un avion pouvait effectivement se poser.

L’histoire commence avec le célèbre aviateur Ellissen qui déplore que le projet de son ami, le capitaine Droste, sommeille dans les tiroirs de la compagnie Lennartz. Ce projet consiste à construire une immense plateforme flottante au milieu de l’océan, pour servir d’aéroport. Il arrange un faux cambriolage, tout en avertissant la presse qui va ainsi en être informée. Grâce à cette publicité, la plateforme est finalement construite par les chantiers Lennartz. Mais il apparaît très vite qu’un saboteur se cache parmi les collaborateurs de Droste. Une compagnie maritime voit d’un mauvais oeil ce projet qui va à l’encontre de ses intérêts. Ellissen est amoureux de Claire, la soeur du constructeur Lennartz. Mais quand il réapparaît après avoir échoué dans une tentative de tour du monde, il constate que Claire est plus attirée par Droste... Un jour qu’elle est en communication radio avec la plateforme ancrée au milieu de l’Atlantique, elle entend des bruits de luttes et des coups de feu avant que le contact soit rompu. F.P.1 ne répond plus ! Folle d’inquiétude pour Droste, elle demande à Ellisen de l’emmener sur la plateforme avec son avion. Bien qu’Ellissen voie dans Droste un rival, il accepte. Une fois arrivés, ils découvrent Droste blessé ainsi que l’ingénieur Damsky, qui était le saboteur. La plateforme est en train de couler, les vannes ayant été ouvertes et la centrale électrique sabotée. L’équipage fuit la plateforme. Les avions ont également été détériorés. On réussit néanmoins à rafistolé un biplan, et Ellissen part avec à la recherche d’un navire. Il en trouve un qui va secourir la plateforme en danger. Les génératrices sont remises en marche, les vannes fermées et l’eau vidée des ballasts. La plateforme est sauvée et Claire va pouvoir s’occuper de la convalescence de Droste !

Cette superproduction de l’UFA parue peu avant Noël 1932, reçut un excellent accueil du public qui avait déjà fortement apprécié le roman de Siodmark. Les Allemands étaient friands des histoires mêlant aventures et science-fiction, qui leur permettaient de rêver et de s'évader d'un quotidien plutôt désespérant en cette année de crise économique et politique qui allait déboucher sur l’arrivée des Nazis au pouvoir, l’année suivante. Mais le succès fut tout aussi important à l’étranger.

Ce vieux film, avec une ambiance très « Bauhaus », est tout à fait moderne et se laisse toujours regarder sans ennui, même s’il ne comporte pas beaucoup de scènes aériennes. Son thème, la lutte de puissants intérêts financiers contre certaines innovations techniques, reste tout à fait actuel. Quant à la plateforme flottante aéroportuaire c’est un projet qui refait surface, si l’on peut dire. Aujourd’hui avec l’accroissement de la population à proximité de côtes, avec les problèmes de nuisances environnementales, les aéroports s’éloignent des concentrations urbaines, au point que parfois il faut voyager pour aller prendre l’avion à cinquante ou cent kilomètres de sa ville. Certains aéroports empiètent déjà sur la mer (Nice, Hong-Kong..) et au Japon, on construisit en 1999, le « Megafloat », une piste flottante expérimentale de mille mètres de long. Ce projet sera-t’il saboté par les municipalités bénéficiaires des substantielles taxes versées par les aéroports terrestres ?

 

Les avions du film:

Le tournage n’utilisa pas plus de deux avions : un Junkers W33f (D-1957) de la DVS (Deutsche Verkehrsfliegerschule) du même type que le « Bremen » qui avait effectué en 1928 la traversée d’Irlande à Terre Neuve, et un Heinkel He 22 (D-1096), un biplan très robuste et très répandu à l’époque (Cf. le film « Rouletabille aviateur »  sorti la même année).

En arrière-plan, on entraperçoit dans un hangar de la plate-forme, mais plus vraisemblablement de la DVS à Warnemünde, un des deux Heinkel He 10 construits. Un autre hydravion, un Heinkel He 42b (D-2032) est vu très rapidement en vol. Sur des bandes d’actualité, apparaissent deux gros porteurs allemands, le Junkers G-38 et le Dornier DO-X (D-1929), marquant le renouveau de l’aviation allemande libérée du carcan du Traité de Versailles, habillement contourné, il est vrai, par les constructeurs allemands.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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