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GLUBOKIY REYD

 
GLUBOKIY REYD

Vo. Глубокий рейд

(Raid en profondeur)

 

 
  
 
Année : 1938
Pays : URSS
Genre : guerre
Durée : 0 h 55 min.
Noir et blanc

Scénario : Nikolay SHPANOV
Réalisateur : Pyotr MALAKHOV 

Principaux acteurs :
Konstantin BARTASHEVICH (Pavel, pilote), Nikolay BELYAEV (Commandant du hangar sous-terrain), Aleksandr CHEBAN (Chef de la force aérienne), Nikolay GOLOVIN (Ivan, pilote), Sergey KOMAROV (chef d'état-major de la flotte aérienne impériale),  Grigoriy LYUBIMOV (lieutenant Kosykh, pilote)
 

Musique : Nikolay BUDASHKIN, Vladimir YUROVSKIY
Photographie : Aleksandr PULIN

Avions :

  • -Grigorovich I-Z, document
  • -Polikarpov I-16, document
  • -Polikarov R-5, document
  • -Tupolev TB-3
  • -Tupolev ANT-9 / PS-9, CCCP- Л195

             

Notre avis :

Le scenario de ce film est basé sur une histoire de l'écrivain de science-fiction russe Nikolai Shpanov "Twelve Hours of War" dont des chapitres séparés furent publiés en 1936, dans le quotidien "Komsomolskaya Pravda". En outre, le scenario du film inspira son livre "First Impact. A Story of a Future War" publié en 1939. Ses écrits qui rencontrèrent un grand succès en URSS, laissaient présager le futur affrontement entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. Faut-il préciser que ces publications furent temporairement retirées de la vente après la signature du pacte germano-soviétique du 23 août 1939. Rappelons qu'en juin 1939, paraissait à Moscou le film d'Abram Room "Eskadrilya n°5" dont le scenario était centré sur l'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie qui y était clairement désignée.

Le film commence dans une petite ville frontalière. Dans la famille d'un pilote militaire soviétique, le lieutenant Kosykh, on s'apprête à célébrer avec ses amis l'obtention de sa médaille de l'Ordre de Lénine, mais, soudain, les pilotes sont appelés par leur commandant. Un dirigeable "stratosphérique" volant à 12 000 mètres, provenant d'un "empire voisin" vient bombarder la ville ! Malgré son altitude, les pilotes se lancent à sa  poursuite et l'un d'entre eux parvient à le descendre avec ses mitrailleuses à longue portée. Le haut commandement militaire soviétique décide alors de riposter, l'attaque de l'empire étant confiée à l'aviation. Plusiuers groupes de bombardiers lourds sont envoyés pour effectuer un raid à longue distance, escortés par des chasseurs. Trois escadrilles ont pour objectif, l'une, la capitale de l'empire, les autres, un centre industriel. Les pilotes soviétiques doivent éviter les barrages de ballons et surtout la DCA, très active. Un barrage est détruit et le plus important centre militaro-industriel de l'empire, situé à 800 km de la frontière de l'URSS, est sous l'eau ! Les terrains d'aviation ennemis sont bombardés, mais l'ennemi dispose d'une base dont les hangars sont souterrains. Un bombardier soviétique la repère, mais il est troué comme une passoire et ne vole que sur deux moteurs, en outre, il a déjà lancé plusieurs bombes et il ne lui en reste que quelques unes. Le commandant ordonne à son équipage de se parachuter, puis il dirige son avion droit sur l'entrée du hangar ! Les forces aériennes ennemies sont presque anéanties, l'industrie militaire de l'empire est paralysée. Grâce à l'action de l'aviation, les forces terrestres se lancent alors à l'assaut. Les blindés et la cavalerie repoussent l'ennemi.

Il est bien difficile de déterminer par quel "empire" l'URSS est agressée. Il n'y avait plus d'empire en Europe, en 1937, l'empire allemand ayant cessé d'exister en 1918. L'emblème de cet empire mystérieux avec un "W" au centre ne suggère rien de précis ("W"=West=Ouest ?). L'URSS, ou plus exactement, la Biélorussie et l'Ukraine étaient les seuls pays russes frontaliers avec les pays baltes, la Pologne et la Roumanie. Les villes montrées (Zamsha, Puppen, Santa…), sur une carte très peu détaillée, sont fictives. L'équipement des soldats ennemis est très composite avec des casques allemands, mais aussi français, et ne permet pas de trancher. L'"empire" serait-il tout simplement l'Occident devenu un "empire" capitaliste ?

La production de ce film eut lieu en 1937, au moment des purges staliniennes, une époque où le "petit père des peuples" éliminait toute opposition, en voyant des ennemis partout, à l'intérieur comme à l'extérieur.

Les critiques de la Pravda furent favorables à ce film, et il fut recommandé de le diffuser largement le plus tôt possible. Il remporta un grand succès auprès des soldats et des officiers de l'Armée Rouge. L'accent mis sur la force aérienne comme l'arme la plus appropriée contre toute agression fut remarquée.

 La difficulté du travail des pilotes et de leurs équipiers, est aussi soulignée dans ce film, de même que leur détermination. Le sacrifice du pilote de bombardier se renouvellera  lors de la seconde guerre mondiale, mais il concernera principalement des pilotes de chasse, car il s'agira d'actes de désespoir individuels que l'on connut dans d'autres forces aériennes. Il ne s'agira pas de "bombarder" des troupes ou des bases, au sol. Ces attaques ou abordages volontaires, désignés sous le terme russe Taran, furent initiées par les Russes, dès 1914.

 Les aviateurs impériaux se terrent dans une base souterraine comme des rats. On va retrouver ce genre de dispositif dans le film "Eskadriya n° 5" sorti en juin 1939, où les Allemands ont une base secrète bien camouflée et de nombreux abris sous-terrains.

 

Les avions du film :

Ce sont des chasseurs Polikarpov I-16 qui partent à la poursuite du dirigeable ennemi, un appareil qui était en service lors de l'attaque allemande en juin 1941 et le restera pendant toute la guerre. On voit une rangée de Polikarpov I-16 type 5 (sortis en 1936) qui vont décoller. On va revoir les I-16 tout au long du film, sur des extraits de documentaires..

Le dirigeable est du type zeppelin, portant le code "Z-120" qui ressemble à celui du Zeppelin LZ-120 "Bödensee", mais il comporte cinq nacelles moto-propulsives au lieu de trois. Volant au-dessus des nuages, il a descendu à travers les nuages une nacelle occupée par un observateur muni d'un téléphone, lui permettant de "voir" le sol. Mais cette nacelle était suspendue au bout d'un câble de 800 mètres environ, et pas de plusieurs milliers de mètres comme dans le film. En outre, ce système, mis au point par le capitaine Ernst Lehmann, ne fut pas généralisé. On est là en 1917, dans le film "Les anges de l'enfer" (1930) !

Bien que les pilotes des chasseurs portent des masques à oxygène, on constate que l'équipage du Zeppelin n'en porte pas, ce qui signifie que le dirigeable ne volait pas si haut; or, l'altimètre (marqué en kilomètres) du dirigeable affiche 12, 500 km ! La cabine du Zeppelin devait donc être pressurisée ! Un Zeppelin, comme tous les autres dirigeables, avait une altitude de croisière peu élevée; le 20 octobre 1917, le LZ-101 atteignit l'altitude record de 7 600 mètres, en essayant d'échapper à la défense aérienne anglaise...Le chasseur I-16 plafonnait à 9 700 mètres (comme montré dans le film). Le Zeppelin Z-120 impérial est donc un modèle nouveau ultra secret…

Les Soviétiques essaient de le traquer avec des détecteurs acoustiques ZT-4 qui restèrent en service pendant la seconde guerre mondiale et qui, dans le film, ne durent pas servir à grand-chose.

Le premier avion aperçu dans le film est le Tupolev ANT-6/TB-3, qui en 1931, lors de son premier vol, était le premier quadrimoteur à aile cantilever au monde. On voit les armuriers en train de hisser les bombes dans la soute, mais aussi en dessous des ailes, entre les moteurs. Il est équipé de trois postes de mitrailleurs manœuvrant des jumelages de mitrailleuses Degtyaryov DA-2 de 7.62 mm. Plus tard, on verra les différents postes des autres membres de l'équipage : pilote, copilote, mitrailleurs, en plein air, bombardier-navigateur, radio-mitrailleur et mécanicien, à l'intérieur du fuselage. On voit que la communication entre les pilotes et le reste de l'équipage était difficile, bien que le casque du commandant de bord soit muni d'un tuyau acoustique genre Gosport. Pilote et copilote devaient se crier à l'oreille ou faire des gestes, pour communiquer.

On voit deux types de Tupolev TB-3, le TB-3 4M-17f et le TB-3 4M-34 FRN muni de moteurs plus puissants avec des radiateurs situés plus en arrière. Ce dernier type était également muni d'une tourelle de queue que l'on entraperçoit sur des avions en vol, en arrière plan.

Les TB-3 sont, la plupart du temps, vus lors du long raid sur l'empire, sur des extraits de documents, mais des scènes ont également été filmées à l'intérieur de la cabine. On constate également qu'une caméra  a été placée sur le dos du fuselage pour avoir un vue panoramique du cockpit et des moteurs.

Bien qu'il soit obsolète en 1938 (vitesse maxi 288 km/h, plafond : 7 740 m pour le TB-3 4FRN), le TB-3 restera en service pendant la guerre comme avion de transport de troupes et de ravitaillement. Mais en juin 1941, il bombardera les colonnes blindées allemandes au prix de très lourdes pertes.

Le commandant des forces aériennes soviétiques qui prépare l'attaque de l'empire, en plusieurs vagues, est installé dans un Tupolev ANT-9 (ou "PS-9", en 1938, alors que Tupolev avait été emprisonné en octobre 1937, sur ordre du camarade Staline, pour espionnage, sabotage, etc...Ses initiales "ANT"- Andreï Nikolaïevitch Tupolev- furent donc supprimées et remplacées par "PS", pour Passazhirskii Samolet-Avion de passagers). Il porte le matricule civil "CCCP-Л195 / L195". Il s'agissait d'un des premiers ANT-9 construits (c/n 101) en 1930 avec trois moteurs Wright Whirlwind J6. Fin septembre 1930, il effectua une dizaine de vols d'essais avec la Force aérienne soviétique (VVS), portant le matricule "CCCP-451". Fin 1930, il fut transféré à la compagnie Dobrolet. Rendu à l'armée, il changea de matricule en octobre 1937. Il était alors employé comme avion de transport pour les haut-gradés. Il sera réformé en mai 1940.

Les autres avions sont extraits de documents d'archives montrant des avions en vol, filmés du sol. Ces avions attaquent, à basse altitude, les terrains d'aviation ennemis. Il y a parmi eux, des Polikarpov R-5 qui répandent de la fumée servant d'écran de protection ou qui pouvait être un gaz toxique…Six Grigorovich I-Z lancent des bombes, alors que les 90 exemplaires produits entre 1936 et 1937, n'étaient armés que de mitrailleuses...

Avant de se retrouver face aux câbles d'un barrage de ballons, les TB-3 suivent un avion ennemi qui ressemble fort un ANT-7, vu de derrière et de dessous.

Le seuls avions ennemis que l'on peut distinguer au sol, sont des maquettes d'avions inconnus à train fixe, mais ressemblant fort à des racers, comme le Granville / Gee Bee QED R-6H, un racer américain / capitaliste qui vola en 1934. Les chasseurs impériaux s'envolent comme des guêpes de leur nid, d'un hangar souterrain pour attaquer les bombardiers soviétiques. Une fois en l'air, ils deviennent des Polikarpov I-16, dont certains volent avec le train sorti, pour ressembler un peu plus aux avions vus dans les hangars.

Enfin, sur les bases ennemies détruites, on nous montre plusieurs épaves d'avions du même type, des biplans allemands Heinkel HD-37 qui étaient des Polikarpov I-7, des HD-37 construits sous licence en 1931. Un faible nombre fut produit et dès 1934, l'avion déjà obsolète, fut retiré du service; on constate qu'en 1937, il avait été envoyé dans les parcs à ferraille. Ce genre d'images se retrouvera en juin 1941, sur les terrains soviétiques, après l'attaque allemande.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur : https://ok.ru/video

 

 

 

 

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