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DIII 88

 

 

DIII 88

 

Année : 1939
Pays: Allemagne
Genre : guerre
Durée : 1 h 49 min.
Noir et blanc

Réalisateur: Herbert Maisch
Scénario: Hans Bertram et Wolfgang Neumeister
Histoire originale: Alfred Stöger, Hans Bertram et Heinz Orlovius

Acteurs principaux :

Christian Kayßler (Lieutenant colonel Mithoff), Otto Wernicke (Chef mécanicien Bonicke), Heinz Welzel (caporal Fritz Paulsen), Hermann Braun (Caporal Robert Eckhard), Adolf Fischer (l’aviateur Zeissler), Fritz Eberth (le radio.), Karl Martell (Lieutenant Ludwig Becker), Paul Otto (le Général), Carsta Löck (La fermière Lina),  Hans Bernuth (un aviateur), Paul Bildt (le médecin de la base), Ernst Dernburg, (l’amiral).

Musique : Robert Küssel
Photographie : Georg Krause
Prises de vues aériennes: Heinz von Jaworsky
Conseiller technique: Hans Bertram, Luftwaffe général Wilberg, Lieutenant de vaisseau. D. Voigt
Compagnie productrice : Tobis-Filmkunst GmbH (Berlin)

Avions :

  • -Bücker Jungmann
  • -Fokker Dr.I
  • -Fokker D.VII
  • -Heinkel He 111B-2
  • -Heinkel He 60C
  • -Junkers Ju 52/3m g3e
  • -Junkers Ju 87B Stukas

 

Notre avis :

En 1939, Goering avait empiété sur le domaine de Goebbels en commandant plusieurs films de propagande pour la Luftwaffe. « DIII 88 » fut le premier glorifiant la Luftwaffe dans son nouveau rôle, avec un script d’un pilote célèbre, Hans Bertram. Le choix du réalisateur était plus discutable, Herbert Maisch étant surtout connu pour ses opérettes ! Maisch avait peu de sympathie pour les Nazis, ou pour la guerre, ayant perdu un bras à Verdun ; il laissa le tournage des séquences aériennes à Bertram. Ce dernier était un choix idéal pour cet emploi. De 1927 à 1933, il avait été conseiller et organisateur de l’aéronavale chinoise de Chiang Kai Shek, à Amoy (Fukien). Il était détenteur de plusieurs records aériens et son livre «Flug in die Hölle » (Vol en enfer-1933) avait été traduit en anglais, en 1938. Ce livre relatait son raid vers l’Australie en 1932, raid qui faillit finir en désastre ; lui et son mécanicien durent se poser près d’une plage déserte dans le nord ouest australien et survivre pendant cinquante jours en plein bush, avant d’être secourus. Treize de ses livres et scenarii furent l’objet de films.

Le titre du film «DIII 88 » est censé être le matricule de l’avion du vétéran Bonicke mais les avions allemands de la première guerre mondiale ne portaient qu’un numéro de série. DIII 88 correspondrait plutôt à celui d’un Pfalz D.III, mais le numéro de série était accompagné de la date de fabrication (ex : D III 4184/17). En fait, le titre du film devrait se décrypter ainsi : D=Deutschland, III= 3° Reich et 88 = HH=Heil Hitler ! Voilà donc un pur produit nazi, et pour ne tromper personne, c’est marqué dessus ! En outre, on remarquera qu’un des principaux personnages, le chef Bonicke, n’est pas sans ressembler, vu sa corpulence et sa jactance, à Hermann Goering, le commanditaire du film…

Dans une école d’aviation de la Marine, deux amis Robert et Fritz sont la fierté d’une escadrille ; lors d‘un exercice ils ont ramené leur bombardier sans encombre à la base, avec une bombe restée accrochée à l’avion. Une brouille les sépare suite à un malentendu. Durant un vol de nuit, ils pénètrent, contre les ordres, dans une zone de mauvais temps avec du brouillard et du givre. Leur inimité leur a fait oublié le règlement. Le vol se termine par un atterrissage en pleine campagne. Ils s’en sortent, mais ayant désobéi aux ordres, ils sont suspendus de vol par le lieutenant colonel Mitthoff. Grâce à l’intervention du chef mécanicien Bonicke, Mitthoff se laisse fléchir et décide de leur donner une seconde chance. Bonicke est aimé de tous les pilotes et entretient amoureusement dans un coin de hangar, un vieux Fokker triplan immatriculé D III 88, entouré de souvenirs de la première guerre. Mais il souffre du cœur et va devoir quitter le service alors que l’aviation est toute sa vie. Lors de manœuvres aéronavales en mer du Nord, Robert et Fritz se voient confier une importante mission. Ils la mènent à bien, mais pris dans la brume, ils doivent amerrir dans de mauvaises conditions et leur avion capote. Bonicke décide de partir à leur recherche sur son vieux Fokker. Les ayant retrouvés, il guide un navire vers les naufragés accrochés à l’épave. C’est alors qu’il est victime d’une crise cardiaque. Il est enterré avec les honneurs militaires : discours, défilé, musique militaire, chants, jet de fleurs en mer. Fermez le ban !

Ce film qui montre la vie des cadets de l’aéronavale allemande, juste avant la guerre, met l’accent sur le sacrifice personnel, l’obéissance aux ordres et, pardessus tout, sur la « Disziplin ». Le film sorti à Berlin, un mois après le déclenchement de la guerre ne rencontra pas le succès attendu, à la grande déception de Goering. Il parut à New-York en février 1940, sous le nom "DIII 88, The new german air force attacks». En France, on avait pas besoin d’avoir vu le film pour être au courant !

 

Les avions du film :

Ce genre de film fait avec l’aide de l’aviation maritime de la Luftwaffe montre une foule d’avions. En outre, il n’emploie aucune maquette. Tout est vrai ! La caméra ne se contente pas de nous montrer les avions en vol ou au sol, mais elle pénètre dans les cockpits, se faufile dans les couloirs et les postes de combat. Du beau travail pour une bien mauvaise cause !

Le DIII 88 est un Fokker Dr.I sans marquage bien particulier. Il a gardé ses croix de fer (soulignées de blanc, donc postérieures à octobre 1916) mais son gouvernail s’orne d’une svastika. On voit voler deux Dr.I. Ces avions devaient être des répliques construites par un ancien as allemand, Alfred Friedrich, à partir de vrais avions d’époque prêtés par le musée de Berlin (Deutsche Luftfahrtsammlung). Mais ces vieux avions furent finalement utilisés tels quels. L’un est le Fokker Dr.I (527/17) que l’on voit aussi dans « Pour le Mérite ». C’est un des trois Dr.I équipés à titre expérimental d’un moteur français Clerget, en 1918. L’autre (le DIII 88), est un Dr.I avec un capot moteur en forme de fer à cheval (comme les Fokker E) qui n’est pas d’origine. On remarquera que le pilote du Fokker, en 1918, porte un harnais de parachute, mais d’un modèle récent.

On aperçoit également un Fokker D.VII décoller en arrière plan. Ces avions affrontent des Bücker Jungmann avec cocardes anglaises, ou françaises. Mais ces séquences sont extraites de «Pour le Mérite ». Un des pilotes était Willi Gabriel, un ancien as de la première guerre mondiale, qui avait été engagé en 1938 comme cascadeur sur le tournage de « Pour Le Mérite ». Durant la seconde guerre mondiale, il fut élevé au rang de capitaine et commanda une escadre de bombardiers Heinkel 111.

A part ces vieux avions placés là pour rappeler que les aviateurs furent les premiers à résister aux révolutionnaires «rouges », dès 1918, ce film regorge d’avions en tout genre. On voit d’abord des Junkers Ju 52 dans leur version bombardier (Junkers Ju 52/3m g3e). Effectivement « tante Ju » eut une jeunesse guerrière et participa à la guerre d’Espagne où elle s’« illustra » en bombardant Guernica, entre autres villes. Le film nous montre le chargement des bombes stockées verticalement dans la soute. On voit également le bombardier descendre dans sa cuve en forme de poubelle, placée sous l’avion et descendue à la main, après le décollage. Il vise à partir de ce poste, car dans un trimoteur ce n’est pas facile de caser le viseur à l’avant. Le bombardier sert également une mitrailleuse couvrant tout le secteur inférieur arrière de l’appareil. A l’atterrissage, il était fortement conseillé de rentrer la poubelle qui se rabattait alors vers l’arrière, le long du fuselage. Dés le déclenchement des hostilités les Ju 52 furent exclusivement consacrés aux missions de transport.

Autre vétéran de la guerre d’Espagne, le Heinkel 111 avec lequel les deux amis se crashent lors d’un vol sans visibilité. Ceux du film sont des He 111B-2. Ils arborent l’écusson du KG. 26 « Löwen » formé en mai 1939 à partir du KG 257 dont ils portent encore le code du temps de paix « 72 », et stationné à Prague durant l’été 1939. Ce type de bombardier participa à la campagne de Pologne mais fut retiré ensuite des unités de première ligne et reversé dans des unités d’entraînement. Là également, la caméra ne nous cache rien de l’intérieur de l’avion. Avant le décollage, on remarquera que l’observateur-bombardier assis sur un strapontin à droite, installe son manche à balai (le pilote dispose d’un volant) qui, en vol, est retiré et attaché sur le côté du tableau de bord. Dans ce genre d’avion, le commandant de bord n’était pas le pilote, mais l’observateur, en général, un officier plus âgé venant de l’armée de terre. On assiste également au démarrage d’un moteur (Daimler Benz DB 600CG de 950 chevaux) au moyen d’une manivelle de deux mètres de long environ, actionnée par quatre hommes !

L’autre vedette du film est l’hydravion Heinkel He 60C utilisé à plusieurs reprises par les héros du film. Normalement, il s’agissait d’un avion embarqué comme éclaireur à bord des croiseurs ou des cuirassés comme le «Graf Spee » que l’on voit participer aux manœuvres. Mais dans le film on le voit mis à l’eau à partir d’un slip. Cet avion était obsolète en 1939 et commençait à être retiré du service actif; il opérait désormais principalement à parti des bases côtières et dans les écoles de l’Aviation navale. Le matricule S6+D24, indique que l’avion appartient à une école du Luftkreis 6 de Kiel (Flugzeugführerschule–See-3 de Stettin ?). Aussi obsolètes étaient les grands Heinkel He 59 bimoteurs que l’on voit décoller par groupes, mais ils furent néanmoins employés jusqu’en 1943 pour des missions de sauvetage. Dans le film, il s’agit d’avions école employés pour l’entrainement à la navigation, au vol aux instruments.

Le film montre en arrière plan de nombreux avions d’entraînement qui, à l’époque, ont encore une immatriculation civile comme beaucoup d’avions de seconde ligne (liaison, ambulance, transport..). On voit ainsi plusieurs Junkers W34 dont l’un porte le matricule D-OZIS, d’autres ont un matricule commençant par WL, comme un Focke Wulf Fw56 Stösser (WL-IRGE). En janvier 1939, dans l’aviation militaire, le préfixe D fut supprimé et remplacé par WL pour « Wehrmacht Luft ».

Une séquence assez longue montre des Junkers Ju 87B Stukas au décollage puis en train d’attaquer des navires. En arrière plan, on aperçoit au sol un Junkers Ju 86, des chasseurs de nuit Arado Ar 68F (équipés de cache flammes sur les échappements, et marqués N pour « Nachtjagd »), des Heinkel He 46 au sol et en vol. Un groupe de Messerschmitt Bf110 au décollage sont les rares appareils modernes du film où on ne voit pratiquement que des appareils d’entraînement, et donc des avions arrivés en fin de carrière en 1939, à l’exception du Stuka qui fera toute la guerre, après une réévaluation de ses missions (du bombardement en piqué à l’attaque au sol).

 

Christian Santoir

*Film rare

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