Rechercher dans ce blog

ATLANTIC FLIGHT

 

ATLANTIC FLIGHT

 

Année : 1937
Pays : Etats-Unis
Durée : 59 min.
Genre : aventures
Noir et blanc
 

Réalisateur : William Nigh
Scénario : Scott Darling & Erna Lazarus 

Acteurs principaux : 

Dick Merrill (Dick Bennett), Jack Lambie (Jack Carter), Paula Stone (Gail Strong), Weldon Heyburn (Bill Edwards), Milburn Stone (Henry Wadsworth 'Pokey' Schultz), Ivan Lebedeff (Baron Hayygard), Lyle Moraine (Lyle)

Photographie : Paul Ivano
Producteur : William A. Berke<
Compagnie productrice : Monogram Pictures Corporation

Avions :

  • Lockheed Electra 10E « Daily Express », NR16059
  • Northrop Gamma 2D2, NC2111
  • Ryan STB, NC14953
  • Stearman C2B 
  • Travel Air 4000 (NC409N)

 

Notre avis :

La seule façon d’apprécier ce film est de comprendre pourquoi il fut tourné. En 1937, à une époque où les aviateurs étaient traités comme les cosmonautes d’Apollo le seront, 43 ans plus tard, Dick Merrill, était le second aviateur le plus connu des USA, après Lindbergh. Il avait réalisé les deux premiers vols civils transatlantiques, aller et retour. La première fois, en 1936,  il avait pour copilote et sponsor, le chanteur millionnaire Harry Richmann ; ce vol s’était terminé en Nouvelle-Ecosse, Harry, pressé d’atterrir, ayant vidangé une grande partie du carburant.. Le second vol, en mai 1937, entre New York et Londres, fut appelé « Coronation flight », le but du voyage étant de rapporter rapidement d’Angleterre le film du couronnement du roi George VI (le film en fait n’était pas prêt et l’avion ramena 600 photos du souverain !). A l’aller, il avait emporté le film (ou les photos) de la catastrophe du Hindenburg. Son avion, baptisé « Daily Express » était financé par la société du magnat de la presse Randolph Hearst; Cette fois-ci, Merrill avait un copilote expérimenté, Jack Lambie. Il fit deux autres vols transatlantiques aller et retour, le dernier en mai 1937, en établissant un nouveau record de vitesse en 24 heures et 25 secondes.

« Atlantic flight » exploite la gloire de Merrill et de Lambie en les mettant en vedette. Mais les aviateurs, même célèbres, font rarement de bons acteurs. On l’avait constaté avec Wiley Post dans « Air Hawks » (1935), on le verra avec Douglas « wrong way » Corrigan dans « The flying Irishman » (1939).. Merrill ne voulait pas jouer dans le film, où figurait également son copilote, Lambie, et déclara que c’était un ami qui l’avait embarqué dans cette aventure. Merrill fit spécifier dans le contrat qu’il ne devrait embrasser aucune femme, et qu’il devrait superviser les scènes aériennes. Le résultat fut que le réalisateur abandonna le scénario prévu au bout de deux jours de tournage ! Merrill fit très peu de vols, juste quelques décollages et atterrissages. Le film permet de comprendre pourquoi Merrill ne quitta pas son travail de pilote de ligne à Eastern Airlines, où il prit sa retraite en 1961, avec 36.650 heures sur son carnet de vol. Il passa le reste de sa vie à se moquer de sa prestation, et avec juste raison. Il fit pourtant une autre apparition dans un téléfilm, en 1953, « Flying With Arthur Godfrey ».

L’histoire commence avec Dick Bennett, un pilote chevronné, se battant aux commandes de son avion, contre la tempête. Il évacue un enfant malade vers l’hôpital. Il est l’ami de Bill Edwards un jeune constructeur aéronautique qui vient de terminer un nouvel avion de course que Dick doit piloter. Lors d’une réception, Dick et Bill font la connaissance de Gail Strong une femme pilote fort séduisante et aux talents multiples (chant, claquettes..). Bill n’est pas insensible à son charme et Gail, de son côté, tient à lui prouver sa valeur, car il ne semble guère avoir de considération pour la gent féminine ailée. Elle contacte Pokey, un associé de Bill, spécialisé dans le saut en chute libre. Elle lui déclare qu’elle veut sauter en parachute, rien qu’une fois. Pokey s’arrange pour la faire embarquer dans l’avion de Bill à son insu. Une fois en l’air, elle apparaît, grimpe sur l’aile et saute dans le vide ! Bill se dépêche d’atterrir, pour la secourir car elle est tombée dans un arbre. Mais il n’est pas seul, car un autre pilote, un baron français, le fiancé de Gail, est accouru lui aussi, à son aide ! Lors des National Air Races, le baron jaloux sabote l’avion de Bill, et pour forcer celui-ci à le piloter, il assomme Dick. Les deux décollent, et Bill se trouve rapidement en difficulté ; en tentant d’atterrir il brise son avion et se blesse grièvement. Après plusieurs jours de coma, le médecin a besoin, pour le soigner, d’un sérum miraculeux uniquement disponible à Londres. Dick se porte volontaire pour aller le chercher. Au retour, il établit, un nouveau record de vitesse. Bill sera sauvé à la grande joie de Gail.

On remarquera que, comme dans « Night flight » (1933), le transport de courrier ou de photos de presse ne justifiait pas les risques encourus, au yeux des réalisateurs, qui se crurent obligés de rajouter un transport de sérum, aussi rare que vital…Finalement, « Atlantic Flight » est un film de série B à la gloire d’un pilote de premier plan. Ce film est surtout intéressant pour les amateurs des avions des années trente, avec quelques vues rapprochées du véritable appareil de Merrill et Lambie.

 

Les avions du film :

Le film fut tourné à l’United Airport de Burbank. Les vues de Merrill et de Lambie au dessus de l’océan furent filmées en studio, dans une cabine de Curtiss Condor qui n’a pas grand chose à voir avec le cockpit de leur Lockheed Electra 10E « Daily Express » (NR16059), que l’on voit décoller et atterrir. Un film d’actualités montre l’arrivée de Merrill à New-York. Cet avion, transformé en citerne volante était très proche de celui dans lequel disparut Amelia Earhart, un mois avant la sortie du film (25 août 1937). Il appartenait à des courtiers de Wall Street qui l’avaient acheté au millionnaire Vanderbilt. Après le film, l’avion fut vendu à l’URSS pour rechercher l’aviateur Sigmund Levanevski, perdu quelque part vers le pôle nord. Puis, on perd sa trace.

L’autre avion vedette est le Northrop Gamma 2D2 (NC2111) biplace, à moteur Wright Cyclone, qui appartenait, à l’époque du tournage, à l’aviatrice et businesswoman, Jacqueline Cochran. Elle venait de l’acheter à la famille Guggenheim dont le pilote privé, Russel Thaw, s’était classé troisième avec le même appareil, lors du trophée Bendix couru entre Los Angeles et Cleveland, en 1935. Mais cet avion fut accidenté à Atlanta en décembre 1936 et stocké. C’est donc un avion fraîchement réparé qui vole dans le film. En juillet 1938, Cochran le revendra à Bernarr McFadden, un des fondateurs de la kinésithérapie, et le directeur du magazine à grand tirage « Physical Culture ». Rappelons qu’un autre Gamma 2D avait aussi été la vedette du film « Ceiling zero » (1935).

Le « nouvel » avion de Bill n’est qu’un Ryan STB (NC14953) dont on a obstrué la place avant. Il est décoré comme le Keith Rider R1 (n° 131) « Suzy » de Rudolph Kling lors du Greve Trophy de 1936, à Los Angeles. Quand l’avion de Bill va percuter le sol, le film enchaîne sur le spectaculaire accident de cet avion. On le voit atterrir très vite, rebondir, toucher le sol de son aile droite, se rétablir, avant de s’éparpiller en morceaux voltigeant de toutes parts ! Le pilote s’en sortit sans dommage. Ce ne devait pas être son jour…

Les autres avions utilisés par le tournage sont de vieux  habitués des plateaux, un Stearman C2B et un Travel Air 4000 (NC409N). En arrière plan, dans un hangar, on aperçoit un Lockheed Vega 5 et un Boeing 100.

Le film fait un large appel aux films d’actualités tournés lors des National Air Races des années précédentes. Ces courses qui duraient plusieurs jours, comprenaient, entre autres, des courses en circuit fermé, autour de pylônes (Cf. « Tarnished Angels »). On voit ainsi plusieurs racers passer à basse altitude comme des flèches : Gee Bee, Keith Rider R2, Chester Special, Folkerts Special...Il y avaient aussi de nombreuses exhibitions de voltige individuelle; on voit ainsi le passage d’un Focke Wulf 56 Stösser en vol dos (piloté par Achgelis ?), le Bücker 133B Jungmeister (YR-PAX) d’Alexandre Papana qui ramasse avec son aile un drapeau américain, lors des National Air Races de septembre 1936, à Los Angeles. Cette acrobatie avait déjà été maintes fois réalisée avant lui, par Ernst Udet avec son Flamingo. Il y avait également de la voltige en groupe, comme celle effectuée par les trois « Sea Hawks » de l’US Navy, sur Boeing F2B. L’aviation militaire était aussi présente avec des sauts de parachutistes, ou le passage de formations d’appareils, comme les chasseurs biplaces Consolidated PB-2A que l’on voit dans le film. Il y avait enfin du pur spectacle, comme ce planeur Franklin PS2 (NC12188) remorqué au ras du sol, dont le pilote récupère à son bord un motocycliste !

 

Christian Santoir

*Film en vente sur amazon.com

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes