Année : 1955
Pays : France
Genre : Drame
Durée ; 1 h 52 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Augusto GENINA
Scénario : A.E. CARR, Cécil SAINT-LAURENT
Acteurs principaux :
Dany ROBIN (Antoinette Dubois dit 'Frou-Frou'),
Gino CERVI (Prince Vladimir Bilinsky), Isabelle PIA (Michèle), Philippe LEMAIRE
(Michel Artus), Jean WALL (Jean Sabatier), Louis de FUNES (Colonel
Cousinet-Duval), Mischa AUER (Grand-Duc Alexis).
Musique : LOUIGUY
Photographie : Henri ALEKAN
Producteur : Albert CARACO
Avions :
- -Douglas DC-4, F-BBDI
- -Douglas C-54A Skymaster, F-BELP
- -Douglas C-47, F-BELC, F-BELA
- -Vickers Viscount 708, F-BGNU
Notre avis
Ce film nous emmène dans le Paris de la Belle Epoque avec ses "viveurs" richissimes, courtisant de ravissantes "cocottes". Il nous raconte l'histoire d'une de ces jeunes femmes qui utilise avec plus ou moins de bonheur, ses divers amants, pour sortir de sa très modeste condition.
A Orly, Antoinette Dubois essaie de dissuader sa fille, Michèle, de partir pour Dakar rejoindre son amant. Michèle lui rappelle qu'elle a raté sa vie par son inconstance et qu'elle n'a aucun conseil à lui donner…Le film revient en arrière, avant la première guerre mondiale, quand Antoinette s'appelait "Frou Frou" et était bouquetière chez Maxim's. Quatre riches habitués décident de lancer dans le monde la jolie Frou Frou. Ils en font une chanteuse de cabaret, mais sans parvenir à obtenir ses faveurs. Elle aime Henri de Gaspard, mais elle doit partager avec tout une série de maîtresses. Pour l'oublier, elle accepte d'accompagner en Russie le prince Wladimir, un de ses quatre protecteurs. Mais quand il est ruiné, en 1918, elle s'engage dans un cabaret, tenu par une grande duchesse en exil. Le prince l'abandonnera pour épouser la grande duchesse ! Frou-Frou finit sous le toit d'un autre de ses protecteurs, le riche industriel Sabatier. Mais elle le tient à distance, car elle est tombé amoureuse d'Artus, un jeune peintre inconnu. Quand elle lui annonce, sur le yacht de Sabatier, qu'elle attend de lui un enfant, mais qu'elle reste avec Sabatier pour trouver la sécurité, Artus se suicide. Puis on revient à Orly où Frou Frou, très triste, laisse partir sa fille qui s'envole vers son amour.
Le seul intérêt de ce mélodrame pour la ménagère de 45 ans et plus, est de nous montrer l'aéroport d'Orly tel qu'il était en 1954/1955, peu avant la construction de la nouvelle aérogare d'Orly Sud que l'on connaît aujourd'hui. On voit ainsi l'ancien terminal construit par les Américains (en bois et toit de tôle ondulée..) après la guerre, l'aérogare d'Orly-Nord, construite en 1948, et celle d'Orly-Sud, inaugurée en 1954 et qui était une des premières réalisations de l'établissement public "Aéroports de Paris". Les deux aérogares furent exploitées parallèlement de 1954 à 1961. L'embarquement de Michèle se fait dans le nouveau terminal Sud tout juste terminé, avec encore des parois provisoires et des comptoirs en bois. Air France en profite également pour nous montrer ses Douglas DC-4, un avion clé pour le développement de son réseau africain, et un de ses Vickers Viscount, récemment mis en service sur les lignes européennes.
Les avions du film :
L'avion pour Dakar (qui n'était pas le vol "062", comme annoncé) est le Douglas DC-4 "F-BBDI" (c/n 42941), un des 15 DC-4 neufs achetés par Air France auprès de Douglas Aircraft en 1946 et baptisé "Ciel de Provence". Cet avion fit le vol inaugural de la ligne Paris/Orly-Casablanca-Dakar-Recife-Rio, en juin 1946. En août 1961, l'avion fut loué à Air Afrique (TU-TBH) jusqu'en avril 1962, puis à Spantax (EC-AXN) entre novembre et novembre 1964. En novembre 1965, il fut vendu à Air Madagascar (5R-MAU), puis à Air Mauritanie (5T-RIF), en 1976, et enfin la compagnie nigériane Arax Airlines (5N-ARC), en 1979. Après avoir été accidenté à Manston (GB), suite à un atterrissage sur le ventre, le DC-4 fut réparé. En 1979, il fut saisi et stocké à Lagos où il finit ses jours. Le F-BDDI d'Air France est aperçu dans le film "Aux yeux du souvenir" (1948). Notons, au passage, que depuis octobre 1953, le Lockheed Constellation, comme celui que l'on voit en arrière plan, quand la mère de Michèle arrive à Orly, avait été mis en service sur la ligne de Dakar-Rio…
Quand Michèle est la dernière à embarquer, l'avion est devenu un Douglas C-54A Skymaster (c/n 10373, s/n 42-72268, F-BELP). Cet avion était un ancien transport des Forces aériennes des Indes Néerlandaises en 1946 (NI-542), transféré à la compagnie KNILM (Koninklijke Nederlandsch-Indische Luchtvaart Maatschappij) en novembre 1946 (PK-DSC), puis à la KLM en août 1947 (PH-TSC). Air France l'acquit en octobre 1949 et le vendit en 1966 à la compagnie espagnole Trans Europa (EC-WDK puis EC-BDK). En 1975, il fut réformé et acheté par le "Club D-3 Jan" qui l'utilisa comme discothèque à Puerto Christo, dans l'île de Majorque. Il fut détruit dans un incendie en septembre 1983. On assiste au démarrage de ses moteurs, mais quand l'avion roule on constate que les goupilles de sureté du train principal n'ont pas été enlevées !
Quand le C-54 décolle, il se transforme en quadri turbopropulseur Vickers Viscount 708, le F-BGNU (c/n VW-38), mis en service par Air France, en juillet 1954. Il fut loué à Air Viet Nam en janvier 1961, avec un autre Viscount, jusqu'en 1962. En juillet 1963, Air France le céda à Air Inter. En 1975, l'avion fut retiré du service et stocké à Orly. Puis il fut envoyé à Mulhouse-Habsheim où il servit de clubhouse à l'aéroclub local…En 1980, il fut acquis par l' Auto und Technik Museum, de Sinsheim, en Allemagne, où il fut exposé à l'extérieur. Il a été repeint en 2002, sous sa livrée d'Air Inter, mais avec le nom "Air France"…
Au début du film, en approchant d'Orly, on voit garés deux Douglas C-47 de la CGTA (Compagnie Générale de Transport Aérien) Air Algérie (F-BELC et BELA) et le C-54 d'Air France (F-BELP). Ces C-47 (c/n 10421, s/n 42-72316 et c/n 10312, s/n 42-72207) d'Air Algerie étaient des anciens avions des forces aériennes néerlandaises (NL-303 et 316) transférés à la KLM (PH-TAA et TCD). Ils furent acquis par Air France, respectivement en 1949 et 1948, puis cédés à Air Algérie, en 1953 (7T-VAC) et 1954 (7T-VAA).
Christian Santoir
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