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AMELIA

AMELIA

 
 
Année : 2009
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 51 min.
Genre: Biographie
Couleur 

 

Réalisateur : Mira NAIR
Scenario : Ronald BASS, Anna HAMILTON PHELAN

Acteurs principaux :
Hilary SWANK (Amelia Earhart), Richard GERE (George Putnam), Ewan McGREGOR (Gene Vidal), Christopher ECCLESTON (Fred Noonan), Joe ANDERSON (Bill), Cherry JONES (Eleanor Roosevelt), Mia WASIKOWSKA (Elinor Smith), Aaron ABRAMS (Slim Gordon)

Musique : Gabriel YARED
Photographie : Stuart DRYBURGH
Producteurs : Lydia DEAN PILCHER, Kevin HYMAN, Ted WAITT
Compagnie productrice : Fox Searchlight Pictures

Avions :

  • Beechcraft E18S, ZS-OIJ
  • Beechcraft Staggerwing  
  • Blériot XI, N126HM, réplique 
  • Bücker Jungmann, C-FLAE 
  • De Havilland Tiger Moth
  • De Havilland DH60M, CF-AAJ
  • Fleet Finch model R, C-FDAF
  • Fokker F.VIIb.3m , NX4204, maquette éch. 1/1
  • Ford Tri-motor 4-AT-B, N1077
  • Lockheed Vega 5B, NR7952,  maquette éch. 1/1
  • Lockheed 12A Electra Junior N2072, F-AZLL, N16085
  • Morane Saulnier L parasol, N323SS, réplqiue
  • Stinson V77, CF-CAJ
  • Waco YMF, C-GZPR
  • Waco ATO, CF-BPM

 

Notre avis :

Voici un énième film sur Amelia Earhart, la célèbre aviatrice américaine. Cette biographie très romancée est l'œuvre d'une femme dont la tâche n'était pas a priori aisée. On sait tout, ou presque, sur Amelia après des dizaines de livres, des milliers d'articles, d'après ses écrits personnels, ses interviews, sans parler des films, des documentaires et des témoignages de gens qui l'ont connue. On a écrit sur Amelia non seulement de son vivant, mais aussi, et surtout, depuis sa mort. Que pouvait donc nous apprendre ce film, et surtout, sous quel angle allait-il aborder le personnage ? Mira Nair a pris le parti de se focaliser sur les amours d'Amelia de 1928 à 1937. Le problème est que l’on ne sait absolument rien de la vie affective, encore moins de la vie sexuelle, de la célébre aviatrice, certains allant même jusqu'à penser qu'elle était lesbienne ! Ce sujet délicat tout aussi mystérieux que sa disparition, permettait de prendre des libertés avec une réalité qui, jusqu’à présent, est l’objet de pures spéculations. La réalisatrice imagine donc, ou réinvente, la relation amoureuse entre Amelia et George P. Putnam qui devint son mari, mais aussi avec Gene Vidal, son collaborateur à la Transcontinental Air Transport (TAT), une liaison supposée que rien de probant ne vient étayer...

Mira Nair sacrifie donc ici à la grande tradition du film d'aviation, avec le classique triangle amoureux entre une femme et deux hommes. Mais elle sacrifie aussi à la mode de notre époque, la «peoplelisation». Depuis "Flyboys" (2008), en passant par "Der rote baron" (2008), les films actuels sur les héros de l'aviation s'intéressent plus à leur vie sentimentale supposée, à terre, qu'à leurs exploits réels, dans les airs. Ici, "Lady Lindy" devient "Lady D" !

Le scénario retrace les principaux événements de la vie d'Amelia Earhart. L'histoire se déroule lors de son dernier vol circumterrestre. Aux commandes de son avion, elle revoit des moments de sa vie passée, depuis son premier vol à travers l'Atlantique, en 1928, où elle n'était que passagère. Ce fut aussi pour elle, l'occasion de rencontrer George P. Putnam qui devint son mari en 1931. Puis elle se rappelle sa participation au premier "Powder puff Derby" et la création des "99", une organisation regroupant les aviatrices américaines. Il y a surtout son autre traversée de l'Atlantique, cette fois-ci, seule à bord. Son mariage est mis à rude épreuve par son indépendance et sa liaison avec son vieil ami Gene Vidal, au grand dam de G.P. qui en éprouve une vive jalousie. Néanmoins ce dernier fait son travail d'organisateur, d'attaché de presse, pour obtenir un maximum de contrats juteux (publicité, mode..) qui vont permettre à Amelia de réaliser son rêve ultime, un voyage autour du monde. Le reste de l'histoire est connu avec la première tentative de raid avortée, à Hawaï, et le second départ en sens inverse, à partir de Miami en 1937, et la plongée finale dans les eaux du Pacifique.

Ce film manque totalement de ressort dramatique. La focalisation du scénario sur le mariage d'Amelia la rend banale. Or, Amelia, comme Putnam, avait une personnalité hors du commun. On connaît trop de choses sur elle pour qu'un film puisse en faire un autre personnage. Amelia en séductrice de deux hommes à la fois, ou en chef d'équipage, lors de sa première traversée de l'Atlantique, est assez peu crédible. Le personnage de Putnam l'est encore moins. Le film donne l'impression que Putnam était un vieux célibataire qui tomba sous le charme de l'aviatrice. Après avoir été fiancée deux ans, Amelia se maria sans enthousiasme (Putnam lui fit six demandes en mariage...) à 34 ans, un âge relativement avancé pour l'époque; G. P. Putnam venait de se séparer d'une épouse dont il avait eu deux enfants. Il se remaria dès qu'Amélia fut déclarée officiellement morte, en 1939. Il épousera une quatrième femme en 1945...Il eut donc une vie conjugale plutôt agitée et il est difficile de dire si Amelia fut l'"amour" de sa vie. Ses vraies motivations pour épouser Amelia auraient pourtant été intéressantes à explorer; l’amour ne devait pas y tenir une grande place. En faisant d’Amelia, sa «chose», il cherchait à travers elle son propre achèvement... Selon les nombreux livres et témoignages sur Amelia, elle apparaît comme un femme réservée, peu loquace, ne buvant ni ne fumant, assez prude, se liant difficilement, plus à l'aise avec les femmes qu'avec les hommes. Son "contrat" (évoqué dans le film) avec G.P. était assez clair; son mariage était plus un mariage de raison que d'amour, voire un "mariage d'affaires", entre deux solitaires qui travaillaient en équipe : lui s'occupait de l'intendance" (publicité, contrats, problèmes administratifs, rapports avec la presse, organisation des escales, couverture météo..), elle, de la préparation de son avion et des vols. Amélia n'avait que la passion du vol et l'amour physique devait être, pour elle, plus une corvée que l'aboutissement naturel de l'union entre deux êtres qui s'aiment...

Amelia Earhart connut une célébrité immédiate, grâce à Putnam, après sa traversée de l’Atlantique, alors qu'elle n'était pas un pilote très expérimenté (aucune expérience du vol de longue durée, pas de qualification multi moteur). D’un coup, elle devint « Lady Lindy », la presse la comparant à Lindbergh, plus pour son apparence que par son mérite. Elinor Smith (qui apparaît dans le film) vola souvent avec elle, payée par Putnam pour l'accompagner dans sa tournée de conférences à travers les USA; il n’avait donc pas une confiance absolue dans les qualités de pilote de sa femme. Elinor devait passer pour son mécanicien, devant la presse... Elle confia qu'Amelia maîtrisait mal un avion qu'elle ne connaissait pas, qu’elle ne pilotait pas "aux fesses", mais d'après le manuel. En outre, Smith constatait qu'elle passait trop de temps dans les studios de radio ou de cinéma et trop peu, dans un cockpit. Le crash de Luke Field à Honolulu est de sa responsabilité. La presse parla d’un éclatement de pneu, Amelia parla de l'affaissement de l'amortisseur droit... Mantz, qui assista à son magnifique cheval de bois, avait bien compris qu'elle n'avait pas su maintenir son avion dans l'axe de la piste (il y avait un léger vent de travers) et qu'au lieu de tenir l'avion aux pieds, avec le palonnier, elle avait joué avec la manette des gaz (en diminuant le moteur gauche, pour revenir dans l'axe), une mauvaise habitude qu’il lui avait fortement déconseillé. Amelia n'avait pas beaucoup d'heures sur bimoteur, c'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle Mantz l'accompagna au début de son périple (mais aussi pour rejoindre sa fiancée..).

Le film ne reflète pas l'impact qu'eut Amélia Earhart sur l'aviation américaine dans les années trente . On ne la voit que rapidement au milieu des autres aviatrices du club des "99". On ne la voit jamais en train de travailler avec ses mécaniciens, assise sur le tarmac, mettant parfois la main à la pâte, pour préparer ses avions, un travail qu'elle appréciait plus que les cocktails et les soirées en robe longue. Le personnage de Lindbergh n'apparait pas non plus, alors qu'à la Transcontinental Air Transport, elle travaillait avec lui, et pas seulement avec Eugene Vidal. Disparu aussi, Paul Mantz, son conseiller technique, qui fut un élément clé dans la préparation de son tour du monde, en lui faisant passer sa qualification sur bimoteur, en lui apprenant le vol aux instruments, la radionavigation... Il pensait qu'elle n'était pas assez préparée quand elle partit. Disparu, le radionavigateur Harry Manning, dont Noonan devait être l'assistant. Lors de la traversée Oakland-Honolulu, elle est seule dans l'avion avec Noonan, alors qu'en réalité, elle avait pour copilote Paul Mantz et pour navigateurs, Noonan et Manning. Pour le trajet Honolulu-Howland, ces derniers étaient à bord quand elle redécolla. Noonan devait descendre à Howland et Manning, continuer avec elle jusqu'en Australie. Après, elle devait voyager seule; c'est ce qu'avait prévu GP qui trouvait que poursuivre le raid en solo lui ferait plus de publicité.

A part cela, le choix de Hilary Swank est heureux car il y a une réelle ressemblance entre l'actrice et son modèle (avec une dentition peut être un peu trop "agressive"...). Mais Putnam est toujours décrit comme un  homme âgé, avec des cheveux grisonnants, qui fait dix ans de plus que le vrai G.P., qui était un homme brun de 44 ans quand il se maria avec Amelia. Les reconstitutions d'époque (voiture, habits, décor..) sont de bonne qualité. Le film se caractérise aussi par de bons effet spéciaux réalisés en images de synthèse, avec l'aide de vrais avions. Le travail le plus dur fut la reconstitution virtuelle des deux vols transatlantiques avec le Fokker puis le Lockheed Vega, ainsi que le crash du Lockheed Electra à Hawaï, qui est particulièrement réaliste. On peut voir les progrès faits depuis "Flyboys". Il y a certes encore quelques défauts, comme des avions trop propres et trop brillants.

Enfin, on notera quelques erreurs géographiques. Pour aller de Dakar à Gao, sur le Niger, Amelia ne traversa pas la Gambie (qui est plus au sud, qui n’est pas un pays de collines et de savane comme montré, et où il n'y avait ni oryx, ni girafes en 1937, comme en 2010) mais le fleuve Sénégal. Gao n'était pas situé au "Mali", mais au "Soudan français;" Karachi n'était pas au Pakistan, mais dans la colonie britannique de l'Inde (pays d’origine de la réalisatrice...); de même, Lae n'était pas en Papouasie-Nouvelle Guinée, mais située dans le protectorat australien de Nouvelle-Guinée.

En conclusion, on ne peut s’empêcher de penser que pour évoquer un personnage aussi important de l'aviation américaine, une réalisatrice, née en Inde, n'ayant fait depuis 1986 que des films sur la communauté indienne, n'était peut être pas "the right woman at the right place", pour saisir la vraie personnalité d'un pur produit de la culture américaine. Les critiques furent quasi unanimement mauvaises. Restent donc les avions pour se consoler.

 

Les avions du film :

L'avion d'Amelia Earhart pour son dernier vol, était le Lockheed 10E Electra (c/n 1055 NR16020). Malheureusement le film ne put se procurer un L10E en état de vol, ni celui de Linda Finch qui effectua, en 1997, le tour du monde sur les traces de l'aviatrice (Cf. le magnifique documentaire "The final hours", en 2000). Force fut de se rabattre sur son "petit frère", un Lockheed 12A Electra Junior qui a une silhouette légèrement différente : nez plus long et plus pointu, dérives moins rondes, vitres du cockpit plus grandes, capots moteurs tronconiques, jambes du train sans fourche.., détails qui n'échapperont pas au spotter moyen.

La production en trouva deux en état de vol. Le premier est un Lockheed L-12A construit en 1936 appartenait depuis janvier 2006 à Joe Shepherd, un ancien pilote de Northwest Airlines, de Fayetteville (GA). Il l'avait échangé contre un Cessna 195 en 1980. Après huit ans de restauration dans son état d'origine, cet appareil (c/n 1208, N2072) reprit enfin l'air. Il fut employé pour les scènes tournées au Canada, à Toronto dans un hangar datant de la seconde guerre mondiale, les séquences aériennes étant filmées au dessus de Ste Katharines. On remarque sur le toit du cockpit que la cadre gonio a été placée juste devant l'antenne du VOR/ILS que l'on n'a pas voulu démonter (l'avion d'Amelia n'avait qu’un cadre gonio sur le cockpit).

Le second Electra Junior fut trouvé en France et c'est celui de Bernard Chabbert, le "Hazy Lilly" (surnom inspiré par son matricule F-AZLL). Cet avion (c/n 1287) ayant appartenu à l'espion britannique F. Sidney Cotton avec le surnom de "Caprice", entre 1945 et 1952 (G-AGTL) est entouré d'une aura particulière. Il aurait servi d'avion espion et même participé au tournage de "Casablanca" (1942)...Mais il n'est pas sûr qu'il ait été au service de sa Majesté britannique et il n' a pas pu faire du cinéma entre le 25 mai et le 3 août 1942 (date du tournage de Casablanca), puisqu'il était alors "sous les drapeaux" depuis 1941, et basé à la Naval Air Station de Quonset Point (Rhodes Island). En novembre 1943 il partit en Angleterre, comme R30-2 (Bu.02947) au service de l'attaché naval de l'ambassade des USA.

Il avait été livré par Lockheed à la société Sky Craft Corp. en août 1941 (NC33615). Démobilisé en 1945, il resta un temps avec la RAF (serial D2947 ?) avant d'être vendu à Cotton en février 1946. L'avion muni de réservoirs dans la cabine, servit à tester des équipements de radionavigation. A partir de 1956, il eut plusieurs propriétaires (Short Bros, Sir Robert McAlpine & Sons Ltd.). En 1960, il fut acquis par à la compagnie Escadrille Mercure (F-BJJY), puis revendu à des particuliers en avril 1982 et avril 1999. La société de Bernard Chabbert, Le Gros Biplan Rouge, racheta l'avion immatriculé F-AZLL, en août 1999. Cet avion servit au tournage des scènes en Afrique du Sud (Le Cap, Johannesburg..). Il s'y rendit par ses propres moyens et fit à cette occasion un véritable tour d'Afrique piloté par Bernard Chabbert et son fils, qui est pilote à Air France. Mais la seule escale commune avec Amelia fut celle de Khartoum, au Soudan. Au Mali, Amelia avait atterri à Gao et non à Bamako, comme les Chabbert. Par une curieuse coïncidence, cet avion fut accidenté au roulage en Suisse, quand son train droit s'effaça; il fut réparé juste avant le tournage. On aurait pu dire que l'avion se mettait déjà dans la peau de son personnage...Le Beech E18S (c/n BA-428, ZS-OIJ) de Mercy Air, équipé d’une large porte cargo, servit de doublure au F-AZLL, notamment pour certaines scènes au sol se passant à «Lae».

Le troisième Electra Junior (c/n 1214, N16085) est un Lockheed  construit en février 1937 comme L-12A (c/n 1214) pris en charge par la Canadian Air Force avec le serial 7642. En 1956, il fut immatriculé "N16085" et en décembre 1966, il fut accidenté à Downtown Airpark Airport, à Oklahoma City (OK). Il revola en 1970 avec plusieurs propriétaires, entre autres : Ronacci Flying Service d'Omaha (NB), Ronald Welday de Warren (OH) en 1974, Joel Fenger Inc. de Chester (MT) en 1978, puis Frank Moss de Port Chralotte (FL) en 1992, l'avion étant basé à Shell Creek Airpark, Punta Gorda (FL). En 2008/2009, il fut entièrement restauré. Il est toujours en état de vol en 2023.

 fut trouvé en Floride chez Frank Moss de Punta Gorda. Cet appareil avait appartenu à Erle Halliburton en 1937, puis au milliardaire R. G. LeTourneau. Il fut accidenté à l’atterrissage, en 1966. Il n'était pas en état de vol et fut donc utilisé pour les scènes au sol (on le voit démonté dans un hangar) et pour tourner, en collaboration avec le N2702, la scène de l'accident de Luke Field à Hawaï. L’avion ne subit en fait aucune égratignure; il fut filmé, soulevé par un bras articulé, et on reconstitua en images numériques son train d’atterrissage endommagé, les hélices tordues, de même que la fumée et les étincelles.

Pour les autres avions d’Amelia Earhart, encore plus rares que l’Electra Junior, on fit largement appel à l’imagerie numérique. Mais il fallut d’abord que Cinespace Studios de Toronto construise deux répliques à l’échelle 1/1 du Fokker F.VIIb.3m à flotteurs (c/n 5028, NX4204) et du Lockheed Vega 5B (c/n 22, NR7952) avec lesquels elle traversa deux fois l’Atlantique, en juin 1928 et en mai 1932. Ces deux répliques non volantes coûtèrent respectivement 200.000 et 145.000 dollars et quatorze semaines de travail. Covington Aircraft Engines fournit les cylindres des moteurs, Hope Aero de Toronto, les hélices. Pour le Vega, il n’y avait pas d’erreur possible dans la mesure où le véritable avion est conservé au National Air and Space Museum de Washington D.C. On prit de nombreuses photos de l’intérieur et de l’extérieur de l’avion pour en faire des plans et copier tous les détails. Au sol, l’avion est tiré par des câbles quand il roule, quand il vole, c’est le modèle numérique qui prend le relais dans un environnement également reconstitué par ordinateur.

Plus délicate fut la construction du Fokker trimoteur qui n’existe plus. Son histoire est assez étonnante. Cet avion avait été acheté en février 1928 par l’amiral Byrd pour ses expéditions polaires. Ayant reçu au dernier moment, un autre avion de son ami Edsel Ford, il le revendit à l’industriel, Donald Woodward. Ce dernier prêta son avion à Amy Guest, l’épouse américaine d’un riche businessman anglais, qui projetait de traverser l’Atlantique avec Wilmer Stultz (pilote) et Lou Gordon (navigateur). Sous la pression de sa famille, elle abandonna son projet à condition d’être remplacée par une autre femme typiquement américaine. Putnam choisit ainsi Amelia. Après sa traversée de l’Atlantique, Woodward vendit l’avion à un groupe d’Argentins, en mai 1929. L’année suivante, l’avion fut impliqué dans une tentative de putsch au Chili. Il fut finalement intégré à l’armée de l’Air chilienne, avant de passer à la Linéa Aérea Nacional (LAN), mais dès juillet 1932, il n’apparait plus dans la flotte de la compagnie et disparaît.

Comme on ne disposait que de photos en noir et blanc du Fokker, on s’inspira du livre écrit par Amelia sur sa traversée («20 Hrs., 40 Min.») pour peindre la réplique en International orange, une sorte de rouge orangée, et les ailes, couleur vieil or, les flotteurs étant noir, la couleur de la peinture antifouling. Des moteurs électriques faisaient tourner les hélices. Le film montre plusieurs séquences de décollage et d’amerrissage qui ont été filmées avec un vrai Cessna U206B Stationair (C-FVDG) équipé de flotteurs, ce qui permettait d’obtenir une interaction crédible entre les flotteurs et l’eau. Puis l’image du Cessna a été effacée et remplacée par celle du Fokker. Il y a un problème de porte... Sur de rares photos du NX4204, sous sa forme avion terrestre ou hydravion, on ne voit pas de porte sur le côté gauche, où il n’y a qu’une fenêtre coulissante. Le NX4204 n’avait pas de marchepieds non plus. L’inexactitude de la réplique est due au fait que les studios se sont inspirés du Fokker F.VII «Josephine Ford» de l’amiral Byrd, qui est au musée Henry Ford de Dearborn (MI) et qui fut longtemps confondu avec le NX4204; le «Josephine Ford» est un modèle spécial équipé de deux portes en vis-à-vis (avec deux marchepieds)…

Il y a bien d’autres avions dans ce film. Deux répliques, un Blériot XI (N126HM avec ailerons) et un Morane Saulnier L parasol (N323SS, aux ailes bien courtes), furent construites par Robert Baslee de «Airdrome Aeroplanes» à Holden (MO). Ces copies approximatives à échelle réduite, qui apparaissent au début du film et lors de la traversée de l’Atlantique en solo, peuvent voler.

Au sol ou en l’air, on observe de nombreux biplans, notamment lors de l’évocation du premier “Powder puff Derby” de 1929 et des National Races de Cleveland (OH). Il y a plusieurs De Havilland Tiger Moth vus dans un hangar de l’aéroport de Johannesburg-Rand; un, couleur argent (avec le numéro 6053), un autre, jaune (N953Y, sans doute un faux matricule) et un, bleu et jaune. Plus tard, lors de courses de Cleveland, on aperçoit sur la pelouse, un De Havilland DH60M (c/n 757, CF-AAJ) rouge et jaune, le Stinson V77 (c/n 77-166, CF-CAJ) du Toronto Aerospace Museum, un Waco ATO (c/n A-65, CF-BPM) rouge et noir de Vintage Wings of Canada, un Waco YMF jaune (c/n F5C 102, C-GZPR) et un autre YMF tout blanc (avec filets grenat), que l’on voit décoller et atterrir. Il y aussi un Beechcraft Staggerwing et, prêt au décollage, un Fleet Finch model R (s/n 92319, C-FDAF) tout jaune, comme un avion d’entrainement de la RCAF (serial 4494) appartenant à un particulier de Dundas (ON).…

Lors du « Powder puff Derby », Amelia pilotait un Lockheed Vega 5 et non un Waco ATO. Un documentaire d’époque montre en vol, le Fleet 2 (n° 43) de l’Anglaise « Chubby » Keith-Miller et le Golden Eagle (n° 100) de Bobby Trout.

Amélia est censée faire son apprentissage sur un Bücker Jungmann 1.131-E-2000 (c/n E3B 439, C-FLAE) tout jaune avec croix helvétiques sur les ailes ! Rappelons que cet avion fit son premier vol en 1934 seulement…Elle emmène son amie Eleanor Roosevelt dans le Ford Tri-motor 4-AT-B (c/n 10, N1077) de Greg Herrick de Yellowstone Aviation Inc. (Jackson, WY). Cet avion refait à neuf est en fait un avion historique; construit en 1927, c’est le plus vieux trimoteur Ford encore existant; Lindbergh et Amelia Earhart, entre autres aviateurs célèbres, le pilotèrent. En mai 1928, il fut exploité par Sky View Lines, avec le nom de "Niagara" et fut immatriculé au Canada (C-CARC) où il effectuait des vols touristiques au dessus des chutes du Niagara. Puis, il fut cédé à United Air Transport d'Edmonton, à Northeren Airways Ltd. dans le Yukon. En 1941, l'avion fut réformé et stocké après un accident dans le parc à ferraile de l'aérodrome de Carcross. Un jour, une tempête le retourna et il resta ainsi pendant des années ! En 1956, Gene Frank de Calwell (ID) acheta l'épave; il ne récupéra le reste qu'en 1984. Il céda l'avion à Greg Herrick, un collectionneur de Minneapolis qui décida de le restaurer dans son hangar de l'aéroport d'Anoka County-Blaine. Le travail fut effectué par la société Hove Air et l'avion fut réassemblé au Kalamazoo Air Zoo's Flight & Restoration Center (MI). La reconstruction prit du temps, entre 2000 et 2004, car on s'appliqua à reproduire les moindres détails de l'avion tel qu'il était en 1927, notamment ses sièges en osier. Il vola en 2004, au nom de Yellowstone Aviation Inc, de Jackson (WY) et depuis  2019, il est au nom de Claire Aviation Inc. de Wilmington (DE).

On voit également sur l’aéroport de Johannesburg Rand, deux Douglas DC-3, l’un, dans un hangar, est un ancien avion de Suid Afrikanse Lugdiens, le DC-3 «Klapperkop» (c/n 12107, ZS-BXF) muni d’un faux matricule US (NR392V ?) appartenant à South African Airways Historic Flight, et l’autre, sur le tarmac, est un C-47A de Sprinbok Flying Safaris (c/n 9581, ZS-GPL) vu devant la tour de contrôle. A côté du «Klapperkop», on a la surprise de voir un SV-4 Stampe en cours de maintenance, avec un drapeau français sur le gouvernail et le faux matricule US «NR-417». 

Enfin, en Afrique du sud, c’est un hélicoptère Aerospatiale 350B Ecureuil (c/n 2373, ZS-RSS) qui filma l’Electra en vol, mais lui, on ne le voit pas…


 Christian Santoir

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