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AMELIA EARHART: LE DERNIER VOL

 

AMELIA EARHART : LE DERNIER VOL

Vo. AMELIA EARHART : the last flight

 

Année : 1994
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 35 min.
Genre : Biographie
Couleur

Réalisateur : Yves Simoneau
Scénario : Anna Sandor
Histoire originale : Doris L. Rich
«Earhart: a Biography » (1989)

Acteurs principaux :
Diane Keaton (Amelia Earhart), Rutger Hauer (Fred Noonan), Bruce Dern (George Putnam), Paul Guilfoyle (Paul Mantz), David Carpenter (Harry Manning), Denis Arndt (Joseph Laughlin), Diana Bellamy (Mrs. Atkinson), Don Bloomfield (Sid Smith), Warren Munson (Président Elliot), Marilyn Rockafellow  (Mrs. Elliot)

Musique : George S. Clinton
Photo : Lauro Escorel
Producteur : Cary Brokaw
Compagnie productrice : Avenue Pictures Production

Avions :

  • -Beechcraft 18
  • -Lockheed Vega

 

Notre avis :

Ce film réalisé pour la télévision fait partie des nombreuses œuvres audio visuelles américaines consacrées à la grande aviatrice Amelia Earhart, parmi lesquelles on peut citer « Amelia Earhart » (1976), une mini série en deux parties, « Amelia Earhart : The Price of Courage » (1993), un documentaire, « Untold Stories : The Search for Amelia Earhart. » (1992), un autre documentaire. Le scénario suit de près le livre de Doris Rich qui est malheureusement truffé d’erreurs…

Le film commence par évoquer très rapidement l’enfance de la jeune Amelia, une sorte de garçon manqué. Puis on passe à sa maison californienne en 1936, avec son mari George Putnam. Celui ci fait sa promotion et organise son apparition dans des conférences, des émissions radio, de clips publicitaires. Il est toujours à ses cotés et répond parfois à sa place, ce qui agace la presse. Il réussit à ce que l’université de Purdue qui comptait un grand nombre d’étudiantes, et dont son épouse était la principale conseillère en aéronautique, lui achète un avion pour effectuer un tour du monde. Pour cela, Amelia doit d’abord maîtriser ce bimoteur avec l’aide de son conseiller Paul Mantz. Ce dernier trouve que son élève est peu attentive et a beaucoup de progrès à faire avant d’entreprendre ce grand voyage. Pour assurer la navigation, elle s’attachera les services de Manning et d’un ancien de la Pan Am, Fred Noonan, qui semble un peu trop porté sur la bouteille. Le voyage commence par la traversée Oakland-Honolulu et se passe à peu prés bien, mais lors du décollage, Amelia ne parvient pas à maîtriser son avion qui fait un cheval de bois, en fauchant le train. L’avion est très endommagé et doit être réparé aux Etats-Unis. Putnam se démène pour trouver 15 000 dollars pour les réparations. Entre temps, il est approché par un agent du gouvernement qui lui fait remarquer qu’Amelia est amenée à survoler des îles occupées par les Japonais et que les informations qu’elles pourraient collecter seraient très appréciées en haut lieu. Putnam refuse une telle mission. Mantz se met en colère quand il constate que, pour gagner du poids, Amelia a décidé de faire enlever l’antenne traînante qui équipait l’avion. Finalement elle décolle de Miami en présence de la presse et commence son long voyage, par l’est cette fois-ci. Alors qu’elle est quelque part au dessus de l’Amérique du sud, un de ses moteurs tombe en panne et elle doit se poser en pleine brousse. Quand elle aborde les côtes africaines elle fait une erreur de cap qu’elle rectifie grâce à la vigilance de Noonan. Arrivée à Bandoeng, elle est retardée par des problèmes mécaniques. Pendant ce temps aux Etats-Unis, son mari est harcelé par les journalistes qui demandent des nouvelles. C’est enfin le décollage délicat de l’avion bourré d’essence à Lae, en Nouvelle-Guinée. Alors qu’elle approche de l’île d’Howland où l’attend le garde-côte « Itasca », elle ne peut entrer en contact avec lui et ne trouve pas l’île. Le carburant s’épuise et elle comprend que sa fin est proche…

Ce film traite la biographie d’Amelia Earhart de façon journalistique en forçant les traits des personnages jusqu’à la caricature, et en exagérant les faits. Le scénario n’apporte rien de neuf. Il reprend toutes les idées reçues et tous les mythes suscités par les circonstances de sa disparition.

Le casting n’est pas très judicieux. Putnam est joué par un homme de 58 ans aux cheveux blancs qui passerait mieux pour le père d’Amelia, alors qu’en 1937, le vrai Putnam avait 50 ans et avait les cheveux bruns. L’actrice qui joue le rôle de l’aviatrice est également de huit ans plus âgée qu’elle au moment des faits. Amelia Earhart était un pilote d’un niveau moyen, alors que dans le film son pilotage est mauvais, et qu’elle n’apparaît pas très rassurée aux commandes de son bimoteur; elle n’arrive jamais à décoller ou à atterrir sur les deux roues ! S’il est vrai qu’elle fit un cheval de bois au décollage à Honolulu (alors qu’on annonça à la presse qu’un pneu avait éclaté), par la suite, elle pilota très correctement. Manning partit, car il avait des doutes sur les aptitudes de pilotage d’Amelia, qu’il trouvait en outre très têtue...

Amelia n’était pas en mission d’espionnage car elle ne survolait pas, comme il est dit dans le film, des îles occupées par les Japonais. Ces derniers étaient dans les îles Marshall à 1000 km au nord de sa route entre Lae et Howland. Ces rumeurs furent démenties par la presse et le gouvernement, après la guerre, mais reprises en 1966 par un journaliste, Fred Goerner. Quant à la thèse d’Amelia prisonnière des Japonais, elle doit être abandonnée, car basée sur des témoignages vieux de plusieurs dizaines d’années émanant d’autochtones qui disent avoir vu un couple d’Occidentaux fait prisonnier, voire exécuté, par des Japonais, ce qui est possible ; mais ces Occidentaux étaient-ils Earhart et Noonan ? En 1937, dans les îles du Pacifique il y avait plusieurs Occidentaux, hommes et femmes, appartenant notamment aux missions protestantes américaines, certaines possédant des avions. Pour les Japonais, ces étrangers connaissant bien le terrain, étaient autant d’espions qu’il convenait d’éliminer, d’une façon ou d’une autre. Quand le « Hawaii Clipper » de la Pan Am disparut en 1938, entre Guam et Manille, on accusa aussitôt les Japonais de l’avoir détourné. Il aurait même survécu à la guerre et aurait été inspecté par des officiers américains en 1945, au Japon ! On a dit exactement la même chose du Lockheed d’Amelia, que les Japonais auraient repêché dans un lagon…Bref, « on nous cache tout, on nous dit rien » et quand une célébrité disparaît (Cf. Lady Diana, J.F. Kennedy, Marilyn Monroe, etc..), il y a toujours du louche et du sensationnel qui fait vivre de nombreux journaleux.

Le choix du Hollandais Rutger, blond et corpulent, pour jouer l’Irlandais Noonan, brun et mince, est contestable. En outre, même s’il buvait sec, ce n’était pas l’alcoolique que la légende rapporte, et sa démission de la Pan Am n’a rien à voir avec ce genre de problème. Selon un de ses collègues, il démissionna après avoir attendu, en vain, une augmentation de salaire. C’était un excellent navigateur que la Pan Am avait choisi pour effectuer la première liaison San Francisco-Manille avec le célèbre Ed Musick, en 1935. Il avait à son compte cinq traversées aller et retour du Pacifique.

Le second départ d’Amelia Earhart ne se fit pas de Miami sous les flashs des photographes, mais d’Oakland (CA), et secrètement. Paul Mantz n’en fut absolument pas averti. Il pensait qu’Amelia n’était pas prête et ses inquiétudes risquaient de retarder le départ et de compromettre les arrangements financiers déjà conclus par Putnam. Quand Amelia atteint les côtes africaines (qui, au niveau du Sénégal, ne sont pas bordées de montagnes comme on le voit dans le film..) elle vire à gauche (vers le nord), puis fait demi tour pour revenir sur Dakar. Dans sa relation de l’événement, elle dit que c’était sa faute et qu’elle n’avait pas suivi les indications de Noonan. En fait, la nuit tombait, et l’avion aborda la côte africaine en pleine brume au sud-est de Dakar, au niveau de la Petite Côte. Ils n’aperçurent pas Dakar à l’ouest, où les autorités françaises les attendaient (Dakar est au bout d’une presqu’île, au large de la côte). Au lieu de chercher Dakar, dans la brume, face au soleil couchant et avec peu de carburant, ils préférèrent suivre la côte vers le nord pour atterrir à St Louis, beaucoup plus facile à trouver, et d’où ils rejoignirent Dakar, le lendemain.

Ce n’est pas Putnam qui renseignait les journalistes sur le périple de sa femme. Il avait signé un contrat avec le Herald Tribune qui couvrait en exclusivité le voyage de son épouse. A chaque escale, elle téléphonait au journal le compte rendu de son étape.

Une des rares choses vraies dans ce film, est la mention finale : «à ce jour, on n’a retrouvé aucune trace de son avion ». Selon les hypothèses les plus récentes, Amelia Earhart se serait abîmée en mer à proximité de l’île d’Howland, ou, se serait posée sur une des îles Phoenix, au sud. Mais les recherches effectuées dans ces îles, en 1937, comme de nos jours, n’ont rien donné de probant.

 

Les avions du film :

Comme pour les acteurs, il y a aussi une erreur de casting pour l’avion d’Amelia Earhart. Son Lockheed 10E Electra (N16020) a été remplacé par un Beechcraft 18. Même s’il est contemporain de l’Electra, le Beech 18 à un nez, un cockpit et une aile assez différents. Le budget du film n’était sans doute pas suffisant pour louer un des Electra qui volaient encore aux Etats-Unis. En 2006, il y en avait encore dix, dont deux du même modèle que celui d’Amelia Earhart. Le Beech 18 du film est actuellement à l’Empire State Aerosciences Museum de Glenville (NY.)

Par contre, on voit un très beau Lockheed Vega, tout rouge comme celui d’Amelia. Au sol, en arrière-plan on aperçoit çà et là, plusieurs avions de tourisme de l’époque : un Waco Cabine, un Spartan 7, deux Howard DGA.

Pour vous faire une idée personnelle sur la disparition d’Amelia Earhart :

  • -EARHART Amelia (1937) « Last flight ». Harcourt Brace and Co., New York, 226 p.
  • -GILLESPIE Ric (2006) « Finding Amelia, the true story of the Earhart’s disappearance ». Naval Institute Press, Annapolis Maryland, 276 p.
  • -GOERNER Fred (1966) « Mission double : la fin du mystère Amelia Earhart ». Flammarion, Paris, 351 p.
  • -LONG Elgen M. (1999) « Amelia Earhart . The mystery solved ». Simon & Schuster, New York, 320 p.
  • -LOOMIS Vincent (1985) « Amelia Earhart, the final story ». Random House, New York, 159 p.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

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