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713 PROSIT POSADKU

713 PROSIT POSADKU

Vo. 713-Й ПРОСИТ ПОСАДКУ

(Vol 713 demande autorisation d'atterrir)
 
 
 
Année : 1962
Pays : URSS
Genre : Thriller
Durée : 1 h 13 minutes
Noir et blanc
 
Réalisateur : Grigori NIKULIN
Scenario :Andrei DONATOV, Alekse LEONTY

Acteurs principaux :
Vladimir CHESTNOKOV (Richard Gunther alias Philippe Dubois), Otar KOBERIDZE (un avocat), Leo KRUGLYJ (Jiri (un reporter), Lyudmila ABRAMOVA (Eva Priestley), Nicolas KORN (agent de renseignement), Yefim KOPELYAN (Pharmacien), Lyudmila SHAGALOVA (Teresa), Joseph KONOPATSKY (missionnaire)
 
Musique : Gennadi PORTNOV
Photographie : Venyamin LEVITIN 
Compagnie productrice : Lenfilm studio<

Avions :

  • -Boeing 707, en arrière-plan
  • -Douglas DC-7C Sevens Seas, OO-SFB, en arrière-plan
  • -Ilyushin Il-18, , en arrière-plan
  • -SE.210 Caravelle IV N, OO-SRF, en arrière-plan
  • -Tupolev Tu-104A 

 

Notre avis :

"713 Prosit Posadku" est un des tout premiers "films catastrophes" soviétiques. Son scenario semble fortement inspiré par celui, écrit pour le téléfilm canadien "Flight into danger", par Arthur Halley en 1956. Ce film fera l'objet d'un remake pour le grand écran aux USA, "Zero Hour", avec Dana Andrews et Linda Darnell, en 1957. Rappelons que le scenario de Halley sera à l'origine de la série des "Airport". En 1964, la télévision ouest-allemande tournera également sa version de "Flight into danger", avec le même titre, "Flug in Gefahr". Si le thème central, un avion de passagers sans pilote, qui fit le succès du scenario de Halley, est ici respecté, l'histoire est différente, car l'avion est victime d'un acte terroriste fomenté  par on ne sait trop qui (sans doute des capitalistes…), contre une délégation soviétique qui devait embarquer à bord…
 
 Quelque part aux Etats-Unis (ou au Canada), le vol 713 de la compagnie Pansa doit s'envoler pour l'URSS. Au dernier moment, une délégation soviétique, qui devait prendre ce vol, se désiste. L'avion part et atteint son altitude de croisière au-dessus de l'Atlantique. Mais au bout d'un certain temps, l'équipage se sent mal et est atteint de malaises. Avant de perdre connaissance, le commandant de bord a le temps de brancher le pilotage automatique. Un puissant sédatif a été versé dans le café que l'équipage avait bu au bar de l'aéroport, juste avant le départ ! Les passagers ne se doutent de rien dans un premier temps. Il y a parmi eux des gens très différents, un pasteur, un jeune couple, un marin américain, une étudiante vietnamienne qui se rend à Moscou, une infirmière indienne et sa fille, une actrice, un avocat, un agent de renseignement, un pharmacien et un certain Richard Gunther, un ancien médecin qui se déclare bijoutier et voyage sous un faux nom, ayant été persécuté pour ses opinions politiques de gauche. Ne voyant plus le personnel de cabine, un passager va voir dans le cockpit; il revient effondré et avertit les autres passagers. Gunther va examiner les pilotes et découvre qu'on leur administré une drogue très forte. Ses efforts pour les réveiller, sont vains. Quelques passagers, dirigés par Gunther, prennent les choses en main. Parmi eux, il y a un avocat et un étudiant diplômé en télécommunications. Ce dernier parvient à établir une communication radio avec un aéroport européen. Gunther a injecté de la caféine au commandant de bord qui se réveille peu à peu, mais est totalement incapable de piloter. C'est l'avocat qui, courageusement, va prendre les commandes en débranchant le pilote automatique. Suivant les indications du commandant et guidé par un avion de chasse, il parvient à atterrir sans encombre sur un aéroport. Alors que l'on évacue l'équipage vers l'hôpital, Gunther est arrêté par les services spéciaux. Les passagers, reconnaissants, le saluent pour tous ses efforts, alors qu'il passe devant eux.
 
 Gunther va sans doute rejoindre une prison bien plus confortable que le Goulag et où son espérance de vie est bien supérieure…Il est curieux de voir que l'avocat, l'homme providentiel, capable de piloter un quadriréacteur sans formation, et qui a sauvé les passagers, n'est absolument pas applaudi comme il aurait dû l'être. Lui, ne s'intéresse qu'à la jeune vietnamienne qui va poursuivre ses études à Moscou, son père ayant été tué dans un bombardement au napalm... En fait, le film glorifie uniquement Gunther, le communiste, qui doit fuir son pays à cause de ses opinions. Rappelons qu'en 1962, le Maccarthisme n'était plus de mise aux USA et que Mac McCarthy avait été sanctionné par le Sénat, dès 1954. Même pendant cette période de la "red scare", on n'assista pas à une forte émigration d'Américains vers l'URSS et les USA n'ouvrirent pas de camps de concentration ou de "rééducation"… On est en pleine guerre froide et le thriller de Halley est l'objet d'une récupération politique évidente, qui veut nous faire croire que le monde est à l'envers : en 1962, la liberté politique existe, en URSS, pas aux USA !

L'avion doit atterrir en Allemagne de l'ouest, où depuis 1956, le parti communiste était interdit et ce, jusqu'en 1968, à moins que les services secrets occidentaux aient quelque chose de "particulier" à reprocher au communiste Gunther…

Sinon, à part ce message politique, un peu forcé, le film se plie aux canons du genre (capitaliste), avec le suspens (combien de temps l'avion volera t-il ?  le pilote improvisé va-t-il parvenir à faire atterrir l'avion ? ), avec les réactions contrastés de passagers bien typés (il y a même parmi eux, un passager qui voyage avec un bocal de poissons rouges, et un autre, qui ne s'est aperçu de rien et se réveille une fois l'avion atterri ! ). Ce thriller soviétique rencontra un certain succès, ce genre de film étant plutôt rare en URSS.

Le tournage aurait eu lieu, en partie, sur l'aéroport de Pulkovo (Leningrad/Saint Petersbourg). Mais l'aéroport, où l'on voit les passagers rejoignant leur avion dans un petit train Riga, ressemble plus à celui de Moscou-Cheremetyevo (Cf. le hall d'accueil, le grand mat soutenant des projecteurs illuminant le tarmac…), dont on a une vue furtive de l'extérieur. D'autre part, les comptoirs des compagnies étrangères aperçus, Sabena, Swissair, BEA, BOAC, KLM, ne desservaient pas Leningrad, mais uniquement Moscou, en 1962. Cet ancien terminal était tout neuf alors, puisque inauguré en 1960.

 

Les avions du film :

L'avion où le drame se déroule est a priori un Tupolev Tu-104A, que l'on voit au sol avec le matricule "CCCP-42325", inscrit sur l'aile. Selon certaines sources (www.sovtran.info/down.htm), ce matricule aurait été supprimé et ne sera attribué à un Yak-42, qu'en 1984. Ce Tu-104 pourrait être le "CCCP-L5419" (c/n 6 66 001 01) livré à l'Aeroflot à Vnoukovo en octobre 1956, affecté en juillet 1957, aux lignes sibériennes et basé à Novossibirsk. Il aurait été stocké en mars 1961 et ferraillé en 1965.

 Ce Tu-104 bizarre appartient à la compagnie fictive PANSA, avec "PSA" inscrit sur la dérive et sur le fuselage, à l'arrière, par-dessus le matricule de l'avion. Cette compagnie n'a rien à voir avec la compagnie américaine "PSA", fondée en 1980. La décoration de l'avion est également "originale".

 En vol, il est remplacé par une maquette équipée de deux réacteurs supplémentaires noyés dans les ailes, à la place des fuseaux recevant le train principal, mais il ne s'agit pas de l'unique Tu-110 quadriréacteur, dont les moteurs étaient rapprochées (façon DH.106 Comet). Curieusement, les passagers embarquent d'abord  par la porte arrière d'une Caravelle belge (!), mais aussi, plus normalement, par la porte latérale arrière d'un Tu-104…On ne voit pas très bien dans quel jet "étranger", le réalisateur veut nous faire croire que les passagers embarquent...

 Le cockpit, comme la cabine, ont été recréés approximativement, en studio, avec des dimensions exagérées (il est vrai qu'il y a cinq personnes dans le cockpit !). Il a été meublé de postes de radio divers (dont un poste RSB-5) ne correspondant guère au cockpit d'un Tu-104, les volants des pilotes ressemblant plutôt à ceux d'un Ilyushin Il-12/14.

 La Caravelle IV N belge appartenait à la Sabena (OO-SRF, c/n 76) qui l'avait pris en charge en avril 1961. Cet avion fut loué par la suite à de nombreuses compagnies, comme Air Algérie, en novembre 1974, Aviaco (Espagne), Air Inter en avril 1976, Catair en avril 1977. Il sera vendu en juin 1978, à la compagnie charter française EAS (Europe Aero Service), basée à Orly et à Perpignan. Immatriculé "F-BXOO", il sera baptisé "Languedoc". Il sera réformé en août 1981 et ferraillé à Perpignan, en février 1988.

 Autre avion belge, vu au début du film, un très beau Douglas DC-7C Sevens Seas (OO-SFB, c/n 45158) passe devant un Ilyushin Il-14, en arrière plan. Cet avion acquis par Sabena en 1956, avec plusieurs autres, fut en service sur la ligne de Moscou, jusqu'à la mi 1961, date de son remplacement par une Caravelle. Il sera alors loué, dans la seconde moitié de 1961, à la compagnie iranienne Persian Air Services. (EP-AEP). En août 1969, il sera vendu à la compagnie espagnole charter Spantax (EC-BSP) qui le retirera du service en 1978. Il sera ensuite revendu à la compagnie panaméenne Talingo Airlines (HP-868) et converti en cargo. Il passera ensuite de mains en mains : "T & G Aviation" en juin 1980 (N3775U), "Beamy Air Supply Corp.", "Antillas Air Cargo", en 1991. En avril 1992, il sera cédé à la compagnie dominicaine Aerochago Airlines (HI-619SP) et détruit au décollage de Fort Lauderdale (FL), en novembre 1992.

Sur l'aéroport de Cheremetyevo, on voit également un Ilyushin Il-18, et un Boeing 707 d'Air France, non identifiable. On ne voit d'ailleurs ce que faisait en 1961/1962, un 707 d'Air France à Moscou, cette ville étant desservie uniquement par des Caravelle. En outre, les 707 en service sur les lignes de l'Extrême Orient (Tokyo, Pékin) ne survolaient pas l'URSS.

Enfin lors de son approche nocturne d'un aéroport occidental, l'avion de la Pansa est escorté par un chasseur type MiG-15.

 

Christian Santoir

* Film à visionner sur YouTube

 

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