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ALAS DE MI PATRIA

ALAS DE MI PATRIA

 
Année : 1939
Pays : Argentine
Genre : drame
Durée : 1 h 40 min.
Noir et blanc
 
Réalisateur : Carlos F. BORCOSQUE        
Scenario : Carlos F. BORCOSQUE
 
Acteurs principaux :
Enrique MUIÑO, Malisa ZINI, Delia GARCES, Alberto ADHEMAR, Pablo PALITOS, Oscar VALICELLI, Daniel BELLUSCIO            
 
Musique : Hans DIERNHAMMER
Photographie : Alberto ETCHEBEHERE   
Compagnie productrice : Corporación Cinematográfica Argentina
 
Avions :

  • -Blériot XI
  • -FMA Ae.Mo.1, en arrière-plan
  • -Focke Wulf Fw-44J Steiglitz
  • -Martin 139WA
  • -Morane-Saulnier MS-35
  • -North American NA-16-4P
  • -Northrop 8A2

  
Notre avis :
 
"Alas de mi patria" est un film semi-documentaire argentin dont l'intrigue fictive fait référence à l'histoire de l'aviation argentine entre 1908 et 1938. Il a reçu la coopération du Ministère de la Guerre, de l'Etat Major général et du commandement de l'aviation de l'armée.
 
Le film est centré sur un soldat de la force aérienne argentine, le caporal Manuel Mendes. Passionné d'aviation, il note tous les exploits des aviateurs argentins :
- 6 février 1910, premier vol officiel. Henri Brégi, monte à 60 mètres, avec un biplan Voisin
- 1er décembre 1912, Teodoro Fels décolle d'El Palomar, traverse le Río de la Plata et arrive à Montevideo en 2 heures et 20 minutes.
- 10 février 1914, Jorge Newbery, sur un monoplan Morane-Saulnier, bat le record du monde d'altitude avec un vol à 6 225 m…
 
Certains pilotes militaires veulent battre des records, mais souvent leurs officiers supérieurs s'y opposent vus les risques encourus. Néanmoins, l'un d'eux, un lieutenant qui veut franchir la cordillère des Andes, parvient à s'envoler dans un avion qui était garé dans un hangar gardé par Mendés, auquel il a réussi à subtiliser la clé alors qu'il dormait; mais sa tentative tourne mal et il se tue. Mendes, convoqué devant un conseil de discipline, est dégradé et envoyé en prison ! A sa sortie, en 1916, il quitte l'armée et rejoint sa famille. Il se consacre alors à sa petite entreprise artisanale. Il décide de fabriquer un avion de sa conception. Il transmet sa passion pour l'aviation à son jeune fils Eduardo. Mais sa fille ne veut pas voir son père, déjà âgé, risquer sa vie dans les airs et Mendes détruit son avion ! Plus tard, en 1937, Eduardo s'engage dans l'armée de l'air argentine et apprend à piloter à l'école de Cordoba. Il obtient son brevet de pilote et vole ensuite sur différents types d'avions comme ses trois autres camarades. Mais le jour où l'un d'entre eux se crashe dans un avion qu'il essayait pour la première fois, il est totalement bouleversé. Il décide alors de rejoindre l'usine aéronautique militaire et conçoit un des tout premiers avions argentins, destinés à l'entraînement. Avec cet avion, il entreprend un vaste périple le conduisant à Rio de Janeiro, La Havane et New-York. Il retourne par Mexico, Panama, Bogota, Quito et Santiago. Il est accueilli à El Palomar en héros. Le lendemain, a lieu une prise d'armes et c'est lui qui est désigné pour hisser les couleurs. Mais, au dernier moment, il se tourne vers son père Manuel et lui confie les drisses du drapeau…
 
Le réalisateur, Carlos Borcosque, fut le premier photographe aérien du pays. Il avait obtenu sa licence de pilote en 1914. Dans le milieu aéronautique, il rencontra des personnalités telles que Jorge et Eduardo Newbery, Pablo Teodoro Fels, mentionnés dans le film. Le 1er décembre 1912, Borcosque était l'un de ceux qui ont collaboré avec l'aviateur conscrit Pablo Teodoro Fels lorsqu'il a effectué le vol El Palomar-Montevideo sans l'autorisation de ses supérieurs, établissant un nouveau record du monde de vol au-dessus de l'eau. Cet exploit a sans doute inspiré le scenario où on retrouve un fait presque similaire.
 
Le personnage principal n'est pas un pilote et le film comporte de nombreuses longueurs dues à l'exposé des problèmes de Mendes, de ses enfants, ainsi que de ceux des ses relations. Néanmoins, le film montre beaucoup d'avions et la production en a utilisé plusieurs, dont deux très anciens, les autres étant des avions en service dans l'armée en 1938-1939.
 
Le tournage se déroula en grande partie sur la base de Cordoba où est installée l'Escuela de Aviacion Militar, depuis 1912.
 
 
Les avions du film :
 
En fait d'avion, le premier aéronef aperçu est un ballon libre, baptisé "Pampero", un ballon qui a réussi l'exploit de rejoindre Buenos Aires et l'Uruguay par les airs en 1907 avec Jorge Newbery et Aarón Anchorena à son bord. Le 17 Octobre 1908, son frère Eduardo, avec le Sergent Romero, disparurent avec le ballon et leurs corps ne furent jamais retrouvés. Ils furent les deux premières victimes de la conquête des airs  en Argentine.
 
Le premier avion aperçu est un Blériot XI; l'Argentine en posséda cinq entre 1912 et 1919. On le voit rouler au sol, mais pas décoller. On ne sait si c'est le même qui est exposé au Museo Nacional de Aeronáutica de Buenos Aires.
Le second avion est un Morane Saulnier parasol de type L, dénommé MS-35, propulsé par un moteur 5 cylindres en étoile (Anzani ?) sans capot moteur. L'armée argentine n'en reçut qu'un seul en 1923. Mais quelques MS-35 furent acquis à titre privé, comme le "R-239" en 1933 ou le "R-277" en 1935.
 
L'école militaire de Cordoba est équipée de très nombreux Focke-Wulf Fw-44J Steiglitz, des avions d'entraînement allemands dont 190 furent réceptionnés à partir de 1937. Cet appareil resta en service jusqu'en 1955. On peut distinguer ceux portant le code individuel  "01", "08", "22", "23", "26", "25"…
 
L'ami d'Eduardo se tue aux commandes d'un bombardier d'attaque au sol Northrop 8A-2, la version exportation du Northrop A-17 Nomad, construite par Douglas, et surnommé "Ochoa" par les Argentins. Une trentaine furent livrés en pièces détachées à l'Argentine, entre février et mars 1938. Ils furent remontés par la Fábrica Militar de Aviación de Córdoba. Les six premiers exemplaires furent affectés à l'Ecole militaire d'El Palomar. 
 
On peut voir ceux portant les codes :
- "429" c/n 376, incorporé le 6/3/1938 au Regimiento 3 de Ataque, immatriculé A-429, transféré en 1950 au II Brigada Aereo, Grupo 1 de Observacion, réimmatriculé O-429, réformé en 1951. C'est l'avion sur lequel se "tue" le camarade d'Eduardo…
- "404" c/n 351, incorporé le 03/06/1938 au Regimiento 3 de Ataque, immatriculé A-404, transféré en 1950 à la II Brigada Aérea comme avion d'observation, réimmatriculé O-404, réformé le 19/05/1953.
- "427" c/n 374, incorporé le 03/06/1938 au Regimiento 3 de Ataque, immatriculé A-427, puis O-427, détruit après un atterrissage forcé à Paraná, province d'Entre Ríos, le 27/09/ 1948, l'un de ses deux occupants étant décédé.
- "424" c/n 371, affecté au Regimiento de Aviación 3 le 3/6/1938, détruit dans un accident le 1/7/1944.
- "412" c/n  359, incorporé le 03/06/1938, au Regimiento 3 de Ataque, immatriculé A-412, puis O-412, disparu en survolant les chutes de la rivière Iguazú le 28/10/1948, avec ses deux membres d'équipage.
- "417" c/n 364, affecté le 3/6/1938, au Regimiento 3 de Ataque,  immatriculé A-417, transféré en 1950 à la II Brigada Aérea, Grupo 1 de Observación, avec le code O-417, réformé en 1951.
 
Eduardo est filmé devant un autre bombardier plus important, un bimoteur Martin 139WA dont on voit plusieurs exemplaires en arrière plan, dans un hangar. Vingt deux furent réceptionnés à partir de 1937 et affectés au Regimiento de Aviación n° 1 sur la base aérienne d'El Palomar, puis au Regimiento 1 de bombardeo à Villa Reynolds, dans la province de San Luis. Les derniers ont été retirés du service en 1954, puis trois unités ont servi sur la base aérienne d'El Plumerillo comme remorqueurs de cible.
 
Ceux qui apparaissent de près dans le film ont les codes "501" et "502".
 
Le "501" c/ n 753, fut incorporé le 13/04/1938 au Regimiento de Aviación n°1, puis transféré à l'Escuela de Aplicaciones le 10/06/1939, et le 29/02/1940, au Regimiento de Aviación del Ejército. Il fut affecté au Regimiento 1 de bombardeo le 1/11/1944 et au Grupo 1 de bombardeo le 1/9/1951. Il fut détruit lors d'un accident le 21/2/1952.
 
Le "502" c/n 754, fut incorporé le 3/6/1938 au Regimiento de Aviación n°1, puis transféré au Regimiento de Aviación del Ejército, le 20/3/1941. Le 4/10/1948, il fit partie du Regimento 3 de Ataque. Il fut réformé en octobre 1948, après un grave accident car jugé irréparable
 
L'avion "conçu" par Eduardo n'est pas un avion argentin, mais un vrai North American NA-16-4P, à train fixe, fabriqué aux Etats-Unis (en tant que "NA-34"). L'avion porte le numéro "310" (c/n 34-397), et fut mis en service en 1938. L'Argentine reçut une trentaine de ces avions, arrivant à Buenos-Aires les premiers jours de septembre 1937, la livraison étant achevée en janvier 1938. Les NA-16, étaient utilisés pour des tâches d'entraînement avancé, de reconnaissance et d'attaque légère, pour lesquelles ils étaient équipés de lance-bombes et de deux mitrailleuses Lewis, au-dessus du capot. Les North American servirent aussi bien au sein de l'Escuela de Aviación Militar, que de la base aérienne Colonel Pringles à Villa Reynolds où était basée la V Brigada Aérea. Les derniers NA-16 furent retirés du service à partir de 1947.
 
Paradoxalement, le film montre pourtant des avions de fabrication argentine, mais uniquement en arrière-plan, alignés sur le tarmac de la base de Cordoba et filmés de loin…Ce sont des monoplans à aile basse, à train fixe, biplaces, propulsés par des moteurs en étoile (Wright Whirlwind R-760 de 235 cv), construits dès 1934 par FMA (Fábrica Argentina de Aviones). Ils sont dénommés FMA Ae.Mo.1 "Tronco" et FMA Ae.MOe.1, quand ils sont munis d'un capot NACA. En 1937, 41 avions avaient été construits, dont la plupart ont été utilisés jusqu'au début des années 1940, au sein du Grupo de Observación n°1.
 
 
Christian Santoir
 
*Film disponible sur YouTube

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