Rechercher dans ce blog

SHIPS WITH WINGS

SHIPS WITH WINGS


 

Année : 1942
Pays : Angleterre
Durée : 1h 43 min
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Sergei NOLBANDOV
Scénario : Patrick KIRWAN, Austin MELFORD, Diana MORGAN, Sergei NOLBANDOV

Acteurs principaux :
John CLEMENTS (Lieutenant Dick Stacey), Leslie BANKS (Vice Amiral David Wetherby), Jane BAXTER (Celia Wetherby), Ann TODD (Kay Gordon), Basil SYDNEY (Capitaine Bill Fairfax), Edward CHAPMAN (\'Papa\' Papadopoulos), Hugh WILLIAMS (Wagner), Frank PETTINGELL (Commandant Helsing), Michael WILDING (Lieutenant David Grant), Michael RENNIE (Lieutenant Maxwell)

Musique : Geoffrey WRIGHT
Photographie : Wilkie COOPER, Eric CROSS, Mutz GREENBAUM, Roy KELLINO
Conseiller technique : Lt. Commdr. J. REID Royal Navy
Producteur : Michael BALCON
Compagnie productrice : Ealing Studios

Avions :

  • -Fairey Fulmar Mk.I.
  • -Fairey Swordfish
  • -Gloster Sea Gladiator (au sol) 
  • -Junkers F.13 (maquette éch. 1/1)



Notre avis :

Ce film est à la gloire de la Fleet Air Arm (FAA), l’aéronavale britannique. « Ships with wings » fut produit par les studios d’Ealing de Michael Balcon, et fut tourné, en partie, à bord du porte-avions HMS «Ark Royal», en août-septembre 1940. Le script s’inspirait de la récente intervention des Allemands en Méditerranée, et notamment en Grèce, en avril 1941. Ce film patriotique, réalisé avec la coopération de l’Amirauté, prit presque dix huit mois à tourner. Winston Churchill pensait néanmoins qu‘il ne servirait pas l’aéronavale britannique et voulait qu’il soit retiré de l’affiche. Ce film apparaissait effectivement totalement décalé des réalités de l’époque, avec ses pilotes issus exclusivement de la haute société, son faux héroïsme et ses ennemis caricaturaux. Cependant, le First Sea Lord, Sir Dudley Pound, approuva sa sortie le 10 janvier 1942. Mais les critiques de Churchill furent reprises par la presse, et forcèrent le producteur, Michael Balcon, à revoir la politique des studios qui abandonnèrent les mélodrames surannés, pour des drames sociaux plus actuels et plus proches de la réalité. Les réticences de Churchill avait sans doute été tout autant motivées par les récents revers subis par la Royal Navy, à la fin de 1941. En novembre de cette année, un des principaux héros du film, l’HMS « Ark Royal », baptisé HMS « Invincible » dans le film (!), avait été coulé à l’est de Gibraltar, par un sous marin allemand, après une bien courte carrière ! Le même mois, les croiseurs HMS « Prince of Wales » et HMS « Repulse » (le sister ship du HMS « Renown » que l’on voit aux cotés de l’ Ark Royal »), furent coulés par les Japonais. Il n’y avait vraiment pas de quoi pavoiser ! Dans une telle ambiance, le scénario du film apparaissait en effet, assez irréel.

L’histoire commence à la fin de 1940 et raconte l’histoire de Stacey, un pilote de la Fleet Air Arm, affecté sur le porte-avions HMS « Invincible » flambant neuf. Stacey se distingue autant par ses qualités de pilote que par son indiscipline. Un jour, contrairement aux ordres, il monte à bord d’un nouveau prototype pour l’essayer, en emmenant avec lui un jeune enseigne, Mickey, le fils d’un vice amiral. En l’air, il s’aperçoit qu’une des ailes repliables est mal verrouillée. Il ordonne à son coéquipier de sauter en parachute, avant de sauter à son tour. Mais Mickey, élève pilote, est resté à bord pour s’exercer au pilotage ! Comme il n’a fait que du Link trainer, son appontage sur l’ « Invincible » qu’il survole, est catastrophique. Il meurt à l’hôpital. Stacey est accusé d’avoir abandonné l’avion sans s’occuper de son coéquipier. Il passe en cour martiale et est renvoyé de la Royal Navy. Il est alors employé par une petite compagnie aérienne grecque, basée sur l’île de Pamos. Cette île est infiltrée par des agents nazis qui préparent le débarquement des troupes allemandes. Alors qu’il revient au terrain, il s‘aperçoit que les Allemands on tué le patron de la compagnie, ainsi qu’une de ses anciennes petites amies, Kay qui voulait l’avertir. Après avoir réussi à redécoller sous les tirs, il survole l’île italienne de Penteria, où il observe une activité inhabituelle, ainsi que des avions de transport allemands. Poursuivi par des chasseurs, il est abattu en pleine mer. Pour attirer l’attention de bateaux anglais, il met le feu à l’épave qui flotte encore! Il est recueilli par l’ « Ark Royal » où il retrouve d’anciens camarades. Après qu’il ait fourni ses renseignements au commandant, une attaque est organisée sur Penteria et son port. Mais le porte-avions est attaqué à son tour, et son pont est endommagé, ce qui provoque le crash de plusieurs avions qui essaient d’apponter. On demande alors des volontaires pour aller détruire le barrage qui est au centre de l’île, et qui domine l’aéroport. Stacey se porte volontaire et il est accepté, à sa grande joie. En approchant de l’île ennemie, il doit affronter la chasse. Quand il n’a plus de munitions, il se jette sur un chasseur et le précipite sur le barrage. Les flots qui s’échappent par la brèche provoquée par la chute des deux avions, submergent le terrain et les troupes allemandes…. Stacey est mort en héros !

Ce scénario délirant avec un aviateur, excellent pilote, mais tête brûlée, se retrouvera dans « Captains of the clouds », sorti aux USA la même année. Comme dans « Ships with wings », le héros s\'y rachètera par une attaque suicide. Le virus suicidaire fut contagieux, car une véritable épidémie sévira à Hollywood, dans les films d’aviation, en 1942 et 1943. Les premiers kamikazes n’apparurent pas là où on croit, et firent leurs débuts en Angleterre et aux Etats-Unis, et sur les écrans ! Aujourd’hui, ce film se regarde avec étonnement, tant le scénario est mauvais, avec des personnages stéréotypés, et un usage exagéré des maquettes. Tout a été tourné en studio, en utilisant des films pris en extérieur, pour fournir l’arrière plan des scènes. Les effets spéciaux sont …du plus mauvais effet, et ne sont même pas du niveau d’un mauvais film américain de série B. Tout est reproduit par des maquettes  : l’île de Pamos, celle de Penteria, avec son barrage au milieu, le port, les chars allemands, l’aérodrome, sans parler des avions qui, quoique assez réussis, se livrent à des évolutions, que seules des maquettes peuvent effectuer. Cela est d’autant plus étonnant que les films d’aviation anglais utilisaient de vrais avions la plupart du temps, contrairement à Hollywood. Il faut sans doute tenir compte des restrictions de toutes sortes, et notamment budgétaires, causées par l’état de guerre.

Le film est, comme il fallait s’y attendre, bourré d’invraisemblances. Le conseiller technique du film ne semble pas avoir fait son travail ; les officiers se comportent de façon étrange. L’amiral, ignorant le commandant du groupe aérien du porte-avions, ordonne aux avions d’atterrir alors que le pont est détruit aux deux extrémités, ce qui coûte la vie à plusieurs pilotes. Personne ne pense à réparer le pont, ouvert comme une boite de conserve. Rappelons que le pont de l’ «Ark Royal » était en acier.

Côté vérité historique, le scénario ne s’inspire que très vaguement des faits. L’île de Pamos est fictive, de même que l’île de Penteria, qui fait penser à l’île italienne de Pantelleria, au large de la Sicile. Cette île devait être attaquée par les Anglais le 18 décembre 1940, mais l’opération fut annulée au dernier moment, suite à l’arrivée en Sicile des Stukas allemands…. Elle sera occupée en juin 1943, sans combat.

Le «bateau avec des ailes», l’ «Ark Royal », alias « Invincible », n’est guère mieux traité. Premier grand porte-avions d\'escadre britannique, conçu dès l\'origine (1934)
en tant que tel, il ne fut pas lancé en 1936, comme indiqué dans le film, mais seulement en avril 1937. On peut néanmoins apprécier les séquences tournées à son bord qui nous donnent un aperçu de l’activité à bord : appontages et décollages, stockage des avions dans les hangars, chargement des torpilles…. La même année, les studios d’Ealing utilisèrent ces séquences tournées par Roy Kellino pour faire un très bon court-métrage réalisé par Compton Bennett, « Find, Fix and Strike », qu’on préférera à ce film.

Malgré tout cela, le film reçut en Angleterre,de la part du public, un accueil très favorable, car il reprenait toutes les ficelles du mélodrame populaire. Ce fut un grand succès, jusqu\'à la fin de l\'année 1941, et fit même l\'objet d\'un petit livre, avec le même titre, paru en janvier 1942.


Les avions du film :

La seule qualité du film est de nous montrer les avions avec lesquels la FAA commença la guerre. C’est le seul film à montrer des Fairey Fulmar Mk.1. Cet avion avait fait son premier vol en janvier 1937, mais sa production ne débuta qu’en mars 1940. Dans la maquette employée pour le tournage, on est étonné de voir le pilote assis à coté du navigateur, qui était normalement placé à près de deux mètres derrière lui ! Ce chasseur biplace avait été conçu au départ comme un bombardier léger, inspiré du Fairey Battle. Dans la FAA, le navigateur était en outre jugé bien utile pour retrouver le porte-avions par mauvais temps, au dessus de la mer, vu les faibles aides à la navigation dont on disposait à l’époque. Ses performances sont nettement exagérées par le scénariste. Il ne montait pas à 30.000 pieds comme il est dit, mais plafonnait à 22.400 pieds. Ce n’était pas un avion très rapide et quand on le voit descendre ses volets et son train pour suivre un Breda 88 qu’il poursuit, c’est franchement drôle. Le Fulmar avait une vitesse maximum de 425 km/h, contre 490 km/h pour l’avion italien, dont la vitesse était la principale (et la seule) qualité  ! On insiste sur la maniabilité du Fulmar, mais seuls les pilotes expérimentés étaient autorisés à réaliser des figures de voltige à ses commandes (à cause d\'un problème de centrage)…. On a néanmoins des vues rapprochées de ce bel avion. Au démarrage, on notera la détonation, et la fumée.de la cartouche du démarreur Coffman (Cf. « Le vol du Phénix » ) dont était équipé son Rolls Royce Merlin VIII. Cet avion remplaçait les chasseurs bombardiers Blackburn Skuas dont on peut admirer quelques exemplaires des squadrons 800 et 803, basés sur l’ « Ark Royal ». On voit ces avions rangées, ailes repliées, dans un des hangars du porte-avions (l’ « Ark Royal » disposait de deux ponts de hangars). Ils furent retirés progressivement du service, à partir de novembre 1940.

On s’aperçoit ainsi que la FAA n’était équipée, au début de la guerre, que de chasseurs bombardiers biplaces, voire de chasseurs terrestres adaptés, comme les Gloster Sea Gladiator, que l’on voit à terre, au début du film. Ces Sea Gladiator, équipés d’une crosse d’appontage, ne furent pas  affectés à  l’ « Ark Royal ». Il faudra attendre la livraison de Grumman Martlet, (qui apparaît sur le documentaire « Find, Fix and Strike), à partir de septembre 1940, pour que la FAA dispose d‘un chasseur pur.

Enfin, parmi les avions du film, on ne peut oublier ce bon vieux «
Stringbag » (filet à provisions..), le Fairey Swordfish. Semblant tout droit sorti de la première guerre mondiale, ce grand biplan était monté par des équipages qui savaient apprécier la vue, le bon air marin frappant les joues, le bruit du vent dans les haubans, mais qui étaient aussi dotés d’une bonne dose de sang froid…. Bref, un avion de « sportsman », typiquement british. Cet avion légendaire est rare à l’écran, et on ne le retrouvera que dans « Coulez le Bismark » (1959). Le film nous le montre en l’air, mais aussi lors d’appontages, ce qui permet d’apprécier sa très faible vitesse d’approche : 148 km/h sans vent, mais jusqu’à moins de 60 km/h, par fort vent de face. Certains ont prétendu que les porte-avions devaient parfois ralentir pour les récupérer ! Né en 1932, l’increvable Fairey Swordfish combattit pendant toute la guerre, et ne fut retiré des unités, avec les honneurs, qu’en mai 1945 !

En dehors de ces films, les studios construisirent toute une petite flotte de maquettes d’avions comprenant des Fulmar et des Swordfish, mais aussi :

-L’unique avion des « Leonidas Papadopoulos Airlines », un antique Junkers F.13, muni d’un faux matricule (SX-ALN). Ce type d’avion ne semble pas avoir été employé au début des années quarante, en Grèce.
-Un Junkers Ju-89 V1, le prototype d’un bombardier lourd abandonné en 1937, et jouant le rôle d’un appareil de transport.
-Plusieurs Macchi MC. 200 Saetta, avec un cockpit muni d’une verrière, comme les premiers modèles de série.
-Un Breda Ba.88 Lince, un bombardier italien piloté par un équipage allemand ! Les quelques exemplaires construits connurent une courte vie opérationnelle en Libye, lors de l’été 1940, et furent retirés du service vers la fin de l’année.


Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr                                                                                          

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes