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PIECE OF CAKE

 
PIECE OF CAKE


 

Année :1988
Pays : Grande-Bretagne
Genre : drame
Durée : six épisodes de 55 min. environ
Couleur

Réalisateur : Ian TOYNTON
Scénario : Derek ROBINSON, Leon GRIFFITHS

Acteurs principaux :
Neil DUDGEON ('Moggy' Cattermole), George ANTON ('Pip' Patterson), Boyd GAINES (Chris Hart), Jeremy NORTHAM ('Fitz' Fitzgerald), Nathaniel PARKER ('Flash' Gordon), David HOROVITCH ('Uncle' Kellaway), Richard HOPE ('Skull' Skelton).

Photographie : Peter JESSOP
Musique : Peter MARTIN
Producteurs : Linda AGRAN, Andrew HOLMES
Compagnie productrice : London Weekend Television (LWT), Holmes Associates

Avions :

  • -CASA 2.111E c/n 167, DB.21-37, N72615
  • -CASA 352L c/n 153, T.2B.-262, G-BFHG
  • -De Havilland DH-82A Tiger Moth II  c/n 82867, G-ARAZ  (en arrière plan)
  • -De Havilland DH-89A Rapide  c/n 6264, G-ACZE (idem)
  • -De Havilland DH-89A Rapide  c/n 6862, G-G-AHGD
  • -Hispano Aviacion HA1112 M1L Buchon c/n 213, C.4K-40, D-FEHD
  • -Hispano Aviacion HA1112 M1L Buchon c/n170, C.4K-107, D-BOML
  • -Hispano Aviacion HA1112 M1L Buchon c/n 235, C.4K-172, G-HUNN
  • -Supermarine Spitfire Mk.Ia , c/n WASP.20/2, AR213, G-AIST
  • -Supermarine Spitfire HF.Mk.IXb c/n CBAF.IX552, MH434, G-ASJV
  • -Supermarine Spitfire LF Mk.IXc c/n CBAF.IX2200, NH238, G-MKIX
  • -Supermarine Spitfire LF.Mark IXe c/n 6S/730116, ML417, G-BJSG
  • -Supermarine Spitfire PR.XI c/n 6S/533723, PL983, G-PRXI
  • -Supermarine Spitfire LF Mk.IXc, c/n MK297, c/n  MH434SM43, N9BL

Notre avis :

En 1983, paraissait "Piece of cake", un livre écrit par Derek Robinson, un ancien sous-officier de la RAF. Ce livre lui prit quatre ans de recherches. Bien que ce soit une oeuvre de fiction, la plupart des évènements décrits furent inspirés par des faits réels s'étant produits au sein de la RAF, lors des douze premiers mois de la seconde guerre mondiale, en Angleterre et en France. Dans la RAF, "Piece of cake" désignait les missions qui se passaient sans problèmes. Le but de Robinson n'était pas d'écrire de nouvelles pages à la gloire des héros de la RAF. La trame de son livre fut issue des disputes et des débats qui surgirent, quand la "drôle de guerre" prit fin et que les troupes anglaises furent rejetées à  la mer, à  Dunkerque, en mai 1940 ! Le livre eut peu de succès à  sa sortie en Angleterre, mais beaucoup plus aux Etats-Unis. Le réalisateur, Ian Toynton, fut néanmoins séduit par l'angle d'approche original de l'auteur. Leon Griffith en fit l'adaptation; bien qu'il dut réduire le nombre des personnages, ainsi que celui des scènes d'action, le scenario n'en conserve pas moins les qualités de l'histoire originale; son humour, son appréciation peu conventionnelle, mais honnête, des qualités des simples pilotes de la RAF qui ne furent pas tous des Douglas Bader ou des "Johnie" Johnson.

 

Episode 1 :

Septembre 1939 marque l'évènement que les douze jeunes pilotes du squadron "Hornet" de la RAF attendaient tant. Le squadron leader Ramsey travaille dur pour amener son unité au meilleur niveau. Mais juste après un vol d'entraînement, Ramsey conduit accidentellement son avion dans une tranchée et il se tue en évacuant son appareil ! Son remplaçant temporaire est le jeune pilote australien Fanny Barton. Celui-ci conduit une patrouille qui fait une erreur tragique en abattant un bombardier anglais ! Le nouveau chef du squadron, Rex, remplace Barton qui est envoyé devant une commission d'enquête. Rex est très populaire, car cet homme de la haute société procure à  ses hommes un grand confort, tout en leur demandant d'obéir strictement aux ordres et de respecter à la lettre les règlements tactiques.

Episode 2 :

A l'automne 1939, le squadron est envoyé en France et atterrit au Touquet. Pour nombre de pilotes, c'est leur premier séjour à  l'étranger. Les premiers jours de la Phoney war (drôle de guerre), sont consacrés à leur installation dans le luxueux château Saint Pierre. Toujours choyés par Rex, ils meurent d'envie de passer à  l'action. Un pilote, Moggy Cattermole, est un esprit fort. Un jour, il conduit son Spitfire sous un pont, et incite deux autres pilotes, dont il se moque, Starr et Patterson, à  en faire autant. Starr se tue en réalisant cette dangereuse manoeuvre, mais Moggy ne montre aucun remords.

Episode 3 :

En décembre 1939, les jeunes pilotes sont toujours frustrés par l'inaction. Ils se rabattent sur les plaisirs que la France peut leur offrir. Deux pilotes, Fitz et "Flash" Gordon courtisent deux institutrices, Nicole et une expatriée anglaise, Mary. Un nouveau pilote rejoint le groupe, un Américain qui a combattu les Allemands en Espagne. Il n'est guère impressionné par le plan tactique très codifié de Rex. Celui-ci teste ses pilotes en l'air, mais aussi au sol, en organisant un exercice de survie, qui se termine mal pour l'un des ses hommes, qui est arrêté par la gendarmerie ! Mais la fin de la drôle de guerre se profile à  l'horizon et le squadron connaît plus d'action. Hart émet des doutes sur les tactiques et l'habileté de ses camarades qui se mettent à  six pour descendre un bombardier allemand. Lors de la première rencontre avec la chasse allemande, un pilote est tué et trois Spitfire détruits, pour aucune victoire.

Episode 4 :

On est en mars 1940 et la France commence à être envahie. Le squadron célèbre alors le double mariage de Fitz et de Gordon avec leurs institutrices. Mais la Luftwaffe s'invite à  la fête et mitraille le château. Rex est gravement blessé au dos, par des éclats, mais veut cacher sa blessure à  ses pilotes. Pour cela, il se bourre d'antalgiques, ce qui le met dans un état d'euphorie grandissante. Un jour, il conduit son groupe dans une attaque suicidaire, contre une grande formation allemande et il est tué. C'est Barton qui le remplace. Les pilotes commencent à  douter des tactiques employées, surtout après qu'un pilote, qui volait à  l'arrière d'une formation serrée, ait été abattu sans que personne ne s'en aperçoive ! Barton mène au combat ce qui reste du squadron qui doit faire face à  des ennemis de plus en plus nombreux. Sticky est tué et un autre pilote pris d'une peur panique, saute en parachute, alors que son avion est intact ! La femme de Gordon, Nicole est tuée sur une route, par un chasseur allemand, alors qu'elle cherchait à  rejoindre l'Angleterre. Seule Mary y parviendra.

Episode 5 :

En mai 1940, la drôle de guerre n'est plus drôle du tout. Il y a un besoin urgent de nouveaux pilotes, de nouveaux avions et de nouvelles tactiques. Le squadron retourne en Angleterre. Le caractère de Gordon se dégrade depuis la mort de sa femme. Parmi les renforts, il y un pilote polonais, un Tchèque et un jeune Anglais très nerveux, Steel-Stebbing. Le squadron a du travail, alors que la Luftwaffe attaque le sud-est de l'Angleterre. Steel-Stebbing est horrifié quand Moggy lui ordonne d'abattre un avion de secours allemand désarmé. Le manque d'adresse au tir des pilotes est de plus en plus évident et l'officier de renseignement, Skelton, doute du nombre d'avions ennemis déclarés abattus.

Episode 6 :

En août 1940, le squadron se regroupe sur un terrain dans le sud de l'Angleterre, loin du confort du château Saint Pierre. Le moral est bas, mais des renforts sont arrivés en prévision d'une attaque allemande d'envergure. Flip Moran est tué, brûlé vif dans son appareil. Sa famille qui est venue au terrain pour voir le corps de leur fils, en est empêchée...Skelton est outré quand Moggy refuse de montrer le moindre remords alors qu'il a abandonné son avion au-dessus d'une zone habitée, où deux personnes ont été tuées. Fitz est porté disparu et son épouse Mary, enceinte, rode autour du terrain d'aviation, en espérant le revoir, ce qui dérange les autres pilotes. Gordon est tué à  son tour. Le 7 septembre, la Luftwaffe lance une grande attaque  sur Londres et le squadron n'a plus que cinq pilotes. Ils infligent des pertes à  l'adversaire, mais Haddy est abattu. Hart est descendu en flammes et son parachute prend feu quand il saute. Moggy abat trois avions, dont le dernier au-dessus du terrain, mais il est, peu après, descendu à  son tour. Barton et Patterson sont les seuls survivants. Une voix off indique que la bataille du 7 septembre fut un point tournant de la bataille d'Angleterre et que l'attaque allemande se transformerait en défaite.

 

Une génération après la seconde guerre mondiale, "Piece of cake" peut passer pour une sorte de désacralisation de la RAF, en nous montrant une RAF "revisited" ! Derek Robinson, qui n'était pas pilote, s'est attaqué au mythe des "First of the few", à  travers l'histoire d'un squadron fictif qui est un condensé de plusieurs unités, réunissant des individus très typés, voire, un peu caricaturaux.

La série s'étend longuement sur la difficile adaptation des méthodes de combat du Fighter Command à  la dure réalité. Les méthodes de la chasse de la Grande Guerre n'étaient plus de mise, notamment face à une aviation allemande qui avait bénéficié d'un entrainement en conditions réelles, dans le ciel d'Espagne, peu de temps auparavant. Mais cet apprentissage dans la douleur ne concerna pas seulement les Anglais... Un pilote, comme Hart, un ancien d'Espagne, critique les procédures très codifiées de la Fighting Aera Attack, impliquant des formations serrées, alors que la tactique de la chasse allemande était basée sur l'emploi de Rotte, une petite unité composée d'une paire d'avions seulement, beaucoup plus réactive et efficace.

Sont évoqués également les problèmes techniques, tel que le manque de blindage des premiers chasseurs. Hart voit son hélice en bois exploser en plein vol (dans la série, c'est une quadripale en bois, alors que les premiers Spitfire, comme les premiers Hurricane, avaient une bipale à  pas fixe..). Cela rappelle ce qui arriva au F/O Paul Richey, le 20 avril 1940, au-dessus de Ste Menehould.

La série n'hésite pas à parler de choses qui fâchent, tels les pilotes allemands mitraillés au bout de leurs parachutes, ou les avions de secours allemands abattus en mer (précisons que ce ne fut pas une exclusivité de la RAF). Il y eut aussi plusieurs avions abattus par des tirs "amis", suite à  des erreurs d'identification. Autre sujet, jusqu'ici tabou, celui du comptage des "victoires". Beaucoup étaient fantaisistes, comme on s'en est aperçu après la guerre, en confrontant les sources anglaises aux sources allemandes. Mais, pendant la guerre, on n'était pas trop regardant, le moral de la population anglaise devant être soutenu à  tout prix.

On sera aussi intéressé par les rapports entre les soldats britanniques et les Français, vus du côté anglais. Si on met à  part l'accueil "cordial" des autorités françaises et les mariages de deux pilotes avec des Françaises (dont une d'origine britannique), ces rapports semblent plutôt distants, voire hostiles (le pavé lancé à  travers la fenêtre de Mary, les insultes écrites sur des arbres). On veut bien y croire, quand on connait l'anglophobie latente de la société française depuis Waterloo, Trafalgar et Jeanne d'Arc... En outre, le Gaulois aime bien les étrangers, surtout quand ils restent chez eux ! Il faut signaler aussi, qu'avant le 22 juin 1941 (l'invasion de l'URSS), les communistes français étaient pro-nazis et contre la guerre (et les Anglais), suivant en cela les directives du camarade Staline, l'ami opportuniste d'Hitler. Mais il ne faut pas généraliser et de nombreux pilotes britanniques apprécièrent leur séjour en France, de leur propre aveux.

Le tournage, qui commença en février 1988, eut lieu en Angleterre, notamment sur le vieux terrain de South Cherney (Gloucestershire), qui passe pour la base fictive de Kingsmere, sur l'aéroport de Cambridge (celui du "Touquet" dans la série), sur l'ancienne base de la RAF de Duxford et sur l'ancien petit terrain de Friston (Sussex), situé au bord de la Manche. Le château "Saint Pierre" est en fait celui de Charlton Park, près de Malmesbury (Wiltshire) à  l'architecture jacobéenne (XVII° siècle) qui ne ressemble en rien à  celle d'un château français, mais Charlton Park avait une piste en herbe, qui conduisait pratiquement jusqu'à  la porte d'entrée.

Le tournage mobilisa pas moins de seize pilotes, parmi lesquels figurait le gratin des collectionneurs de warbirds, en grande majorité anglais. On comptait parmi eux, Ray Hanna et son fils Mark, Nick Grace, Stephen Grey, Hoof Proudfoot.

De la même veine que "La bataille d'Angleterre" (1968) et réalisée avec les mêmes avions, bien que dans un esprit assez différent, cette série est un must pour les amateurs du Spitfire, qui finalement est le principal personnage du film. C'est un avion qu'on ne se lasse jamais d'admirer, que ce soit au décollage, en train de sautiller, plein gaz sur des pistes en herbe, ou dans les cieux, en train d'évoluer gracieusement au milieu des nuages. Une machine vraiment élégante, une des rares beautés de la guerre ! "Born 1936, Still going Strong !", pourrait-on dire.

 

Les avions de la série :

En 1939, les Anglais n'envoyèrent pas de Spitfire sur le continent, mais des Hawker Hurricane, pour appuyer l'Advanced Air Striking Force. Il y avait aussi des Fairey Battle, des Bristol Blenheim, des Lysander, sans compter des avions de liaison, plus ou moins démodés. En septembre 1939, la RAF n'avait que 306 Spitfire. Pensant que les Froggies feraient le gros du travail, comme en 14, les Anglais assurèrent le service minimum, en ayant le souci de ne pas affaiblir les défenses de leur île, au cas où. Ce fait posa problème à  la production de la série. En 1988, le Hurricane était rare en Angleterre (comme ailleurs) et il n'y en avait que deux en état de vol, appartenant au Battle of Britain Memorial Flight. Force fut donc de se rabattre sur le Supermarine Spitfire, un avion plus prestigieux, dont de nombreux exemplaires avaient été conservés. Le "Battle of Britain Memorial Flight" avait en tout quatre Spit en état de vol, au début des années 80. Mais sans doute à  cause du calendrier des manifestations, où ils devaient se produire, mais aussi, suite à  des doutes concernant la façon dont serait traitée la RAF dans la série, le Ministry of Defense, décida finalement de ne pas prêter ses avions. Les négociations furent plus aisées avec des propriétaires privés de Spitfire, et grâce à  l'aide d'une société à caractère commercial, comme la Old Flying Machine Company de Duxford, la production put réunir cinq Spitfire, et d'autres appareils d'époque, avec les pilotes pour les faire voler.

Les avions ne correspondaient pas à  l'époque de l'histoire (septembre 1939-août 1940), avec leurs hélices quadripales, leurs deux larges radiateurs sous les ailes et leurs canons de 20 mm. Ils furent filmés, au sol, mais aussi en vol, par un North American TB-25N Mitchell (N1042B), l"ancien avion caméra de la société Tallmantz Aviation, entre 1962 et 1985, et appartenant, en 1988, à  Aces High. Il était assisté par un hélicoptère Agusta A109 de la société Castle Air. On utilisa également un North American Harvard (G-AZBN), fourni par The Old flying Machine, équipé d'une camera dans le poste arrière. Des extraits du film "La bataille d'Angleterre" (1968) furent également utilisés pour les scènes qui ne pouvaient être filmées : vol de grandes formations, dogfights, explosions en vol, etc...

 Le premier Spitfire, et le plus ancien, était un Mk.Ia (serial AR213, c/n WASP.20/2, G-AIST), livré à  la RAF en 1941. Déjà  dépassé à  cette date, il fut affecté à  des unités d'entraînement (57, 43 OTU), puis stocké en août 1944. En août 1947, il fut vendu à un Group captain pour une somme modique et immatriculé "G-AIST". Entre 1949 et 1963, il fut stocké, démonté, à  Old Warden. Ce n'est qu'en 1967 qu'il revola et participa au tournage de "La bataille d'Angleterre", en 1968. En 1974, il fut acquis par Patrick Lindsay de Booker. Ce dernier le céda en 1990 à  Proteus Petroleum Aviation. Toujours basé à  Booker, l'avion subit une restauration approfondie et fut remis aux standard du Mk.Ia, avec le remplacement de l'hélice quadripale (qu'il a dans le série) par une tripale, et des douze pipes d'échappement par six, plus conformes à  son modèle d'origine. C'est ainsi, qu'il fut vendu à  l'association Spitfire The One de Barnet, en 2011.

 Le second Spitfire est un HF.Mk.IXb (serial MH434, G-ASJV) ayant appartenu à  l'armée de l'air néerlandaise en 1947 (serial H-105, puis H-68), qui l'expédia à  Java où il combattit lors de la Revolusi, la guerre d'indépendance indonésienne(1945-1949). Accidenté en 1949, il fut réparé et vendu à l'armée de l'air belge en 1953. De nouveau accidenté en 1954, il fut vendu, en 1956, à  la société privée belge COGEA, chargée de remorquer des cibles pour l'armée (OO-ARA). En 1967, il fut acheté par Film Aviation Services (G-ASJV), pour participer au tournage de "La bataille d'Angleterre". Dès 1969, il fut revendu à  Adrian C. Swire, de Duxford, et en 1983 à  Ray Hanna de la compagnie The Old Flying Machine. Depuis 1999, l'avion est enregistré au nom de Merlin Aviation Ltd à  l'Imperial War Museum, de Duxford. Ray Hanna pilota l'avion dans la série et c'est lui qui passe sous le petit pont de Winston, près de Barnard Castle (épisode 1).

 Le troisième Spitfire est un LF Mk.IXc (NH238, G-MKIX), ayant lui aussi appartenu à  la force aérienne néerlandaise, en 1947 (serial H-103, puis H-60) et également, expédié à  Java. Il fut transféré en 1953 à  l'armée de l'air belge (SM-36) qui le céda à  COGEA, en 1956 (OO-ARE). Revendu en 1961, en Angleterre, il connut plusieurs propriétaires sans toutefois revoler. En 1969, il fut acquis par la Confederate Air Force du Texas (N238V), puis en 1975, par Marc Tallichet de Chino (CA). Il revint en Angleterre en 1979, acheté par Douglas Arnold, directeur de Warbirds of Great Britain Ltd. à  Biggin Hill (G-MKIX). L'avion est resté depuis dans la famille, mais il a été rayé des registres en avril 2002. Il serait toujours stocké à Greenham Common, au nom de Flying A Services de David Arnold.

Le quatrième Spitfire est un LF.Mark IXe (ML417, G-BJSG) qui appartenait en 1944, à  un squadron canadien, le 443 squadron. En 1946, il fut transformé en biplace Tr.9 par Vickers Armstrongs Ltd, d'East Leigh, et livré à  l'armée de l'air indienne (HS543), en 1948. En 1968, il fut confié au musée de l'armée de l'air indienne et stocké. Deux Américains l'acquirent en 1971 et le firent restaurer. En 1980, Stephen Grey de The Fighter Collection de Duxford l'acquit et le reconstruisit complètement dans son état originel (G-BJSG). Il revola en février 1984. En 2001, l'avion retourna aux USA, acquis par Tom Friedkin de la Chino Spitfires Inc. (CA). Il est depuis basé au musée Planes of Fame de Chino, avec le matricule "N2TF".

Le dernier Spitfire est un PR.XI (PL983), qui se repère facilement, grâce à  sa roulette de queue rétractable. Ce Spitfire de reconnaissance fut loué par Vickers, à  l'attaché de l'Air de l'ambassade des Etats-Unis, en Grande Bretagne, en 1948. Il reçut le matricule "N74138". En 1950, il sera vendu par Vickers au Shuttleworth Trust, d'Old Warden, et sa reconstruction commencera en 1975. En 1983, il fut vendu au Français Roland Fraissinet et immatriculé "G-PRXI". Sa reconstruction fut achevée et l'avion vola de nouveau, en juillet 1984. En 1987, Doug Arnold de Warbirds of Great Britain Ltd., à Biggin Hill, le racheta, à prix fort, aux enchères. En 1992, il fut enregistré au nom de David Arnold de Flying A Services, à  North Weald. Il sera stocké, démonté. En 1999, il fut acheté par Juston V. Fleming, de Goudhurst (Kent) et remis en état de vol, en juin 2000. Il sera détruit dans un crash lors d'un meeting à  Rouen, en juin 2001.L'épave fut vendue en février 2003 à Propshop Ltd., de Duxford (Cambridgeshire) pour une longue restauration. Il revola en 2018, toujours au nom de Propshop.

Le tournage utilisa un sixième Spitfire, mais filmé au Texas. Cet appareil était un Spitfire LF Mk.IXc, (MK297) appartenant à la Confederate Air Force (N9BL), depuis 1973. Il fait une brève apparition lors de l'attaque d'un Heinkel He.111. Il avait lui aussi, appartenu en 1947, à  l'armée de l'air néerlandaise (serial H-116, puis H-55) et servi en Indonésie, entre 1947 et 1950. Comme les autres, il fut vendu à  l'armée de l'air belge en 1953 (SM-43). Accidenté en mars 1954, il fut réformé et acquis par  COGEA, en 1956 (OO-ARB). Après avoir participé au tournage du "Jour le plus long", en 1961, il fut revendu à  la société Film Aviation Services Ltd, de John Crewdson, à  Biggin Hill, en 1964 (G-ASSD). Il fut cédé à  la CAF du Texas, en mai 1965, mais resta en Angleterre pour participer à des tournages, dont la "Bataille d'Angleterre", en mai 1968, pendant lequel, il fut endommagé. Il fut finalement expédié au Texas, en juin 1973 (N9BL). Sévèrement endommagé en mai 1981, il sera envoyé au Canadian Warplane Heritage d'Hamilton (ON) pour y être réparé. Mais il fut détruit dans le feu de son hangar à Hamilton, au Canada, en février 1993, alors qu'il était encore enregistré au nom de la CAF de Midland (TX).

 Six répliques de Spitfire IX, particulièrement réussies et fidèles, furent construites pour 120.000 livres dans les studios d'Elstree, dont trois étaient motorisées pour faire tourner l'hélice, et une pouvait même rouler.

 Les Spitfire en Angleterre, porte le code "NS" qui sera, en mars 1941, celui du 52 OTU (Operational Training Unit). En France, il ne porte aucune marque, ce qui est conforme à la réalité, certains avions, envoyés en France, n'ayant aucun code, pour empêcher l'identification des unitès, mais aussi pour faire croire qu'il y en avait plus. En réalité, cette absence de code dans la série était plutôt due au fait que ces codes s'effaçaient en partie, lors de l'évolution des avions, en l'air, et que cela donnait beaucoup de travail aux équipes de peintres ! Il fut donc décidé de les enlever. Pareil, pour la décoration des avions. Celle-ci évolua entre septembre 1939 et août 1940. Le dessous des avions étaient d'abord noir et blanc, puis il fut peint de couleur uniforme, gris clair ou bleu clair. De même pour les cocardes, d'abord bicolores, puis tricolores, puis entourées de jaune. La production adopta finalement une décoration unique, telle qu'elle était vers mai 1940.

On peut apercevoir l'insigne du squadron "Hornet" (Frelon), avec sa devise écrite en dessous : "Beware our sting" (Attention à notre aiguillon). Rappelons que les squadrons anglais étaient désignés par leur numéro et rarement par leur nom.

L'équipement des pilotes est conforme à  l'époque, avec des masques àoxygène de type "D" avec microphone incorporé Type 19 ou E. Les casques de cuir sont du type "B", avec des lunettes de modèles divers; certains portent les classiques Mk.IIIa de la RAF, d'autres des Mk.II, plus anciennes. Un pilote américain, Hart, a des lunettes américaines civiles, Seesall, avec des bords en caoutchouc blanc.

 Côté Luftwaffe, trois Hispano Aviacion HA1112 M1L Buchon, jouent les Messerchmitt Bf.109E.

Le premier était le "D-FEHD" de Hans Dittes, piloté par Walter Eichorn. Cet ancien avion de l'armée de l'air espagnole (C.4K-40, c/n 213), revola en 1986. En 1995, son moteur Hispano fut remplacé par un DB601 et son cockpit muni d'une verrière Erla, pour le faire ressembler à  un Bf.109G. L'avion était présenté par l'Old Flying Machine Company des Hanna, père et fils. En 1998, après son retour en Allemagne, l'avion fut accidenté et restauré en 2001. Il fut alors acquis par Messerschmitt Foundation, elle-même membre d'EADS Allemagne.

 Le second "Messerschmitt" était le G-BOML (c/n 170), de Nick Grace, qui l'avait acquis et restauré, en avril 1988, donc peu avant le tournage. En février 1989, il sera cédé à  Ray Hanna de la Old Flying Machine Company de Duxford. Il se crashera le 25 septembre 1999, à  Sabadel en Espagne, en tuant son pilote, Mark Hanna, le fils de Ray.

 Le troisième Buchon était le G-HUNN (c/n 235), un autre acteur de "La Bataille d'Angleterre" comme le précédent. Il fut acquis aux USA, en 1982 par Bob Lamplough (G-BJZZ) et restauré en état de vol. Accidenté en faisant un cheval de bois, il fut vendu en mai 1988, au collectionneur Charles Church de Winchester et réparé, juste à  temps, pour participer au tournage de la série, où il est piloté par Reg Hallam. En 1990, il participera au film "Memphis Belle". En octobre 1991, il retourna aux USA, (NX109GU) et participa en 1995, au tournage de "Pilotes de choix". En 2013, il était exposé au "Cavanaugh Flight Museum" de Dallas (TX).

 Dans l'épisode 3, les Spitfire attaquent un des deux CASA 2.111 de la CAF du Texas (dont les paysages, avec leur longues routes, toute droites, n'ont rien à  voir avec le bocage français). C'était le CASA 2.111E "N72615" acheté par la CAF, en Angleterre, en 1977. Il avait été transformé en transport VIP, notamment pour le général Franco. Il s'écrasa en juillet 2003, en approche finale du terrain de Cheyenne (WY). L'épave du "Heinkel" abattu avait été fournie par l'association Aces High. C'était le CASA 2.111 (c/n 167) de l'armée de l'air espagnole (serial DB.21-37), acheté par la société Spitfire production Ltd., en mai 1968 (G-AWHB), pour le tournage du film "La bataille d'Angleterre"; il apparut également dans le film "Patton" en 1970. En 1972, il était stocké à  West Malling. Il fut exposé à  l'Historic Aircraft Museum sur  l'aéroport de Southend, en 1972, puis acquis en 1983, par le London War Museum. En Juin 1985, Kermit Weeks l'acheta aux enchères, mais il resta démantelé à  Royston (GB). Aces High le racheta en l'état, en 1988, état dans lequel il apparaît dans la série. Après avoir été stocké, il sera partiellement restauré en 1993-1994. En 2001, il fut vendu à Vulcan Warbirds du milliardaire américain Paul Allen, mais resta parqué à  Martham (Norfolk). En janvier 2015, il a été livré à  l'Aircraft Restoration Co. de Duxford, pour y être préparé en vue de son expédition vers les USA.

Le Junkers Ju-52/3m abattu (épisode 5) porte le vrai faux matricule allemand "D-TABX", ayant effectivement appartenu à  un avion sanitaire. Il remplace, en fait, un hydravion Heinkel He.59, bien mieux adapté au repêchage des pilotes tombés en mer, mais totalement disparu de nos jours. C'était en réalité un CASA 352L (G-BFHG, c/n 153), acquis en novembre 1977, auprès de l'armée de l'air espagnole (serial 725.5, puis T.2B 262), par Warbirds of Great Britain, puis Aces High Ltd. en octobre 1984. En 1988, il était basé sur l'aéroport de Northweald. En septembre 1994, il fut vendu au Fantasy of Flight museum de Kermit Weeks à  Polk City, en Floride, où il est depuis stocké, camouflé en avion de la Luftwaffe, avec le code "VK+AZ".

Les autres avions n'apparaissent qu'en arrière plan, où ils font surtout de la figuration.

En Angleterre, on entraperçoit rapidement, au sol, un De Havilland DH-82A Tiger Moth II. Il est peint comme un avion d'entraînement de la RAF, portant le numéro "59". C'est le G-ARAZ (c/n 82867) construit en 1940, et pris en charge par la RAF avec le serial "R4959". En 1960, il fut acquis par la Rollason Aircraft and Engines Ltd. de Croydon. Puis, il aura quatre autres propriÃéaires avant d'être acquis par Malcom V. Gauntlett, en mai 1980, qui était son propriétaire, au moment du tournage. Il le revendra en 1989 à  Proteus Petroleum Aviation Ltd. Il passa ensuite de mains en mains, avant d'être acheté, en octobre 1997, par un particulier de Lincoln, son actuel propriétaire. Deux autres Tiger Moth du Cambridge Flying Group auraient également été utilisé par le tournage, mais ils n'apparaissent nulle part dans la série.

Quand le squadron Hornet atterrit au "Touquet", il y a un De Havilland DH-89A Rapide rouge et bleu foncé (couleurs du King's Flight de la Brigade of Guards), garé devant le terminal. C'est le DH-89A "G-ACZE" (c/n 6264) vendu en novembre 1934, à la compagnie Anglo-Iranian Oil Co. Ltd. Il revint en Angleterre en 1938, et fut exploit" par Airwork Ltd.. En juillet 1940, il fut réquisitionné, avec le serial "Z7266". Affecté un temps, aux 6 et 7 AONS (Air Observer & Navigation School) il fut stocké au 48 MU (Maintenance Unit) d'Hawarden. En septembre 1941, il fut confié à  Allied Airways [Gandar Dower] Ltd, qui le restaura. Réimmatriculé "G-ACZE", il reçut le nom de "Dawn". Accidenté, en décembre 1945, il sera réparé par De Havilland Whitney et réenregistré "G-AJGS". Il connaitra plusieurs autres propriétaires, entre 1948 et 1968. En 1969, il fut acquis par un Américain de Miami (FL), mais ne portera jamais un matricule US. Il retourna en Grande-Bretagne, en 1984, acheté par Wessex Aviation and Transport Ltd. de Chalmington, en 1985, et retrouva son ancien matricule "G-ACZE". En juin 2008, il fut vendu à  Chewton Glen Aviation Ltd, de Bembridge. En 2013, il fut exporté aux USA, acheté par Training Services Inc. de Virginia Beach, avec le nouveau matricule "N1934D".

Un autre DH-89A Rapide amène en France plusieurs journalistes (épisode 2). Il est décoré comme un Dominie de la RAF, portant le serial Z7258 (c/n 6862) et le nom "Women of the Empire", peint sur le nez. Pris en charge par la RAF, en mars 1945, avec le serial NR786, il fut affecté au 18 Maintenance Unit. Il fut vendu en mars 1946, à la Lancashire Aircraft Corporation Ltd. et immatriculé "G-AHGD". Il eut quatre autres propriétaires (Universal Flying Services, North Sea Air Transport, Leonard H Riddell, Lowe & Oliver Ltd.) avant d'être acquis en mai 1975, par Michael R.L. Astor de Booker. En 1987, ayant retrouvé sa décoration de la RAF, mais avec le serial Z7258 d'un autre DH-89, un avion ambulance (la croix rouge de fuselage a été enlevée pour le tournage); il était basé à  Old Warden. En mai 1991, il fut vendu à  Paul A Wood & Andrew Wood et loué à  la Shuttleworth Collection, d'Old Warden. Il se crasha en juin 1991, lors d'un meeting, en tuant son pilote. L'épave fut rachetée par un particulier, pour servir de source de pièces détachées pour un autre DH-89 et aussi en vue de son éventuelle restauration. Après avoir été réactivée en 1991 et 2006, son immatriculation fut définitivement supprimée en juillet 2013.

 

Christian Santoir

*Série disponible sur amazon.fr

N.B. Pour tout connaître (ou presque) sur la série "Piece of cake", consulter :

  • -Robert EAGLE et Herbie KNOTT (1988) :"How they made Piece of cake". London, Boxtree Ltd., 120 p. 
  • -S.P. MACKENZIE (2007) : "Battle of Britain on Screen. 'The Few' in British Film and Television Drama". Edinburgh University Press, 180 p.
  • -Jean-Louis ROBA (2014) : "La RAF en France : Hurricane sur le continent". In Batailles Aériennes n° 68 et 70. Lela Press. 196 p.

 

 

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