Rechercher dans ce blog

LE LÂCHE

LE LÃCHE

Vo.The Last Flight

(Saison 1, épisode 18 de la série télé "La quatrième dimension")

Pays : Etats-Unis
Année :1960
Genre : science-fiction
Durée : 0 h 25 min.
Noir et blanc

Réalisateur : William CLAXTON
Scénario : Richard MATHESON

Acteurs principaux :
Kenneth HAIGH (Flight Lieutenant William Decker), Simon SCOTT (Major Wilson), Alexander SCOURBY (General George Harper), Robert Warwick (Air Vice-Marshall Alexander Mackaye)

Photographie : George T. CLEMENS
Musique : Bernard HERRMANN
Producteur : Buck HOUGHTON

Avions :

  • -Convair F-102A-45-CO Delta Dagger (en arrière plan)
  • -Douglas C-124C Globemaster II c/n 43712,  s/n 51-0078 (en arrière plan)
  • -Douglas C-118 Liftmaster (en arrière plan)
  • -Douglas C-47 Skytrain (en arrière plan)
  • -Garland  Lincoln  LF-1 c/n 3, N12237
  • -Lockheed T-33 Shooting Star.(en arrière plan)
  • -North American F-86H-10-NH Sabre s/n 53-1380 (en arrière plan)

 

Notre avis :

"La quatrième dimension" est une série télévisée "culte" des années 60, créée par Rod Sterling. Cette série comporte des épisodes aux histoires très différentes, appartenant à  tous les genres: drame, thriller, suspense, science-fiction, horreur, avec toujours une fin macabre ou inattendue. La série est dans la ligne de celles qui l'ont précédé, comme "Tales of tomorrow" (1951–53), ou des programmes radio, comme "The Weird Circle" (1943-1945), "Dimension X" (1950-1951). Son succès entraîna une réédition, dans les années 80 et une autre dans les années 2000.

Le scenario de "Le lâche" n'est pas fondé sur une idée très originale. Le voyage dans le temps, ou la "faille" spatio_temporelle, est le procèdé le plus vieux et le plus utilisé dans les films de science-fiction (Cf. "Le voyageur de l'espace" 1960, "Nimitz : retour vers l'enfer" 1980), mais aux USA, on adore toujours çà .

Le passé rencontre le présent...
L'histoire commence le 5 mars 1917 (1918 dans la version française,  quand le lieutenant William Terrance Decker du 56th squadron du Royal Flying Corps, revient d'une patrouille de routine au-dessus de la France. Mais, il se perd et quand il  sort d'un nuage, il aperçoit un terrain d'aviation sur lequel il se pose aussitôt. Il est étonné par l'aspect des avions qu'il aperçoit, certains n'ayant pas d'hélices ou étant d'une taille énorme. Il vient d'atterrir sur une base de l'USAF en France, la base "Lafayette" de Reims ! Aussitôt intercepté, dès sa descente d'avion, par le major Wilson, il est conduit auprès du commandant de la base, le général George Harper, devant lequel il décline son identité. Ce dernier, incrédule, le prend pour un pilote participant à  un spectacle aérien ou au tournage d'un film. On lui précise que l'on est le 5 mars 1959, ce qui plonge Decker dans une profonde perplexité. Il signale que la dernière chose dont il se souvient, c'est qu'il était en patrouille avec le capitaine Alexander Mackaye. Le général lui apprend alors que Mackaye, actuellement maréchal de l'air de la RAF, va justement arriver pour une inspection. Decker, abasourdi, les informe que c'est impossible, car Makhaye a été abattu ! Enfermé dans une pièce, Wilson cherche à  comprendre. Il lui demande pourquoi croit-il que Mackaye est mort. Decker lui confie alors qu'il a fui quand des chasseurs allemands les ont attaqués, laissant Mackaye seul face à  eux. Mais Wilson insiste sur le fait que Mackaye est bien vivant. Decker comprend alors que la seule personne qui a pu le sauver n'est autre que lui-même ! Il lui faut donc retourner dans le passé, où il a une chance de devenir un héros et non un lâche. Il met KO Wilson et se précipite vers son avion. Il décolle et disparaît dans un nuage...Le maréchal Mackaye est arrivé et Harper lui demande s'il connait Decker. Il lui raconte leur dernier combat, en mars 1917, quand ils furent assaillis par six chasseurs allemands. Decker, après avoir disparu dans un nuage, comme s'il avait voulu se mettre à  couvert, en est ressorti subitement et a descendu plusieurs ennemis, avant d'être abattu, à  son tour. Il lui avait sauvé la vie. Le général informe alors Mackaye que Decker venait de quitter la base, peu de temps auparavant ! Il lui montre ses papiers d'identité. Mackaye, énervé, se demande ce que signifie cette histoire, dont il ne croit pas un mot. C'est alors que le major Wilson l'appelle "old lead bottom" (vieux cul de plomb !), le surnom que Decker lui avait donné et qu'il était le seul à  connaÃîre...

Si Decker a des probèmes avec les années (1917, 1959¦), il en a aussi avec les dates de sa propre époque : en mars 1917, son squadron, le 56th du Royal Flying Corps, n'était pas déployé en France, il le sera un mois plus tard; il mentionne aussi la mort de Guynemer qui ne mourra que six mois plus tard, le 11 septembre 1917; le modèle d'avion qu'il pilote ne sera mis en service qu'en mars 1918...Bref, un homme en avance sur son temps, pas étonnant qu'il ait été projeté dans le futur !

La "Lafayette air base" de Reims n'existait pas, de même que l'USAFE n'a jamais eu de base à  Reims, dans les années 50. Précisons, en outre, que les bases américaines en France n'étaient pas désignées par le terme d'"air base" (aux USA, c'est Air Force Base) mais par celui d' "air station" (comme CHAS, pour CHâteauroux Air Station). Le tournage eut lieu en réalité en Californie, sur la base de Norton (dont on reconnait le grand hangar), à  San Bernardino, qui a été fermée en 1994, pour laisser la place à  l'aéroport international de la ville du même nom.

 

Les avions du film :

Le seul avion utilisé pour le tournage est un Garland  Lincoln  LF-1, une réplique du Nieuport 28, un chasseur français dont le prototype vola en juin 1917. Rejeté par l'armée française, pour ses qualités de vol douteuses, il fut accepté par le corps expéditionnaire américain, prêt à  prendre tous les avions qu'on voulait bien lui accorder. Il équipa quatre unités (les 27th, 94th, 94th et 147th squadrons), en mars 1918. Le seul autre pays à  utiliser le Nie 28 fut la Grèce et la Suisse; les Anglais ne l'utilisèrent jamais...

Par rapport au vrai Nie 28, l'avion du film, présente des différences, dont les plus importantes sont : 

-une envergure de l'aile réduite (7.40 m contre 8.16 m)

-un fuselage moins long (5.91 m contre 6.40 m),

-des mâts de cabane différents,

-un capot moteur plus ouvert (emprunté à  un Cessna UC-78), et de diamètre plus grand (pour loger un moteur Continental de 220 chevaux, installé en 1950; on remarque, sur le côté droit, le bout de l'axe du démarreur à  inertie, qui dépasse du capot; les ouïes, visibles sur le côté droit du capot sont fictives, car peintes en noir, pour imiter les ouvertures du capot du vrai Nie 28),

-des mâts d'ailes en N (et non en II) métalliques,

-une aile supérieure sans dièdre, 

-des jambes de train métalliques, plus fines, fixées au fuselage de façon différente,

-la béquille de queue remplacée par une roulette (pour les atterrissages sur piste en dur).¦

Bref, un avion plus trapu, avec aussi une structure en tube métallique, pour mieux supporter la voltige et les contraintes des prises de vues aériennes. Tous ces détails permettent de l'identifier comme le Garland-Lincoln LF-1, immatriculé "N12237" (c/n 3). Ce LF-1 fut utilisé par Frank Tallman, pour le tournage.

Le Garland Lincoln LF-1 "N12237", fut construit en juillet 1932 (c/n 3), par Claude Fagg, pour Garland Lincoln, en vue de participer à  plusieurs tournages ("Hell in the Heavens" -1934, "Dawn Patrol" -1938, et "Men with Wings"-1938). En octobre 1940, il fut vendu à  un particulier de Sacramento (CA). Aprés avoir connu trois autres propriétaires, il fut acquis en mars 1952, par le pilote de course et de voltige Kip Moné qui le revendit un mois plus tard. Ce n'est qu'en août 1956, qu'il fut acheté par Frank Tallman. Il apparut alors dans plusieurs séries télévisées comme "The Twilight Zone"-1959, "My Three Sons"-1960 et "Get Smart"-1965. Au début des années 70, il fut également employé pour des campagnes publicitaires, avec le nom de "Snoopy". En 1975, il retrouva ses couleurs guerrières, quand Frank Tallman participa au tournage de "La kermesse des aigles". C'est alors que, piloté par Frank Pine, il fut accidenté à  l'atterrissage près de Piru (CA). Ce fut son dernier vol (last flight). L'épave fut vendue, en juin 1976, à  Kip Moné, qui entreprit de la reconstruire. Celui-ci la transmit ensuite à  son fils Brent, qui, en 2004, transfèra l'avion au Sonoma County airport. En juin 2015, l'avion était pratiquement prêt à  voler, après une longue et coûteuse restauration. Il est décoré aux couleurs du 94th Aero Squadron, avec son célèbre insigne du "Hat in the Ring", comme un Nieuport 28 de l'as Eddie Rickenbacker.

Dans la série, il porte une décoration "anglaise" fantaisiste, avec le numéro "56", censé être le numéro du squadron auquel appartient le lieutenant Decker, alors que les numéros des unités n'étaient pas inscrits sur les appareils. Le 56th était équipé de RAF SE.5A, quand il arriva en France.

On voit l'avion "anglais" errer sur le tarmac de la base de "Reims", au milieu de gros avions de transports, parmi lesquels des Douglas C-124C Globemaster II du MATS (dont celui portant le serial "51-0078", c/n 43712, stocké en décembre 1969 et déclaré surplus en janvier 1970), mais aussi des Douglas C-118 Liftmaster, et les habituels Douglas C-47 Skytrain, dont un est garé dans un hangar. Dans les années 50 et 60, Norton était une base de support logistique. Y était également installé le quartier énéral de l'Air Defense Command pour la Californie du Sud. De nombreux jets y étaient donc également basés.

On remarque ainsi, en arrière plan un Lockheed T-33 Shooting Star. Decker regarde, avec ébahissement, par la fenêtre du bureau du commandant de la base, un North American F-100A-20-NA Super Sabre (s/n 53-1662, buzz number FW-662), un chasseur qui sera livré à Taïwan, au début des années 60. Ce F-100 fut le seul à avoir abattu (involontairement) un B-52, lors, d'un exercice, le 7 avril 1961, alors qu'il appartenait à  la Garde Nationale du Nouveau Mexique. Un de ses missiles Sidewinder se mit à  feu tout seul (suite à  un faux contact) et détruisit une aile du bombardier ! Il y eut trois morts !

Quand Decker va rejoindre son biplan, il passe devant un North American F-86H-10-NH Sabre (s/n 53-1380, buzz number FU-380), aujourd'hui préservé à  Rialto (CA). Il est assourdi par le bruit du rotor d'un hélicoptère Sikorsky H-5H qui atterrit, un engin dont il ne pouvait imaginer l'existence.

Quand il rejoint son avion, ce dernier a été garé à  côté de trois Convair F-102A-45-CO Delta Dagger, dont le s/n 55-3385 (buzz number FC-385), qui appartenait au 323rd FIS. En 1968, il sera affecté au 196 FIS de la Garde Nationale de Californie, puis transféré en juillet 1969, à  la force aérienne turque (183 filo, devenu, en 1973, le 182 filo). Il sera réformé en juin 1979, par manque de pièces détachées. En arrière plan, on aperçoit un autre F-102 qui porte sur le nez un faucon, l'insigne du 27th FIS. Le troisième a une dérive blanche constellée d'étoiles (s/n 56-1016), ce qui en fait un chasseur du 48th FIS; il sera ensuite affecté au 152nd FIS de la Garde Nationale de l'Arizona, puis en octobre 1969, à  l'Armée de l'Air grecque (114 Pteriga Maxis). Ces unités ne furent jamais basées en Californie, mais affectées à  la défense du flanc est des Etats-Unis; en 1959, le 48th FIS était à  Langley AFB (VA), le 27th FIS à  Loring AFB (ME) et le 323rd FIS à  Ernest Harmon AFB, à  Terre-Neuve.

 

Christian Santoir

* Série disponible sur amazon.fr

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes