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LE GRAND SECRET

LE GRAND SECRET

Vo. Above and beyond

 

Année : 1953
Pays : États-Unis
Durée : 2 h 2 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Melvin FRANK, Norman PANAMA
Scénario : Beirne LAY Jr., Melvin FRANK, Norman PANAMA

Acteurs principaux :
Robert TAYLOR (Colonel Paul W. Tibbets), Eleanor PARKER (Lucey Tibbets) James WHITMORE (Major William Uanna), Larry KEATING (Général Vernon C. Brent), Larry GATES (Capitaine William 'Deak' Parsons), Marilyn ERSKINE (Marge Bratton) Stephen DUNNE (Major Harry Bratton), Robert BURTON (General Samuel E. Roberts) Hayden RORKE (Dr. Ramsey), Lawrence DOBKIN (Dr. Van Dyke) ), Jack RAINE (Dr. Fiske)

Musique : Hugo FRIEDHOFER
Photographie : Ray JUNE
Producteurs : Melvin FRANK, Norman PANAMA
Conseillers techniques : Lieutenant-colonel Charley BEGG, major Norman REY
Compagnie productrice : MGM

Avions :

  • -Beech C-45 (en arrière plan)
  • -Boeing B-29A (dont le 44-61773)
  • -Boeing KB-29P
  • -Boeing B-17 Flying Fortress (images d'archives)
  • -Curtis C-46 Commando (en arrière plan)
  • -Douglas C-54 Skymaster (en arrière plan)
  • -Douglas C-47B (s/n 43-49196) (en arrière plan)
  • -Martin B-26 (images d'archives)

 

Notre avis :

 Ayant été les premiers dès 1947, à traiter du développement de la bombe atomique et de son lancement sur Hiroshima dans "Au Carrefour du siècle", les studios de la MGM se concentrent ici sur les aspects humains du problème. Le film décrit ainsi l’histoire du colonel Paul W. Tibbets, le pilote choisi pour effectuer le premier bombardement atomique. La plus grande partie du film se focalise sur les effets de cette mission sur Tibbets et sur son épouse Lucey qui nous raconte l’histoire.

 Le film commence avec un rappel de la carrière de Tibbets quand il commandait en Afrique du Nord une escadrille de bombardement sous les ordres du général Roberts. Le général Brent lors d’une visite à son collègue, assiste à une réaction de Tibbets qui frise l’insubordination, mais décide sur le champ qu’il tient là l’homme susceptible d’accélérer la mise au point du B-29 qui souffre de nombreux problèmes de jeunesse et qui est destiné à transporter la bombe atomique. De retour aux USA, le général Brent qui commande la base de Wendover (Utah), annonce à Tibbets quelle va être sa mission et insiste sur le secret total qui doit entourer ce projet. Tibbets devra non seulement lancer la bombe, susceptible de tuer à elle seule plus de 100.000 personnes d’un coup, mais il devra aussi former et diriger un groupe de bombardement spécial. Si Tibbets accepte, il n’aura aucun moyen de reculer. Le mari aimable et prévenant qu'était Tibbets va alors devenir un homme d’une dureté exceptionnelle, au désespoir de son épouse Lucey. Le major Uanna est affecté au groupe en tant qu’officier de sécurité.

 La nature ultra-secrète du projet requiert un personnel de grande classe. Sur plus de deux mille candidatures, plus d’un tiers sont rejetées. Beaucoup d’hommes retenus pour la mission sont d’anciens membre du 97th Bomb Group que Tibbets commandait en Europe et en Afrique ; les autres ont été sélectionnés suivant leurs états de service exceptionnels et leurs spécialisations. Les équipages savent seulement qu’ils doivent lancer une nouvelle arme, rien de plus. Seul Tibbets sait à quoi s’en tenir...

 Pour des raisons de sécurité, tous les vols d’entraînement sont effectués sur la base isolée de Wendover. Les membres du groupe, connu comme le 509th Composite Group, sont invités à limiter leurs contacts avec le monde extérieur, y compris avec les autres membres de la base. Alors que les règles strictes de sécurité s’avèrent efficaces, elles amènent Tibbets à entrer en conflit non seulement avec ses hommes, mais aussi avec son épouse, qui prend le comportement rigide de son mari pour de la vanité. En juin 1945, après neuf mois d’entraînement intensif, le 509th Composite Group reçoit l’ordre de se rendre à North Air Field, sur l’île de Tinian, en plein Pacifique. La première semaine d’août, tout est prêt. La mission sera constituée de trois avions : celui du Colonel Tibbets l’"Enola Gay" (du nom de sa mère) emmenant la bombe, celui du capitaine George Marquart, le "Necessary Evil" l’avion d’observation, et l’avion du major Charles Sweeney "The great artist" transportant des instruments de mesure. De bon matin, le 6 août 1945, Tibbets décolle l’"Enola Gay" de la piste éclairée par des projecteurs et prend le cap du Japon. Les deux autres avions suivent. Au bout de cinq heures de vol, Tibbets reçoit la météo : le temps est dégagé au dessus d’Hiroshima, couvert, sur les autres villes retenues comme cibles potentielles. Le sort en est jeté ! A 8 h 15 du matin, le bombardier Tom Ferebee largue la bombe sur l’objectif. L’explosion qui a lieu à six cent mètres d’altitude rase plus de la moitié de la ville. L’onde de choc secoue le B-29, alors qu’un champignon de fumée s’élève à plus de 16.000 mètres de haut. La réussite de la mission est aussitôt transmise à Tinian, puis au président des États-Unis. Le film finit comme il avait commencé, avec Lucey attendant son mari au Washington National airport...

 Bien qu’ayant vieilli, le film de la MGM fait partie des grands films d’aviation. Sa superbe description, presque documentaire, de la première mission atomique, avec toutes ses implications techniques et psychologiques, dramatise cet événement historique. Il explique bien les défauts des premiers B-29 : problèmes avec la pressurisation, les moteurs (jamais vraiment résolus), le train d’atterrissage... Son seul défaut réside dans les démêlés conjugaux de Tibbets, lors de la préparation du raid. Le conflit domestique (réel ou supposé) entre Tibbets et sa femme apparaît un peu trop caricatural, mais fait partie du genre "film d’aviation", où la femme souffre du métier de son pilote de mari, restant à attendre qu’il descende sur terre, tout en craignant qu’il ne s’y écrase ! Les réalisateurs du film, Melvin FRANK et Norman PANAMA, étaient des spécialistes des comédies conjugales et cela transparaît dans le film. Paradoxalement c’est à la demande l'USAF que les scénaristes durent s’étendre sur cet aspect de l’histoire ! Au début des années cinquante, le Strategic Air Command du général Curtis Le May enregistrait un taux de divorce élevé parmi ses membres d’équipage. Le service au sein du SAC était très exigeant et vu la nature des missions, les hommes étaient souvent absents et séparés de leur famille pendant des semaines. Ce genre de vie ne favorisait pas les unions stables. Ce problème sera également traité dans "Strategic Air Command" de la Paramount, en 1955. Quand la MGM approcha l’USAF avec son script, cette dernière suggéra que ce film aide le SAC, en focalisant le scénario sur le stress que la mission atomique provoquait sur les relations personnelles, et comment un homme pouvait y faire face. Quand on soumit ce projet au colonel Paul Tibbets qui était toujours dans l’USAF, il y adhéra complètement et accorda sa collaboration aux scénaristes.

 Robert TAYLOR qui joue le rôle de Tibbets tourna cinq films d’aviation ; c’était aussi un pilote privé, qui pendant la guerre, fut instructeur sur bimoteur dans la Navy. En tant que militaire, il est parfait, mais en tant que mari, il est beaucoup plus mal à l’aise, à l’inverse de la très jolie Jean Fontaine. Rappelons également que Robert TAYLOR avait quarante-deux ans au moment du film et que Paul Tibbets était en 1945, un lieutenant-colonel d’à peine trente ans.

 Le tournage commença le 5 février 1952, aux studios de la MGM à Culver City (CA). C’est là qu’on filma toutes les scènes rapprochées de Tibbets et de son équipage pilotant l’"Enola Gay". On utilisa pour cela une portion de fuselage qui avait déjà servi pour "Au carrefour du siècle/The Beginning or the en" (1947). Début mars, toute l’équipe de tournage se transporta sur la base de Davis-Monthan, près de Tucson (AZ) pour commencer les extérieurs. Pendant deux semaines, cette base figura celle du 509th Composite Group à Wendover, mais aussi celle de North Air Field à Tinian. Le tournage prit fin le 26 mars 1952, la première ayant lieu le 8 janvier 1953, le lendemain de l’annonce par le président Truman que les États-Unis avaient développé une bombe à hydrogène ! Les critiques furent excellentes. On ne sait pas si le film fit diminuer le taux de divorce parmi les membres du SAC. Par contre, le mariage de Tibbets avec Lucey ne survécut pas très longtemps à la guerre, car en 1956 (d’après le film "Enola Gay" - 1980), il se remariait avec Andréa...

 Les deux bombes atomiques ont mis fin en trois jours à un conflit qui durait depuis quatre ans avec les Américains et depuis quatorze ans avec la Chine (invasion de la Mandchourie, mais on pourrait remonter en 1910 avec l’annexion de la Corée...). En 1945, entre Japonais et Américains ce n’était pas le grand amour ; aux mépris total des Japonais pour les Occidentaux et les Américains en particulier, répondait la haine tenace des GI et des troupes alliées pour le "Jap". Quant au sentiment de culpabilité qu’auraient ressenti les pilotes, c’est une histoire inventée par les journalistes, après la guerre. Tibbets disait, en 2005, qu’il serait prêt à recommencer dans les mêmes circonstances. La seule chose qu’il regretta c’est d’avoir associé le nom de sa mère à ce massacre.

 

Les avions du film :

 Paul MANTZ dirigea les prises de vues aériennes à partir de son North American B-25 (N1203) spécialement équipé et surnommé The smasher. Les 43rd et 303rd Bombardment Group de Davis-Monthan fournirent tous les Boeing B-29 nécessaires au tournage. Dans le film, l’"Enola Gay" est équipé de tourelles alors qu’elles avaient toutes été déposées pour alléger l’appareil. A coté des B-29A (dont le 44-61773), on remarque un KB-29P, un B-29 tanker, démuni de son armement et de son poste de tir arrière pour recevoir une perche de ravitaillement en vol. Des documents d’époque montrent des B-29A du 498th BG (code T, sur un carré) et du 500th BG (code Z), filmés dans le Pacifique. 

Pour le lancement de la bombe et son explosion, on utilisa des bouts de films de "Au carrefour du siècle/ The beginning or the end ", la bombe est d’ailleurs la même avec une forme tout aussi peu conforme à la vraie et ressemblant plus à une arme clasique. Le major Norman REY conseiller du film, avait piloté un B-29 lors du tournage de ce film, en 1946. 

Les scènes filmées dans le cockpit l'ont été dans la partie avant du fuselage du B-29 (s/n 42-65401) qui servit pour d'autres tournages comme "Wild blue yonder" (1951) ou "Enola Gay" (1980).

 Sur des documents filmés apparaissent plusieurs Boeing B-17 dans une formation du 91st BG (code A dans un triangle blanc) et dans des scènes de crashes. On peut même apercevoir des Martin B-26. On a quelques belles vues de Douglas C-54 du Air Transport Command au sol ou au décollage. Au sol, en arrière-plan, on distingue, pêle-mêle un Douglas C-47B (s/n 43-49196), un Curtis C-46 Commando et un Beech C-45.

 

Christian Santoir       

 *Film disponible sur amazon.fr

 

 

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