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LE DIABOLIQUE MONSIEUR BENTON

LE DIABOLIQUE MONSIEUR BENTON

Vo. Julie

 

Année : 1956
Pays : Etats-Unis
Genre : thriller
Durée : 1h 29 min.
Noir et blanc

 Réalisateur : Andrew L. STONE
Scénario : Andrew L. STONE

 Principaux acteurs :

Doris DAY (Julie Benton), Louis JOURDAN (Lyle Benton), Barry SULLIVAN (Cliff Henderson), Frank LOVEJOY (Detective Pringle,) Jack KELLY (Jack le copilote), Ann ROBINSON (Valerie), Barney PHILLIPS (le Docteur), John GALLAUDET (Sergent Cole), Carleton YOUNG (le contrôleur aérien), Hank PATTERSON (Ellis), Ed HINTON (le commandant du vol 36)

Musique : Leith STEVENS
Photographie : Fred JACKMAN Jr.
Producteur : Martin MELCHER
Compagnies productrices : Arwin Productions, MGM

 Avions :

  • -Douglas R5D-1 Skymaster BuNo. 10318, N5288N
  • -Douglas R5D-3 Skymaster BuNo. 56519, N9894F

 

Notre avis :

 La majeure partie de la carrière de Doris DAY fut constituée de films musicaux et de comédies romantiques, mais dans ce film, elle fait montre d’une surprenante dimension dramatique qui sera utilisée par Hitchcock. Elle joue le rôle d’une hôtesse de l’air dont le mari est en proie à une jalousie obsessionnelle qui va le conduire au meurtre. La femme harcelée par son mari était un thème plutôt neuf à Hollywood. Mais en dehors de ce drame psycho-sociologique assez bien dirigé, les amateurs d’aviation seront plus intéressés par le dernier tiers du film, qui se déroule à bord d’un DC-4.

 Julie Benton a de sérieux doutes au sujet de son second mariage. Son mari, Lyle Benton, a un tempérament excessif et lors d’une dispute dans leur voiture, il la terrorise en appuyant à fond, son pied sur l’accélérateur, alors qu’ils roulent à toute vitesse sur une route sinueuse. Il est maladivement jaloux et révèle à Julie qu’il a tué son premier mari pour l’épouser ! Quand elle essaie de le fuir, il sabote la voiture et elle doit faire du stop pour se réfugier au commissariat de police. Là, les policiers lui avouent qu’ils ne peuvent rien faire dans ce qui leur apparaît comme une dispute conjugale banale. Un ancien ami de Julie, Cliff,  accourt pour l’aider et l’emmener à l’hôtel. Mais Lyle est sur leurs traces et menace de mort Julie par téléphone. Cliff et Julie se rendent à San Francisco croyant pouvoir semer le mari jaloux. A San Francisco, Julie reprend son ancien métier d’hôtesse de l’air et est hébergée chez une collègue. Lyle parvient néanmoins à suivre Cliff qu’il blesse gravement lors d’une bagarre. Dans la voiture de Cliff, il trouve l’adresse de Julie. Cliff, blessé, est recueilli par un fermier qui peut avertir la police de San Francisco par téléphone. Lyle retrouve Julie alors qu’elle sort pour se rendre à l’aéroport qui l’a appelée. Il la suit et arrive à embarquer sans se faire remarquer à bord de son avion. La police arrive trop tard à son domicile, mais avertit Julie que son mari a vraisemblablement embarqué à bord. Alors que l’équipage se concerte pour déterminer la meilleure façon d’agir, Lyle fait irruption dans le cockpit, une arme à la main ! Il tue le commandant de bord et blesse le copilote qui a pu riposter. Lyle, touché, meurt. Malgré les soins d’un médecin, le copilote n’est pas capable de piloter. C’est Julie qui doit prendre les commandes ! En suivant les instructions du copilote, elle parvient à revenir sur San Francisco où la tour de contrôle la prend en charge. Elle va être guidée jusqu’au sol et pourra ainsi atterrir sans mal.

 « Le diabolique Monsieur Benton » fut nominé à deux Oscars  pour le meilleur scénario et la meilleure chanson (« Julie » de Leith Stevens et Tom Adair, chantée par Doris DAY lors du générique). La fin du film rappelle «Without orders»(1938) où une hôtesse est obligée de prendre les commandes, le pilote ayant abandonné l’avion en vol ! Ce thème sera repris plus tard dans «747 en péril » (1974).

On ne s’attend pas à trouver dans un tel film une longue séquence aérienne (30 minutes) particulièrement bien réalisée. L’intérieur de l’avion est reproduit avec exactitude (on remarquera les jolis rideaux en tissu imprimé, aux hublots..), le cockpit est bien équipé, avec un vrai tableau de bord de DC-4. Il semblerait même que les scènes aient été tournées à bord d’un véritable avion. Les scènes du cockpit furent en réalité filmées dans un simulateur de vol de la compagnie Transocean Airlines, une compagnie qui collabora à plusieurs reprises avec Hollywood.. Le tournage eut lieu également dans la tour de contrôle, et on a, à cette occasion, droit à une démonstration du « Ground Control Approach » (approche guidée par radar). L’atterrissage du DC-4 a été réalisé spécialement pour le film et filmé à partir de la piste, mais aussi par une caméra montée sur le siège du copilote;  l’approche « chahutée », le rebond à l’atterrissage (normal pour un pilote non expérimenté, et il y a en plus, du vent de travers !), la difficulté pour Julie de maintenir l’avion dans l’axe, tout en freinant... tout cela fait vrai, cette scène ayant été réalisée par le commandant Keating de Transocean Airlines, non mentionné dans le générique. Une vraie performance pour un film de 1956 !

 

Les avions du film :

 L’avion du film est un Douglas DC-4 de «Transocean Airlines», une compagnie charter basée sur l’aéroport d’Oakland (San Francisco). Dans les années cinquante, c’était la compagnie civile qui exploitait le plus de DC-4. Elle avait également fourni deux DC-4 pour le tournage du film de W. Wellman «The high and the mighty » (1954). Cet avion est muni d’une porte cargo à deux battants pour pouvoir charger du fret sur palettes, ce qui en fait un C-54A  «civilisé », comme la plupart des DC-4 de la flotte de Transocean.

En vol, le DC-4 est immatriculé "N5288N". C'était un Douglas R5D-1 Skymaster (BuNo. 10318) alloué à l'US Navy, par l'USAAF (s/n 42-72213). Vendu comme surplus en 1946, il fut enregistré N34565, et affecté au Département du Commerce, avec le nouveau matricule N5288N. Il fut loué à Transocean Airlines en août 1952, qui le sous-louera à la compagnie de transport de fret Airwork Ltd., en 1955. Il sera rendu au Département du Commerce en octobre 1957, et enregistré, plus tard, au nom de la FAA. En 1958, il fut vendu à International Air Freighters et immatriculé CF-NWM. Mais le même année, il fut cédé à Empresa Consolidada Cubana de Aviacion (CU-T-785). Il  fut réformé en 1962 et stocké.

Quand il atterrit, le DC-4 N5288N devient le DC-4 N9894F. C'était comme le précédent, un R5D-3 de l'US Navy (BuNo.56519), ex C-54D de l'USAAF (s/n 42-72638). La Navy le loua à Transocean en octobre 1955. La compagnie l'utilisa pour transporter du fret entre New-York et Londres, jusqu'en 1957. Rendu à l'US Navy, il fut réformé et ferraillé.

 On ne connaît pas la destination du vol 36 d '«Amalgamated  Airlines», mais l’équipage se réduisant à deux pilotes, on peut penser qu’il s’agit d’un vol intérieur. Notons que cette compagnie fictive (United Airlines ?) existait déjà en 1936 dans le film "Without orders". Julie pose l’avion sur la piste 28 gauche, de l’aéroport international de San Francisco. En courte finale, l’avion n’est qu’à quelques mètres au-dessus de la mer (comme sur l’aéroport de Nice). Les commandants Bill Keating et Royal Minson de TAL apprirent à Doris DAY à tenir les commandes, afin de se comporter de façon crédible. On note en effet qu’elle manie le volant du DC-4 avec beaucoup plus de délicatesse, que celui de sa Chrysler Windsor V8 convertible, modèle 1956 (avec roues à rayons Kelsey-Hayes, Whaooh !), sur la route côtière, aux environs de Carmel by the Sea, une route que nous avons parcourue en 2019… et qui n'a pas trop changé.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.com       

 


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