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FLIGHT

FLIGHT

 

Année : 1929
Pays : États-Unis
Durée : 1 h 50 min.
Genre : aventure
Noir et blanc

Réalisateur : Frank CAPRA
Scénario : Frank CAPRA, Ralph GRAVES

Acteurs principaux :
Jack HOLT (Sergent \'Panama\' Williams), Lila LEE (Elinor Murray), Ralph GRAVES («Lefty» Phelps), Alan ROSCOE (le major), Harold GOODWIN (Steve Roberts), Jimmy De La CRUZE (Lobo)

Producteur : Harry COHN
Photo : Joe NOVAK, Joseph WALKER
Prise de vues aériennes : Elmer DYER
Compagnie productrice : Columbia pictures

Avions :

  • -Consolidated  NY-1B
  • -Curtiss OC-2 Falcon

 

Notre avis :

 "Flight" se déroule dans le milieu des aviateurs du corps des Marines, lors de l’intervention des États-Unis au Nicaragua en 1927. Il convient de rappeler que les États-Unis maintinrent une présence constante dans le pays de 1909 à 1933. En 1927, un leader révolutionnaire Augusto Nicolás Calderón Sandino, s’éleva contre la présence américaine. Considéré par les Américains comme un vulgaire bandit, il devint rapidement, en Amérique latine, un héros de la résistance à la domination américaine. Il entraîna les Marines dans une guérilla sanglante. Le 16 juillet 1927, l’aviation dut venir en aide à la garnison d’Ocotal assiégée par les sandinistes. Les Marines exécutèrent à cette occasion la première opération de bombardement en piqué sur des rebelles, permettant ainsi de dégager leurs troupes. Les avions intervinrent de nouveau en décembre 1927, dans une zone montagneuse isolée appelée El Chipote, où Sandino s’était retranché. Mille sandinistes connaissant parfaitement le terrain assiégèrent à Quilali deux cent Marines et Gardes Nationaux. Ce n’est que grâce à l’aviation qui largua des munitions, des vivres, des médicaments, mais aussi des bombes, qu’ils purent attendre les renforts qui arriveront le 10 janvier 1928. Le scénario écrit par un des principaux acteurs du film, s’est inspiré de ces épisodes dramatiques qui servent de toile de fond à l’idylle contrariée du sergent "Panama" Williams.

 Le film s’ouvre sur un match de football auquel assiste le sergent des Marines, Panama. Un des joueurs favoris marque contre son camp et se fait ridiculiser dans la presse. Plus tard sur la base de l’US Navy de Pensacola (Floride), Panama  qui est aviateur et sergent instructeur, accueille de nouvelles recrues parmi lesquelles se trouve le malheureux footballeur "Lefty" Phelps. Panama et Lefty deviennent amis. Panama est amoureux de la belle infirmière Elinor et n’ose pas lui avouer sa flamme. Mais celle-ci est également courtisée par Lefty. Ce denier n’arrive pas à passer son brevet de pilote et devient mécanicien. Les Marines sont subitement envoyés au Nicaragua où une rébellion a été fomentée par le sinistre "Lobo". Lefty qui a découvert que Panama aime Elinor, est particulièrement gêné, surtout quand il lui demande de transmettre une demande en mariage à Elinor ! Mais elle fait savoir à Panama que c’est Lefty qu’elle aime. Les deux amis en viennent aux mains quand une mission urgente est commandée. Lefty ne revient pas. Elinor supplie alors Panama d’aller à sa recherche. D’abord peu enclin à sauver la vie de son rival, il finit par accepter. Il retrouve Lefty vivant, mais il est blessé par les guérilléros à l’affût. Ne pouvant piloter, c’est Lefty qui prendra le manche et ramènera l’avion à la base, tout heureux de constater qu’il n’a rien perdu de ses leçons de pilotage. Il réussit même un atterrissage délicat, suite à la perte d’une roue. Finalement il obtiendra son brevet de pilote, deviendra instructeur et l’heureux mari d’Elinor. Quant à Panama, il sera l’ami de la famille...

 L’intrigue amoureuse entre les trois principaux personnages prend beaucoup de place dans cette histoire et en ferait presque oublier le Nicaragua et la tragédie qui s’y déroule. Une des scènes les plus remarquables du film est celle où Lefty place le corps de son camarade dans leur avion abattu dans la jungle, et y met le feu. C’est que Sandino, alias Lobo dans le film,  haïssait les Américains et avait pour mauvaise habitude de torturer et de mutiler les Marines qui tombaient dans ses mains, ce qui est rappelé dans le film. Son sceau officiel montrait un paysan s’apprêtant à décapiter un soldat jeté à terre ! On voit également son drapeau digne de Rackam le Rouge : noir frappé d’une tête de mort, avec machette et fusil à la place des habituels tibias croisés. Il est aussi fait mention des conditions très pénibles de cette "banana war" au milieu de la forêt tropicale avec une touffeur permanente, les moustiques, les serpents... Sur 136 morts que comptèrent les Marines lors de leur séjour au Nicaragua, 47 seulement furent tués au combat. Ce conflit fut le premier où les Marines utilisèrent l’aviation pour bombarder des insurgés; il permit de mettre au point les principes de la coopération entre l’aviation et l’infanterie, lors d’opérations contre des forces rebelles. Sandino ne sera jamais capturé par les Américains qui quittèrent le pays en 1933. Il sera exécuté par le général Anastasio Somoza García l’année suivante. Dans le film, on apprend à la une d’un journal que c’est le président Ortega qui demande l’intervention américaine ; en réalité le président de l’époque s’appelait Adolfo Diaz. Ce n’est qu’en 1985 qu’un certain Daniel Ortega devint président. Il vient d’être réélu en novembre 2006. C’est le leader du Front Sandiniste de Libération Nationale ! Ironie de l’histoire...

 Le réalisateur Frank CAPRA eut quelques problèmes lors des scènes aériennes avec Jack HOLT qui avait horreur des avions et encore plus peur de voler. Un jour, lors d’une scène aérienne, HOLT refusa absolument de se tenir debout dans le poste de l’observateur-mitrailleur d’un Curtiss. De retour au sol, HOLT blanc comme un linge descendit de l’avion en tenant son parachute en boule dans ses bras. Il l’avait ouvert accidentellement en vol ; s’il s’était levé le vent relatif l’aurait aussitôt arraché de l’avion ! On mit désormais un fil rouge autour de la poignée de son parachute. CAPRA le fera tourner deux ans plus tard dans "Dirigible" où il est commandant de dirigeable, et de nouveau, un amoureux malheureux...

 HOLT, cet aéroacrophobe, était un grand spécialiste du film d’aviation puisqu’il en tourna onze entre 1929 et 1949 ; il en avait d’autant plus de mérite. Le film sortit le 18 septembre 1929 en présence de nombreux Marines. Les ouvreuses avaient revêtu pour l’occasion des uniformes bleus d’aviateurs français, ce qui tendrait à prouver qu’onze ans après la fin de la guerre, l’aviation française avait toujours la cote aux États-Unis.

 

Les avions du film :

 Les scènes aériennes furent tournées avec les avions des Marines de la base de North Island à San Diego. Les environs de La Mesa fournirent les paysages du Nicaragua. Les lieutenants Bill Williams et Clayton C. Jerome participèrent aux prises de vue avec d’autres pilotes des escadrilles d’observation VO-10M et VO-8M, cette dernière ayant participé à la bataille d’Ocotal.

 Lors des dix-huit minutes de scènes aériennes de très bonne qualité on aperçoit un grand nombre d’avions des Marines. Au début du film, on voit atterrir un Boeing FB-1 (A 6891), un chasseur portant les marques de la VF-6M de retour de Chine et basée à San Diego depuis octobre 1928. Les avions école sont de rustiques Consolidated NY-1B de la VN-7D11 également basée à North island.

 Les autres avions sont des Curtiss OC-2 Falcon (dont les A7952,7954, 7958, 7959, 7966) un avion à tout faire : observation, bombardement, mais aussi transport, liaison, évacuation sanitaire. Bien que cet avion ait été affecté au "maintien de l’ordre" au Nicaragua, il n’arriva qu’en 1928, après les événements relatés. A Ocotal, les Marines étaient encore équipés de De Havilland O2B-1, des DH-4 construits par Boeing, et à Quilali, ils avaient troqués ces vieux appareils contre des Vought O2U-1 Corsair.

 

Christian Santoir

 * Film disponible sur YouTube

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