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Chuck YEAGER

 

Chuck YEAGER  

"OLD SOLDIERS NEVER DIE"

 


Une silhouette se détache dans l’immensité du désert de Californie. La scène est rendue presque irréelle par les brumes de chaleur qui brouillent la vision. Au loin une funeste colonne de fumée noire s’élève marquant le point d’impact du F-104. Une ambulance de l’armée fonce vers les lieux de la catastrophe quand le conducteur se retournant vers son passager demande en désignant un point perdu dans l’immensité "Là ! est-ce que c’est bien un homme ? " Un large sourire illumine alors le visage jusque là fermé du colonel de l’Air Force. Et la réponse fuse "oui c’est vraiment un homme". Cet homme, qui apparaît dans cette scène tirée du film "L’Étoffe des héros", sous les traits de l’acteur Sam SHEPARD, c’est Charles " Chuck " YEAGER.

 
Chuck Yeager et Sam Shepard dans 'L'Etoffe des Héros".

 
Le Général Charles YEAGER est certes une homme, mais il devenu une légende vivante de l’aviation.

Charles E. YEAGER, né en 1923 dans une Amérique rurale, suivit une préparation militaire avant de s’engager dans l’armée en septembre 1941. Ayant été admis au cours de pilotage en juillet 1942, il fut breveté en mars 1943 et promu Flight Officer. Il avait tout juste 20 ans.

Affecté tout d’abord au 363rd Fighter Squadron volant sur P-39, il fut envoyé outremer en novembre. Ayant rejoint en Angleterre le 8th Fighter Command, il servit au sein du fameux 357th Fighter Group qui mettait en œuvre les tout nouveaux P-51B Mustang. La mission principale des groupes de Mustang consistait alors à escorter les bombardiers lourds du Bomber Command et s’en prendre ensuite à tout objectif d’opportunité, rencontré sur le chemin de retour. Dès ses premiers vol de guerre, YEAGER démontra de grandes qualités de pilote et de combattant qui lui permirent d’obtenir l’homologation de deux victoires aériennes (un Bf 109 et un He 111). Cependant il fut abattu le 5 mars 1944, près de Grignols (33), au cours de sa huitième mission. Ayant pu faire usage de son parachute, il échappa aux recherches entreprises par les Allemands et grâce à l’aide du maquis local, puis d’une filière d’évasion, il put être exfiltré par l’Espagne.

Il ne rejoignit finalement son unité qu’en juillet 1944. Il effectua encore 56 missions et fut crédité de 11 nouvelles victoires (parmi lesquelles 2 Me 262). Promu sous-lieutenant au cours de l’été, il était élevé directement au grade de capitaine en octobre.

Le capitaine YEAGER regagna les États-Unis au début de l’année 1945. Et servit en tant qu’instructeur sur la base de Perrin Field au Texas. Transferé à Wright Field, il participa à l’évaluation des premiers prototypes de chasseurs à réaction développés pour l’USAAF. C’est ainsi qu’il prit les commandes des nouveaux P-80 et P-84 ainsi que de celles de nombreux appareils capturés, allemands ou japonais. Ayant acquis une expérience appréciable en tant que pilote d’essais, Chuck YEAGER fut tout naturellement désigné pour participer au programme de développement de l’avion fusée Bell X-1 dont l’objectif était de franchir le mur du son. Désigné Officier de programme, Charles Yeager arriva à Muroc (dans le désert de Californie, aujourd’hui Edwards AFB) au cours de l’été 1947.

Après quelques vols d’essai, le X-1 piloté par le major YEAGER fut largué par un B-29, le 14 octobre, et franchit officiellement, pour la première fois au monde, la barrière sonique. Chuck poursuivit pendant plus d’un an le programme d’essai pulvérisant régulièrement le mur du son... Il parvint dans le même temps à faire monter son appareil jusqu’à 21 340 mètres.

En 1953, décollant de la piste de Muroc, il poussa une version amélioré du Bell, le X-1A, jusqu’à Mach 1,5 (une fois et demie la vitesse du son). Après un passage au Staff College à Maxwell AFB, Charles YEAGER fut renvoyé en Europe en 1955 pou y prendre le commandement du 417th FS sur la base de l’USAFE de Hahn en RFA, puis à Toul-Rosières. Chuck YEAGER connaissait bien la France car, outre son expérience de la clandestinité en 1944, il avait fait plusieurs passages au CEV, dans la première moitié des années 1950, pour tester les prototypes français de pointe (Ouragan et Mystère) "et leur sortir les tripes", dans une série de tests comparatifs avec le F-86 Sabre de North American.

De retour au États-Unis en 1957, il prit le commandement du 413rd Fighter Squadron, puis du 1st Fighter Squadron doté de F-100.

Diplômé du Air War College en 1961, il prit la tête de l’ Aerospace Research Pilot School (devenu depuis, l' USAF Test Pilot School). C’est dans cette structure qu’étaient formés à cette époque les premiers astronautes issus des forces armées. 
 
 
Chuck Yeager et Jackie Cochran (détentrice de nombreux
records de vitesse) à l'issue d'un vol sur T-38
en 1962.

En décembre 1963, Chuck YEAGER testait un NF 104 Starfighter dont la puissance avait été augmentée par l’ajout d’un moteur fusée. Il perdit le contrôle de son appareil à l’altitude incroyable de 33 130 mètres. Il parvint à s’éjecter après avoir en vain essayé de récupérer la vrille dans laquelle son chasseur était installé. Il fut à ce titre le premier pilote équipé d’une combinaison pressurisée à réussir une éjection. À compter de 1966, il prit part à la tête du 405th Fighter Wing basé à Clark, aux Philippines, à l’engagement américain au Sud Vietnam. Il effectua pas moins de 127 missions de guerre au commande d’un F-4 Phantom !


Rentré au États-Unis en 1968, affecté au 4th Tactical Fighter Wing. Il fut immédiatement réexpédié dans une zone de conflit latent, puisque l’unité, dont il était le chef, fut déployée en Corée pendant la crise de l' USS "Pueblo".

Par la suite, Chuck YEAGER, nommé Général de brigade en 1969, occupa plusieurs postes en état-major au sein de la 7th AF puis de l’USAFE, enfin il fut nommé attaché militaire au Pakistan. Il quitta le service actif en 1975. Il est en outre détenteur des plus prestigieuses décorations civiles et militaires américaines (parmi lesquelles la très fameuse médaille d’Honneur du Congrès).

Chuck YEAGER qui, avant de s’engager, n’avait pas fait d’études supérieures, fut honoré du titre Honoris Causa de docteur ès-sciences de plusieurs universités. En 1986, il fit partie de la commission d’enquête constituée consécutivement à l’explosion en vol de la navette spatiale Challenger.

Chuck YEAGER, père de quatre enfants et plusieurs fois grand père, a perdu son épouse Glynnis décédée en 1990. Le nom de Glynnis avait jusqu’alors été porté par tous les appareils pilotés par son mari, y compris le X-1 de 1947 !

Au cours de sa carrière Chuck a accumulé plus de 14 000 heures de vol dont 13 000 sur avions d’armes. Il prit les commandes de 201 types d’appareils différents parmi lesquels les SR 71, F-15, F-16, F-18 F-20. Il fut consultant pour l'Air Force Flight Test Center d'Edwards Air Force Base. À ce titre, il effectua à la fin de l’année 2002 son dernier vol sur avion de combat (un F-15 biplace, voir ci-dessous) mettant ainsi un terme à une carrière commencée 60 ans plus tôt sur AT-11 (seul Buck Danny, un héros de BD, peut en dire autant !).
 

E
n 2009, Yeager partcipa au tournage du film documentaire "The Legend of Pancho Barnes and the Happy Bottom Riding Club", au sujet de son amie Pancho Barnes. 
 
Yeager mourut le 7 décembre 2020 à l'âge de 97 ans, dans un hôpital de Los Angeles.
 
 
En savoir plus encore ?
http://www.chuckyeager.com


 
Crédits photos : Science Photo Library / US Air Force, bellesmachines.com, lecharpeblanche.fr 

 

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