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RAK SIAM TAO FAH

 
RAK SIAM TAO FAH / รักสยาม

(Aime le Siam autant que le ciel)

Titre anglais : First flight

 

Année : 2008
Pays : Thaïlande
Durée : 1 h 35 min.
Genre : Action
Couleur

Réalisateur : Thanit Jitnukul
Scénario : Kongkiat Komsiri

Principaux acteurs :

Sornram Thepitak (Duang), Songporn Thongmark (Malai), Khajohnsak Rattanisai (Luang Gat), Wuttichai Maikan (Roy Toe Rat), Padungsak Kitwanitkajorn (Roy Toe Toy Thep), Nattawut Suvanarat (Roy Toe Neung Suknan), Kritsada Tatcharatipat (Roy Toe Dam Geun), Chirakit Suwannarath (Roy Toe Asada), Tom Claytor (Pierre)

Photographie : Terawat Rujinatam
Producteurs : Thanit Jitnukul, Nicky Tamrong, Saharat Vilainet Phla Bhutpetch

Avions :

  • -Breguet 14, maquettes éch. 1/1

 

Notre avis :

La production de ce film réalisé par une jeune équipe de cinéastes thaïlandais commença en 2002, pour s'achever en 2007, après avoir essayé au moins trois scripts, changé cinq fois de réalisateurs, quatre fois de producteurs et trois fois de titres ! C'est, à notre connaissance, le premier film d'aviation thaïlandais.

 "First flight" se propose de raconter les débuts de l'aviation au royaume de Siam. Le premier avion à se poser dans le pays, en 1911, fut une machine française, un Farman, pilotée par un Belge venant de Saïgon... Mais ce pilote n'assura pas la formation des premiers aviateurs siamois. Le Siam (qui deviendra la Thaïlande, en 1939) fut le premier pays de l'Asie du sud-est à mettre sur pied une force aérienne indépendante, dès avant la première guerre mondiale. En 1912, trois officiers, ingénieurs du génie, furent envoyés en France pour apprendre le pilotage et la mécanique aviation. Revenus dans leur pays, l'année suivante, avec leur brevet militaire et huit Breguet et Nieuport, ils créèrent une Section aérienne au sein d'un Bataillon de l'Air. Ils organisèrent un programme de formation de pilotes, mais aussi de mécaniciens pour réparer et construire des avions. En 1915, l'armée siamoise assemblait elle même ses premiers biplans Breguet. En 1917, le Bataillon de l'Air comprenait une douzaine d'avions. La guerre de 14-18 fut l'occasion d'accroître ce bataillon tout en le perfectionnant.

 Le film commence en 1914, quand un officier de l'armée siamoise, le colonel Luang Gat, de retour de France, est chargé par l'Etat Major de mettre sur pied une section aérienne. Il fait appel à Pierre Pupong, un pilote instructeur français, qui pourra l'aider dans cette lourde tâche. Seuls, les officiers issus de la noblesse ou des classes aisées, peuvent prétendre à s'engager dans cette nouvelle arme. Mais, un jeune paysan, Duang, que les avions font rêver, essaie de se faire enrôler. Il est finalement embauché comme mécanicien par Pierre, qui usera de son influence pour lui permettre de suivre les cours de pilotage. En attendant, il doit subir les brimades des cadets qui ne sont pas de son milieu. Il parvient néanmoins à séduire Malai, la fille d'un homme riche. Luang a de grosses difficultés à maintenir l'intégrité de son groupe, et doit s'opposer au scepticisme des fonctionnaires du Ministère de la Défense. L'instruction est ralentie par les mauvaises infrastructures. Le terrain est situé près d'un marécage et les avions s'embourbent souvent, sans parler des buffles venus des rizières alentour, qui parfois chargent les pilotes et leurs appareils ! Malgré tout, après quatre mois d'un entraînement intensif, les nouveaux pilotes, dont Duang, finissent par faire la démonstration de leurs aptitudes devant les autorités royales. Puis, ils sont envoyés en France pour combattre les Allemands. L'aviation royale siamoise compte ainsi ses premières victimes qui sont honorées lors du retour des troupes au pays.

 Ce film essaie de raconter une histoire assez peu connue en Occident (Cf. les numéros 151 et 161 de la revue « Avions »). Il n'est pas exempt de maladresses : le pilote français parle avec un fort accent anglais; le diplomate français a l'air de chercher ses mots en parlant dans sa langue, etc... La vérité historique y est aussi plutôt bousculée. Ainsi, ce n'est pas un pilote français venu au Siam qui instruisit les premiers aviateurs locaux (comme précisé plus haut). Le film montre, à la fin, des Nieuport 17 pilotés par des Siamois affrontant des Allemands, ce qui est inexact. Le 22 juillet 1917, après quelques atermoiements, le roi Vajiravudh (Rama VI) déclara la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche Hongrie, pour des raisons opportunistes. Le royaume de Siam envoya en France un petit corps expéditionnaire, dont des aviateurs, pour servir sous commandement britannique et français. Les Siamois arrivèrent en France en juin 1918; 115 volontaires commencèrent leur entraînement à l'école d'aviation d'Istres, pour former une escadrille de chasse, une de reconnaissance et une autre de bombardement; 94 élèves reçurent leurs brevets et 28 des meilleurs furent envoyés à l'école de chasse de Pau, puis à l'école de tir aérien de Cazaux. La guerre se termina avant qu'ils aient pu participer aux combats... Ils demeurèrent néanmoins dans les escadrilles françaises et participèrent à l'occupation de l'Allemagne. Ils rentrèrent au pays en 1919. Les seuls avions que combattirent les pilotes thaï, beaucoup plus tard, furent des avions…français, lors d'un conflit frontalier avec l'Indochine, entre novembre 1940 et janvier 1941 (Cf. « Le Fana de l'aviation » n° 450).

 Ce film fait par des jeunes, pour les jeunes, émaillé des scènes humoristiques, manque vraiment d'action. Beaucoup trop de temps est passé au sol, à discourir, aux dépens des scènes aériennes qui auraient dû être privilégiées, à condition, bien sûr, de disposer d'avions…

 

Les avions du film :

 La production fit construire quatre maquettes grandeur réelle de Breguet 14, pour les vues rapprochées de l'avion au sol ou en studio. Ces maquettes apparaissent assez peu conformes, tant par leurs dimensions que par leurs formes (l'aile supérieure a l'air d'avoir un dièdre négatif; l'hélice est située en haut du radiateur qui est de plus, mal reproduit..). Les décorateurs avaient pourtant sous les yeux l'excellente réplique construite en 1980, par Robert Payen, pour « Les Faucheurs de marguerites » et exposée, depuis, au musée de la Royal Thaï Air Force de Bangkok. Le Breguet 14 ne fut pas le premier avion siamois, qui aurait été plutôt un Nieuport. Mais le Breguet fit montre d'une extrême longévité dans l'Aviation Royale Thaï, puisqu'il était encore en service en 1940 !

 Ce film est le premier film thaïlandais à incorporer des scènes filmées en l’air, à partir d'un PZL 104 « Wilga » et d'un Cessna 206. Ces images servirent d'arrière plan aux images 3D représentant les Breguet en vol. Les évolutions de ces derniers furent copiées sur celle d'un véritable avion, un Travel Air 2000 (HS-PSP) « Miss Siam ». Cet appareil, nouvellement restauré en 2003, et qu'on ne voit pas, appartient à la Fondation pour la Préservation et le Développement des Avions Thaïlandais.

 A la fin du film, les pilotes siamois volent sur quatre Nieuport 17 en images de synthèse, combattant des Nieuport allemands tout aussi « synthétiques », dans un environnement entièrement reconstitué sur ordinateur ! On se croirait dans "Flyboys", mais en moins bien… Les avions allemands, copies de Nieuport 17, pourraient être des Siemens Schukert DI (équipés de cônes d'hélice), plutôt rares sur le front, ou des Euler DI, encore plus rares…

 

Christian Santoir

*Film (en Thaï) en vente sur ebay.com

 

 

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