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SIPA S.121

 Le SIPA S.121

Un avion furtif … sur les écrans



Le SIPA S.121 était un développement de l'appareil d'entraînement allemand Arado Ar. 96 auquel il était censé succéder. Cette avion devait être de construction et de mise en œuvre simple, utilisant des matériaux non stratégiques, comme le bois. Deux versions étaient prévues, l'Arado Ar. 396 A-1 pour l'entraînement à la chasse et l'A-2 pour l'entraînement au vol aux instruments. Le premier prototype
(voir ci-dessous) fut achevé à la fin de l'été 1944, alors que les essais des prototypes ultérieurs se poursuivirent jusqu'à la fin de l'année, à Rechlin  (Arado Ar. 396 V4, SO+DD). La production avait été confiée à la société française SIPA (Société Industrielle pour l'Aéronautique) située à Suresnes, mais elle fut transférée à la Tchécoslovaquie chez Avia et Letov, suite à l'avance des Alliés en France. 

Fig.1. Arado Ar.396 V1 construit en France; moteur et hélice
bipale Argus à pas variable automatique

Sa construction fut délibérément freinée par les Français et seuls trois prototypes avaient volé pendant que l'usine était encore sous contrôle allemand. La production reprit lentement après la libération de la France avec une petite série d'une trentaine d'appareils dénommés "SIPA S.10", pour équiper la nouvelle Armée de l'Air. Le n° 01 de présérie vola à Bourges à la fin de 1944, l'exemplaire n° 05, ne fit ses essais de réception au CEV de Villacoublay, qu'en octobre 1945. En 1946, sortit une nouvelle version à verrière coulissante, le S.11, construite à cinquante exemplaires. Une nouvelle série est lancée en 1950, le S.111, avec des équipements améliorés. En 1951, sort une version entièrement métallique, le S.12. En 1954, apparut enfin le S.121, équipé pour l'entraînement à la radionavigation. Les avions furent affectés au CEV et à l'école de Salon de Provence. 


Fig.2. SIPA S.10, moteur Renault et hélice tripale à pas
variable électrique

En 1956, ces avions sont armés pour servir en Algérie comme avion d'observation, mais aussi d'appui feu. En France, le SIPA commence à être remplacé, en école, par les premiers Morane-Saulnier 733. Ils sont alors reversés aux Centres d'Entraînement des Réserves et aux escadrilles de liaison. Coûteux à entretenir, les SIPA sont tous réformés, entre 1959 et 1962.

Sur les 234 SIPA de tout type construits, un seul avait échappé aux ferrailleurs, au début des années 70. En 1973, le SIPA S.121, F-WLKH puis F-BLKH (c/n 57), fut acquis par Jean Salis et vola au sein de l’ Escadrille du Souvenir. C'est alors qu'il fit une entrée timide sur le grand écran. 

Fig.3. Le SIPA S.121 F-BLKH, débarrassé de sa livrée militaire
en juin 1976.© Alain Picollet

 Il apparaît pour la première fois dans le film « Le train » (1973) de Pierre Granier Deferre, où on le voit filer à toute vitesse, au-dessus d'une ferme. Il joue le rôle d'un Messerschmitt Bf-109, la place arrière ayant été occultée par de la peinture. Il est décoré comme un Bf-109G d'Erich Hartmann, avec sa "tulipe" noire autour du nez de l'appareil (mais sans le cœur rouge « Karaya »), une casserole d’hélice jaune et les chevrons de Gruppen Kommandeur sur le fuselage. La même année, il tourne dans "Mais où est donc passée la 7° compagnie ?" où il descend un North American T-6 qui joue le rôle d'un Curtiss H-75 ou d'un Bloch.152 français. En 1975, on le revoit rapidement faire un tonneau pendant le générique de la suite de cette comédie troupière, "On a retrouvé la 7° compagnie". 

 

Fig.4. Le F-BLKH en costume de scène © Tony Clarke

Il réapparait un peu plus longuement dans le film anglais "L’aigle s’est envolé" (1976), où il décolle, de nuit, pour emmener un agent allemand en Angleterre. Après le tournage, l’avion fut présenté en vol à Old Warden, en juin 1976.

Cet appareil qui participa à tous les meetings de la Ferté-Alais de 1974 à 1978, au sol ou en vol, fut détruit après une vrille à plat, le 15 octobre 1978, entraînant la mort des deux occupants. Son épave fut dispersée. C’est ainsi qu’en 1983, un promeneur trouva des morceaux de fuselage, d’ailes, la dérive, dans un buisson, en bordure d'une petite route menant à Marquise (Pas-de-Calais) ! Le  Deutsches Technikmuseum de Berlin détient également des morceaux du F-BLKH (ailes, arrière du fuselage avec stabilo et roulette de queue…). Aucun SIPA S.121 ou Arado Ar.396, n’a été préservé, ni au Musée de l’Air et de l’Espace, ni ailleurs. 

- o0o -


Le SIPA S.121 fut, comme le Bf.108 / Nord 1000 ou le Pilatus P2, voué à jouer les "Messerschmitt" quand on n'avait pas de H.A. 1112 Buchon sous la main ou les crédits suffisants pour en louer un. Il fut donc un remplaçant bien pratique, mais jamais très convaincant, car il n'avait pas plus le "physique" de l'emploi que les autres doublures. Il semblerait que le souvenir de cet oiseau rare se soit rapidement dissipé, même chez ses anciens propriétaires, seuls restent donc aujourd'hui ses passages éclairs dans les films. Dommage !



Filmographie non exhaustive :

  • Le Train (1973)
  • Mais où est donc passée la 7° compagnie ? (1973)
  • On a retrouvé la 7° compagnie (1975)
  • L’aigle s’est envolé (1976)


Bibliographie sommaire :

  • -FAYER Jean Claude [2002] – "Prototypes  de l'aviation française 1945-1960" - Boulogne Billancourt, ETAI, 320 p.
  • -GILBERT Nëel [1977] - "Les SIPA S.10 à 121". in : Le Fana de l'Aviation n° 91, 92, 93, 94, 95.
  • -KOOS Volker [2007]- "Arado Flugzeugwerke 1925-1945". Königswinter, Heel Verlag, 128 p.
  • -KRANZHOFF Jörg Armin [1997]- "Arado. History of an aircraft company" - Atglen PA, Schiffers Pub. Ltd.,167 p.
  • -NARBONNE Roland de [2006]- "4 juillet : du neuf avec du vieux : le SIPA S.11". in : Le Fana de l'Aviation n° 440, 74-77 pp.

  

Christian Santoir

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