Paul MANTZ
L’aviateur d’Hollywood
Tout commence le 2 août 1903 à Alameda (Californie) où Albert Paul Mantz naquit. Son père était directeur d’école. Le virus de l’aviation le contamine très tôt. A 16 ans, il prend ses premiers cours de pilotage. Après un tour du monde sur un vieux vapeur, il réussit en 1927, à s’engager dans l’Armée comme élève pilote en utilisant un curriculum quelque peu falsifié. Dans l’US Army Air Corps on ne gagne pas d’argent mais on peut voler sur des avions dernier cri. Peu avant la fin de sa formation, il a le malheur de frôler de trop près avec son PT-1 un train plein d’officiers ! Finie la carrière militaire, il est viré avec un carnet de vol où figure la mention « excellent ».
Un de ses amis de l’Armée lui trouve une place de représentant des avions Fleet. Un jour, à Burbank, Mantz assiste au tournage d’un film et rencontre des cascadeurs, des gars puant l’essence et le mauvais whisky, qui gagnent gros au prix d’une vie aussi violente que courte. Mais, pour entrer dans leur association, la « Motion Pictures Pilots Association », qui exerce un véritable monopole à Hollywood, on doit d’abord décrocher un contrat auprès des studios. Le but de Mantz est de rejoindre cette association mais en la transformant en une entreprise commerciale avec des pilotes de qualité, des avions modernes, une base opérationnelle et une assurance pour protéger les studios des éventuels délais toujours très coûteux. Sur le conseil de Roscoe Turner, un pilote toujours sanglé dans un uniforme fantaisie impeccable, il rencontre la présidente « Pancho » Barnes, un sacré phénomène, vrai garçon manqué qui porte blouson de cuir et pantalon de cheval; si elle mâche son cigare, elle ne mâche pas ses mots qui feraient rougir un troupier : l’anti Amélia Earhart ! C’est elle qui a organisé les pilotes cascadeurs en association quand les studios leur faisaient prendre des risques inconsidérés pour une poignée de dollars. Maintenant il y a un tarif syndical pour tout : une vrille dans un avion en feu sans crash : 50 $, une vrille jusqu’au sol avec pot à fumée : 1 200 $, etc…Elle propose à Mantz d’accepter le travail dont les autres ne veulent pas. En 1931, il décroche son premier petit contrat dans le tournage du film « The galloping ghost ». Avec les 100 $, qu’il a gagnés il peut entrer dans la MPPA .
Il ouvre sa première société l’« United Air services Ltd. » à l’aéroport d’United de Burbank. Mais les affaires sont rares. Un jour, Frank Clarke, le plus célèbre pilote de la MPPA lui signale une cascade qu’il n’ose pas faire ; traverser un hangar guère plus large que son Stearman. Mantz accepte et réussit parfaitement la scène. Le film, « Airmail » (1932), lui rapporte enfin de l’argent. Mais pour maintenir sa société à flot, il doit continuer ses autres activités :vols charters, publicité aérienne, épandage agricole,. Il met au point un nouvel avion caméra, avec chauffage électrique, supports de caméras améliorés. Il apprend beaucoup du grand spécialiste des prises de vues aériennes, Elmer Dyer .
En 1932, il achète deux Lockhed Vega dont l’un deviendra son « Honeymoon express » qui emmène les couples vers Yuma pour des mariages rapides, et vers Reno, pour des divorces non moins rapides. Cet avion pouvait servir également d’avion ambulance. Les activités d’«United Air Services» se développant rapidement, des pilotes du MPPA se joignent à lui comme Franck Tomick, Tex Rankine, et même « Pancho » Barnes.
Dans « Men with wings » (1938), la première fresque épique de l’aviation tournée en Technicolor et la plus grosse production depuis « Hell’s Angels », Mantz reçoit la charge de diriger toute les évolutions aériennes comme conseiller technique de Wellman, au grand dam de Franke Clarke. Paul Mantz est passé derrière la caméra et se produit de moins en moins comme pilote.
En plus du cinéma, Mantz apparaît dans plusieurs meetings, notamment les National Air Races. Avec Frank Clarke, Howard Batt, il forme le « Hollywood trio », une des premières formations acrobatiques civiles. Avec Clarke, il met au point une figure « en miroir », Mantz volant sur le dos, ses roues touchant presque celles de Clarke.
Depuis 1935, Mantz est également l’ami et le conseiller d’Amelia Earhart, notamment pour son tour du monde, en 1937. Elle s’entraîne chez lui à Burbank : vol aux instruments, navigation, pilotage sur multimoteurs. Mantz n’est pas très satisfait de son élève et pense qu’elle n’est pas prête pour une si dure épreuve. Son promoteur de mari accorde trop d’importance au côté financier du raid (livres, interviews, films, publicité). On connaît la suite tragique.
Bien qu’étant le contraire d’un casse-cou (avant son crash fatal, il n’eut qu’un accident dans toute sa carrière, une clavicule cassée pendant le tournage de « Grand Central airport » en 1933), il lui arrivait de se livrer, de temps en temps, à quelques facéties, comme le jour où apercevant un porte-avion traversant la baie de San Francisco, il fit avec son Boeing 100 un touch and go sur le pont devant de marins ahuris !
La fin des années trente et le début des années quarante furent des années très actives pour Mantz. Les studios le demandaient tous, enchaînant séries, films d’amour, westerns, toujours avec des avions. Il apparaît même dans une brève séquence de « The bride came COD » (1941).
En 1942, après l’entrée en guerre des Etats-Unis, le général « Hap » Arnold décide de créer un service cinématographique dépendant de l’Armée : l’« Army Air Corps First Motion Picture » qui s’installe à « Fort Roach » (les anciens studios de Hal Roach) à Culver City. Deux mois plus tard, Mantz est enrôlé avec le grade de major, puis de Lieutenant-Colonel, et devient rapidement le commandant de cette unité que rejoignent des vedettes populaires telles que Clark Gable, Alan Ladd, Ronald Reagan. Mantz enrôla également son vieux rival Frank Clarke et Elmer Dyer. Cette unité produisit plus de 400 films documentaires ou destinés à la formation des pilotes : « The Memphis Belle », « Learn and Live », « Target Tokyo », « Flying the P-39 »... En 1943, Mantz participa à des missions de bombardement sur Palerme et Rome. En août 1944, il quitte le MPPU, libre de tout engagement, suite à un sombre complot ourdi par Frank Clarke, son ennemi personnel de toujours.
Revenu à la vie civile, il reprend son activité de charter et de cinéaste aérien. L’après guerre connaît un regain d’activité à Hollywood et sa société, la « Paul Mantz Air Services » n’arrive pas à satisfaire la demande. En outre, d’énormes surplus militaires composés parfois d’avions sortant directement de l’usine, sont en vente pour une poignée de dollars. C’est ainsi que Mantz peut se payer une véritable flotte aérienne composée de 75 B-17, 228 Liberators, 10 Mitchell, 22 Marauder, 8 Mustangs, 6 Airacobras, 90 P-40 et 31 Thunderbolts, plus une trentaine d’avions divers. La force aérienne de Paul Mantz vient en 7° rang des forces aériennes mondiales après la France ! Un B-25 est transformé en avion caméra et baptisé « Smasher ». Il restaure également trois Mustangs qui vont lui permettre de gagner trois fois le Trophée Bendix entre 1946 et 1948, ainsi que d’établir des records de vitesse sur le parcours Los Angeles-Houston-Mexico-Burbank.
En 1952, Mantz équipe le « Smasher » d’une caméra à trois objectifs pour filmer en Cinérama. Il tourne des scènes à travers tous les Etats-Unis pour le film « America the beautiful ». En 1953 et en 1954, il effectue deux tours du monde avec le « Smasher » et l’équipe du Cinérama, ramenant des images saisissantes des plus beaux sites de la planète. En 1957, Howard Hughes lui demande de refaire les prises de vue aériennes de « Jet pilot » qui lui ont déjà coûté 180.000 $. A cette occasion Mantz fait appel à son vieil ami Chuck Yeager.
Pendant que Mantz s’occupait à plein temps du Cinérama, un certain Frank Tallman montait une société concurrente. En 1961, Frank Tallman et Paul Mantz unissent leurs flottes d’avions, leur hangars et leur noms pour fonder la « Tallmantz Aviation » et un musée volant appelé « Movieland of the air ».
En 1965, pour le film «The flight of the Phoenix», il accepte de remplacer Frank Tallman qui s’est cassé la jambe, pour piloter le «Phoenix», un appareil crée à partir de plusieurs pièces d’avions différents, un monstre qui n’aurait jamais dû voler. Le matin du 8 juillet, dans Buttercup Valley, la Mort était son copilote et l’avion s’écrasa lors d’un dernier passage devant les caméras...
Tel l’oiseau Phoenix, Paul Mantz était devenu
immortel. Il sera en effet, toujours vivant dans de vieux films d'aviation tournés avec des vrais avions pilotés par des experts.
Filmographie :
- Air Mail 1932 pilote
- Parachute Jumper 1933 pilote
- Central Airport 1933 pilote
- Flying Devils 1933 pilote
- Night Flight 1933 pilote
- Here Comes the Navy 1934 pilote
- Change of Heart 1934 photographie aérienne (non crédité)
- Devil Dogs of the Air 1935 pilote
- West Point of the Air 1935 pilote
- The Dictator 1936 pilote
- Ceiling Zero 1936 conseiller technique, pilote
- Suzy 1936 coordinateur des scènes aériennes
- China Clipper 1936 pilote
- The educating father 1936
- The Country Doctor 1936 pilote
- Sins of Man 1936 pilote
- The Border Patrolman 1936 pilote
- Border patrol 1936
- Love On The Run 1936 pilote
- Love Takes Flight 1937 photographie aérienne
- Flight from glory 1937 non crédité
- The Woman I Love 1937 pilote
- High Flyer 1938 scènes aériennes
- Men With Wings 1938 pilote
- Too Hot to Handle 1938 pilote
- Flight to Fame 1938 pilote
- Test Pilot 1938 directeur des scènes aériennes
- Eternally Yours 1939 directeur de la photographie aérienne (non crédité)
- Tail Spin 1939 directeur technique
- Only Angels Have Wings 1939 conseiller technique, pilote
- Wings of the Navy 1939 directeur de la photographie aérienne (non crédité)
- Coast Guard 1939 pilote
- 20,000 Men A Year 1939 conseiller technique
- Flying G men 1939 Non crédité
- The House Across the Bay 1940 pilote
- Isle of Destiny 1940 coordinateur des scènes aériennes, pilote
- Men Against the Sky 1940 conseiller technique
- Hired Wife 1940 pilote
- Charter Pilot 1940 pilote
- Terry and the Pirates 1940 coordinateur des scènes aériennes
- Flight Command 1940 pilote, cameraman aérien
- Foreign Correspondent 1940 pilote
- The Face Behind the Mask 1941 pilote
- I Wanted Wings 1941 pilote
- The Bride Came C.O.D. 1941 pilote, acteur (pilote)
- International Squadron 1941 pilote
- A Yank in the RAF 1941 pilote
- Flying Cadets 1941 pilote
- Keep 'Em Flying 1941 pilote
- Flying Blind 1941 séquences aériennes
- Dive Bomber 1941 séquences aériennes, chef pilote
- Young America 1942 pilote
- Captains of the Clouds 1942 pilote
- Flying Tigers 1942 pilote
- Thunder Birds 1942 pilote
- A Guy Named Joe 1943 coordinateur des scènes aériennes
- Air Force 1943 séquences aériennes, chef pilote
- Live and Learn 1943 pilote
- Briefing for the North Atlantic 1943 directeur de la photographie aérienne
- Learn and Live 1943 directeur de la photographie aérienne
- Adventures of smilin' Jack 1943 Non crédité
- For Whom the Bell Tolls 1943 pilote
- High Barbaree 1945 avion
- Gallant Journey 1946 séquences aériennes, chef pilote
- Best Years of Our Lives 946 directeur de la photographie aériuenne
- Jungle Flight 1947 pilote
- The Beginning of the End 1947 irecteur de la photographie aériuenne
- Blaze of Noon 1947 superviseur de l’unité aérienne, pilote
- Fighter Squadron 1948 coordinateur des scènes aeéiennes
- Command Decision 1948
- Twelve O'Clock High 1949 pilote, avion caméra
- Task Force 1949 coordinateur des scènes aeéiennes
- Borderline 1950 superviseur de l’unité aérienne
- Chain Lightning 1950 coordinateur des scènes aériennes, construction d’avion
- Sky King (série) 1951 conseiller aérien, première saison
- Flying Leathernecks 1951 avion caméra
- This is Cinerama 1952 avion caméra
- Above and Beyond 1953 avion caméra
- Them ! 1954 pilote
- Top of the World 1955 (filmé en 1952) avion caméra
- Cinerama Holiday 1955 directeur aérien, avion caméra
- Strategic Air Command 1955 superviseur de l’unité aérienne
- Around the World In Eighty Days 1956 pilote
- Toward the Unknown 1956 directeur aérien
- Seven Wonders of the World 1957 directeur aérien, avion caméra
- Courtmartial of Billy Mitchell 1956 coordinateur des scènes aériennes
- The Miracle of Todd A-O 1956 avion caméra
- Deluxe Tour 1956 directeur de la photographie aérienne
- The Wings of Eagles 1957 pilote
- Spirit of St. Louis 1957 construction d’avion, superviseur des scènes aériennes, avion caméra.
- Jet Pilot 1957 directeur de la photographie aérienne
- America the Beautiful 1958 avion caméra
- How the West Was Won 1962 avion caméra
- It's A Mad Mad Mad Mad World 1963 avion caméra; collaboration avec Frank Tallman
- A Gathering of Eagles 1963 directeur aérien, avion camera
- Flight of the Phoenix 1966 pilote, construction d’avion, coordinateur des cascades.
Christian Santoir
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