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VITEZNA KRIDLA

 

VITEZNA KRIDLA

(Les ailes de la victoire)

 

 

 

Année : 1951

Pays : Tchécoslovaquie

Genre : drame

Durée : 1 h 35 min.

Noir et blanc

Réalisateur : Cenek DUBA
Scénario : Čeněk DUBA,Jiri MAREK , Miroslav SKALA

Acteurs principaux :
Rudolf KRIVANEK (Franta Ronek), Jiri ADAMIRA         (Ruda Kolar), Eduard DUBSKY (Paukner), Vlasta FIALOVA (Lida), Josef BENATSKÝ (Santroch)

Musique : Jirí SUST
Photographie : Bohumil KOLATOR
Compagnies productrices : Ceskoslovenský Státní Film

Avions : 

  • -Letov LF-107 Luñàk, OK-8730, 8731
  • -Praga BH-39G , OK-SMA
  • -Siebel Si-204 D,  OK-ADP 
  • -Zlin Z-23 Honza, OK-5678
  • -Zlin Z-25 Šohaj, OK-8843

 

Notre avis :

Le vol à voile était très à la mode au début des années cinquante dans les pays socialistes car permettant aux masses populaires d'accéder, à peu de frais, au sport aérien, réservé autrefois à une classe de privilégiés. La même année, avait été réalisé, en Pologne, un film sur ce sujet, "Piezwszy start", réalisé par un spécialiste des films d'aviation. Il en est de même, en Tchécoslovaquie, sauf qu'ici, c'est le premier film d'aviation de Cenek Duba qui en réalisera deux autres, en 1958 et 1959. Ces films sont formatés dans le même moule et exaltent les vertus du socialisme, avec pour toile de fond la lutte des classes. Le film de Duba n'est d'ailleurs pas sans rappeler "Les copains du dimanche" (1958), réalisé par Henri Aisner et produit par la CGT.

"Vitezna kridla" se déroule parmi les travailleurs d'une usine d'aviation qui possède un club de vol à voile. Lida, la fille d'un verrier, fréquente les garçons du club, dont Franta Ronek, un ouvrier, et Ruda Kolar, un ingénieur, ce qui fait que les deux ne s'aiment guère... Un jour, alors que Franta décolle avec un planeur, le câble du treuil ne se décroche pas. Il finit par se rompre, mais une grande partie traîne derrière l'appareil et Franta fait un atterrissage très dur. Il n'est que légèrement blessé et accuse Ruda, qui manoeuvrait le treuil avec Lida, d'avoir fait une faute d'inattention. A l'usine, on construit deux nouveaux planeurs. Ils sont essayés par Ruda, avant de participer, peu après, à une compétition internationale, en Pologne. Le planeur piloté par Ruda est abimé à l'atterrissage et l'équipe tchécoslovaque ne se retrouve plus qu'avec un seul appareil. Franta, ne pensant qu'à la réussite de son équipe, donne alors son planeur à Ruda qui est mieux classé que lui. Malgré le mauvais temps, Ruda gagnera la compétition de distance avec but fixé, en atterrissant au bord de la mer Baltique. De retour au pays, Lida accueille avec joie Franta et Ruda.

Ce scénario, avec le classique triangle amoureux entre Lida et ses flirts, propre à tous les films d'aviation, socialistes ou capitalistes, oppose surtout deux personnages, l'ouvrier et l'ingénieur, le manuel et l'intellectuel, issus de milieux sociaux différents. L'ingénieur est décrit comme un individualiste, voire un égoïste. Grâce à l'équipe des vélivoles, un groupe très soudé, il corrigera ses erreurs et comprendra le vrai sens du travail collectif. Grâce à ses talents et à son expérience, l'équipe pourra remporter la compétition. Par contre, on remarque que la seule femme du club, ne pilote pas, alors que la Tchécoslovaquie, comme la Pologne, étaient après la guerre, les pays qui comptaient le plus de pilotes de planeurs féminins. Il est vrai qu'ils concourraient dans une classe particulière.

Ce film est un autre bel exemple de propagande communiste, mais en dehors du message politique, il bénéficie d'une très bonne réalisation, avec des planeurs filmés, non seulement du sol, mais aussi en vol. C'est un intéressant reportage sur ce sport dans les pays socialistes, au début des années cinquante. Il nous en montre de nombreux aspects techniques, comme les différentes façons de lancer les planeurs : avec un treuil, par remorquage derrière un avion, ou encore par catapultage au sandow, à flanc de colline. Cette dernière pratique est généralement abandonnée aujourd'hui, car assez risquée. Enfin, on y voit de très nombreux planeurs parmi les dernières productions tchécoslovaques de l'époque.

Les scènes aériennes furent filmées sur les terrains voisins de Prague-Létnany et Prague-Kbély, à l'usine Aero de Prague-Vysocany, mais aussi en Pologne, à Zar, où avait été tourné le film "Preswy start" (1951), cité plus haut, ainsi qu'au bord de la Baltique.

 

Les avions du film :

Le film est littéralement parsemé de planeurs, mais, seuls, deux modèles sont les plus fréquemment montrés.

Il s'agit d'abord du Zlin Z-25 "Šohaj", avec lequel Franta se blesse à l'atterrissage (OK-8843); on en voit d'autres exemplaires immatriculés : OK-8744, OK-8842, OK-3113…On remarque que Lida fixe le câble du treuil, non pas à l'avant de l'appareil, mais de chaque côté du cockpit, ce qui semble peu courant…

La seconde partie du film est centré sur deux planeurs Letov LF-107 "Luñàk" (OK-8730, 8731). Ils sont marqués "Letov XL-110" sur la dérive, alors que le prototype (OK-8730), qui vola en juillet 1948, s'appelait "XLF-107". Satisfait de ses essais, Letov le présenta dès le mois d'août 1948, à la Semaine internationale de Grenchen, en Suisse. Ce planeur fut produit à Prague-Letany.

Un élève est lâché sur un planeur de début Zlin Z-23 "Honza" (OK-5678).

D'autres planeurs sont vus au sol : deux Zlin Z-24 "Krajánek" (OK-8213, 8480), un S.G.38 allemand, un VT-52 "Jerab" (OK-9006) (en fait un "Kranich" II allemand), les verrières déposées,

Lors de la compétition internationale, sur la montagne, on observe un planeur suédois (SE-SCL) de constrution allemande DFS "Olympia Meise", un polonais (SP-733) IS. 01 "Sep", un hongrois (HA-3064) de construction allemande Schempp-Hirth Gö "Minimoa", un autre planeur hongrois (HA-3593) de construction suédoise AB. Flygindustri Fi-1, un Bulgare (LZ-UNA) de construction tchécoslovaque Zlin Z-25 "Šohaj" 3, un Suisse (HB-519) de construction allemande DFS 108-70 "Olympia Meise", un planeur anglais (G-305) de type inconnu, et enfin un Français (F-BFAI), un Arsenal Air 100 (n°4). Ce planeur construit en 1949 par les Ets. Roche, et réimmatruclé F-CABO, appartint à l'Association marnaise de vol à voile, basée à Reims-Prunay, entre 1954 et 1972.

Mais le film permet aussi de voir plusieurs avions. Il y a d'abord les Siebel Si-204 D, (dont le OK-ADP) construits sous le nom de "C-103" par l'usine Aero de Prague-Vysocany. On y voit des mécaniciens en train de monter un moteur Argus AS 411A. Puis, on nous montre la chaîne de montage du petit bimoteur quadriplace Aero Ae-45.

Le seul avion utilisé par le tournage, est un avion remorqueur, un Praga BH-39G (s/n E3564, OK-SMA), un type d'avion d'entraînement d'avant guerre, très apprécié par les Allemands et que l'on retrouve dans leurs films, comme "Kongo express" (1939), ou "Das Lied der Wüste" (1939).

Enfin, quand on sort de l'usine Letov les deux nouveaux planeurs "Lunak", on aperçroit en arrière plan quatre Arado Ar-96B un modèle construit comme "C-2", par Letov à Prague-Letnany, mais aussi par Avia à Prague-Vysocany. Il s'agissait d'un avion d'entraînement militaire (on remarque la caméra sur le coté droit et le bossage des mitrailleuses, devant le pare brise).

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube.

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