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PANCHO VILLA

 

PANCHO VILLA

Vo. Villa rides

 

Année : 1968
Pays : Etats-Unis
Durée : 2 h 05 min.
Genre : action
Couleur

Réalisateur : Buzz KULIK
Scénario : Robert TOWNE, Sam PECKINPAH

Acteurs principaux :
Yul BRYNNER (Pancho Villa), Robert MITCHUM (Lee Arnold), Maria Grazia BUCCELLA (Fina), Charles BRONSON (Rodolfo Fierro), Herbert LOM (Général Victoriano Huerta), Robert VIHARO (Urbina), Frank WOLFF (Ramirez).

Musique : Maurice JARRE
Photographie : Jack HILYARD
Producteur : Ted RICHMOND
Compagnie productrice : Paramount Pictures

Avions :

  • De Havilland DH.82 Tiger Moth, G-AHRC

 

Notre avis :

Pancho Villa, le révolutionnaire mexicain (1878-1923), a beaucoup inspiré les cinéastes et son histoire fut l'objet de plus d'une trentaine de films entre 1912 et 2012 ! Celui-ci est une de ces multiples interprétations romancées des combats du plus connu des généraux mexicains. Notre intérêt pour "Pancho Villa" se limite au fait que ce film met en scène un pilote américain qui apporte son appui (aérien) aux guérilleros.

Alors que le Mexique est en proie à une guerre civile, un pilote américain, Lee Arnold, livre des mitrailleuses au capitaine Ramirez, le chef des "Colorados" des rebelles contestant l'autorité du président Madero. Son avion est endommagé à l'atterrissage et il doit avoir recours au forgeron d'un village proche. Ce dernier l'accueille dans sa maison, le temps de la réparation. Mais le lendemain, Ramirez encercle le village puis envahissent le village. Ses soldats saccagent tout, violent les femmes et pendent les hommes dont le forgeron. Mais Villa a tout observé et passe à l'attaque. Il fait exécuter les Colorados et fait prisonnier Lee. Menacé d'être exécuté, Lee passe un marché avec Villa, il lui fournira des armes. Il utiliser aussi son avion pour traquer les troupes de Ramirez et les harceler du ciel. Le président Madero est un homme honnête mais faible et fait trop confiance au général Huerta, un homme ambitieux. Il donne l'ordre à villa l'ordre d'attaquer une ville occupée par les Colorados, le bastion de Conejos. Malgré une résistance acharnée les Colorados sont battus grâce notamment à l'intervention de l'avion de Lee. Villa ayant laissé ses troupes à commettre de exactions dans la ville, Huerta le fait arrêter et juger. Condamné à mort, il est sauvé in extremis par l'intervention du président. Mais ce dernier sera destitué et tué par Huerta. Villa se rendra aux Etats-Unis pour chercher du secours pour mieux résister à l'usurpateur. Lee Arnold acceptera de l'aider, avec son vieil avion.

Ne cherchez pas de vérité historique dans ce "western burritos", tourné en Espagne. Toute ressemblance à la campagne de 1912-1914 du bandit-révolutionnaire, défendant la cause du président Madero contre le général Huerta, ne serait que pure coïncidence…

S'il y avait bien des trafiquants d'armes américains ravitaillant Pancho Villa, aux côtés duquel combattaient toutes sortes de mercenaires, on n'a aucune information au sujet d'avions faisant de l'appui tactique à son bénéfice. Le personnage de Lee rappelle cependant Edwin Charles Parsons, un aviateur américain qui fut employé, et richement rémunéré, par Villa, qui le nomma capitaine, pour former des pilotes mexicains (mais les cavaliers de Villa n'avaient pas les connaissances techniques suffisantes). Il fit acheter un Curtiss Pusher D, un avion en service dans l'US Signal Corps. Il quittera Villa quand le mouvement révolutionnaire mexicain se scindera entre Villa et Venustiano Carranza, en 1914.

 

Les avions du film :

On ne voit qu'un seul avion dans le film, celui du trafiquant américain. C'est un De Havilland DH.82 Tiger Moth. Il est "déguisé" en Curtiss JN-4 Jenny qui est l'avion vu en photo d'arrière plan, pendant le générique. Il porte d'ailleurs le même numéro/serial  "23" sur le fuselage. Le Jenny du générique est vraisemblablement un avion de l'US Signal Corps de l'armée américaine (donc un N-8), déployé le long du Rio Grande, en 1916, lors de la Mexican Punitive Expedition.

Rappelons que le JN-4/N-8 avait une envergure (13.3 m) et une longueur de fuselage (8.3 m) bien supérieures à celles du Tiger Moth (respectivement 8.9 m et 7.3 m). On a donc transformé, en Espagne, le capot moteur avec un semblant de radiateur (mais le moteur du Moth est inversé…) et un échappement différent. On a ajouté sur l'extrados des ailes des petits mâts d'haubanage typiques du Jenny. On a essayé de rajouter une rangée de mâts d'ailes (le JN-4 en avait huit, au lieu de quatre pour le Moth), mais on n'en a installé que deux, à l'avant de l'aile…Le train a reçu deux renforts à l'arrière, et on a ajouté deux patins sous l'aile inférieure, comme sur le Curtiss. Tout cela est peu convainquant et le Tiger Moth, sorti en 1932 (neuf ans après la mort de Pancho Villa), reste égal à lui-même.

Il y eut, en fait, deux Tiger Moth, utilisés par le tournage, comme on peut le voir sur des photos de plateau. L'un venait d'Angleterre, convoyé jusqu'en Espagne par Colin Goodman. L'essentiel de scènes aériennes furent réalisées près de Valladolid, par Charles Boddington, cité dans le générique. Cet appareil DH.82A immatriculé "G-AHRC" (c/n T.6064) appartenait à Boddington, qui l'avait acquis, en août 1968, auprès de William Tomkins, le "flying (gentleman) farmer". Construit par Morris Motors pour la RAF, il se retrouva sur le marché civil, en mai 1946. Il servit au sein de divers aéroclubs, avant d'être acheté par des privés, comme Tomkins, qui l'acquit en mai 1956. Il le prêta à Boddington qui le produisit dans de nombreuses manifestations et courses, dans les années 60. Cet avion appartenait donc au monde du spectacle. L'avion fut perdu lors d'un crash dans la mer d'Irlande, le 23 août 1971, alors qu'il venait de participer à un meeting en Irlande.

Un second Tiger Moth fut employé pour la scène du crash, lors de l'attaque de la ville. C'est Derek Piggott (non crédité dans le générique) qui exécuta cette cascade, l'avion approchant à environ 110 km/h et s'arrêtant en moins de 10 mètres, au bord de la rivière, à proximité d'un pont et face à une falaise... Ce second Tiger Moth, passablement usé, aurait été trouvé en Espagne, mais on n'a aucune information le concernant. L'Armée de l'Air espagnole fut équipée entre 1933 et 1946, de plusieurs Tiger Moth, qui furent vendu par la suite, à des privés ou à des aéroclubs. Derek Piggott, dans son livre de mémoires "Delta Papa. A life of flying" (1977), raconte comment il a réalisé la cascade, pendant près de huit pages, mais pas un seul renseignement sur l'avion employé ! Tout au plus sait-on que quand Piggott la réalisa, on avait déjà filmé les scènes se situant juste avant, et juste après le crash. Quand l'avion franchit une barrière de barbelés, on remarque la grande flexibilité des ailes gauches qui se plient vers l'arrière, avant de reprendre (à peu près) leur place ! La cellule totalement démolie, sans aile, d'où sort Lee, n'a rien à voir avec le véritable avion.

Les deux Tiger Moth sont difficiles à distinguer, mais on remarque deux types de décorations légèrement différentes, avec le numéro "23", à l'aplomb du cockpit arrière, et deux bandes à damier verticales (c'est l'avion qui pique sur les Colorados), mais quand il s'écrase près du pont, le numéro "23" est situé entre les deux cockpits, avec une seule bande à damier.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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