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VAINQUEUR DU CIEL

 

Vainqueur du ciel

Vo. Reach for the sky

 

Année : 1956
Pays : Grande Bretagne
Genre : biographie, guerre
Durée totale : 2 h 15
Noir et blanc

Réalisateur : Lewis Gilbert
Scénaristes : Paul Brickhill, Lewis Gilbert

Histoire originale : Paul Brickhill « The story of Douglas Bader »

Acteurs principaux :
Kenneth More
(Douglas Bader), Muriel Pavlow (Thelma Bader), Lyndon Brook (Johnny Sanderson), Lee Patterson (Stan Turner), Alexander Knox (Mr Joyce), Dorothy Alison (Nurse Brace), Michael Warre (Harry Day), Sydney Tafler (Robert Desoutter)

Photos : Jack Asher
Musique : John Adison
Conseiller technique ; Group Capt. H.M.A. DAY
Producteur : Daniel M. Angel
Distribution : Rank film org.

Avions :

  • Avro 504K 
  • Avro 621 Tutor, G-AHSA
  • Bristol Bulldog Mk IIa 
  • Bristol F.2 Fighter  
  • Hawker Hurricane Mk.I / II
  • Junkers Ju 87B, document.
  • Messerschmitt Bf.110C, document 
  • Messerschmitt 109E, doucment. 
  • Spartan Arrow, G-ABWP
  • Supermarine Spitfire Mk. XVI


Notre avis :  

Plus familier des films de marine que d’aviation, Lewis GILBERT, tourna néanmoins, en plus de celui-ci , deux autres films où les avions ont un rôle important : « The sea shall not have them » (1954) sur le Air Sea Rescue service et « Coulez le Bismarck » (1960). Il nous offre ici une vie romancée de l’as anglais Douglas Bader (1904-1982) d’après le livre de Paul Brickhill. Cet auteur avait écrit auparavant « The dam busters » qui avait été également porté à l’écran l’année précédente. Bader qui fut amputé des deux jambes lors d’un accident ne fut pas le seul pilote infirme; il y en eut d’autres, chez les alliés comme chez leurs adversaires, mais Bader fut sans doute le premier pilote sans jambe à commencer la guerre dans cet état et devenir wing commander. Notons que l’absence de jambes est un avantage pour un pilote, car elle retarde l’apparition du voile noir dans les ressources et permet des évolutions plus serrées…Bader remporta vingt deux victoires confirmées mais sa renommée dépassa l’ampleur de ses exploits grâce à ce film, et aux livres sur sa vie qui le rendirent célèbre dans le monde entier.

Ayant un oncle squadron leader dans la RAF, c’est tout naturellement que le jeune Douglas Robert Stewart Bader intègre l’école des cadets de la RAF de Cranwell. Il s’y révèle un sportif de premier plan ainsi qu’un pilote très doué. Au début de 1931, il décroche une place dans la patrouille acrobatique du 23° squadron. Mais le 14 décembre, sur le terrain d'aviation de Woodley près de Reading, le toujours exubérant Douglas Bader, lors d’une démonstration à basse altitude, touche le sol de son aile gauche (rappelons que l’avion qu’il pilotait, un Bristol Bulldog était interdit de voltige en dessous de 2000 pieds). Bader s’en sort de justesse, mais y laisse ses deux jambes. Il dut apprendre à marcher avec des prothèses. Revenu à la vie civile, il fut embauché par Shell. En septembre 1939, il saisit l'occasion de retourner dans les airs et de rejoindre l'action. En raison du besoin croissant de pilotes expérimentés et avec l'appui des officiers sous lesquels Bader avait servi au début des années 30, les difficultés finissent par s’aplanir et bientôt il est de retour dans un cockpit. En février 1940, il est affecté au squadron 19, puis en avril 1940, il est promu commandant d'une section du squadron 222. Ses compétences en tant que pilote et ses qualités exceptionnelles de leader sont bientôt reconnues et quand, en juin 1940, le 242° squadron canadien revient de France, totalement démoralisé par la défaite, Bader est le candidat idéal pour en prendre le commandement. En peu de temps, Bader transforme l'escadrille et son moral revient au plus haut. Cependant, la chance de Bader prend fin le 9 août 1941 quand il entre en collision avec un Messerschmitt au dessus du Touquet. Il saute en parachute et les Allemands sont très étonnés de voir atterrir un cul de jatte. Ils autorisent les Anglais à parachuter une nouvelle jambe artificielle, une de ses prothèses étant restée accrochée dans le cockpit, témoignant ainsi de la renommée et du respect que Bader leur inspirait. Après plusieurs tentatives d'évasion du camp de prisonniers en Allemagne, il est conduit dans un camp de haute sécurité, à Colditz, d'où il sera libéré en avril 1945. Le 15 septembre suivant, il a l’honneur de conduire le défilé aérien de la Victoire, au dessus de Londres. Un temps directeur de la Fighter Leader Flying School, il retourne à la vie civile, et devient directeur de la Shell Aircraft Limited et continue à voler. Il consacre sa vie à améliorer la situation des invalides partout dans le monde. En 1976, il est anobli pour son oeuvre exceptionnelle envers la communauté des personnes handicapées.

Ce film d’aviation est d’une grande qualité comme tous les films anglais sur le sujet. En un peu plus de seize minutes de scènes aériennes, on peut voir de nombreux appareils dont les vedettes sont, bien sûr, les Hurricanes et les Spitfire, entourés de figurants non moins intéressants.

 

Les avions du film :

Bader fit, comme beaucoup d’autres, ses débuts de pilote sur Avro 504. L’Avro 504K  que l’on voit au début du film était à l’origine un 504N à moteur Lynx (c/n R3/LE/61400). La RA l'utilisa entre 1925 et 1932 avec le serial "H5199" Elle le vendit en tant que surplus en 1933. Acquis par Air Publicity Ltd, il fut enregistré avec le matricule "G-ADEV". Basé à Portsmouth il fut réquisitionné par la RAF en 1939; avec le serial "BK892", il servit à remorquer des planeurs. Réformé en juin 1942, Il fut stocké pendant des années, par la Shuttleworth collection d'Old Warden, avant d’être restauré en état de vol par des apprentis des ateliers de A.V. Roe and Co, à Cadderton. Il reçut le numéro factice "E3404" et revola en 1955 pour prendre part au film. Après le tournage, il fut envoyé à la Shuttleworth Collection. En 1984, il fut repeint avec son vrai serial d'origine "H5199" et il continue à voler.

Cinq Hawker Hurricanes sont visibles dans le film, dont les trois suivants ont été identifiés :

-Hurricane IIC (LF363) : construit à Langley (Bucks) en janvier 1944, cet avion fut en service dans les squadrons 63, 309 (polonais) et 26. Après la guerre, il servit sur différents bases et joignit le squadron 41 à Biggin Hill. Depuis 1945, ce Hurricane survolait Londres chaque septembre, pour l’anniversaire de la bataille d’Angleterre. Il a tourné dans plusieurs films : « The one that got away », « Angels one five », « Battle of Britain ». Accidenté et incendié en 1991, il fut restauré en condition de vol.

-Hurricane Mk.I (P2617) : construit à Cardiff en août 1944, il est au musée de la RAF à Hendon, depuis 1972.

-Hurricane Mk. IIC (PZ865) : cet appareil n’a pas combattu et c’est un des derniers Hurricanes construits. Il a reçu une immatriculation civile (G-AMAU) en 1950. Il appartint un temps à Hawker Aircraft qui, en 1972, l’offrit au Battle of Britain memorial flight.

Tous les Hurricanes portent les lettres "SD" du 501° squadron qui participa aux batailles de France et d’Angleterre, mais les matricules des appareils sont fictifs. Douglas Bader commanda le 222° (code "ZD") et le 242° où son Hurricane était codé "LE+D" (serial V7567). On appréciera les évolutions du Hurricane qui mettent en valeur son très bon taux de roulis, par contre, on reste sceptique sur un long passage sur le dos, le Rolls Royce Merlin à carburateur classique se désamorçant dans cette position.

Les Spitfire du film sont pour la plupart des Mk XVIe, la dernière version du Spitfire à moteur Merlin apparue en 1944 et qui resta en service jusqu’en 1951. Plusieurs ont été identifiés :

-SL574, construit en septembre 1947, il figurera au sol dans le film « La bataille d’Angleterre » en 1968 ; il est depuis 1992 au San Diego Aerospace museum (USA).

-TB752, construit fin 1945, il appartint au squadron 403, puis fut transféré au musée de la RAF à Manston.

-TB863, construit en février 1945 (version à cockpit normal), il appartint à divers squadrons : 453, 183 ,567, 691, 17. Il fut acheté par la MGM pour le tournage du film, puis remisé. En 1988, il fut acquis par Tim Willis / Alpine Deer Group, de Wanaka, qui l’emmèna en Nouvelle Zélande où il vole toujours.

-TE288, construit en mai 1945 (cockpit haute visibilité), il vola dans le squadron 501 de la RAAF (Royal Auxiliary Air Force) de Filton jusqu’en 1948, puis fut vendu en Nouvelle Zélande en 1963, au Brevet Club, de Canterbury. Transféré à la Woodbourne AB pour y être restauré, en 1984, il est en possession du RNZAF Museum, à Wigram AB, et exposé avec le code "OU-V".

-TB885 utilisé comme épave pour l’entraînement des pompiers de la base de Kenley, il n’apparaît qu’en arrière plan. Enterré à Kenley, il fut exhumé en 1982 et restauré comme avion d’exposition au musée d’aviation de Shoreham depuis 1991.

-TE456, depuis 1956, il est au Domain War museum d’Auckland (NZ).

 Les Spitfire utilisés par le tournage portent les codes des squadrons où Bader vola : QV du 19°, ZD du 222° squadron.Mais à Tangmere, le wing commander Bader pilota des Spitfire (Mk. IIa et Mk.Va) immatriculés D+B, d’après ses initiales.

L’avion dans lequel Bader se crashe est un Bristol Bulldog Mk IIa (K2496) avec un matricule fictif. Construit en 1931 (c/n 7446) et immatriculé G-ABBB, cet avion de démonstration fut offert en 1939 au Science Museum (mentionné dans le générique) qui le stocka de 1939 à 1957. En 1955, il fut prêté aux Pinewood studios pour le tournage du film pour les prises de vue au sol. Il fut ensuite restauré par Bristol avec un nouveau moteur Jupiter VIIFP et vola de nouveau en juin 1961, avce les marques du 56 squadron et le serial "K2227", puis remis au Shuttleworth Trust. Accidenté à plusieurs reprises, il ne fut restauré qu’en 1994, et désormais on peut le voir au musée de la RAF à Hendon où il arriva en mars 1999.

Un Avro 621 Tutor fut utilisé pour des scènes aériennes à Kenley. Construit en 1932, il servit pendant la guerre, au London University air squadron. En 1947, devenu civil (G-AHSA), il appartint au District aéroclub de Arlibton, avant de finir à la Shuttelworth collection en 1959, où il fut restauré dans sa version militaire d’origine. Il est préservé en état de vol avec le serial original K3215. Pendant le tournage, le moteur cassa son vilebrequin lors d’un roulage et ne put être réparé.

Un autre dernier survivant, le Spartan Arrow  (G-ABWP), mu par un moteur Cirrus Hermes II, est aperçu au sol. Construit en 1932, il fut acheté par R.O. Shuttleworth en décembre 1936, et réapparut au meeting de Hendon, en juillet 1951; en 1953, il fut acquis par W.G. Lilleystone  à Croydon, puis par Spartan en avril 1955, à Denham, avant d’être revendu en août 1964 à Raymond Eric Blain, d'Ashton-Under-Lyne. En octobre 1985, il fut accidenté à l'atterrissage, puis réparé. En août 2011, il fut cédé à Richard Blain, de Sutton, puis, le 24 février 2023, à Lauren French / "G-ABWP Group", de Sevenoaks (Kent).

On aperçoit un Bristol F.2 Fighter qui est un autre avion de la Shuttleworth collection; après une restauration assez fidèle au type Mk II, portant le vrai serial D-8096, il reprit l’air le 14 février 1951, équipé d’un Rolls Royce Falcon III de 275 ch,. mais il ne vole pas dans le film.

Les avions allemands ne sont représentés que par des documents d’actualité et des maquettes : 

Des Messerschmitt 109E, des Junkers Ju 87B  portent des immatriculations d’usine; ils n’ont donc pas été filmés sur le front. Il y a également des Heinkel He.111 d’une unité inconnue. Sur des bandes de ciné mitrailleuses, on aperçoit plusieurs FW 190, un avion qui n’apparut au dessus de la Manche qu’en mai 1941, soit un mois après que Bader ait été descendu. Plus intéressante est une vue d’un Bf 110 avec cocardes anglaises, camouflage deux tons et drapeau de dérive. Les Anglais récupérèrent plusieurs Bf 110 de différentes versions. Cet avion semble être un Bf 110C filmé lors de ses essais à Farnborough, en 1940 et 1941 .

 

Christian Santoir

* Film disponible sur  amazon.fr

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