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UNE BELLE BLONDE

 

UNE BELLE BLONDE

Vo. Suzy

 

 

Année : 1936
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h 39 min.
Genre : espionnage
Noir et blanc

Réalisateur : George Fitzmaurice
Scénaristes : Herbert Gorman, Dorothy Parker, Alan Campbell, Horace Jackson, Lenore Coffee
Histoire originale :Herbert Gorman

Principaux Acteurs :
Cary Grant (André Charville), Jean Harlow (Suzy), Franchot Tone (Terry Moore), Lewis Stone (Baron), Benita Hume (Mme Eyrelle), Reginald Mason (Capt. Barsanges), May Courtney (Maisie)

Musique : William AXT
Photographie : Ray June
Producteur : Maurice Revnes
Compagnie productrice : MGM

Avions :

  • Earl Populaire
  • RAF S.E.5 
  • Thomas Morse SC4 Scout,

 

 Notre avis :

On retrouve ici le célèbre triangle amoureux si cher au film d’aviation, entre la belle blonde (platinée) Jean Harlow, l’inventeur, Franchot Tone, et l’as français, Cary Grant. C’est un film d’espionnage dans les milieux aéronautiques, sur fond de première guerre mondiale. Le scénario ne fait que refléter les craintes de l’époque (1936), avec l’existence de réseaux d’espionnage allemands aux Etats-Unis, parmi les émigrés. La « belle espionne », Benita Hume, style Mata Hari, qui fréquente les officiers pour leur soutirer des informations, est un personnage que l’on retrouvera sous les traits de Julie Andrews dans « Darling Lily » de la Paramount, trente quatre ans plus tard. S’il y eut effectivement des espions allemands aux Etats-Unis et en France, ils n’eurent pas un rôle décisif, dans la première, comme dans la seconde, guerre mondiale, et leur importance fut gonflée par la presse.

Le scénario est plutôt complexe, vu, peut être, le nombre de scénaristes...A la veille de la première guerre mondiale, Suzy Trent est une danseuse américaine dans un music hall de Londres. Elle cherche une position sociale et, faute de mieux, accepte de se marier avec un inventeur, Terry Moore, rencontré par hasard. Il travaille dans un atelier de fabrique de boutons et d’insignes pour l’armée dirigée par des espions allemands, ce qu’il ignore. A ses temps perdus, il met au point un dispositif de stabilisation pour avion. Mais il est assassiné par une femme, le chef de la bande d’espions. Pour éviter des ennuis, Suzy, soupçonnée de meurtre, fuit en France alors que la guerre est déclarée. Elle rencontre un pilote français, André Charville, un as de l’escadrille N 14, aux multiples conquêtes féminines, qui finit par l’épouser. Mais son ancien mari n’est pas mort. André doit même essayer un avion équipé par le nouveau dispositif inventé par Terry. Quand André est blessé, Suzy se rend à son chevet et rencontre son première mari bien vivant ! Elle lui avoue qu’elle le croyait mort, ce qui ne l’apaise guère…Le volage André Charville, qui continue de folâtrer, est tombé dans les filets de l’espionne allemande qui avait tiré sur Terry, et qui se fait appeler maintenant, Mme Eyrelle. Quand Suzy la reconnaît, elle décide d’avertir André, mais lors d’une explication générale dans le château de l’espionne, André est tué. Terry part à la poursuite des espions en avion et les éliminent. Quand il revient au château, il crashe son avion dans un arbre. Avant que les autorités arrivent, Terry allonge Charville près de l’appareil pour faire croire qu’il a été tué en combat aérien, et sauver ainsi l’honneur de sa famille. Pendant ses funérailles, un avion allemand survole la cérémonie et lance une gerbe de fleurs, en hommage. Terry pardonne à Suzy et la raccompagne à Paris.

Ce film a très peu de repères historiques, si ce n’est les bombardements de Paris par les avions allemands, lors de l’hiver 1917-18. Il n’y avait pas d’escadrille de chasse française N.14, mais une « escadrille 14 » de reconnaissance. Le coq gaulois sur le fuselage des chasseurs fut l’insigne de nombreux groupes français ; celui du film ressemble le plus à celui de la 62° escadrille, (premier genre), avec une cocarde rajoutée autour. L’as français aux vingt deux victoires, est décrit comme un personnage très frivole, un irresponsable, qui ne pense qu’à faire la fête et fait le désespoir de son pauvre père. Enfin, dans ce film à petit budget, on n’a pas cherché à faire authentique; les décors, les robes des femmes, les voitures, sont contemporains, et datent des années trente. Le plus ennuyeux, est que « Une belle blonde » n’a que six minutes de scènes aériennes, dont une bonne partie proviennent des stocks de pellicules accumulés par Howard Hughes à l’occasion du tournage de « Hell’s angels ».

 

Les avions du film :

Paul Mantz fut engagé par la MGM pour une des rares séquences aériennes du film. Jouant le rôle de Teddy qui mitraille les espions allemands en fuite, il pique sur leur voiture avec un Earl Populaire. Dans la scène suivante, la camera montre Mantz en train d’atterrir, puis juste après, on voit un SE.5 se fracasser en roulant contre un arbre. Les dégâts du SE.5 apparaissent être importants, mais le crash fut effectué avec des ailes équipées d’un système de largage munis de ressorts ! La scène fut filmée dans le ranch de la MGM à Triumfo canyon Douglas DC-3 (Thousand Oaks, actuellement). Garland Lincoln fournit six Thomas Morse SC4 Scout, peints pour ressembler vaguement à des Nieuport français qui apparaissent alignés au sol.

Le tournage utilisa un vrai SE.5 au sol, et une réplique volante fabriquée à partir d’une cellule d’Earl Populaire. Elle est parfois doublée par un Curtiss Wright 12Q. Quand Terry est présenté à Mme Eyrelle, sur le terrain d’aviation, l’avion qui atterrit est le Curtiss Wright, affublé d’un capot moteur en « niche à chien », caractéristique du SE.5; quand il roule, il est devenu un SE.5, et quand il s’arrête au parking, c’est un Earl Populaire camouflé en SE.5 ! Ce procédé de substitution est très fréquent dans les films d’aviation. Précisons que le RAF SE.5 n’a jamais été en service chez les Français, et n’équipa que les unités anglaises et américaines.

Les combats aériens sont des films déjà « en boite » provenant de «Hell’s Angels », avec les habituels Wichita Fokker, Fokker D.VII Hisso et un (vrai) SE.5, un des trois acquis par Howard Hughes.

En arrière plan, quand Terry rejoint la France, on aperçoit derrière la fenêtre d’un bureau, un atelier d’assemblage de moteurs Hisso (Hispano Suiza V8), construits sous licence aux Etats-Unis par Wright.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur Amazon.com

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