Vo. Sutjeska
Année : 1973
Pays : Yougoslavie
Durée : 1 h 45 min.
Genre : guerre
Couleur
Réalisateur : Stipe Delic
Scénario : Sergei Bondarchuk, Wolf Mankovitsch
Principaux acteurs :
Richard Burton (Josip Broz Tito), Ljuba Tadic (Sava Kovacevic), Velimir « Bata » Zivojinovic (commandant Nikola), Irène Papas (une partisane), Milena Dravic (Vera), Boris Dvornik (Dalmatinac, Ljubisa Samardzic (un partisan), Nikola-Kole Angelovski (un partisan). ,
Musique : Mikis Theodorakis
Photographie : Tomislav Pinter
Producteur : Nikola Popovic
Compagnie productrice : Bosna Films, Filmska Radna Zajednica (FRZ), Sutjeska Film
Avions :
- Douglas C-47
- Ikarus Kurir L
- Soko 522
Notre avis :
Cette super production de l'ancienne Yougoslavie, fut produite pour le trentième anniversaire de la bataille de Sutjeska, une des plus dures que les partisans yougoslaves eurent à mener lors de la deuxième guerre mondiale. Du 15 mai au 16 juin 1943, les forces combinées de l'Axe, Allemagne, Italie, mais aussi Croatie et Albanie, essayèrent d'éliminer la résistance organisée par le camarade Tito, près de la rivière Sutjeska, dans le sud est de la Bosnie. Cette attaque dont le nom de code allemand était « Fall Schwarz », est plus connue sous le nom de la « cinquième offensive ». Les Allemands massèrent 117.300 soldats contre les 19.700 partisans de l'Armée de libération nationale. Tito réussit à sortir de la nasse et faire une percée à travers les lignes tenues par les unités allemandes et croates, en direction du nord ouest, vers la Bosnie. S'ils ne réussirent pas à tuer ou capturer Tito, comme lors des quatre offensives précédentes, les Allemands furent ici bien près d'arriver à leur but. Tito fut blessé et un tiers de ses partisans exterminés, les blessés et les prisonniers étant exécutés...L'échec partiel de cette cinquième offensive allemande (il y en aura encore deux autres) marqua néanmoins un tournant de la guerre dans les Balkans et devint une sorte de mythe dans la Yougoslavie d'après guerre, qui glorifiait l'esprit de sacrifice, l'endurance et la fermeté morale des partisans.
La réalisation de ce film devait d'abord être confiée à Veljko Bulajic qui avait déjà dirigé un grand film patriotique sur la bataille de la Neretva, mais il ne s'accorda pas avec les producteurs et même avec le maréchal Tito. Bulajic ne voulait pas à embellir l'histoire et faire de la bataille de la Sutjeska une brillante victoire des partisans, mais plutôt une défaite où Tito lui même avait failli être tué ou capturé. Le nouveau directeur, Stipe Delic, fit ce qu'on lui dit, en artisan consciencieux. L'introduction dans le casting de vedettes telles Richard Burton et Irene Papas était destinée à accroître l'audience du film sur la marché extérieur. Burton a plutôt l'air de s'ennuyer dans ce film et Irene Papas a pratiquement un rôle de figurante, traînant une figure tragique au milieu des blessés. Même les grands acteurs font du cinéma "alimentaire"..
Le film ouvre sur Tito chevauchant dans la montagne, suivi de ses partisans. On lui annonce que les forces allemandes, italiennes et bulgares font mouvement vers ses lignes. Mais pour l'instant, il n'est pas question de faire mouvement, car Tito attend une importante mission anglaise venue se rendre compte sur place de l'état de la situation. Les partisans ont été sévèrement éprouvés par les offensives allemandes précédentes. Il y a beaucoup de blessés qui ne peuvent être soignés convenablement, faute de médicaments et de fournitures médicales. On doit réutiliser les vieux pansements après les avoir lavés…Le personnel médical, dont beaucoup de femmes, se dépensent sans compter. Pendant ce temps, le général allemand à la tête des troupes de l'Axe, met au point son dispositif. L'attaque est bientôt lancée par l'aviation qui pilonnent les camps de partisans. Dans la montagne, les premiers affrontements ont lieu, se déroulent parfois au corps à corps. Quatre émissaires anglais arrivent enfin, dirigés par le capitaine Stewart. L'étau allemand se resserre. Tito donne des ordres à ses troupes par l'intermédiaire de Radio-Moscou qui relaie ses messages. Les partisans se divisent en deux groupes pour percer les lignes allemandes. Un de ces groupes est chargé de convoyer les femmes, les enfants et les blessés, ce qui va freiner fortement sa marche. Le général allemand précise à ses officiers qu’il n'y aura pas de quartier; les blessés et les prisonniers doivent être exécutés ! Lors de leur marche, les partisans sont obligés parfois de rebrousser chemin, certains passages étant fortement défendus par l'ennemi. L'aviation est en outre omniprésente. Tito donne alors l'ordre de cacher l'armement lourd, et d'abattre le bétail pour le transformer en viande, ce qui permettra à ses unités d'être plus mobiles. Lors d'une énième attaque aérienne de son QG, Tito est blessé au bras et deux Anglais sont tués. Les passages des rivières gardés par les Allemands, sont à chaque fois, très coûteux en vie humaines. La nuit, pour tenir les partisans éveillés, les Allemands leur passe des marches militaires. Tito perd le contact avec certaines de ses unités qui sont livrées à elle même. Il fait une dernière tentative de passage en force, à travers les lignes ennemis. En face, on fait intervenir des tanks. Heureusement, certains chefs partisans ont désobéi aux ordres et conservé quelques armes lourdes qui vont se révéler précieuses contre les blindés. Après avoir harangué ses troupes, Tito et les partisans se jettent sur les positions allemandes. Le combat dégénère en de nombreux corps à corps féroces, sous les yeux de l'observateur anglais ahuri. Tito passera !
Même si ce film est dans la droite ligne du parti, on comprend en le voyant, que les partisans ont été très sévèrement étrillés lors du passage de la rivière Sutjeska ! Ils y perdirent en effet plus de 6.000 d'entre eux. La fuite de Tito fut permise par le sacrifice de brigades entières. Le film est une longue suite d'explosions, de strafings, de mitraillages. La plupart des principaux personnages du film sont blessés ou tués. Les scènes de bataille sont réalistes et bien tournées, sur les lieux même de la bataille, dans ce qui est aujourd'hui le parc national de la Sutjeska en Bosnie-Herzégovine. La production utilisa, entre autres, trois vieux chars russes T-34, et un authentique Tigre (Panzerkampfwagen VI Sdkfz.181) allemand, un blindé qui ne participa pas à l’affrontement puisqu'il ne fut mis en service qu'en août 1942. Si le film montre bien la dureté des combats en montagne, il insiste également sur le rôle important de l'aviation, omniprésente tout au long du film.
Les avions du film :
Le gros des avions allemands est représenté par des Soko 522, un avion d'entraînement en service dans les forces aériennes yougoslaves en 1973. Ils sont tous décorés de la même façon, avec un capot moteur jaune et un camouflage à dominante grise. Ces avions n'apparaissent qu'en l'air et en grand nombre. On a droit à certaines scènes de rase-mottes en montagne, tout à fait impressionnantes. Cet avion jouait déjà les chasseurs allemands dans « De l'or pour les braves » (1970) avec Clint Eastwood, et dans « La bataille de la Neretva » (1969).
Les Allemands utilisent pour leur liaison, un Cijan Kurir L construit par Ikarus, un appareil qui remplace le Fieseler Fi.152 Storch, dont il est la version yougoslave. Cet avion venait d'être retiré du service au moment du tournage.
Les Anglais sont parachutés d'un Douglas C-47.
Christian Santoir
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