Rechercher dans ce blog

TREIZE JOURS

 

TREIZE JOURS

Vo. Thirteen days

 

Année : 2000
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 2 h 25 min.
Couleur

Réalisateur : Roger DONALDSON
Scénario : David SELF, Ernest R. MAY

Acteurs principaux :
Kevin COSTNER (Kenny O'Donnell), Kevin O'DONNELL (Photo Interprète), Janet COLEMAN (Evelyn Lincoln), Stéphanie ROMANOV (Jacqueline Kennedy), Bruce GREENWOOD (John F. Kennedy), Shawn DRISCOLL (Pilote de U-2).

Musique : Trevor JONES
Photographie : Andrzej BARTKOWIAK
Producteurs : Peter O. ALMOND, Armyan BERNSTEIN, Kevin COSTNER
Compagnies productrices : New Line Cinema, Beacon Communications, Tig Productions

Avions :

  • -Boeing B-47B Stratojet, document.
  • -Boeing VC-137, document.
  • -Boeing B-52 Stratofortress, document.
  • -Boeing Vertol CH-46 Sea Knigh
  • -Douglas A-4 Skyhawk, document.
  • -Lockheed C-130H
  • -McDonnell Douglas F-3C Demon, document.
  • -North American F-100D / F, document.
  • -Northrop F-5A
  • -Sikorsky HUS-1 Seahorse  
  • -Sikorsky VH-3A, document.
  • -Vought RF-8A Crusader
  • -Vought F-8H

 

Notre avis :

 Malgré son titre qui est celui du livre de l'ancien procureur général, Robert F. Kennedy, (Thirteen Days : A Memoir of the Cuban Missile Crises-1969), le scenario du film est directement inspiré d'un autre livre, "The Kennedy Tapes: Inside the White House During the Cuban Missile Crisis-1997" d'Ernest R. May et Philip D. Zelikow. Ce film comprend certaines informations secrètes déclassées qui n'étaient pas disponibles dans les années 60 ou 70. Mais, il prend une certaine liberté avec les faits en les dramatisant à l'extrême et en relatant les faits, tels que les a vécus un des conseillers du président Kennedy, Kenneth O'Donnell.

 Le film montre les tensions existant, lors de cette crise majeure, au sein du gouvernement américain, entre les Kennedy, John et Robert, la CIA et le Pentagone, certains hauts gradés, dont le fameux général de l'USAF, Curtiss Le May, favorables à une frappe nucléaire pour en finir une bonne fois pour toutes avec les "commies" ! L'histoire montre comment Kennedy répondit à la découverte d'armes nucléaires sur l'île de Cuba, qui conduisit à cette crise qui dura treize jours (14-28 octobre 1962), pendant lesquels le monde passa très, très prés, d'une guerre atomique qui aurait aussi concerné toute l'Europe. Rappelons qu'en 1962, la France faisait encore partie de l'OTAN.

 Cette saga politique nous expose les débats orageux qui se déroulèrent dans les bureaux de la Maison Blanche, nous transporte dans le ciel de Cuba où les avions de l'USAF sont pris pour cible par les Soviétiques et les Cubains, nous emmène en haute mer où le face à face entre bâtiments américains et soviétiques peut déclencher la guerre au moindre faux pas, et nous fait assister aux préparatifs de la guerre (plans d'évacuations des villes, rappel des réservistes, mobilisation des troupes en vue d'une invasion de Cuba…). Bien qu'on connaisse très bien toute cette histoire et son dénouement, le réalisateur parvient à créer un réel suspens qui nous ramène 52 ans en arrière, du moins pour ceux qui ont plus de 60 ans.

La crise n'effraya pas seulement les Américains, mais aussi les Français (du moins ceux qui savaient regarder au delà de leur clocher ou qui faisaient partie des 23% qui avaient la télévision…) et nous nous en rappelons très bien, d'autant que notre père travaillait sur une base de l'USAF, à Châteauroux Air Station (Indre). Nous disposions, via les officiers de cette base, ses collègues, d'informations, que même les médias français n'avaient pas toujours. En tant qu'agent du Ground Safety Office, mon père était chargé, entre autres, de donner des conseils de sécurité aux élèves de la High School et aux familles des militaires, en cas de frappe nucléaire (à Châteauroux !)...

La production ne bénéficia pas de l'aide directe, ni de l'USAF, ni de la Navy, à part celle des services historiques de ces deux armes. Le destroyer "Joseph P. Kennedy", vu dans le film et qui participa effectivement au blocus de Cuba, fut loué à la Battleship Massachusetts Foundation de Fall River (MA). Le bateau fut remorqué jusqu'à Narragansett Bay pour le tournage. Sinon, les autres bateaux sont vus sur des documentaires de l'US Navy.

Dans ce très long film, il y a beaucoup d'avions qui apparaissent surtout sur des extraits de stock footages, ou qui ont été reconstitués sous forme de maquettes ou d'images de synthèse (CGI). Les seuls vrais avions utilisés pour le tournage furent fournis par la force aérienne des Philippines (Hukbong Panghimpapawid ng Pilipinas) qui avait déjà été d'un grand secours pour le tournage du film "Apocalypse now", en 1979.

 

Les avions du film :

 Il y a ceux qui correspondent à l'époque et ceux qui sont anachroniques et n'étaient pas en service aux moment des événements. Commençons par ceux qui étaient là, en octobre 1962.

 Le président se rend dans le Connecticut dans un Boeing 707 qui est un VC-137, un Boeing présidentiel. Kennedy reçut un nouveau 707, en novembre 1962, portant la décoration du film, qui ressemble à celle du VC-137C du musée de l'USAF de Wright-Patterson (OH), où il arriva en 1998. En octobre 1962, Kennedy disposait d'un autre 707, avec le toit blanc et l'avant rouge. Derrière le Boeing du président, on aperçoit plusieurs North American F-100 Super Sabre (ce qui daterait l'image d'avant 1979).

 Les missions de reconnaissance à basse altitude furent effectivement effectuées à partir du 23 octobre 1962, par des Vought RF-8A Crusader de la VFP-62 "Fightin' Photo'". Ils opéraient par paire et ce furent les premières missions opérationnelles du Crusader. Le tableau de bord aperçu est conforme à l'original, mais le détecteur infrarouge, situé à l'avant du pare brise, n'équipait pas la version reco, mais plutôt le chasseur F-8. Il s'agit donc de F-8 transformés en RF-8.

 Filmés en 2000, sur le tarmac de la base de Clark Field (Cf. tour de contrôle, piste 20R…), ces F-8 appartenaient à la force aérienne philippine qui ne fut jamais équipée de RF-8A. Elle reçut, en 1978, vingt cinq  F-8H qui furent affectés au 7th Tactical Fighter Squadron du 5th fighter Wing, basé à Basa (Pampanga) au nord de Luçon. Ils furent réformés, en 1988, et parqués, à l'extérieur, à Basa, où ils furent fortement endommagés par  l'éruption du Mt. Pinatubo, en juin 1991. En 1997, il  n'en restait plus que onze... Certains (n° 304, 307, 309, 311, 316) furent vendus aux enchères, en 2006, à des ferrailleurs et en 2014, il n'en reste que trois, exposés à l'extérieur (et donc soumis aux effets dégradants d'un climat très humide) : un, au musée de la Force aérienne philippine à Manille (n°313), un autre sur la base de Clark Field (n°301) et le dernier, à l'académie militaire philippine de Baguio (n°310).

 Les deux RF-8A portent le même tail code "GA". La VPF-62 s'était déplacée, de la base de Cecil Field (FL) vers la base de Key West (FL), durant l'opération "Blue moon", destinée à effectuer des missions de reconnaissance au-dessus de Cuba. Le premier RF-8 (modex 910, BuNo.146871) est celui du commandant William Ecker. Cet avion fera la guerre du Vietnam, embarqué à bord de l'USS "Oriskany"; il sera détruit lors d'un accident en septembre 1976. L'autre, celui du lieutenant Bruce Wilhelmy, porte le modex 906 (BuNo. 146886) ; on peut apercevoir sous son cockpit plusieurs insignes personnels, comme un casque de chevalier, un bouclier et une épée, et il y avait même un petit lapin "Playboy" qui n'a pas été reproduit… Cet avion fera aussi la guerre du Vietnam, mais n'en reviendra pas, abattu par la DCA, en mai 1968.

Les autres Crusader aperçus sont des Vought F-8H appartenant à la force aérienne philippine, dont aucun n'était en état de vol en 1999. Ils ont la même décoration que les RF-8 précédents, mais le tail code fictif "GY". Ils portent de vrais numéros attribués dans l'US Navy à des RF-8A : (14)5647 modex 902, (14) 6867, modex 918, (14) 6864 modex 870…Un peu plus tard, on voit un autre Crusader, un  F8U-1 de la VF-11 (code AB, modex 212, BuNo.(14)5357) prêt à être catapulté du porte-avions USS "Franklin D. Roosevelt" (CV-42), vu sur un film pris avant le 21 octobre 1961, date à laquelle il passa par-dessus bord, suite à un appontage trop dur, par mauvais temps. On voit à coté, un McDonnell Douglas F-3C Demon que l'on revoit mieux après. C'est un avion de la VF-14 "Top hatters", portant le modex "110" et le BuNo. (14)5280 qui fut réformé en mai 1965.

On aperçoit plusieurs Douglas A-4 Skyhawk, portant les marques de la VA-66 et le tail code "AF" filmé sur l'USS "Intrepid" (ou son image de synthèse). On distingue les modex "303", "508" (A-4B, BuNo. 142784), "00" (A-4C, BuNo. 148455). Sur l'USS "Forrestal" (CVA-59), on voit de nombreux autres Douglas A-4 Skyhawk et des McDonnell F-4 Phantom.

On assiste au décollage d'un bombardier Boeing B-47B Stratojet (s/n 51-2264) du Strategic Air Command, qui sera converti en avion de reconnaissance YRB-47B, puis en B-47B-II. On voit également un Boeing B-52 Stratofortress, non identifiable, armé de quatre missiles Douglas AGM-48A Skybolt. Ce système d'armes, testé en avril 1962, sera  annulé en décembre 1962 et ne sera jamais opérationnel.

Deux North American F-100D et un F-100F sont aperçus, au décollage, avec les buzz-numbers FW-431, FW-565, FW-997, mais le FW-565 porte un faux serial (s/n 62565 au lieu de 92565), ce qui laisse penser que ces avions, rapidement aperçus, sont des CGI.

Un des principaux avions du film est naturellement le Lockheed U-2F, reconstitué en images de synthèse, de même que son tableau de bord. Dans le film, qui dramatise tout, trois missiles sont lancés sur le U-2 du major Anderson, alors que le seul S-75 Dvina suffit à abattre son avion volant à haute altitude. Les missiles tirés à partir de la plateforme d'un camion ressemblent plus au système S-125 Neva/Pechora. Ces missiles avaient une portée inférieure à celle du S-75 et n'avaient pas été déployés à Cuba, en 1962.

Les troupes embarquent à bord d'hélicoptères Sikorsky HUS-1 Seahorse (YN18) de l'unité des Marines, HMR-361 "Flying Tigers", mais en octobre 1962, elle avait été renommée HMM-361; cette unité fut redéployée sur l'USS "Iwo Jima" (LPH-2), lors de la crise de Cuba.

On voit enfin un Sikorsky VH-3A présidentiel se poser devant la Maison Blanche.

Les autres avions sont anachroniques et n'auraient pas dû figurer dans ce film.

On remarque, en premier lieu, les Northrop F-5A de la force aérienne philippine. L'USAF ne le reçut qu'en octobre 1963, et en nombre limité, ce chasseur étant surtout destiné à l'exportation. Ces avions ont été repeints avec "US Air Force" sur le nez, avec de faux serials ( (6)94903, (6)94984..). Le seul vrai buzz number est le "FA-987" qui était celui d'un des deux prototypes du YF-5A (s/n 59-94987), lors de leurs essais sur la base d'Edwards (NV). Il est visible au Seattle Museum of Flight (WA). Les F-5, vus à l'écran, étaient les dix derniers encore service, sur les 37 acquis par les Philippines entre 1967 et 1998; ils furent décommissionnés le 1er octobre 2005. Des armuriers installent un pod LAU-68 de 7 roquettes Hydra de 70 mm. L'avion est également équipé de missiles air-air AIM-9 Sidewinders.

Un Lockheed C-130H, la version améliorée du C-130E, pointe son nez derrière une rangée de F-5A. Cette version du C-130 n'apparut qu'en juin 1974; celui vu dans le film appartient à l'USAF (s/n 93-2042, c/n 382-5371) et fut construit en 1993.

Enfin, le Boeing Vertol CH-46 Sea Knight qui vient déposer du matériel sur le USS "Saratoga" (CV-60) ne fut livré qu'à la mi-1965 à l'US Navy…

Il y a dans ce film un éventail de missiles intercontinentaux, en plus du R-12 Dvina (code OTAN SS-4 Sandal) soviétique, d'une portée de plus de 2000 km, doté d'une charge nucléaire de 2.3 mégatonnes. On voit aussi deux missiles Titan I sur leur pas de tir, une fusée Atlas D, juste avant son lancement et le lancement d'une Titan II à Vandenberg, faussement annoncée comme "Atlas Missile Launch"…

 

 Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes