Steal the Sky
Année :1988
Pays : Etats-Unis
Genre : espionnage
Durée : 1 h 45 min.
Couleur
Réalisateur : John D. Hancock
Scénario : Christopher Wood, Dorothy Tristan
Acteurs principaux :
Mariel Hemingway (Helen Mason), Ben Cross (Munir Redfa), Sasson Gabai
(Kamel Djern), Nicolas Surovy
(David Mason), Ronald Guttman
(Mohammed Khader), Mark Rolston
(Colonel Bukharine), Sam Gray
(Général Curt).
Photographie : Misha Suslov
Producteur :Yoram Ben-Ami
Compagnie productrice : Home Box Office (HBO)
Aéronefs :
- Bell 206 JetRanger
- Fairchild C-123 Provider, en arrière-plan
- Fouga Magister, document.
- Lockheed T-33
- MiG-15bis
Notre avis :
Le 16 août 1966, le capitaine iraquien Munir Redfa posait son MiG-21 (code 534) sur la base israélienne d'Hatzor. C'était l'aboutissement d'une longue histoire orchestrée par le Mossad, les services secrets israéliens. La livraison de cet avion permit aux aviateurs de Heyl Ha'Avir, les forces aériennes israéliennes, de mieux connaître le MiG-21 qu'ils allaient affronter l'année suivante, lors de la guerre des Six jours. Elle mettait fin aussi à vingt ans d'embargo américain sur la livraison d'armes à Israël qui jusqu'ici achetait ses avions d'armes, en France. Les USA qui purent essayer le MiG-21 chez eux, allaient se révéler être un allié plus constant que la France dont les constructeurs allaient devoir trouver d'autres clients, notamment dans les pays arabes (Irak, Iran, Jordanie, Libye…).
L'opération destinée à se procurer un MiG-21 fut dénommée "Blue Bird–Operation Diamond". Le Mossad savait que l'Egypte avait 34 MiG-21, la Syrie 18, et l'Irak 10. Dans ce dernier pays, les Israéliens avaient un agent qui était en contact avec un pilote de l'aviation iraquienne. Cette histoire vraie, où la réalité dépasse largement la fiction, méritait bien un film.
Après un temps en Israël, Munir Redfa émigra dans un pays occidental où il mourut en 1998. Le scénario suit vaguement la véritable histoire qui comporte encore certaines zones d'ombre. La belle espionne, élément incontournable dans tout film d'espionnage, n'a pas une existence garantie… L'évasion en train de la famille de Redfa, l'attaque par les troupes iraquiennes dans la zone tribale kurde, la poursuite par la chasse iraquienne, le problème des réservoirs qu'il faut ajouter au dernier moment, tout cela a été inventé pour ajouter du piment à l'histoire. Redfa partit plus simplement le jour où des vols d'exercice à longue distance étaient normalement prévus. Après le décollage, il monta aussitôt à 30 000 pieds, une altitude où la consommation de carburant était moindre, et ne vola pas en rase mottes comme on le voit dans le film…Il ne fut intercepté qu'au-dessus de la Jordanie par deux Hawker Hunter. Ne répondant pas à leurs appels, et au vu de sa nationalité, ils le laissèrent passer croyant à une mission spéciale sur Israël…
La véritable histoire ne fut révélée (en partie) que des années plus tard. Le contact du Mossad en Irak était un homme d'affaires juif qui fréquentait la belle sœur de Redfa. Ayant appris que celui-ci se plaignait de ne pouvoir avoir de promotion à cause de ses origines chrétiennes et qu'il appréciait la vie en occident, il le mit en relation avec des agents israéliens. Redfa les rencontra en Grèce, et non à Rome, mais il est vrai qu'il se rendit en Israël avec un faux passeport. Le secret fut bien gardé et sa femme, Betty, ne fut avertie que quand elle était à Londres. De même le premier ministre israélien, Levy Eshkol, ne fut mis au courant de l'opération qu'un mois avant la défection de Redfa, après que la famille de ce dernier fut sortie du pays.
Les Russes qui entraînaient les pilotes iraquiens furent furieux et exigèrent le retour de l'avion qui prit plus tard, le chemin des USA ! Le KGB et les services de sécurité iraquiens n'avaient rien soupçonné et avaient même en haute estime Munir Redfa qui était un pilote d'élite.
Ce film est intéressant même si les scénaristes ont un peu trop insisté sur les relations intimes entre Munir et la belle Mata Hari israélienne (Mariel Hemingway) qui n'a pas existé, semble t'il. Les aérocinéphiles noteront que "Steal the sky" est le seul film où on voit un vrai dogfight entre trois MiG-15, non pas sur des documentaires, mais tourné spécialement pour le film.
Les avions du film :
Le tournage des scènes aériennes eut lieu à Reno (NV) au Stead Airport, devenu sur l'écran la base de Al-Rashid (située au sud de Bagdad), ainsi que la base israélienne d'Hatsor. Actuellement lieu des fameuses courses d'avions de Reno, ce terrain conserve son ancien aspect militaire. Sur cet aéroport est basée la société Aviation Classics Ltd. d'Albert Redick et de ses fils qui fournit les avions du tournage. Avec la fin de la guerre froide, de nombreux avions militaires d'origine russe devinrent disponibles sur le marché. Al Redick se rendit en Europe de l'est, et après de longues négociations put acheter en 1986 plusieurs MIG, ainsi que des pièces détachées provenant principalement de Pologne. C'est ainsi qu'une petite escadrille de MiG vit le jour et fut nommée "MiG Alley" ! Grâce à un MiG-15UTI biplace, Aviation Classics fut en mesure de former des pilotes privés mais aussi, militaires. A ce jour, Aviation Classics est le principal centre de réparation et d'entretien de MiG aux USA. La société dispose de milliers de pièces détachées et des meilleurs mécaniciens spécialistes de l'avion russe.
Les trois MiG-15bis qui participèrent au tournage sont deux monoplaces Lim-2 et un biplace SBLim-2 construits en Pologne. Ces avions sont revêtus des marques de nationalité iraquiennes avec un camouflage couleur sable strié de vert sombre qui ne semble pas avoir été fréquent. Le MiG-15 de Redfa reçut le numéro (435) de son MiG-21. Le film fournit de belles vues du MiG-15bis/Lim-2, aussi bien au sol qu'en vol. Sur l'aéroport de Stead on voit également deux fuselages stockés, un de MiG-17PFU/Lim-5P et un de MiG-15/Lim-2. Le réacteur sur lequel s'affairent des mécaniciens dans un hangar n'est pas le Klimov d'un MiG, mais plutôt un réacteur Atar qui équipe les Mirage, entre autres.
Tout serait parfait si le MiG-15bis n'était pas obsolète en 1966, les Irakiens étant alors équipés de MG-17, 19 et 21. Seuls quelques MiG-15bis UTI servaient encore à l'entraînement. L'avion qui intéressait les Israéliens était bien sûr, le mig-21 qui venait d'être livré aux Iraquiens. L'avion de Redfa était un MiG-21F-13 "Fishbed" de couleur métallisé avec juste son numéro d'identification "435", sur le nez. L'appareil actuellement exposé au musée de l'IAF sur la base d'Hatzerim n'est pas l'avion de Redfa. Les Américains ayant plusieurs Fishbed se trompèrent d'avion quand Israël leur demanda de le restituer…Le MiG-21 du musée a reçu la décoration criarde que celui de Redfa avait lors des essais effectués par le lieutenant colonel Daniel Shapiro, pour éviter qu'il ne soit abattu par erreur. Mais les étoiles de David et le numéro "007" (!) sont placés aux mauvais endroits !
Le MiG-21 "534" sous les projecteurs israéliens peu après son atterrissage. |
Les avions israéliens sont représentés par des Lockheed T-33 biplaces, en fait des CT-133 construits au Canada par Canadair. Cet avion ne fit jamais partie de l'inventaire de l'armée de l'air israélienne…Il est dommage que le film n'ait pu bénéficier de la collaboration de Heyl Ha'Avir et de ses Mirage III ou Kfir. On voit jusqu'à huit T-33 parqués devant la tour de contrôle de l'aéroport de Stead. On y aperçoit également en arrière plan, un Fairchild C-123 Provider avec un camouflage américain.
La famille de Redfa est récupérée à la frontière irakienne par un hélicoptère Bell 206 JetRanger entièrement recouvert de sable, ce qui empêche toute identification. Le jour de la célébration de la victoire, après la guerre des Six jours, on voit la patrouille acrobatique de Heyl Ha'Avir sur Fouga Magister (des CM170 construits sous licence par IAI) et une formation d'hélicoptères Sikorsky CH-53.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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