Année : 1970
Pays : Etats-Unis
Genre : fantastique
Durée : 1 h 40 min.
Couleur
Réalisateur : Paul STANLEY
Scénario : Guerdon TRUEBLOOD
Acteurs principaux :
Vince EDWARDS (Major
Michael Devlin), Richard BASEHART (Brigadier General Russell Hamner), William
SHATNER (Lieutenant Colonel Josef Gronke), Lou ANTONIO (Tony), Lawrence P.
CASEY (Gant), Dennis COONEY (Brandy), Brad DAVID (Elmo), Patrick WAYNE (Mac).
Musique : Paul GLASS
Photographie : James CRABE
Producteur : Wally BURR
Compagnie productrice : Cinema Center 100 Productions
Aéronefs :
- -Cessna 310
- -North American B-25J
- -Sikorsky H-19B, N860
Notre avis :
Le 4 avril 1943, le B-24 "Lady be good" et son équipage de neuf hommes appartenant au 376th Bomb Group, les "Liberandos", décolle de la base de Suluq (au sud de Benghazi, Libye) pour sa première mission, le bombardement du port de Naples. Trente minutes avant l'objectif, l'avion fait demi tour avec sa section, le port étant devenu peu visible avec l'arrivée de la nuit. Peu après minuit, il reçoit de sa base un cap de retour, puis plus rien ! Ce sera le seul avion à ne pas revenir et l'Air Sea Rescue Service ne trouvera rien en mer…En mai 1958, un avion d'une compagnie pétrolière découvre par hasard un B-24 posé dans le désert. C'est le "Lady be good", en plein cœur du désert libyen, à 700 km au sud de Benghazi ! Le mystère s'épaissit quand les équipes au sol trouvent que l'avion s'est posé à peu près intact et qu'il n'y a aucune trace de l'équipage; à bord, on trouve de l'eau, une thermos pleine de café, un équipement radio (HF, VHF, ADF...) en parfait état de fonctionnement…Les années suivantes, des pétroliers trouveront au nord de l'épave, les corps de l'équipage (sauf un). Il s'avère qu'ils ont sauté en parachute, l'avion étant à court de carburant (il toucha le sol avec le seul moteur n° 4 en marche, les autres étant arrêtés et leurs hélices mises en drapeau). Il est bien difficile d'expliquer une telle erreur de navigation : météo imprévue, inexpérience, panique, problème radio ? L'avion était parfaitement sur son axe (150-330°), mais avait dépassé sa base depuis près de deux heures, le navigateur (décidemment pas très fort), volant en pleine nuit, à haute altitude, sans voir le sol, étant incapable de déterminer s'il était en rapprochement ou en éloignement de la tour de Benghazi ! Selon le journal, écrit par le copilote, l'équipage avait sauté vers 2 heures du matin, se croyant au dessus de la mer (les hommes avaient leur Mae West..).
La télévision s'empara de cette affaire qui fit grand bruit dans les médias. Dès 1960, un épisode de la série à succès "Twilight Zone" s'en inspira. Peu après, l'émission de CBS-TV "Playhouse 90" fut basée sur le journal du copilote relatant la lente agonie de l'équipage au milieu des sables. En 1962-63, la série "Saints and sinners" revint sur le même sujet. Il faudrait ajouter le long métrage de la Fox, "Le vol du Phoenix" (1965) qui raconte aussi le naufrage d'un avion en plein désert. En 1970, la compagnie Cinema Center 100 de CBS-TV tourna dans le désert Mojave une adaptation de l'histoire du "Lady be good"; ce fut le film "Sole survivor".
Au retour d'une mission de bombardement sur Messine, en 1943, le B-25 "Home run" (son pilote, Mac Donald, est un ancien champion de base ball) a subi des dommages du fait de la chasse adverse. Sans attendre l'ordre d'évacuation, le navigateur Hamner, paniqué, saute en parachute. L'avion poursuit sa route poussé par un fort vent arrière et se perd; il atterrit seul, en plein désert libyen. Les cinq membres de l'équipage ont survécu, et, persuadés qu'ils sont peu éloignés de leur base, entreprennent de la rejoindre à pied. Mais après plusieurs jours, le soleil africain a raison d'eux. Leurs fantômes reviennent alors sur les lieux du crash pour hanter l'épave…Dix sept ans plus tard, l'avion d'un groupe pétrolier la découvre à 400 miles au sud de Benghazi et l'USAF en est informé. Ayant survécu à son saut en parachute, Hamner, est resté dans l'armée après la guerre. Devenu général, il accompagne la colonne de véhicules envoyée pour récupérer les dépouilles de l'équipage et procéder à une enquête. Craignant pour sa carrière, si sa couardise est découverte, il essaie de convaincre les enquêteurs, le lieutenant-colonel Josef Gronke et le major Michael Devlin, que l'équipage a sauté au dessus de la Méditerranée et que l'avion s'est crashé tout seul. Sans preuve contraire, ils n'ont pas d'autre choix que d'accepter sa version. L'équipe est sur le point de plier bagage, quand les fantômes des anciens coéquipiers d'Hamner lui apparaissent un soir, alors que, pris de remords, il a trop bu. Il s'enfuie dans le désert en jeep. Les autres le suivent craignant qu'il ne se blesse. La poursuite s'arrête quand ils tombent sur un canot pneumatique et les corps de l'équipage ! La thèse d'Hamner s'effondre et son comportement peu glorieux apparaît enfin au grand jour. Le fantôme de chaque équipier s'évanouit subitement quand on enlève son corps, son esprit devant accompagner sa dépouille aux Etats-Unis…
Le scénario mêle des éléments de la vraie histoire du "Lady be good" (l'erreur de navigation, le parachutage au dessus du désert), les hypothèses émises (le fort vent arrière) et la fiction (le navigateur qui saute seul au dessus de la mer...). Le seul survivant est présenté comme un lâche, responsable de la mort de ses coéquipiers, ce qui ne l'a pas empêché de devenir un membre important du Strategic Air Command et du programme de missiles de défense du pays. Chez les enquêteurs, le lieutenant colonel Josef Gronke, partisan de conclure rapidement l'enquête, sans trop chercher à savoir, s'oppose au major Devlin, soucieux de chercher la vérité, quelqu'un soient les conséquences. L'affaire du "Lady be good" devient ici un prétexte pour entonner un couplet anti gouvernemental et anti militariste, très à la mode aux USA pendant la guerre du Vietnam.
"Sole survivor" est donc un film avec beaucoup de discours et peu d'action, avec un groupe de fantômes discutant, plaisantant entre eux, écoutant les vivants auxquels ils se mêlent, invisibles. Les Américains adorent ce genre de situation qui en heurtera sans doute plus d'un, au pays de Descartes. Quant aux avions, si ce ne sont pas des fantômes, ils sont trop rares.
Les avions du film :
L'épave du "Home run" est découverte par un bimoteur Cessna 310, non identifiable.
L'avion perdu dans le désert n'est pas un Consolidated B-24, mais un bombardier moyen, North American B-25J (s/n 44-30979); construit en mars 1945, il arriva trop tard pour participer aux combats. Transformé en TB-25J puis en avion d'entraînement TB-25JN, il servit dans l'USAF en Oklahoma et au Tennessee, avant d'être transféré à l'ANG de New York en 1954, puis au 195th FIS de l'ANG de Californie. Classé "AC-26" ( c'est-à-dire, pas en état de vol et non susceptible d'être réparé, ce qui signifierait, aujourd'hui, pour de nombreux collectionneurs, qu'il était pratiquement neuf…), il fut acquis en 1958, par Ed Maloney pour son musée d'Ontario (CA).
Dans le film, l'avion a reçu un vrai faux serial (130257 = 41-30257) correspondant à un B-25D, avec un grand "9C" sur la dérive, comme un avion du 340th Bomb Group opérant en Afrique du nord, en 1943, avec le nom de "Home run" (un terme de base-ball). Le jaune entourant l'étoile américaine, qui était conforme au lieu et à l'époque, fut néanmoins supprimée plus tard par les décorateurs…Le B-25 fut déposé sur le lac asséché de El Mirage, au milieu du désert Mojave (CA), et transformé en une épave ressemblant à celle du B-24 trouvée en Libye, notamment en séparant la queue de l'appareil de sa partie centrale.
Après le tournage, l'avion fut remonté et retrouva son musée en avril 1970. Mais en octobre de la même année, il fut de nouveau démembré et exposé dans l'état où il était lors du tournage, reposant sur un lit de sable, dans le Farm Amusement Park de Knott Berry, à Buena Park (CA). Quand l'entreprise ferma en 1973, le B-25 fut ferraillé...
Le seul autre aéronef du film est un hélicoptère Sikorsky H-19B (c/n 551050, N860), un appareil civil, l'USAF refusant de prêter un appareil, la tendance anti militariste du film ne lui plaisant guère…C'était donc un appareil civil revêtu des étoiles de l'USAF, mais sans aucun code. Il fut vendu au Canada (CF-AGQ, CF-AAQ) et détruit en juin 1989.
Christian Santoir
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