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SMITHY

 SMITHY

 

Année : 1946
Pays : Australie
Durée : 1 h 58 min.
Genre : aventure
Noir et blanc

Réalisateur : Ken G. Hall
Scénario : John Chandler, Alec Coppel, Ken G. Hall

Histoire originale : Max Afford

Acteurs principaux :
Randell
(Charles Kingsford-Smith), Muriel Steinbeck (Lady M. Kingsford Smith), John Tate (Charles Ulm), Joy Nichols (Kay Sutton), Nan Taylor (Nan Kingsford Smith),  Alec Kellaway (Capitaine G. Allan Hancock), John Dease (Sir Hubert Wilkins), Joe Valli (Stringer), Marshall Crosby (Arthur Powell), John Dunne  (Harold Kingsford-Smith), Edward Smith (Beau Sheil), Alan Herbert (Tommy Pethybridge).

Musique : Henry Krips
Photo : George Heath

Liaison avec la RAAF : Wing commander John Kingsford Smith, squadron leader C.R. Chaseling
Producteur : N.P. Pery
Compagnie distributrice : Columbia pictures

Avions :

  • Consolidated B-24J Liberator, document.
  • Commonwealth CA-13 Boomerang
  • Fokker F.VII.3m, VH-USU 

 

Notre avis :

Si le titre australien est un simple surnom qui n’évoque pas grand chose à l’aérocinéphile français moyen, le titre anglais « Southern cross » et le titre américain « Pacific adventure » recalent aussitôt sa navigation. C’est un film sur la traversée du Pacifique en 1928, par le Fokker « Southern cross » piloté par Kingsford Smith, alias « Smithy », comme on l’appelle familièrement chez les Aussies. C’était le premier vol effectué à travers le Pacifique sur une telle distance (environ 12.000 km) parcourue en deux escales. Dix huit ans après cette traversée, « Smithy » est un d’hommage au célèbre pilote qui permit d’instaurer des liens durables entre l’Australie et l’Europe, mais aussi, et surtout, avec les Etats-Unis, peu de temps après un conflit où l’Australie échappa de justesse à l’invasion japonaise grâce à l’appui de ce lointain voisin, si proche par la voie des airs.

L’histoire commence dans une base australienne où atterrissent des B-24 en provenance de Californie. Au mess, le nom de « Smithy » est évoqué mais il ne dit rien aux jeunes pilotes américains. Un officier de la RAAF se charge alors de leur rappeler la vie de Sir Charles Kingsford-Smith, depuis la première guerre mondiale, quand il était pilote du Royal Flying Corps. En 1917, Kingsford Smith est démobilisé suite à une grave blessure au pied et décoré de la Military Cross. Après la guerre, il fait des meetings et transporte le courrier. En 1926 avec son ami Ulm, il entreprend un tour d’Australie en dix jours et cinq heures, sur un Bristol Tourer. Ce record lui permet d’attirer l’attention des sponsors car il pense déjà à effectuer une traversée du Pacifique entre les Etats-Unis, où il avait vécu plusieurs années, et l’Australie. Il part en Californie avec Ulm, et rachète le Fokker F.VII 3m de leur compatriote George Hubert Wilkins qui avait dû renoncer à une expédition dans l’Arctique. Mais après la catastrophique Dole race d’août 1927, le sponsors retirent leur aide. Kingsford-Smith et Ulm essaient alors de battre à bord du Fokker un record d‘endurance pour prouver qu’ils sont capables d’atteindre l’Australie. Mais cette tentative échoue et ils doivent faire face à leurs créanciers. Prêts à vendre leur avion, ils rencontrent le riche capitaine G. Allan Hancock qui leur rachète, tout en le laissant à leur disposition. Ils rebaptisent l’avion  « Southern Cross » et recrutent deux Américains, le navigateur de la marine Harry Lyon et l’opérateur radio, Jim Warner. Le 31 mai 1928, ils décollent d’Oakland en direction d’Hawaï atteint après 27 heures et 27 minutes de vol. Puis, c’est Suva dans les îles Fidji, où ils atterrissent 33  heures plus tard, sur une piste très courte, sommairement aménagée. Ils arrivent enfin à Brisbane, huit jours après leur départ. Le 10 juin, ils s’envolent vers Sydney où ils sont accueillis en héros par une foule de 300.000 personnes. La même année, Kingsford-Smith et Ulm, toujours à bord de leur trimoteur surnommé affectueusement le «old bus », effectuent la première traversée vers la Nouvelle Zélande .Tous les deux fondent l’ANA (Australian National Airways) qui prospéra un temps; mais la crise économique alliée à la disparition d’un de leurs avions, le « Southern cloud » en 1931, amena la fermeture de la compagnie en 1933. Smithy fut forcé de reprendre son Fokker pour faire des tournées dans le pays, et organiser des vols payants dans son célèbre avion. C’est lors d’un de ces tours qu’il apprit qu’il était anobli. Smithy n’avait jamais arrêté ses vols de records. En 1929, il avait emmené le « Southern Cross » en Angleterre, en battant un nouveau record de vitesse. En 1930, il volait seul à bord d’un monomoteur Avro, le "Southern Cross Junior", d’Angleterre en Australie ; en 1933 il améliora encore son record entre les deux pays

En mai 1935, pour célébrer le vingt cinquième anniversaire de l’accession au trône du roi George V, Kingsford-Smith entreprend avec le « Southern Cross » un vol postal vers la Nouvelle Zélande. En plein milieu de la mer de Tasman, l’hélice du moteur n°1 est brisée par une pipe d’échappement qui s’est détachée du moteur central, et il doit continuer sur deux moteurs, quand le n° 3 voit sa pression d’huile baisser. Un des membres de l’équipage doit aller à plusieurs reprises, prendre de l’huile du moteur n° 1 coupé, pour remplir le réservoir d’huile du n° 3, en s’agrippant où il peut ! Après cet exercice de haut vol, et neuf heures plus tard, l’avion parvient à revenir à Sydney. La même année, Kingsford est en Angleterre avec son avion "Lady Southern Cross" et Tom Pethybridge. Il est décidé à reconquérir le record de durée entre l’Angleterre et l’Australie ramené à 71 heures par d’autres pilotes. Parti le 8 novembre, il disparaît peu après au dessus du golfe du Bengale. Dix huit mois plus tard, on repêcha un morceau de son train d’atterrissage.

Cette biographie nous présente quelques morceaux choisis de la vie de « Smithy », le seul élément féminin étant son épouse qui, comme il se doit dans tout vrai film d’aviation, essaie pendant la seconde partie de l’histoire, de ramener son mari au sol. Le film ne mentionne que quelques uns des nombreux records battus par Kingsford Smith. En 1933, il détenait plus de records de distance et de vitesse qu’aucun autre pilote. Il fit également, en 1935, un magnifique raid entre l’Australie et la Californie à bord de son Lockheed Altaïr « Lady Southern Cross » ; c’était le première traversée du Pacifique dans ce sens.

Le vol trans-pacifique de 1928 avait été remarquablement préparé. L’équipage s’était entraîné à rester près de quarante heures sans sommeil, pendant que le navigateur s’était exercé au sextant à horizon artificiel dans une voiture lancée à toute vitesse sur les routes californiennes, et sur un petit biplan instable ; ses relevés étaient comparés avec ceux d’un sextant marin. L’ opérateur radio, rompu au Morse, disposait de trois émetteurs et de deux récepteurs du dernier modèle. L’avion disposait de quatre compas. Enfin, il emportait un important matériel de survie. Un vrai travail de professionnel, que l’on ne peut s’empêcher de comparer avec l’improvisation qui caractérisa le vol d’Amelia Earhart, qui croisa sept ans plus tard la route de Smithy. Le succès de Kingsford Smith fut également une revanche sur les autorités australiennes qui essayèrent jusqu’au bout de lui faire abandonner son projet, le prenant pour un fou ! Quant à son compatriote sir Wilkins, qui était intéressé par contrat aux bénéfices éventuels de leur raid, il les poussait au contraire à partir, le plus tôt possible…

 

Les avions du film:

A part les Liberator B-24J atterrissant au début du film et ce qui paraît être un Bristol Tourer (G-AUDX) que l’on voit aussi sous forme de maquette, le principal avion est le Fokker F.VII.3m « Southern cross », ex « Detroiter » de George Hubert Wilkins. Mais l’avion fut baptisé entre temps "Fageol Flyer" et "Spirit of California" lors de ses cinq tentatives pour battre le record d’endurance détenu par un Junkers W33l (65 h. 25 min.). Le « Southern cross » était en fait un avion hybride construit à Amsterdam en 1927 et reconstruit à Seattle par Boeing, à partir du fuselage d’un F.VIIa et d’une aile de F.VIIb accidenté, ces deux avions ayant été construits pour sir Wilkins. L’avion fut acheté par Smithy sans ses moteurs.

Pour des raisons de coût, le film utilise plusieurs films d’actualité de l’époque montrant le « Southern Cross », mais l’avion authentique participa au tournage. On le distingue par l’hélice tripale qui équipe le moteur central et qui lui fut ajoutée lors de sa remise en état de vol. Lors de son vol historique, l’avion était immatriculé aux Etats-Unis puisqu’il appartenait au capitaine Hancock sous le matricule "1985", sans le NC, comme cela arrivait parfois à cette époque. En août 1928, il fut ré immatriculé G-AUSU, puis en avril 1931, il reçut le nouveau matricule australien VH-USU sous lequel il apparaît dans le film. L’avion appartint alors à l’ANA puis à Kingsford Smith en juillet 1931. En septembre 1935, ce dernier le donna  à l’Australie. Il ne revola qu’en 1945 aux mains de la 3rd Communication Unit de la RAAF, à Mascot, qui le restaura pour le tournage du film. En janvier 1946, il retourna à la vie civile et fit son dernier vol vers 1950. Il fut alors stocké à Villawood avant d’être transféré en 1958 à Brisbane, où on peut toujours le voir, remis à son standard de 1928, dans un bâtiment spécialement construit pour lui, prés de l’aéroport. Une réplique basée à Parafield Airport à Adélaïde, vola en 1987 mais elle fut accidentée en 2002. 

Autre avion rare, un Commonwealth CA-13 Boomerang, évoque le dernier avion de Kingsford Smith, le Lockheed Altaïr « Lady Southern Cross » immatricule "VH-USB", avec lequel, il a très peu de points communs...Le CA-13 n'était pas biplace, comme dans le film. Ce serait le Boomerang serial "A46-30" de la RAAF, basé à Richmond. Après le tournage, il fut donné à l'Australian Air League de Sydney. Restauré en 1966, il fut exposé à l'entrée de la base de Williamtown. Il fut ensuite transféré au War Memorial de Canberra en 1983, puis au RAAF Museum de Point Cook dans les années 90, où il est toujours exposé.

 

 

Christian Santoir

* Film rare

 

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