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RED TAILS

 

RED TAILS

 

Année : 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : guerre
Durée : 2 h 05 min.
Couleur

Réalisateur : Anthony HEMINGWAY
Scénario : John RIDLEY

Acteurs principaux :
Terrence HOWARD (Colonel A.J. Bullard), Nate (Marty 'Easy' Julian), Tristan WILDS (Ray 'Junior' Gannon), Elijah KELLEY (Samuel 'Joker' George), Leslie ODOM Jr. (Declan 'Winky' Hall), Kevin PHILLIPS (Leon 'Neon' Edwards) Method MAN (Sticks)

Musique : Terence BLANCHARD
Photographie : John B. ARONSON
Producteurs : Rick McCALLUM, Georges LUCAS
Compagnie productrice : Lucasfilm LtD., 20th Century Fox
 

Avions :

  • -Boeing B-17G, F-AZDX
  • -Curtiss P-40M, G-KITT
  • -Curtiss P-40N, F-AZKU
  • -Douglas C-47, N147DC 
  • -Junkers Ju-87B, maquette éch. 1/1
  • -Messershmitt Bf.109G, images
  • -Messershmitt Me.262, images 
  • -North American P-51D Mustang, F-AZSB, G-HAEC, N167F

 

Notre avis :

Dix sept ans après le téléfilm "Pilotes de choix" (Vo. "The Tuskegee airmen" 1995), Hollywood reprend le même thème, mais avec plus de moyens. Comme le premier, ce second film est un salut aux pilotes noirs de l'USAAF qui, aux Etats-Unis, sont non seulement considérés comme des anciens combattants, mais aussi comme des défenseurs des droits des Noirs, dont l'engagement et le comportement lors du dernier conflit, permit de faire progresser la cause noire aux USA. Ce film est produit par Georges Lucas ("Stars War"). Ce dernier déclara qu'il en avait eu l'idée dès 1988, mais qu'il lui avait été impossible d'intéresser aucun des grands studios hollywoodiens, à cause du casting entièrement composé d'acteurs noirs, sous prétexte que le film n'avait ainsi aucune chance à l'exportation…Lucas se décida donc à le financer lui même et en confia la réalisation à un jeune metteur en scène noir, Anthony Hemingway, qui travaillait, jusque là, pour la télévision, ce qui n'empêcha pas Lucas de réécrire et de diriger plusieurs scènes.

Le film fut tourné, en 2009, en Croatie, Slovénie, Italie, et en République tchèque, où fut reconstituée la base US de Ramitelli, mais aussi sur l'ancienne base aérienne de Hamilton, près de Novato (CA).

Ce film relate donc les missions des Tuskegee airmen, en prenant, comme d'habitude, certaines largesses vis à vis de la vérité historique, pour mieux forcer le trait et dramatiser le scénario. Il reprend également les mythes habituels, diffusés depuis la fin du conflit, concernant les squadrons de chasse noirs (99th, 100th, 301st et 302nd FS) du 332nd Fighter Group, de la 15th Air Force , combattant sur le front méditerranéen.

  Le film débute, en Italie, en 1944, quand les pilotes noirs du 99th FS de la 12nd Air Force, volent sur de vieux chasseurs bombardiers, derrière les lignes ennemis. L'état major n'ose pas les engager dans les combats aériens et ils doivent se contenter d'attaquer ce que l'Armée n'a pu détruire…C'est ainsi qu'un petit groupe, très uni, de pilotes, Joe "Lightning" Little, Martin "Easy" Julian, Ray "Ray Gun" et Samuel "Joker" George, sous les ordres du major Emanuel Stance et du Colonel A.J. Bullard, font face à une bureaucratie militaire qui ne considère pas les pilotes noirs comme les égaux de leurs camarades blancs. De retour d'une mission, où il a pris beaucoup de risques, Lightning fait la connaissance d'une jolie italienne, Sofia, et une idylle se noue entre eux. Entre temps, le major Stance voit une chance que ses hommes puissent sortir de leur routine, quand on les affecte à la protection d'un débarquement allié, dans le cadre de l'opération Shingle (22 janvier 1944). Ils peuvent enfin montrer de quoi ils sont capables, en affrontant la chasse allemande, dont une escadrille, menée par un as surnommé ironiquement "Pretty Boy". Ils obtiennent plusieurs victoires et ravagent un terrain d'aviation allemand. Leurs performances suscitent l'intérêt en haut lieu, et le chef du Bomber Command leur demande d'escorter ses bombardiers, vu le fort taux de perte subi par ses unités (comme on le voit pendant le générique…). Bullard accepte, à la condition que son groupe soit équipé du nouveau chasseur, le P-51 Mustang. Les Tuskegee airmen font alors peindre la queue de leurs avions en rouge afin qu'on les identifie bien. Bullard comprend que jusqu'ici, les chasseurs d'escorte se laissaient entraîner par les Allemands dans des combats individuels et abandonnaient les bombardiers à leur sort. Il ordonne donc à ses hommes de rester à tout prix aux cotés des bombardiers. Leur première mission est un succès et tous les bombardiers rentrent à leur base. Mais Ray Gun est abattu et fait prisonnier. Dee est obligé de faire un atterrissage d'urgence, lors duquel il est grièvement blessé. Easy est choqué par ces événements et se met à boire, en cachette. Les performances des "red tails" commencent à être reconnues par les équipages des bombardiers, dont ils gagnent le respect. Un jour, on leur demande d'escorter la première mission sur Berlin, mais seulement lors de la branche aller, pour des questions de propagande... Mais le groupe qui devait les relever n'est pas au rendez-vous et Easy décide de rester avec les bombardiers. C'est alors qu'ils sont attaqués par "Pretty Boy" à la tête d'un groupe de chasseurs à réaction. Malgré tout, les pilotes noirs en abattent trois, mais Lightning est mortellement touché en descendant l'as allemand. C'est Easy qui annonce la nouvelle à Sofia. Lors de l'enterrement de Lightning, Ray Gun réapparait ayant réussi à s'échapper d'un camp de prisonnier. Plus tard, les Tuskegee Airmen reçoivent une citation du Président des Etats-Unis pour leurs faits d'armes.

Le film ouvre sur le fameux rapport du War Collège, de 1925, décrétant que le soldat noir était inférieur au soldat blanc. Quatre vingt sept ans plus tard, ce rapport a été rendu caduque par les faits, sans qu'il soit besoin d'embellir les choses, comme le fait, dans une certaine mesure, le film. Malgré tout, les différentes scènes du film, comme les personnages, s'inspirent de faits et de situations réels. On peut néanmoins rectifier certaines exagérations.

Les Tuskegee airmen ne furent pas demandés par le chef du Bomber command. C'est le général Ira C. Eaker, commandant des forces aériennes sur le front méditerranéen qui, lors de l'été 1944, transféra le 332nd FG de la 12nd Air Force à la 15th Air Force, alors que le groupe n'avait accompli aucune mission d'escorte jusque là. Le 332th FG fut basé à Ramitelli, sur la côte Adriatique.

L'affirmation qu'aucun bombardier escorté par les "red tails" ne fut perdu est fausse. Entre le 9 juin 1944 et le 24 mars 1945, 27 bombardiers escortés par le 332 FG furent descendus. Mais les autres groupes d'escorte (blancs) perdirent, en moyenne, 46 bombardiers, dans le même temps, c'est-à-dire beaucoup plus.

Aucun groupe de bombardement ne demanda expressément à être escorté par les pilotes noirs. D'abord, parce qu'ils n'avaient pas le droit de choisir leur escorte, ensuite parce que les groupes d'escorte variaient sans cesse, entre les sept groupes de chasse et les vingt et un groupes de bombardement, selon un plan établi par les états majors. En outre, seuls, quelques pilotes de bombardiers savaient que le 332FG étaient composés essentiellement de pilotes noirs, notamment après que dix huit B-24 des 450 et 480 Bombardment Groups se soient posés à Ramitelli, suite à une mauvaise météo…

Les noirs étaient donc de meilleurs "escorteurs", ce qui se fit aux dépens de leurs scores personnels. Un rapport du War Department, publié en novembre 1945, conclut que les pilotes d'escorte noirs abattirent beaucoup moins d'avions que les pilotes blancs (ratio victoires/avions perdus en combat : 0.66 pour les Noirs, entre 2.08 et 2.49 pour les Blancs).

Aucun Tuskegee airman ne fut un as (avec 5 victoires), ou alors, bien après la fin de la guerre... En fait, les "red tails" furent confrontés au vieux problème que la Luftwaffe rencontra, dès 1940, au dessus de l'Angleterre : bombarder ou chasser, il faut choisir…Goering voulait que ses chasseurs restent à proximité des bombardiers, alors que les chasseurs, comme Adolf Galland, voulaient plus de liberté pour contrer la chasse adverse. Ce n'est qu'à la fin de la guerre, quand les Alliés obtinrent la supériorité aérienne dans le ciel allemand, que les chasseurs escorteurs furent autorisés à faire de la chasse libre, voire du strafing au sol, mais uniquement lors du retour des bombardiers.

Malgré cela, il est vrai que lors de la mission sur Berlin, le 24 mars 1945, les "red tails" abattirent trois Me 262 en combat aérien. Il s'agissait d'une des plus longues mission de la 15th AF: 2600 kilomètres aller et retour, pour aller bombarder les usines Daimler-Benz de Berlin. Il furent d'abord attaqués par seize Me 262 (comme dans le film) du JG.7, au-dessus de la région de Dessau, vers 11 heures, puis vers 12 heures, au sud de Berlin, par quinze autres Me.262 (des Staffeln  9 et 10), la plupart armés de rockets R4M, très meurtrières. Les lieutenants Roscoe Brown et Lt. Earl R. Lane, le sous lieutenant Charles V. Brantley, descendirent chacun un 262, sans toutefois tuer leurs pilotes (lieutenants Külp, Wörner et sous-lieutenant Ambs) qui purent se parachuter, tout en restant hors de combat le restant de la guerre, à cause de leurs blessures. Neuf B-17 et un B-24 furent descendus lors de cette mission. Néanmoins, à son issue, le général Charles Lawrence du 5th BW adressa ses remerciements au 332FG pour la protection efficace apportée à ses appareils. Le 332FG reçut également une Distinguished Unit Citation.

Dans le film, les Tuskegee airmen s'en prennent, à la mitrailleuse, à ce qui ressemble, au moins, à un croiseur (mais pas au vrai bateau attaqué). Il y a là une demi vérité. Le 25 juin 1944, il endommagèrent gravement un ancien destroyer italien (construit en 1915…), le Giuseppe Missori, converti par les Allemands, en torpilleur (TA 22). Ce bateau finit à Trieste où il fut désarmé en août 1944 et sabordé en mai 1945. Les pilotes noirs n'étaient pas alors sur des P-51, mais sur des P-47D, plus lourdement armés (huit mitrailleuses de 12.7 mm, au lieu de six) et il s'y mirent à cinq pour envoyer le navire à la ferraille.

Contrairement à ce que l'on voit dans le film, les unités des Tuskegee airmen n'étaient pas toute noires. Elles étaient commandées par des officiers blancs et ce n'est que vers la fin de la guerre, que ceux-ci furent progressivement remplacés par des officiers noirs. Le premier squadron noir, le 99th FS, fit d'abord partie de plusieurs groupes de chasse blancs (33rd FG, 324th FG, 379 FG) avant d'être transféré au 332nd FG, entièrement noir, en juillet 1944, ce qui fut mal vécu par les pilotes concernés et considéré comme une régression…

On remarquera, enfin, le nom fictif du colonel A. J. Bullard, qui rappelle celui d'Eugene Jacques Bullard, le premier pilote de chasse noir américain, ayant appartenu au Lafayette Flying Corps, lors de la première guerre mondiale (Cf. "Flyboys" 2006).

Quant à l'idylle entre Lightning et Sofia, elle est bien improbable, surtout dans le sud de l'Italie, où la mafia avait menacé de mort les soldats noirs qui courtiseraient des Italiennes…Notons que Sofia n'habite pas un village italien, au bord de l'Adriatique, mais en réalité, la magnifique petite ville de Rovinj, en Istrie (Croatie), dont on reconnait la cathédrale Sainte Euphémie.

Pour résumer, les pilotes noirs américains ne déméritèrent pas lors de la dernière guerre mondiale et eurent des performances comparables à celles de leurs camarades blancs. Ils remplirent mieux qu'eux la mission spécifique qui leur fut confiée, celle d'escorter les bombardiers. Ils furent "simplement" victimes des préjugés de l'époque, comme l'ont été les femmes pilotes (blanches), qui égalèrent les hommes, aussi bien dans les missions de convoyage, aux USA et en Angleterre, que dans les missions de guerre, en URSS.

De retour aux USA, les Tuskegee airmen se retrouvèrent confrontés au racisme "ordinaire" de leurs concitoyens blancs. Il fallut attendre 1948, pour que le président Harry Truman promulgue la loi instaurant l'égalité de traitement dans toutes les forces armées américaines. En 1949, il y avait 375 officiers noirs dans l'USAF, et en 1996, il y en avait environ 4 000. Mais en 2012, les Noirs américains se font appeler "afro-américains", alors que les Africains savent bien qu'ils ne sont que des Américains, qui n'ont plus grand-chose d'africain…

 

Les avions du film :

Le problème est qu'on peut se demander, a priori, s'il y a de vrais avions dans ce film...Parmi les nombreux commentaires, interviews, concernant le tournage, on n'a aucune information sur les avions utilisés. Tout ce qu'on sait, c'est que les acteurs eurent droit à une promenade dans un P-51D biplace du Planes of Fame de Chino. Les mêmes avions auraient été employés pour enregistrer le son des moteurs. Tous les avions vus en vol, et la plupart de ceux vus au sol, ont été reconstitués sur tables graphiques par les studios Industrial Light & Magic de Georges Lucas, assistés par plusieurs sociétés internationales spécialisées, regroupant plus de 630 artistes digitaux, cités dans le générique.... Lucas avait dit s'être inspiré des combats aériens du film de William Wellman, "Wings" (1927), pour recréer les dogfights intersidéraux de la série des "Stars War". Si on remplace les vaisseaux spatiaux "Starfighters" ARC-170 ou Z-95, par des P-51 ou des Bf.109, on a droit ici à "Stars War", épisode VII !

Quelques vrais avions ont cependant été utilisés pour les prises de vues au sol, les scènes de décollage ou d'atterrissage. Le tournage avec ces avions se déroula entre la mi avril et la mi mai 2009, sur le terrain de Milovice, en République tchèque, une ancienne base soviétique, située non loin de Prague, où fut reconstitué le terrain de Ramitelli. Grâce aux vertus du graphisme digital, les vrais avions ont pu être reproduits à de nombreux exemplaires, pour peupler les aires de dispersion de la base.

Le premier véritable avion employé pour le tournage est un Curtiss P-40M (c/n 27490, G-KITT), construit en 1943. Cet ancien avion de l'USAAF (s/n 43-5802) fut affecté à une escadrille d'entraînement canadienne (serial 840). Réformé en 1946, il fut vendu aux USA (N1233N), à l'université d'Oregon, pour servir de cellule d'instruction, jusqu'en 1954. Puis il eut plusieurs propriétaires basés sur l'aéroport de Troutdale. Reimmatriculé en 1967 (N1009N), il fut stocké, puis vendu en 1979, au spécialiste du P-40, Tommy Camp, de Livermore (CA), qui le remit en condition de vol en 1982. En 1985, il fut acquis par The Fighter Collection de Duxford (GB) et immatriculé G-KITT. En 1995, il passa en France et fut basé à Dijon (F-AZJP). Trois ans plus tard, il retournait à la The Fighter Collection jusqu'en 2005 date de son rachat par l'association Hangar 11 Collection de North Weald qui l'exhiba dans de nombreux meetings. En mai 2009, il rejoignit Milovice pour le tournage du film, où il reçut une nouvelle décoration avec le vrai faux serial "210855", qu'il devait garder jusqu'à la date de sortie du film. Ce numéro de série correspond en fait à un P-40L (quatre mitrailleuses, au lieu de six, moteur Packard V sans prise d'air sur le capot moteur, mais avec une grille derrière le cône d'hélice) qui était le modèle de P-40 qui équipait effectivement le 99th squadron. Le "210855" était la monture du lieutenant Robert W. Diez. Deux maquettes à l'échelle 1/1 furent également construite, mais avec un pare-brise plutôt mal rendu. Tous les P-40 du film on été reproduits à partir de ce P-40M. Les autres P-40 portent les codes (avec des lettres non conformes, qui devraient être plus petites que les chiffres…) "A3-1, "A2-7" (avec le vrai faux serial "37068", qui est celui d'un P-51B), "A3-3". Ce dernier avion, vu de près, au sol, dans une scène où Lightning a une explication avec ses mécaniciens, après avoir ramené son avion endommagé, est un P-40N.

Ce P-40N (c/n 29677, serial 42-105915, F-AZKU) appartenait à la Société de Développement et de Promotion de l'Aviation, basée à la Ferté-Alais. Destiné à l'origine à la force aérienne chinoise, il fut affecté à la 5th Air Force dans le Pacifique et au 7th Fighter Squadron du 49th Fighter Group. Il fut abandonné à Tadji, en Papouasie-Nouvelle Guinée. Récupéré en 1974, l'épave fut exposée en 1977, en l'état, dans divers collections privées et musées. En 1980, l'avion fut restauré avec l'immatriculation "VH-KTI" et remis en état de vol en 2002. En 2007 , le P-40 fut acquis par l'AJBS de la Ferté Alais (F-AZKU). L'avion fut présenté dans diverses manifestations avec sa décoration d'origine (code "12" et le nom "Little Jeanne" que lui avait donné son pilote, pendant la guerre).

Les autres chasseurs utilisés par le tournage sont trois North American P-51D Mustang.

Le premier (c/n 122-40967, s/n 44-74427, F-AZSB) appartenait également à la Société de Développement et de Promotion de l'Aviation, de la Ferté-Alais. Livré à la RCAF (serial 9592) où il servit avec le No. 403 Squadron (Auxiliary) de Calgary, dans les années 1950, mais aussi avec le No. 442 Squadron (Auxiliary) de Sea Island (BC). Il fut vendu en 1959 aux Etats-Unis (N9148R). Reimmatriculé "N2251D" en 1962, il connut divers propriétaires avant d'être endommagé par l'explosion des bouteilles d'oxygène en 1970. Réparé, il revola en 1975 sous diverses décorations et avec des surnoms différents ("Doc's doll", "Miss Coronado", "Nooky Booker IV"..). En 1998, il fut acquis par Christophe Jacquard de Nîmes. Depuis 2000, il est basé à la Ferté Alais. L'avion porte le code "7-AI" dans le film.

Le second Mustang est le P-51D (c/n 1517, s/n A68-192-1517, G-HAEC) appartenant à un collectionneur anglais. Il s'agit en fait d'un Commonwealth CA-18 Mustang 22, construit au Canada par Commonwealth Aircraft Corporation Pty. Importé en 1985 par Ray Hanna de la Old Flying Machine Company de Duxford. Ce Mustang livré à la RCAF en 1951, eut une carrière mouvementée. Réformé en 1958, il fut d'abord acquis par un Australien (VH-FCB). Il resta en Australie entre 1961 et 1969, puis, il fut immatriculé aux Philippines (PI-C651), où il fut accidenté en 1973. Reconstruit à Hong-Kong, avec des pièces d'un autre Mustang philippin (sn 444-72917), il revola en 1985 (VR-HIU). En 1982, il fut acheté par Ray Hanna et importé en Angleterre, en 1985 (G-HAEC). En 1993 et en 1997, il changea de propriétaire En 1997, il fut repeint avec la décoration du P-51D-20NA, (serial 44-72218) "Big Beautiful Doll". En février 2011, l'avion est inscrit au nom de Air fighter Academy Gmbh., sis en Allemagne. Dans le film, il porte le code "4-AI".

Le troisième Mustang (c/n 122-40417, N167F) appartenait à l'association Scandinavian Historic Flight d'Oslo. Cet ancien avion de l'USAAF (s/n 44-73877) construit en 1944 fut stocké, puis livré en 1951, à la RCAF et affecté au No. 403 Squadron (Auxiliary) de Calgary. En 1957, il fut vendu aux Etats-Unis (N6320T) où il connut plusieurs propriétaires avant de retourner au Canada en 1960, où il fut immatriculé "CF-PCZ". En 1968, il repassa la frontière, et reçut le matricule "N167F". Accidenté au sol, en septembre 1969, il passa de main en main jusqu'à son rachat par le Scandinavian Historic Flight en septembre 1980. Restauré par Vintage Aircraft Ltd., de Fort Collins (CO), il fut convoyé en Norvège en 1986. Depuis, il apparut dans divers meetings européens et participa en 1989 au tournage du film "Memphis Belle". Depuis 2001, ce Mustang, décoré comme l'avion du lieutenant Clarence E. "Bud" Anderson, vole avec le serial "44-14450", le nom de "Old Crow" et le code "B6-S" du 363rd Fighter Squadron, 357th Fighter Group, pendant la guerre. Dans le film, il porte le code "A2-9".

Deux maquettes de P-51D à l'échelle 1/1 furent réalisées pour les vues au sol. Elles portent les codes "A1-8" et "A3-3"; le "A3-3" était l'avion du Lt. Georges Hardy du 99th FS, surnommé "Tall in the Saddle". Ces maquettes sont très bien construites, mais on les repère à leurs pneus aux sculptures trop accentuées, aux pipes d'échappement des moteurs et à leur verrière un peu trop bombée. Le "A3-3" fut détruit pour simuler un atterrissage forcé.

Les avions du 332FG avaient une casserole d'hélice et une dérive, rouges, et des bandes d'invasion jaunes sur les ailes, comme tous les P-51 des 12nd et 15th Air Forces. Les avions du 99th FS avaient des compensateurs (trim tab) de gouvernail bleus, avec une bande à damier bleu et blanc sur le nez (remplacée, plus tard, par une simple bande bleue), ceux du 100thFS, des trims noirs avec une bande rouge, ceux du 301stFS des trims rouges et une bande rouge et ceux du 302nd FS, des trims jaunes avec une bande rayée horizontalement rouge et jaune. Les trois vrais avions du tournage, repeints à Milovice, portent tous les codes du 99FS, mais sont donc décorés comme des avions du 100FS, avec un nez et un cône d'hélice, rouges...

Comme le montre le film, mais pas assez, les Tuskegee airmen n'étaient pas uniquement des pilotes de chasse, volant sur des P-51 Mustang à la queue rouge. Les pilotes noirs n'eurent pas que des P-40 et des P-51. S'ils commencèrent effectivement la guerre avec des Curtiss P-40 Warhawk, plutôt à bout de souffle, en mai 1944, ils effectuèrent des patrouilles côtières sur des Bell P-39Q Airacobra, tout aussi fatigués. Le 25 avril 1944, le 332FG reçut ses premiers Republic P-47D Thunderbolt Razorback, qui étaient également des avions de seconde main. Ce furent les premiers avions à arborer une dérive peinte en rouge. Ce n'est que vers la fin juin 1944, qu'ils touchèrent leurs premiers North American P-51 Mustang, modèle P-51B/C. Dans le film, les Tuskegee airmen pilotent uniquement des P-51D (avec six mitrailleuses au lieu de quatre), à verrière à vision totale, qu'il reçurent à partir d'octobre 1944 et qui continuèrent à être utilisés conjointement avec les P-51B/C. Au début du film, les pilotes (blancs) d'escorte pilotent des P-51B/C (en images digitales).

   

Un P-51D du 99FS, 332FG, à Ramitelli.

Les vues rapprochées des pilotes dans leur cockpit, ont été tournées en studio, dans des maquettes d'habitacles, plus ou moins bien reproduites. Ainsi, la verrière du P-40M/L a des montants trop gros et un pare-brise approximatif…

En plus des chasseurs, on fit appel à un Boeing B-17G, pour certaines prises de vues au sol (extérieures et intérieures) et pour servir de modèle de référence aux artistes digitaux pour reproduire des boxes entiers de B-17 en plein vol. Il s'agissait de celui de l'association "Forteresse Toujours Volante" de la Ferté-Alais. Ce B-17G (c/n 8246, s/n 44-8846, F-AZDX) appartenait pendant la guerre au 511th Bomb squadron (351st Bomb Group de la 8thAF) basé à Polebrook. Il accomplit six missions au-dessus de l'Allemagne, avant la fin du conflit. En 1947, transformé en RB-17G, il fut utilisé pour des missions d'espionnage le long du rideau de fer. Il fut réformé en 1954, date de son acquisition par l'IGN (F-BGSP). Après avoir servi partout dans le monde, il fut racheté en mai 1985 par l'AJBS qui le restaura dans sa configuration guerrière d'origine, sans toutefois sa tourelle de queue Cheyenne, ni sa tourelle de menton. Il fut transformé ainsi en B-17F pour les besoins du film "Memphis Belle" (1990). Il est actuellement décoré, comme à son origine, comme le B-17G "Pink Lady" (serial 48846) du 511th Bombardment Squadron (code M-DS). Au début du film, les B-17G portent la même décoration que le F-AZDX, avec un tail code très proche, un "L" (au lieu d'un "J") dans un triangle blanc (1st Bomb Wing, 381th BG, basé à Ridgewell). Mais les codes des esacdrons : "CH", "PK", "RM" sont fantaisistes (ils devraient être: VE, VP, GD, MS). On remarque que les B-17G du film ont leur tourelle de menton, des mitrailleuses sur des sabords fermés, décalés, mais qu'ils ont conservé leur ancienne tourelle de queue.

Les B-17G de la fin du film (mission du 24 mars 1945) ne portent aucun camouflage, qui avait été progressivement abandonné depuis le début de 1944. Ils sont équipés d'une tourelle caudale "Cheyenne" et porte le tail code "Y" blanc dans un losange (diamant) noir du 99Bomb Group, 5th Bombardment Wing, 15th Air Force, ce qui est conforme à la réalité. Mais les serials reconnaissables sont faux (ex.: "431583" est le serial d'un monomoteur Vultee BT-13B…). Mais dans le générique de fin, on remercie la société historique du 463rd Bomb Group (Y dans un cône noir) de la 15th Air Force.

Rappelons que les Tuskegee airmen escortèrent également des B-24 qui équipaient certains groupes de bombardement de la 15th AF.

Enfin, un Douglas C-47 participa au tournage à Milovice. Il fut reproduit à quatre exemplaires grâce à la magie de l'informatique et n'apparaît qu'au sol. Il porte le serial "2100884" et la lettre "D" sur la dérive. Il s'agit d'un vrai C-47 (c/n 19347, s/n 42-100884) qui servit, pendant la guerre, sous les couleurs anglaises, comme un Dakota III (serial TS423). Rayé des listes en 1947, il fut affecté au RAE (Royal Aircraft Establishment) qui l'utilisa pour développer le radar du General Electric Lightning. En septembre 1979, il fut immatriculé "G-DAKS" au nom de Trading As Aviation Enterprises, puis en 1980, de Aces High Ltd. Il parut alors dans plusieurs téléfilms avec différentes identités (G-AGHY, KG374 et le serial 10884). En 1998, il fut reimmatriculé aux USA, "N147DC", au nom de Aces High USA. En 2002, il retourna en Angleterre et apparut dans plusieurs manifestations, décoré comme un C-47 américain ayant participé au débarquement de Normandie. Pour le film, on se contenta d'effacer les bandes de débarquement et le code "L4" inscrit près du cockpit.

Les prises de vues aériennes destinées à être intégrées aux images digitales, ont été effectuées par un hélicoptère Eurocopter AS.355 Ecureuil 2 (OK-AIA), loué à DSA (Delta System Air), une société charter tchèque.

Côté allemand, aucun véritable avion ne fut utilisé, bien qu'on puisse trouver maintenant des Bf.109, des répliques de Fw.190 et même de Me.262, en état de vol, en Europe ou aux USA. Tous les avions allemands furent reconstitués en images de synthèse. On ne voit que des Messerschmitt Bf.109G et des Me. 262, et aucun Focke Wulf Fw-190, dont une trentaine furent pourtant abattus par le 332FG.

Le Bf.109G de "Pretty boy" (la version WWII de Dark Vador, qui demande à ses pilotes de "ne montrer aucune pitié" quand ils attaquent les B-17 !) a un nez entièrement jaune (comme certains avions du JG52, sur le front russe), et une dérive jaune, qui, pour un Gruppen Kommandeur (dont il porte les chevrons, peu conformes), aurait dû être blanche. Il a pour marque personnelle, une tête de mort, peinte sur le capot moteur, et porte, sous le cockpit, l'insigne du JG.3 "Udet"…La swastika de dérive peinte dans un cercle blanc (façon 1938), sur un bandeau jaune, ne correspond à rien de connu. Les Bf.109G de son groupe sont des Kanonenboot équipés de deux canons MG 151 de 20 mm, en gondole sous les ailes (Rüstsatz VI).

Les Me.262 reprennent les mêmes décorations que les Bf.109. Or l'insigne du JG3 ne fut jamais porté par un Me.262. En novembre 1944, l'unité d'état major Stab II/JG3 fut séparée du Geschwader pour être transformée sur Me 262 et intégrée dans le JG.7 "Nowotny", à l'insigne du "lévrier" (Windhund). Notons, au passage que le masque à oxygène de Pretty Boy (Auer modèle HM5/15 10-67) apparait un peu dépassé, en 1945, pour un pilote de jet. Les pilotes de Me-262 portaient un masque Auer (modèle 10-6701) plus élaboré, fixé au casque (LKpN101) par deux sangles, mais qui nécessitait toujours l'usage du laryngophone. L'avion de Pretty boy, comme son ancien Bf.109, a un nez entièrement, jaune de même que sa dérive, une décoration très improbable pour un Me 262. Rappelons que les Me 262 du JG7, impliqués dans cette attaque, n'avaient pas de marques très voyantes. Alors que les mitrailleuses des Tuskegee airmen font de véritables ravages, les quatre canons Mk. 108 de 30 mm (650 coups par minute x 4) concentrés dans le nez des jets allemands, qui faisaient du Me 262 le chasseur monoplace le plus lourdement armé de la guerre, ne font que des petits trous dans la tôle ou la verrière des Mustangs (comme des mitrailleuses de 7.7 mm) ! Un obus de 30 mm, bien placé, était pourtant suffisant pour faire exploser un P-51 ou découper proprement l'aile d'un B-17.

Sur la base allemande, en Italie (en fait, en République tchèque; les avions passent à côté du château de Karlstein..), dévastée par les Tuskegee airmen, au début du film, on aperçoit au sol, une maquette grandeur réelle de Junkers Ju-87B, deux autres de P-40, avec une svastika sur la dérive (!) et une de Bf.109G.

 

Christian Santoir

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