Rechercher dans ce blog

RAZMAH KRYLYEJ

 

RAZMAH KRYLYEJ

Vo.Размах крыльев

(Envergure)

 

Année : 1986
Pays : URSS
Genre : catastrophe
Durée : 1 h 34 min.
Couleur

Réalisateur : Gennadi GLAGOLEV
Scénario : Boris RAKHMANIN, Yu. YAROVOY
Yevgeni KARELSKIKH (Sleznyov), Vladimir ZAMANSKY (Vasilkov), Sergei SAZONTYEV (Sudarev), Vyacheslav BARANOV (Kiselyov), Vitali DOROSHENKO (Nevyantsev)

Musique : Aleksandr GRIVA, Ivars VIGNERS
Photographie : Valeri SEVOSTYANOV
Compagnie productrice : Odessa Film Studios

Avions :

  • -Antonov 24V
  • -Ilyouchine Il-18V, CCCP-75423
  • -Tupolev Tu-154, en arrière-plan


Notre avis :

Basé sur le roman de Yuri Yarovoy "Un cas particulier", ce film pourrait passer pour une version soviétique tardive de "Ecrit dans le ciel" (1954) de William Wellman, avec des scènes dignes d' "Airport" (1970). C'est l'histoire d'un quadrimoteur de l'Aeroflot dont deux moteurs tombent en panne alors qu'il survole la Sibérie. Un scénario classique du film catastrophe, basé sur l'affrontement des caractères, tant chez les membres de l'équipage, que chez les passagers.

A l'aéroport d'Irkoutsk, le soir, on procède à l'embarquement des passagers à destination de Sverdlovsk. C'est ainsi que dans un Ilyouchine Il-18 de l'Aeroflot, se retrouvent un paysan, serrant dans ses bras un magnétoscope, un homme avec une cage à oiseaux sur les genoux, un jeune militaire, une grand mère et son petits fils, une mère de famille et ses deux petites filles, un couple qui a du mal à se supporter, deux amoureux, un jeune homme très débrouillard et une dame très bavarde...Le vol s'annonce bien, mais la météo de ce début d'avril est mauvaise. Au bout d'une heure de vol, l'alarme incendie du moteur n°3 se déclenche. Le copilote éteint le moteur et déclenche les extincteurs. Un peu plus tard, c'est le moteur n° 4 qui prend feu à son tour. L'avion doit voler sur la seule puissance de ses deux moteurs gauche. Le pilote et le mécanicien n'ont pas la même approche du problème, ce qui crée des tensions. L'avion ne peut garder son altitude et descend de niveau, mais doit alors faire face à des problèmes de givrage. Les services de la compagnie alertées tentent de trouver une solution, mais les aéroports de déroutement, comme Novossibirsk, Kemerovo, ou Tomsk, sont fermés suite à une tempête de neige. Dans la cabine, la tension monte au fur et à mesure que les passagers s'aperçoivent que les moteurs droits sont arrêtés ! Une jeune femme et un jeune homme commencent à paniquer; l'hôtesse réussit cependant à les calmer. Les passagers s'attendent au pire. Finalement, les responsables de l'Aeroflot, à Sverdlovsk, décident de faire dégager les pistes de l'aéroport de Tioumen. Bien que les moteurs gauche soient poussés à leur puissance maximum, leurs paramètres étant dans le rouge, ils tiennent bon; le commandant de bord décide finalement d'atterrir à Sverdlovsk-Koltsovo comme prévu, la distance entre Tioumen et Sverdlovsk n'étant pas très grande. A l'aéroport, les familles de passagers et des membres de l'équipage, averties des problèmes de l'avion, sont dans l'angoisse. L'atterrissage se passe sans problème malgré une visibilité minimale et tout le monde se retrouve. Un passager a vu ses cheveux bruns devenir tout gris…

 Le film obéit tout à fait aux règles du genre avec des passagers bien typés, l'hôtesse courageuse, la tension dans le cockpit et une dramatisation poussée d'une panne mécanique, somme toute assez banale et facile à gérer pour un équipage bien entraîné. Le vaillant Ilyouchine Il-18 avait une réserve de puissance suffisante avec ses quatre turbopropulseurs Ivchenko AI 200M de 4250 chevaux unitaires (crachant une belle fumée noire au décollage…), pour monter à pleine charge et croiser, sur trois moteurs, voire même deux moteurs. On remarque d'ailleurs (suivant les indications du film) qu'il parcourt les 2800 km séparant Irkoutsk de Sverdlovsk (Ekaterinbourg) en cinq heures, soit une honnête moyenne de 500 km/h, malgré de mauvaises conditions météo et deux moteurs tombés "en carafe".

L'embarquement à Irkoutsk est une belle cohue, on se croirait plutôt dans un petit aéroport régional, quelque part en Afrique…

On ne comprend pas très bien pourquoi (nous ne parlons pas le russe..) lors de l'incendie du moteur n° 4, le commandant de bord, interdit au mécanicien d'activer manuellement les extincteurs, comme lui même l'avait fait pour le moteur n° 3. Il est vrai que, après s'être rallumé, le voyant s'éteint de nouveau; peut être une fausse alarme ou une panne sans incendie ? Rappelons que le système anti-incendie des nacelles de l'Il-18, comporte un algorythme en deux étapes;  les extincteurs sont d'abord actionnés automatiquement par les flammes, puis, en cas de nécéssité, ils peuvent être actionnés une deuxième fois par l'équipage.

Ce film a une grande intensité dramatique, tant dans le cockpit que dans la cabine, il est bien réalisée, notamment en ce qui concerne l'aspect technique, le conseiller ayant été efficace. Le travail des contrôleurs au sol et des responsables de la compagnie est également bien décrit. Ce film, inconnu en occident, est supérieur à bien des films catastrophes hollywoodiens plus récents, même s'il est moins spectaculaire.

 

Les avions du film :

L'action se passe à bord d'un Ilyouchine Il-18V (c/n 182 0056 01, CCCP-75423) de l'Aeroflot (du moins c'est le matricule de l'avion que l'on voit voler, car au sol, on ne voit que la partie avant de l'appareil). Bien que construit au début des années 60, cet avion  resta en service à l'Aeroflot jusqu'en 1990, date à laquelle, il fut exploité comme avion cargo par IRS Aero. Entre 1993 et 1997 (RA75423), il fut  transformé en avion de surveillance environnementale avec capteurs infrarouges et un long pod sous l'avant du fuselage contenant un radar à antenne latérale (Side Looking Airborne Radar). En 1997, retiré du service puis remis en état de vol en 1999, il fut convoyé à Pushkin où il fut debarassé de tous ses équipements et transformé en avion de transport mixte. Cédé à Moskovia Airlines en 2005, il était parqué à Moscou-Zukhovsky en 2007-2009. En 2010, il aurait été acquis par une compagnie du Kirghizstan (EX-602). La longévité de cet appareil increvable ne fait que souligner la robustesse de ce Douglas DC-7 amélioré. Plusieurs dizaines d'Il-18 volent toujours de par le monde, surtout en version cargo.

Certaines vues ont été tournées dans le cockpit, quand l'avion survole la couche, mais aussi au sol. L'Il-18 se pilote à cinq : pilote, copilote, mécanicien, navigateur et radio (derrière le copilote). Ce dernier émet et reçoit des messages en morse, qu'il passe au commandant, écrits sur des petits papiers, comme sur un navire ! Le mécanicien est installé sur un strapontin entre les pilotes et s'occupe des réglages moteurs. Les instruments datent des années cinquante et vu leur rusticité, ils pourraient convenir à des engins agricoles... En plein milieu du pare brise, on trouve le scope du radar météo, muni d'une visière et orientable, à droite ou à gauche, pour être plus accessible aux pilotes; au-dessus, encadrant le pilote automatique, quatre gros cadrans sont les accéléromètres des fuseaux moteurs. Les nacelles des turbines ne peuvent subir que des vibrations n'excédant pas 4.5 g, pour les moteurs extérieurs, et 6.5 g, pour les intérieurs…En cas de dépassement, il faut changer les moteurs et leurs bâtis.

La cabine est bien reproduite avec ses cinq rangs de sièges, son vaste galley en U situé à l'arrière, avec ses boites à café en inox sur les parois. L'hôtesse, pour préparer les plateaux, passe un coquet tablier à volant. On l'appelle au moyen d'une sonnette, comme dans une maison bourgeoise... Tout cela est très kitsch.

Nous nous rappelons très bien cet avion pour avoir fait plusieurs vols entre Dakar et Bamako, à bord d'un des quatre Il-18 d'Air Mali, en 1970. C'était un avion où l'espace n'était pas compté (les sièges étaient larges, même en classe touriste), mais bruyant, y compris dans le cockpit; on ne comprend pas comment les passagers du film ne se sont pas aperçus tout de suite que deux moteurs avaient été coupés ! Au droit des hélices on avait d'ailleurs installé une penderie et les toilettes (avec une cuvette blanche, comme à la maison, et un vaste lavabo en inox; mais on y restait juste le temps nécessaire, vu le bruit et les vibrations…). La première classe avait été installée à l'arrière pour épargner les oreilles des passagers payant le prix fort.

Après la perte des deux moteurs droit, on remarque que les pilotes maintiennent le volant constamment braqué à gauche et ne sont pas trop de deux pour maintenir l'avion en ligne de vol, ce qui paraît excessif. Lever légèrement l'aile où les moteurs sont arrêtés, est une procédure normale pour éviter le dérapage de l'avion, mais le premier geste est de mettre du pied contraire au palonnier et de régler le compensateur de direction pour empêcher l'avion de virer du coté des moteurs coupés. Cette manœuvre ne se voit pas dans le film. Pour changer de niveau, le pilote fait sortir le train en cabrant l'appareil, afin de le freiner, puis rentre les roues une fois le nouveau niveau atteint; cela lui évite de réduire les moteurs…A part cette procédure plutôt acrobatique et peu orthodoxe, la check list de démarrage, les actions de l'équipage en vol, semblent tout à fait correctes (extinction des moteurs, mise en drapeau des hélices, activation des extincteurs de secours dont les interrupteurs plombés sont situés sur le plafonnier). On note que le voyant d'alarme incendie sur le tableau de bord, se double d'une sirène.

Au début du film, à Irkoutsk, le commandant de bord salue son collègue, pilote d'un Iliouchine Il-62, qu'il semble envier. On voit aussi plusieurs Tu-154, sur l'aéroport.

Vers la fin, un Antonov 24V de l'Aeroflot prend son envol dans un paysage enneigé.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur https://ok.ru/video/

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes