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PRZECIWKO BOGOM

 

PRZECIWKO BOGOM

(Contre les dieux)

 

Année : 1961
Pays : Pologne
Durée : 1 h 21 min.
Genre : Drame
Noir et blanc

Réalisateur : Hubert DRAPELLA
Scénario : Stanisław GROCHOWIAK, Hubert DRAPELLA

Acteurs principaux :
Zaczyk STANISLAW (Capitaine Charles Doron), Mariusz DMOCHOWSKI (Pierre Doroń, le frère de Charles), Ewa BERGER-JANKOWSKA (Maria, l'épouse de Charles), Stanisław WYSZYNSKI (Jędrek), Kostecki JOSEPH (le colonel), Ignacy MACHOWSKI (le major), Jadwiga SKUPNIK (la chanteur, la petite amie de Jedrek).

Musique : Kazimierz SEROCKI
Photographie : Mikołaj SPRUDIN, Wacław FLORKOWSKI
Production : Zespół Filmowy Studio 

Aéronefs :

  • MiG-17F "Fresco" /  PZL Lim-5P
  • MiG-15UTI   / PZL SB Lim-2
  • Mil Mi-1 / SM-1
  • PZL TS-8 "Bies", en arrière-plan
  • Yak-12

 

Notre avis :

Ce film est à replacer dans le contexte de la Pologne du début des années 60 qui connaissait  une certaine libéralisation du régime après l'arrivée au pouvoir de Władysław Gomułka, un communiste réformateur (très modéré...), en 1957. Après avoir salué, trois ans plus tôt, les pilotes polonais ayant combattu avec la RAF pendant la dernière guerre et qui avaient été accusés d'être des suppôts de l'impérialisme, dans "Historia Jednego Mysliwca", Hubert Drapella fait ici une sorte de critique de ces héros bardés de médailles, en laissant entendre que leur temps est révolu et que l'aviation, désormais, n'a plus besoin de fortes individualités, mais de pilotes professionnels, disciplinés, respectueux des consignes et des manuels de vol.

Le capitaine Charles Doron est en vol de patrouille au dessus de la mer Baltique, quand le réacteur de son chasseur se met à cafouiller. Après avoir essayé divers régimes moteur qui n'apportent aucune amélioration, et voyant sa vitesse chuter, il décide de s'éjecter; son avion s'abîme dans la mer. Peu après, il est récupéré et emmené à l'hôpital. Son épouse Maria et son frère, Pierre, un pilote qui a perdu la vue pendant la dernière guerre, vont l'accueillir à sa base. Mais Charles s'aperçoit bientôt que ses camarades le fuient; il surprend des conversations où on laisse entendre que c'est un lâche qui a préféré  sauver sa peau plutôt  que de chercher à sauver son avion. En fait, personne ne peut affirmer que sa décision a été correcte ou non, en l'absence de preuves. Le frère de Charles, Pierre, un héros de la dernière guerre qui souffre de ne plus pouvoir voler, entretient parmi les pilotes de la base, à force de ressasser ses exploits, un certain état d'esprit où l'héroïsme, l'audace, le courage, ont plus de valeur que le bon sens et le professionnalisme. En attendant, Charles est interdit de vol et doit s'occuper au sol de l'entraînement des jeunes pilotes. Ceux-ci ont une fâcheuse tendance à oublier les procédures. Lors d'une séance d'entraînement, le jeune Jedrek oublie de sortir les volets, efface la piste et finit dans l'herbe. Il se fait vertement réprimandé par le colonel, commandant de la base. Doron vit de plus en plus mal d'être bloqué au sol et ses relations avec son épouse et son frère, qui vit avec eux, se dégradent. Il commence à fréquenter les bars. Un soir, où il ne peut trouver le sommeil, le téléphone sonne. C'est le colonel de la base, un des rares à avoir encore confiance en lui, qui l'appelle pour lui faire faire une mission d'entraînement de nuit. Il part de suite. Il décolle avec pour ailier, Jedrek, qui a bien besoin d'améliorer son pilotage. Mais quand il retourne à la base, ce dernier arrive trop vite et fauche le train. Il a néanmoins le temps de sortir de l'avion avant que les réservoirs n'explosent. Pendant ce temps, Charles tourne en rond et doit bientôt atterrir, son carburant étant au plus bas. Bien que gêné par la fumée sortant de l'épave de l'avion de Jedrek, il réussit un atterrissage de précision parfait. Il n'a pas perdu la main. Maria est venue au terrain, suivie par Pierre. Elle embrasse son mari qu'elle vient enfin de retrouver.

Ce film qui se passe à l'intérieur d'une base militaire et qui expose les conflits entre les pilotes, est assez étonnant, en pleine guerre froide, dans une république socialiste. Par ce coté, il est assez moderne. Alors que notre ignorance de la langue de Chopin nous empêche de saisir toute la subtilité de ce psychodrame, qui, selon certaines sources, aurait reçu un mauvais accueil et ruiné la carrière du réalisateur qui ne tourna guère après ! Néanmoins, nous saluerons la bonne réalisation des scènes aériennes avec de belles images du MiG-17, sur fond de nuages.

 

Les avions du film :

Le principal avion du film est le MiG-17F "Fresco" ou plus exactement sa version polonaise construite sous licence par WSK-Mielec, sous la dénomination Lim-5P (LIcencyjny Myśliwiec) à partir de 1959. Cet avion est filmé en l'air et au sol; on en voit plusieurs exemplaires avec les codes : 1102, 0709, 1329, 1330, 1712.. Dans un hangar, un mécanicien actionne la manivelle qui permet de descendre ou remonter le compartiment des canons situé sous le cockpit, un procédé très pratique. Le cockpit, montré dans le film, est un vrai cockpit et les instruments métriques : variomètre (jusqu'à +/-7500 mètres/min.), jauge carburant, tachymètre, vitesse (de 10 à 1050 km/h), chronomètre,, sont conformes.

Le film met bien l'accent sur une des faiblesses du MiG-17, sa courte autonomie (1 h 10 minutes, pas plus), le pilote passant son temps à surveiller sa jauge de carburant; la PC allumée, on voit l'aiguille baisser à vue d'œil ! Autre problème, auquel le jeune Jedrek est confronté, les freins, actionnés par une poignée (genre bicyclette..) située sur le manche. Les actionner trop vite à l'atterrissage fait éclater les pneus, ce qui arrive à Jedrek, qui s'est posé trop long. On remarquera que l'équipement des pilotes est plutôt "décontracté" pour piloter un avion qui plafonne à 17500 m et atteint 1000 km/h. Il ne doit être porté que pour des mission d'entraînement à faible altitude. Les pilotes ne portent en effet ni casque dur, ni lunette, ni masque à oxygène, juste un serre tête identique au Netzkopfhaub des pilotes de la Luftwaffe (modèle LKpN 101), pendant la guerre.

L'éjection de Doron se fait à partir d'un MiG-15UTI biplace, construit également en Pologne sous le nom de SB Lim-2. Deux de ces avions modifiés (verrière arrière enlevée) servirent pour des essais du siège KK-1. On voit le n° 0003 en vol.

Lim-2 et Lim-5 resteront en service jusqu'en 1991/1992 dans la Siły Powietrzne Rzeczypospolitej Polskiej (force aérienne de la république polonaise).

En arrière plan, on aperçoit plusieurs autres avions en service en 1961 : l'avion d'entraînement à hélice PZL TS-8 "Bies" BII, un appareil de construction entièrement nationale (moteur et cellule), construit par PZL-Mielec; un Yak-12 de liaison construit sous licence par PZL à Varsovie-Okęcie.

Charles Doron revient de l'hôpital dans un hélicoptère Mil Mi-1 (avec le numéro 008), construit également en Pologne, par PZL-Świdnik sous le nom de "SM-1".

 

Christian Santoir

* Film disponible sur https://www.cda.pl/video/73426789a

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