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PRISONNIERS DE SATAN

 PRISONNIERS DE SATAN

Vo. The purple heart 

 

Année : 1944
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 39 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Lewis MILESTONE
Scénario : Jérôme CADY, Darryl F. ZANUCK

Principaux acteurs :
Dana ANDREWS (Capitaine Harvey Ross), Richard CONTE (lieutenant Angelo Canelli), Farley GRANGER (Sergent Howard Clinton), Kevin O'SHEA (Sergent. Jan Skvoznik), Don 'Red' BARRY (Lieutenant Peter Vincent), Trudy MARSHALL (Mrs. Ross), Sam LEVENE (Lieutenant Wayne Greenbaum), Charles RUSSELL (Lieutenant Kenneth Bayforth).

Musique : Alfred NEWMAN
Photographie : Arthur C. MILLER
Producteur : Darryl F. ZANUCK
Compagnie productrice : Twenty Century Fox

Avions : 

  • North American B-25C, maquette

 

Notre avis :

Ce film fait partie de la trilogie relatant le célèbre raid de Doolittle sur le Japon, le 18 avril 1942. Le premier est "Destination Tokyo" (1943), sur la mission d'un sous-marin chargé de repérer les cibles potentielles pour les bombardiers, le second est "Purple heart" qui relate le procès d'un équipage américain capturé après le raid. Enfin, "Trente secondes sur Tokyo" (1944) sur le raid lui-même, complète le cycle.

En août 1942, parvint aux USA, par l'intermédiaire du consulat suisse de Shanghai, la nouvelle que huit aviateurs américains du raid de Doolittle étaient détenus dans la ville. Le 19 octobre, la radio japonaise annonça simplement que "plusieurs" d'entre eux avaient été exécutés, "après enquête et aveux", laissant le pays et les familles dans l'incertitude. Cette nouvelle déclencha en Amérique une vague de haine qui renforça sans aucun doute la détermination des Américains de vaincre les Japonais. La lourdeur des peines infligées contrastait avec les faibles dégâts provoqués; la propagande japonaise se moqua d'ailleurs du raid en l'appelant "Do-nothing raid" (Doolittle= Do little, faire peu, en Anglais) et prétendit que plusieurs bombardiers avaient été abattus, alors qu'aucun avion ne fut perdu du fait des Japonais. Les Américains furent accusés d'avoir bombardé des zones résidentielles et des écoles, toutes choses que les Japonais avaient eux mêmes fait en Chine. Ce simulacre de procès devait servir d'exemple aux autres aviateurs alliés qui auraient pu avoir l'idée d'attaquer de nouveau le sol sacré du Japon.

Le War Department n'était guère favorable à la réalisation de ce film, en 1943, craignant qu'il ne provoque des représailles à l'égard des autres prisonniers américains. Il demanda que le film ne fasse référence à aucun acte de torture, ni aux atrocités japonaises. Darryl F. Zanuck qui rentrait du front Pacifique, décida néanmoins de produire le film et d'écarter toute censure. Le 27 janvier 1944, la Navy et le War Department publièrent un rapport détaillant le comportement inhumain des soldats japonais envers des milliers de prisonniers alliés, après la chute de Bataan et de Corregidor; les crimes japonais s'étalaient donc maintenant en plein jour. Le War Department maintint néanmoins ses objections concernant le coté spéculatif de l'histoire, alors qu'on ne connaissait pas les détails exacts, ainsi que le titre lui même, jugé impropre (le "Purple heart" est la médaille des blessés). Il pensait en outre qu'il aurait un mauvais effet sur le recrutement des jeunes.

Zanuck choisit de grouper les deux équipages capturés, ceux du lieutenant Dean Hallmark et du lieutenant William Farrow, en un seul, leur B-25 ayant été alors plutôt encombré…Les huit prisonniers étaient : les lieutenants Dean E. Hallmark, Robert J. Meder, Chase Nielsen, William G. Farrow, Robert L. Hite, George Barr et les caporaux Harold A. Spatz et Jacob DeShazer.

Le film commence en avril 1942, quand un groupe de reporters des pays de l'Axe et des pays neutres, sont introduits dans un tribunal civil à Tokyo. Le général Ito Misubi et l'amiral Kentara Yamagichi entrent bientôt, suivis des trois juges, dont Mitsuru Toyama, le chef de la société secrète du Dragon Noir. Puis, on introduit huit aviateurs américains. L'un d'entre eux, Wayne Greenbaum, s'insurge du fait qu'ils sont prisonniers de guerre et n'ont pas à être jugés par une cour civile qui les accuse d'avoir bombardé des sites civils et tués des enfants. Le premier témoin, un traître chinois qui les a livrés aux Japonais, affirme qu'ils se sont vantés devant lui d'avoir tiré sur des civils. Puis, on passe un film supposé montrer les destructions provoquées, alors qu'il a été tourné en Chine, avant la guerre. Le traitre chinois est tué en plein prétoire par son propre fils qui désapprouve sa collaboration avec l'occupant chinois. Les Japonais cherchent à tout prix a savoir d'où ont décollé les Américains. Le capitaine Ross refusant de parler, afin de protéger le navire, Mitsubi fait torturer ses compagnons. A leur retour dans leur cellule, Skvoznik a perdu la raison, Canelli a le bras cassé, Vincent est sur une civière et Bayforth a eu les ongles arrachés…Mitsubi a placé un micro dans leur cellule et suit les conversation des prisonniers. Toyama finit par leur offrir de les envoyer tous dans un camp d'internement militaire si l'un d'entre eux parle. Les Américains décident alors de procéder à un vote secret. Mais quand Toyama vide l'urne où ils ont voté avec leur insignes, il s'avère qu'il sont tous d'accord pour ne rien dire…Mitsubi se suicide alors avec son pistolet. Les Américains sont tous condamnés à mort, mais sortent la tête haute du tribunal, alors qu'on entend l'hymne de l'USAAF.

Bien que les personnages japonais du film soient fictifs, Mitsuru Toyama était un homme politique influent et fondateur d'une société secrète ultra nationaliste. Le procès ne se tint pas en avril 1942, peu après le raid, devant une cour civile, mais devant une court martiale de la 13° Armée, à Shanghai, en octobre 1942, après que les accusés aient subi deux mois d'interrogatoires "poussés" à Tokyo. Il n'y avait pas de défenseur, ni aucun témoin, étranger ou autre. Le sort des accusés était déjà décidé à l'avance. Le général Hajime Sugiyama, le chef d'Etat-Major de l'Armée, avait demandé la mort pour tous. Sur intervention de Tojo, qui craignait pour la vie des citoyens japonais internés aux USA, l'empereur du Japon avait fait commué les peines de cinq d'entre eux (qui n'avaient pas été convaincus d'avoir tué des écoliers), en emprisonnement à vie avec traitement "spécial" (c'est-à-dire l'isolement total)… Au moment de la sortie du film, on ne connaissait pas leur sort exact; on pensait que quatre d'entre eux avaient été exécutés et que les autres étaient morts de mauvais traitements. A la fin de la guerre, on apprit que seuls les lieutenants Hallmark, Farrow et le caporal Spatz avaient été exécutés le 15 octobre 1942, dans un cimetière municipal de Shanghai et que le lieutenant Robert Meder, était mort en captivité, en décembre 1943. Les survivants furent libérés le 20 août 1945, bien les Japonais affirmèrent aux Américains qui les cherchaient, qu'ils avaient tous été exécutés…En février 1946, quatre officiers japonais furent jugés pour cette affaire et condamnés à des peines de travaux forcés. Un des rescapés, la caporal De Shazer retourna au Japon, comme pasteur. Il était vraiment peu rancunier et il appliquait les préceptes de la Bible qu'il avait eu le temps de lire et de méditer lors de sa longue captivité.

Les juges cherchent pendant tout le film à savoir d'où venaient les aviateurs, les militaires japonais étant partagés sur le sujet. La Marine pense qu'ils venaient d'une base terrestre, l'Armée, d'un porte-avions. Ce n'était pas en réalité leur préoccupation principale. Selon Jacob DeShazer, les Japonais avaient trouvé dans les épaves des avions, des documents qui n'avaient pas été détruits, contrairement aux instructions. Ils connaissaient ainsi le nom du porte-avions "Hornet", celui du chef de l'expédition, Doolittle, ainsi que les noms de tous les participants du raid.

La critique accueillit favorablement ce film qui se passe quasi entièrement dans un tribunal (un sous genre, dont Hollywood s'est fait une spécialité), en saluant son ton pondéré et sa grande intensité dramatique. La revue Variety écrivit: "la caste militaire japonaise, sa cruauté inhérente et insensée, son fanatisme nationaliste démentiel, sont décrits en traits forts, impitoyables, bouleversants. C'est l'acte d'accusation le plus virulent de la sauvagerie et du sadisme des Japs, jamais paru à l'écran"…Ce film fut jugé par la suite, comme un film de propagande caricaturant les Nippons, ce qui n'était pas exact puisque qu'il était basé sur des faits réels, relatés avec une grande retenue (les sévices infligés furent bien plus graves que ceux suggérés dans le film; le lieutenant Hallmark comparut allongé sur une civière, après soixante dix jours de mauvais traitements). Hollywood n'avait pas besoin d'en rajouter, la meilleure propagande anti-japonaise se faisait à Tokyo…

 

Les avions du film :

Le film ne compte qu'un seul avion, vu lors de l'évocation, au tribunal, des circonstances de la capture de l'équipage. C'est une maquette de North American B-25C portant le surnom de "Mrs. Murphy", par allusion à la "loi de Murphy" : "Toute chose qui peut mal tourner, tournera inévitablement mal"…et c'est ce qui arrive à ce pauvre avion. Faut-il préciser qu'aucun B-25 du raid de Doolittle ne porta ce nom ? L'avion de Dean Hallmark qui décolla en sixième position, s'appelait "Green hornet" et celui de William Farrow, le seizième et dernier B-25 à quitter le porte-avions "Hornet", "Bat out of Hell".

Comme dans le film, ce dernier B-25, dont DeShazer était le bombardier, se perdit la nuit; le carburant étant épuisé, Hallmark donna l'ordre d'évacuation. Peu après leur arrivée au sol, les membres de l'équipage eurent la malchance de tomber sur des soldats japonais qui leur firent d'abord croire qu'ils étaient Chinois !

L'intérieur de l'avion est un décor emprunté à des productions antérieures de la Fox et qui correspond mal à celui d'un B-25.

Christian Santoir
 
* Film disponible sur amazon.fr

 

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