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PANCHO BARNES

 
PANCHO BARNES

 

Année : 1988
Pays : Etats-Unis
Durée : 2 h 29 min.
Genre : biographie
Couleur

Réalisateur : Richard T.
Scénario : David Chisholm, John Michael Hayes

Acteurs principaux :
Valerie Bertinelli (Pancho Barnes), Ted Wass (Frank Clarke), James Stephens Rankin Barnes), Cynthia Harris (Mrs. Lowe), Geoffrey Lewis (Ben Catlin), Sam Robards (Gene McKendry), Dan Ammerman (Boat Captain), Brent Anderson (Danny), David Kockinis (Howard Hughes),

Musique : Allyn Ferguson
Photographie : William Wages
Producteur : Blue André

Compagnie productrice : Orion Television

Avions :

  • -Beech 18/C-45 
  • -De Havilland DH. 82 Tiger Moth
  • -Travel Air R Mystery ship, N482N, réplique
  • -Lockheed T-33  
  • -North American T-6
  • -North American B-25J Mitchell
  • -Rose Parakeet, N14883
  • -Ryan STA Special, N17350 
  • -Stampe, N901AC
  • -Waco ATO, N719E
  • -Waco UPF.7

 

Notre avis :

Ce film est consacré à une partie de la vie de Florence Léontine « Pancho » Lowe Barnes, une célèbre aviatrice américaine des années trente. Sa renommée tient autant à ses exploits aériens qu’à ses activité extra aéronautiques. Pancho était une femme hors du commun, non seulement par son attitude plutôt masculine, mais aussi par ses positions en faveur des pilotes cascadeurs d’Hollywood et par la création de son fameux ranch, le «Happy Bottom Riding club » (le club d’équitation « Au cul heureux » !) célèbre pour ses soirées endiablées et son escouade d’hôtesses qui firent la joie de nombreux pilotes civils et militaires. Ce ranch apparaît dans le film « L’étoffe des héros »(1983), avec un ancien habitué, Chuck Yeager (le vrai), derrière le bar. Aujourd’hui, le ranch n’est plus qu’une ruine dans le périmètre de la base d’Edwards, en Californie.

Le film ouvre sur le parc d’une maison bourgeoise où un ballon libre va être lâché. Ce ballon est piloté par le grand père de Pancho, Thadeus Lowe, un pionnier de l’aérostation. Malgré le désaccord de sa mère, elle monte dans la nacelle. Quelques années plus tard, en 1920, à Pasadena, Pancho est devenue une passionnée d’équitation. Sa famille, inquiète par son comportement un peu trop libre pour une jeune fille de la bonne société, décide de la marier au révérend Rankin Barnes. Elle accepte à regret, et leur union ne s’avère guère heureuse. Barnes est un homme assez austère qui est vite excédé par les écarts de conduite de sa femme. Pancho décide alors de prendre le large. Déguisée en garçon, elle part pour le Mexique sur un bateau bananier qui se révèle, en route, être un transport d’armes pour des révolutionnaires mexicains ! Heureusement, à bord, elle trouve un ami, en la personne de Danny qui la protège. S’échappant tous deux du bateau, ils sont fait prisonniers par des cavaliers mexicains. Grâce à Pancho, ils parviennent à fuir en emmenant leurs chevaux. Après plusieurs mois d’errance et d’aventures au Mexique, où Danny lui donne le nom de Pancho, elle rentre à Pasadena et retrouve sa mère. Elle reprend la vie commune avec Rankin Barnes et un fils naît, William. Un jour, en se promenant avec lui à cheval, elle voit un avion atterrir dans un champ. Le pilote, Ben Catlin, lui fait faire son baptême de l'air. Elle est enthousiasmée et décide de passer son brevet de pilote. Elle s'initie également à la mécanique, se salir les doigts ne la rebutant nullement. Alors que sa mère vient de mourir, son mari lui interdit de faire son premier vol solo. Elle désobéit et vient survoler l’église de son mari en perturbant le service religieux ! Lors d’un vol d’entraînement, elle se retrouve au milieu d’avions recouverts d’insignes curieuses et dont un semble en feu. Elle se trouve en fait en plein tournage d’un film d’Howard Hughes (« Hell’s angels » 1930) ce qui lui donne l’occasion de rencontrer des pilotes cascadeurs, dont Frank Clarke. Elle projette de participer à une course transcontinentale et demande l’avion de Ben Catlin qui ne la juge pas assez préparée, mais finit néanmoins par céder. Elle emporte le premier prix. Pancho acquiert alors un avion de course avec lequel elle participe au premier rallye aérien féminin, aux cotés des meilleurs aviatrices de l’époque, parmi lesquelles, Amelia Earhart. Mais, lors d’une étape, au décollage, elle heurte une charrette de foin ! Elle s‘en sort sans mal mais la course est finie pour elle. Peu après, elle remporte un nouveau trophée de vitesse devançant Amelia Earhart. Elle est alors engagée par Lockheed pour essayer des prototypes. Elle accepte également de travailler pour Howard Hughes qui lui confie une cascade que personne ne veut faire : traverser en vol un hangar, de part en part, ce qu’elle réussit avec brio. Hughes lui donne 25 dollars qu’elle jette à la figure du réalisateur radin ! Pancho se rend compte de l’exploitation à laquelle sont soumis les pilotes de cinéma. Les réunissant chez elle, elle parvient à les convaincre de former un syndicat. Mais en pleine récession économique, les pilotes ont peur de perdre leur gagne pain, si maigre soit-il. Son avis l’emporte néanmoins, et les pilotes se mettent en grève, suite à la mort d’un des leurs. Hughes cède enfin, et accepte leurs conditions. De retour à Pasadena, elle s‘aperçoit que sa maison est vide et que son mari part pour New York. En 1940, elle s‘installe à Muroc, où elle dirige un ranch d’élevage aidé par son fils Billy. Son ranch est situé à proximité d‘une nouvelle base aérienne, Muroc Field. La guerre est déclarée en Europe et elle fonde une école de pilotage privée. Elle rachète également son ancien avion de course. Un de ses vieux amis, Gene, l’aide a entraîner les nouvelles recrues. Elle organise des bals pour ses élèves, mais pour éviter les bagarres avec les hommes du voisinage, elle embauche un bataillon d’hôtesses. Après Pearl Harbour, la plupart de ses amis et de ses élèves se retrouvent sous l’uniforme et partent à la guerre. Elle accroche au dessus du bar les photos des pilotes disparus. A la fin de la guerre, Frank Clark et Gene reviennent. Pancho renoue avec Gene, et se marie avec lui. Elle fait la connaissance de Chuck Yeager, un pilote d’essai qui vient de passer le mur du son. Elle reçoit alors un certificat signé par les plus grands noms de l’aviation américaine, dont le général Doolittle, pour son aide apportée à la cause aéronautique.Le film se termine sur Pancho dans son avion de course.

Ce film retrace une bonne partie de la vie de Pancho Barnes, de 1910 à 1952, date de son mariage avec Gene Mac McKendry, autrement dit, la période la plus heureuse. Après cette date, et l’arrivée d’un nouveau commandant à la base tout proche d’Edwards, elle eut des démêlés avec l’US Air Force qui voulait fermer son ranch sous divers prétextes, en fait, pour pouvoir agrandir les pistes. Son ranch brûla mystérieusement en novembre 1953. Son mariage avec Gene tourna mal et elle divorça en 1966. Elle mourut seule, entourée de ses chiens, en 1975. En 1980, le secrétaire d’Etat des forces aériennes inaugura une pièce «Pancho Barnes » au club des officiers de la base d’Edwards…

Valerie Bertinelli est bien trop mignonne pour incarner le personnage androgyne de Pancho Barnes. Elle joue une jeune femme rebelle et non conformiste, sans plus. Ses pantalons de cheval, son blouson, et même un cigare fiché dans le coin de sa jolie bouche, ne parviennent pas à la faire ressembler à Pancho, avec sa face de lune, son double menton, ses doigts jaunis par le tabac. Les manières vulgaires, le langage grossier, le goût prononcé pour la bringue, de Pancho, auraient choqué, même de nos jours, mais son apparence assez rebutante n’empêchait pas que cette « femme » avait très bon coeur et était d’une grande générosité dont beaucoup profitèrent et abusèrent.

Ce long film prend beaucoup de liberté avec les faits. Si Pancho connut son grand père Thadeus Lowe, un des pionniers de l’aérostation militaire pendant la guerre de Sécession, elle ne fit pas d’ascension avec lui; il mourut en 1913, quand elle avait 12 ans. Elle avait hérité à la mort de sa mère, en 1924, d’une belle fortune qu’elle dilapida allégrement en tenant table ouverte pour ses nombreux amis pilotes et acteurs de cinéma dans le besoin (dont un certain Marion Morison, alias John Wayne..).

Ses relations avec Frank Clarke paraissent un peu trop intimes ; elle nourrissait une grande admiration pour lui et ils étaient amis, sans plus. Elle flirta plutôt avec l’acteur Ramon Novarro qui tourna en 1928 « The Flying fleet » de George Hill. Marié à 18 ans, Pancho eut quatre maris. Elle ne divorça du pasteur qu’en 1941. Gene Mc Kendry fut son quatrième et dernier mari qu’elle épousa en 1952 ; elle ne l’avait rencontré qu’à la fin de la guerre et c’était le manager de son ranch. Avant, elle s’était remariée juste après son divorce, à Robert Hudson "Nick" Nichols Jr. en 1941, un des élèves de son école de pilotage, puis, en 1945, à Don Jose Shalita, un danseur, avec lequel elle ne resta que quatre mois….

Pancho ne rencontra pas Ben Catlin dans un avion, en panne dans un champ, mais en accompagnant son cousin Dean Banks qui prenait des leçons de pilotage chez Catlin, un ancien pilote de la première guerre mondiale. Elle acheta un Travel Air 9000 d’occasion avant d’avoir son brevet. La première course qu’elle gagna n’était pas une course transcontinentale, mais une course beaucoup plus courte, qui eut lieu en février 1929, entre le Metropolitan Airport de Los Angeles et le Grand Central Air Terminal de Glendale, lors de l’inauguration de ce dernier aéroport. Elle volait alors sur son propre Travel Air 4000, et non sur une avion emprunté à Catlin. Sponsorisée par la compagnie Union Oil, c’est avec son racer Travel Air R qu’elle battit en août 1930, le record mondial de vitesse féminin (315.7 km/h), détenu jusque là par Amelia Earhart. Elle remporta également le Tom Thumb Derby, course préliminaire au Powder Puff Derby de 1930, dans un Monocoupe 90 emprunté à une amie. Elle ne put cependant participer à la grande course, son Travel Air R n’ayant pas la certification nécessaire, Amelia Earhart non plus, d’ailleurs, son avion ayant une cylindrée supérieure à celle autorisée..

On parle souvent de sa carrière de pilote cascadeur au cinéma ; en fait, elle ne fut embauchée en juin 1930, par Hughes, pour la sonorisation de « Hell’s Angels », qu’une seule journée, pendant laquelle elle passa son temps à voler autour d’un micro suspendu sous un ballon, au dessus de Caddo Field. Elle aurait également volé pour le film « The fying fool » (1929) de la Pathé. Elle ne fit pas d’acrobaties pour Howard Hughes, et le passage à travers une grange fut effectuée par Paul Mantz, Clarke ayant décliné l’offre, pour le film de John Ford « Air Mail » (1932). Il est cependant vrai qu’elle fut un des membres fondateurs de l’Associated Motion Pictures Pilots, une association qui se réunissait chez elle, et dont elle fut la trésorière. En remerciement de son aide généreusement dispensée à maints pilotes dans le besoin, la AMPP lui donna une carte de membre en or, avec le numéro "1".

Dans le cadre du CPTP (Civilian Pilot Training Program), Pancho reçut une licence pour fournir des avions (deux Porterfield) et des instructeurs dont elle loua les services. Elle ne fut jamais elle même instructeur, comme le montre le film. Les élèves utilisaient son petit terrain privé attenant à son ranch.

Elle ne racheta pas son Travel Air R en 1941. Cet avion acheté en 1930, avait été récupéré en 1938, par Paul Mantz en gage d’une dette impayée par Pancho. A la mort de Mantz, l’avion faisait partie des avions vendus par le « Movieland of the Air » en 1968. Il fut racheté par son fils Billy, qui collectionnait les avions anciens (il se tuera sur un Mustang en 1980), l’assistance ayant décidé de ne pas surenchérir. L’avion après un long stockage n’était pas en état de vol. Pancho ne revola plus dans cet avion, bien qu’elle essaya, à 67 ans, de repasser son brevet de pilote. Mais n’ayant plus volé depuis la fin des années trente, elle finit par renoncer à ce projet auquel son fils n’était pas très favorable.

Enfin, la campagne verdoyante qui entoure le ranch de Pancho n’a rien à voir avec le paysage aride du désert Mojave, où il se situait réellement.

Malgré sa longueur, ce film ne traite que d’une partie des très nombreuses activités de Pancho Barnes. Ainsi, il ne parle pas de ses exhibitions en 1928, avec le « Mystery circus of the air » en association avec le parachutiste Slim Zaunmuller, ni de la Women Air Reserve fondée en 1931, avec Pancho comme général !

 

Les avions du film :

Il fut difficile pour le réalisateur de trouver un grand nombre d’avions d’époque. La pièce centrale est le racer Travel Air R Mystery ship (NR614K/N482N). Cet avion est une réplique construite en 1975 par Jim Yunkin de Fayetteville (Arkansas), l’original ayant été détruit lors des essais des National Air Races de 1931. Cet avion est équipé d’un Lycoming R-680-13 de 300 chevaux remplaçant le Wright 400 chevaux d’origine. Le vrai N613K de Pancho dont la veuve de son fils hérita en 1980, fut vendu à un collectionneur pour être restauré. En mai 2007, il était la propriété de la compagnie Skyfire de Wilmington (Delaware) et son sort est inconnu. C’est le seul Travel Air R d’origine subsistant avec le 614K original récupéré par la Staggerwing Museum Foundation de Tullahoma (Tennessee) et restauré en 1985, puis de nouveau accidenté en 1995, et actuellement en cours de restauration, une nouvelle fois…

Pancho apprend à piloter sur un De Havilland DH. 82 Tiger Moth, avec des cocardes anglaises. Le premier avion de Pancho dans le film est un Waco ATO (c/n 97, N719E), au lieu d’un Travel Air 9000.

Pancho ne courut pas le Powder Puff Derby de 1929 avec son racer, mais avec son biplan Travel Air 4000 (NC4419). Elle fut effectivement accidenté à Pécos (Texas), mais à l’atterrissage, quand elle heurta une voiture stationnée en bordure du terrain. Dans le film, on la voit concourir contre un Ryan STA Special (N17350) et un Rose A4-C Parakeet (N14883), des avions beaucoup moins puissants, et donc plus lents, que son racer. Ces avions, en outre, n’apparurent qu’en 1935 et 1931, respectivement. Lors de ce Derby, on voit un Travel Air 4000, un Waco et même, en arrière plan, au sol, deux répliques de Fokker D.VII. On remarque également un avion rare, une réplique de Corben Super Ace, jaune et noir. Ce petit monoplace était uniquement construit par des amateurs, sur des plans datant de 1935.

Pour la séquence du tournage du film de Howard Hughes on voit un Stampe (c/n 1060, N901AC) courir après un Fokker Dr.1 Rappelons qu’il n’y avait que des Fokker D.VII dans le film « Hell’s angels ». C’est d’un Waco UPF.7 que tombe le cascadeur. C’était malheureusement inévitable ; on ne faisait pas de « wing walking » sur ce genre d’appareil, apparu seulement en 1937, bien trop rapide et avec peu de haubans et de mâts pour se retenir, contrairement aux vieux Curtiss Jenny.

Lors de la scène d’adieu, les pilotes mobilisés après Pearl Harbor, embarquent dans deux Beech 18/C-45 garés devant une rangée de Piper Cub, tous avec des cocardes d’après septembre 1944 !. C’est un North American. B-25J Mitchell qui bombarde de farine le ranch de Pancho ! Cette version n’apparut qu’en 1943. L’école de Pancho utilise un Ryan STA, un avion surtout utilisé par l’USAAC (PT-16/20); l’école de Pancho avait des Porterfield, monoplans à cabine et à aile haute.

Frank Clarke revient de la guerre dans un North American T-6 avec des marques d’avant mai 1942 ! Frank Clarke avait quarante quatre ans au moment de la déclaration de la guerre, et ne pouvait être admis dans une unité combattante. Il fut incorporé, comme Paul Mantz, dans la First Motion Pictures Unit de l’USAAF.

Enfin le passage d’un Lockheed T-33 civil, annonce l’ère du jet à Edwards AFB.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.com

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