Année : 1948
Pays : France
Durée : 1 h 35 min.
Genre : comédie
Noir et blanc
Réalisateur : Jean BOYER
Scenario: Jean BOYER, Serge VEBER
Acteurs principaux :
Ray VENTURA (Ray Ventura), Giselle PASCAL (Christine Gibson), Bernard LANCRET
(Jacques Roussel), Catherine GAY (Thérèse), Jeannette BATTI (Fifi).
Musique : Paul MISRAKI
Photographie : Charles SUIN
Producteur : Ray VENTURA
Compagnies productrices : Hoche Productions, Les Films Corona
- - Douglas DC-4 c/n 42939, F-BBDG, en arrière plan
- - Douglas DC-4-1009, c/n 42909, F-BBDA
- - Douglas DC-4-1009 c/n 42990, F-BBDM
- - Lockheed L-049-46-26 Constellation, c/n 2049, PP-PCF, images d'archives
- - Lockheed L-749-79-22 Constellation, c/n 2512, F-BAZQ
Notre avis ;
Ce film fait partie des films musicaux produits par le chef d'orchestre Ray Ventura. Le premier, "Le tourbillon de Paris" était sorti en 1939. La guerre ne fut guère favorable à ce genre de comédie d'autant que Ray Ventura et son orchestre durent quitter la France de Vichy en 1941, suite à la politique antisémite de l'Etat français...Revenu à la Libération, Ray Ventura produisit ce film fait sur mesure, où son groupe est omniprésent. Dans ces film, il y au moins une scène d'aéroport, le Bourget en 1939, Paris-Orly, en 1947. Ray Ventura sera également le coproducteur du film "Escale à Orly" en 1955, qui donne l'occasion de voir l'aérogare provisoire Sud.
Giselle Pascal, qui tient un des rôles principaux, incarnera quatre ans plus tard, Hélène Boucher dans "Horizons sans fin".
Christine, la fille d'un richissime businessman américain, obtient de son père, pour son 19 ème anniversaire, que l'orchestre de Ray Ventura soit à son entière disposition, nuit et jour ! L'orchestre va donc la suivre partout, aussi bien au golf, au club d'équitation que dans des magasins de luxe ou de grands restaurants. Au début, tout se passe bien, mais les caprices de Mademoiselle finissent par exaspérer les musiciens qui s'en vont et se dispersent. Après des excuses, Ray Ventura accepte de reconstituer sa bande. Un seul musicien est manquant. Il joue dans une boite de nuit mal famée où Mademoiselle se rend, néanmoins. Elle s'y fait draguer par un proxénète, quand la police survient et embarque tout le monde au commissariat ! Après avoir décliné son identité, Mademoiselle est libérée, mais le souteneur la kidnappe et l'enferme dans un petit hôtel. Fifi, la régulière du souteneur, fournit, moyennant quelques billets, l'adresse de l'hôtel où se rend l'orchestre. Le malfrat sera arrêté et Mademoiselle retournera en Amérique, avec son fiancé, qui l'a reprise en main, après avoir remercié Ray Ventura et ses musiciens.
Cette comédie est avant tout l'occasion d'aller à l'aéroport de Paris-Orly, où déjà la foule se pressait le dimanche, pour admirer les avions de lignes, garés juste devant eux, à quelques mètres, de l'autre côté d'une simple barrière...La compagnie Air France est citée dans le générique pour avoir collaboré au tournage.
Les avions du film :
Le père de Mademoiselle arrive dans un Lockheed L-049 Constellation de Panair do Brazil. Il s'agit du Lockheed L-049-46-26 "PP-PCF" (c/n 2049) dont on aperçoit rapidement le matricule quand l'avion s'arrête devant le premier terminal provisoire de Paris-Orly nord. Cet avion avait été pris en charge par la compagnie brésilienne en mars 1946. Il avait d'abord été immatriculé "NC88849" en janvier 1946, au nom de la Pan American Airways qui ne l'a gardé que peu de temps. Il fut baptisé "Bandeirante Manoel de Borba Gato", puis "Bandeirante Antonio Rodrigues Velho". Il fut le premier avion de la Panair à atterrir à Paris, en avril 1946 (le document montré est sans doute en rapport avec ce vol inaugural). Panair l'exploita jusqu'en juillet 1962, date à la quelle il fut retiré du service, suite à un atterrissage sur le ventre, puis stocké, non réparé, sur l'aéroport international de Galeo, à Rio de Janeiro. En avril 1969, après la faillite de Panair, il fut démantelé et vendu à la ferraille...
La présence de cet avion brésilien rappelle aussi que Ray Ventura avait passé la guerre au Brésil, ainsi qu'en Argentine.
Quand l'avion est arrêté, il devient le Lockheed L-747-79-22 Constellation d'Air France "F-BAZQ", (c/n 2512), une manipulation courante au cinéma, à l'époque...Le F-BAZQ fut pris en charge par la compagnie nationale, en mai 1947, peu avant le tournage (juillet-septembre 1947). Il sera victime d'un incendie cabine (dû à un court circuit ?), le 7 avril 1949, à l'arrivée de Meeks/Reykjavik, lors d'une traversée Paris-New York Il sera réparé avec des pièces provenant du F-BECA qui servait de source de pièces détachées depuis son amerrissage forcé en Méditerranée, début 1946. En octobre 1952, sa cabine sera aménagée en 61 places, lors d'une révision générale. En octobre 1957, il sera vendu à Royal Air Maroc (CN-CCR). Retiré d'exploitation en juin 1963, il sera affecté au centre de formation professionnelle de Casablanca et ferraillé en juin 1975 (source : http://aviatechno.net/constellation/constel07a.php).
Derrière la gouvernante qui descend du roadster Hispano-Suiza K6 de Mademoiselle, on voit le Douglas DC-4 d'Air France "F-BBDG" "Ciel de Champagne" (c/n 42939). Pris en compte par Air France en mai 1946, ce DC-4 est en location/vente à Air Mauritanie en octobre 1963 (5T-CAD). En janvier 1965, il servira sous les couleurs d'Air Afrique, avant de retourner à la compagnie mauritanienne en 1968. Il sera ferraillé peu après. Il apparaitra en 1948, dans "Aux yeux du souvenir". En 1994, un DC-4 anglais (G-SIXC) sera repeint comme le F-BBDG d'Air France, pour le film "Un femme française", avec Emmanuelle Béart.
Mademoiselle et son fiancé s'apprêtent à embarquer, à la fin du film, sur le Douglas DC-4-1009 d'Air France (F-BBDA, c/n 42909) "Ciel de Bretagne", pris en charge en avril 1946. C’est le premier des quinze DC-4 commandés par le gouvernement français pour Air France, En 1961, il sera transféré à Air Afrique et immatriculé "TU-TBF" (en Côte d'Ivoire) un an après. Il sera rendu à Air France en mars 1964, l’appareil étant alors stocké à Brazzaville. Il rejoindra Toulouse-Montaudran pour y être mis aux normes du Centre d’Exploitation Postal Métropolitain (la fameuse "Postale"). Durant neuf années, il transportera le courrier avant d’être réformé et loué à Air Comores entre novembre 1974 et novembre 1975. Enfin, en mai 1978, c'est l'armée tchadienne qui l'achètera (TT-NAD) et c''est au Tchad qu'il sera ferraillé.
Mais c'est finalement dans un autre Douglas DC-4-1009 d'Air France, le "F-BBDM" (c/n 42990) "Ciel de Gascogne" que Mademoiselle monte ! Pris en charge en 1946, il ouvrit la ligne Paris-New York le 1° juillet. Il sera détruit le 14 juin 1950, en approche finale de nuit, à Bahreïn. Trois des huit membres d'équipages y trouvèrent la mort, ainsi que quarante des cinquante trois passagers.
En arrière plan, on distingue plusieurs Douglas DC-3/C-47 et un DC-4/C-54 appartenant vraisemblablement au MATS de l'USAAF qui, en 1948, avait toujours une base à Orly.
Enfin, du DC-4 qui emporte Mademoiselle, tombe, suspendue à un petit parachute (lancé sans doute d'une des fenêtres du cockpit...), une boite marquée "Transports Aériens Intercontinentaux". T.A.I. était une compagnie française basée à Orly, créée le 3 juin 1946, exploitant des lignes vers le Moyen Orient, l'Asie et l'Afrique noire.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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