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L’odyssée de Charles Lindbergh

 

 L’ODYSSEE DE CHARLES LINDBERGH

Vo. The Spirit of St Louis

 

 

Année : 1957
Pays : Etats-Unis
Durée : 2 h 16 min.
Genre : aventure

Réalisateur: Billy Wilder
Scénario : Charles Lederer d’après le livre de Charles A. Lindbergh « The spirit of St Louis » 1953.

Acteurs principaux :
James Stewart (Charles Augustus « Slim » Lindbergh), Murray Hamilton.(Bud Gurney), Patricia Smith (une admiratrice), Bartlett Robinson (Benjamin), Frank Mahoney, (Président de Ryan Airlines), Marc Connelly (le père Hussman), Arthur Space. (Donald Hall), Charles Watts (O.W. Schultz).

Musique : Franz Waxman
Photo : Robert Burks, J. Peverell Marley
Prise de vues aériennes : Tom Tutwiler
Producteur : Leland Hayward
Distribution : Warner Bros.

Avions :

  • Curtiss JN-4
  • Ryan NYP, NC7212, NC7206, N7209, répliques
  • Standard J1, N2825D, N2826D


Notre avis :

Qui ne connaît pas le vol historique de Charles Lindbergh qui fut le premier homme à traverser l’Atlantique nord d’un seul coup d’aile, d’ouest en est ? Je pense, malheureusement, qu’en 2007, en France, il doit y avoir des gens pour dire : « Lindbergh, connais pas ! »  Raison de plus pour voir et pour parler de ce film qui relate un exploit qui s’est passé il y a quatre vingt quatorze ans. A l’époque, cette traversée eut un retentissement mondial et provoqua parmi les foules un choc qu’on ne retrouvera que quarante et un ans plus tard avec l’ « atterrissage » de la mission Apollo sur la lune. Rappelons toutefois qu’en 1919, Alcock et Brown furent les premiers à traverser l’Atlantique nord, sans escale, de Terre Neuve à l’Irlande, sur un bombardier bimoteur Vickers Vimy. La traversée de Lindbergh fut plus longue (New York-Paris) et surtout effectuée en solitaire, sur un monomoteur : 33 heures 30 sans sommeil, derrière un moteur de 223 chevaux assourdissant. Mais le « fou volant » réussit son pari et entra dans l’histoire.

Lindbergh écrivit peu de temps après son exploit un livre relatant sa traversée (« We » 1927). Il mit beaucoup plus de temps à écrire l’histoire complète qui ne parut qu’après la guerre et obtint le prix Pulitzer. Il vendit les droits du livre pour 200.000$ à Billy Wilder et Leland Hayward. Il les convainquit aussi de louer les services de son vieil ami Bud Gurney qui pilotait alors un DC-6 d’United, pour servir de conseiller technique. Lindbergh était ainsi assuré que le script ne s’éloignerait pas trop de la réalité. Wilder réussit la prouesse de montrer pendant plus de deux heures un pilote aux commandes de son appareil sans (trop) lasser le spectateur, en ayant recours à des petits trucs (la mouche dans le cockpit, la médaille de St Christophe...), mais surtout à des flashes back racontant la vie antérieur de Lindbergh. Ce procédé avait été utilisé par Lindbergh lui-même dans son livre qui relate sa traversée heure par heure.

En cette veille du 20 mai 1927, le jeune pilote Charles Lindbergh ne parvient pas à trouver le sommeil dans sa chambre du Garden City Hotel. C’est demain matin le grand jour ; il devra décoller sur un avion bourré d’essence, pour Paris ! Ca va passer ou ça va casser.. Il se remémore ses débuts, le transport de courrier par tous les temps, dans des conditions souvent périlleuses, devant même sauter un jour en parachute par temps de brouillard, sans se séparer des sacs postaux, sa décision de concourir pour le prix Orteig qui récompense de 25.000 $ la première traversée de l'Atlantique nord en avion, sa recherche de financement auprès des hommes d’affaires de St. Louis, d'où le nom  « The Spirit of St. Louis » donné à l'avion, que la petite compagnie Ryan de San Diego construisit en un temps record : soixante jours. Lindbergh n’est pas seul sur les rangs, il y a Byrd et Chamberlin qui sont prêts. La mort a déjà frappé Wooster et Davis (24 avril 1927), ainsi que les Français Nungesser et Coli, disparus à jamais le 8 mai 1927. Devançant ses concurrents, Lindbergh part en solitaire, avec quelque sandwiches pour tout bagage, afin de ne pas surcharger l'appareil et de disposer du maximum de carburant. Le décollage s'effectue sous la pluie, sur un terrain boueux, et l'avion manque de peu une ligne télégraphique située en bout de terrain. Au-dessus des flots, la fatigue commence à se faire sentir car il impossible de lâcher les commandes. Sur le point de s'endormir, Lindbergh est sorti de sa somnolence par une mouche ou encore par le reflet des rayons du soleil sur le miroir qui lui sert à lire son compas. Il se souvient encore de l'achat de son premier avion, des numéros d'acrobatie aérienne effectués avec son ami Bud Gurney devant des foules de paysans médusés, l’armée... Malgré tous les dangers, notamment le givrage, le "Spirit of St. Louis " finit par rencontrer de petits bateaux de pêche, puis les premières îles des côtes irlandaises. A la nuit, il arrive au-dessus de Paris. C'est enfin l'arrivée triomphale au Bourget, devant près de 200.000 curieux enthousiastes qui l’arrachent littéralement de son avion.

James Stewart qui était pilote de bombardier pendant la guerre et avait le grade de colonel de réserve dans l’USAF, insista beaucoup pour obtenir le rôle, même s’il avait déjà 49 ans au moment du tournage (il était né un 20 mai 1908, six ans seulement après Lindbergh), alors que Lindbergh n’avait que 25 ans en 1927. Le film n’a rien d’une biographie de « Lindy ». On ne sait pas grand chose du personnage, ni de sa vie privée ; sa vie antérieure à la traversée est traitée de façon superficielle, anecdotique, et le film finit abruptement peu après l’atterrissage au Bourget (à 22 h 22) et la mise en sécurité du « Spirit of St Louis » dans un hangar. Sinon, le script est à peu près fidèle au livre tout en passant sous silence de nombreux passages (l’ouvrage fait 562 pages..). Des petits détails rapportés dans le film sont exacts. Ainsi, la musique que l’on entend alors que Lindbergh cherche le sommeil dans sa chambre d’hôtel, rappelle la comédie musicale « Rio Rita » qu’il devait aller voir avec des amis le soir même, à Broadway. Mais sur la route du théâtre, ils s’arrêtèrent pour téléphoner à la météo ; on leur indiqua que le temps était subitement en train de s’améliorer. Aussitôt, ils firent demi tour pour se rendre au terrain . L’anecdote du miroir est réelle aussi, mais elle ne se passa pas cinq minutes avant le décollage, mais plusieurs jours plus tôt, à Curtiss Field. Le compas avait été fixé au plafond du cockpit, le seul endroit possible, mais pour le lire il était nécessaire de disposer d’un petit miroir fixé en haut du tableau de bord. Comme en n’en trouvait pas dans l’atelier, ce fut une spectatrice (Mme Loma Oliver Jr.) qui en sortit un de son sac à main et le donna à Lindbergh ; on lui permit de regarder à l’intérieur du cockpit, mais pas de s’asseoir sur le siège du pilote. C’est également une spectatrice qui donna à Lindbergh une médaille de St Christophe que celui-ci mit machinalement dans une poche de sa combinaison de vol, juste avant son départ. Au Bourget, le militaire français aux cotés de Lindbergh, était Michel Détroyat. Quand il conduisit Lindbergh dans un hangar à l’écart de la foule, ce dernier s’enquit des formalités de police et de douane, car il n’avait pas de visa... C’est du « Lindy » tout craché !

Comme on le voit dans le film, Lindbergh se tenait régulièrement informé des préparatifs de ses concurrents. Il y avait une sorte de compétition entre lui  et les autres aviateurs. La veille de son départ, Byrd avait effectué des essais sur son Fokker trimoteur « America » à Roosevelt Field, tout à côté de Curtiss Field. Le Bellanca « Columbia » de Chamberlain était également prêt à partir, mais le pilote ne le semblait pas. En voulant voyager seul, Lindbergh s’était épargné bien des désagréments et pouvait réagir plus vite que ses concurrents au moindre changement de la météo. L’ambassadeur des Etats-Unis à Paris avait averti que le vol de Lindbergh intervenant peu après la disparition de Nungesser et Coli serait très mal vu en France…On voit que l’incompréhension entre les deux pays ne date pas d’aujourd’hui !

Le film sortit le 11 avril 1957 au Hollywood Egyptian Theatre et fut, selon les dires de Jack Warner, « le plus gros bide » de ses studios ! En fait, les gens à cette époque, se passionnaient plus pour les fusées et l’espace. Quant à Lindbergh, il trouva que le film ne le trahissait pas, à part quelque détails mis çà et là pour corser l’histoire.

 

Les avions du film :

Le film fut tourné à San Diego, à Santa Maria en Californie, au Zahn’s Airport d’Amityville près de New-York, mais aussi en France, à l’aérodrome de Guyancourt, qui tient lieu du Bourget en 1927. De nombreuses prises de vues furent effectuées par le B-25 de Paul Mantz, « The Smasher », le long du trajet de Lindbergh : Long Island, Nouvelle Ecosse, Terre Neuve, l’Atlantique, l’Irlande et Paris, la nuit. Pour les vues du « Spirit of St Louis » en vol, on eut recours à des appareils plus lents, des Stinson L, ou des hélicoptères loués à l’USAF.

La vedette du film est, bien sûr, le Ryan NYP (pour New York-Paris) N.X.211. Cet appareil était basé sur un modèle existant déjà, le Ryan B-1 Brougham, mais l’ingénieur Mahoney lui apporta de multiples modifications pour suivre les exigences de Lindbergh. 

La production utilisa trois répliques, deux capables de voler et une pour le svues au sol. Ces répliques coutèrent 1.3 millions de dollars, soit environ 11 millions d'euros de nos jours...

A la demande de la Warner, Paul Mantz fournit deux répliques du Ryan. Elles furent construites par Joe Pfeiffer dans le hangar de Mantz à Orange County Airport (CA) à partir de Ryan B-1 Brougham ayant déjà beaucoup servi. L’un d’eux (c/n 159, NC7212) fut trouvé en état de vol en février 1955, à Moscow (Idaho..) où il servait à emmener les chasseurs de cerfs dans les montagnes. Il fut amené par la voie des airs en Californie pour subir de profondes modifications, dont l’augmentation de l’envergure. Il participa au tournage au Zahn’s airport d’Amityville (Long Island) et en France. Cet avion aurait été piloté par Lindbergh lors du tournage. Un temps exposé au Movieland of the Air de Paul Mantz, il fut vendu en mai 1968 lors de la dispersion de la collection de Frank Tallman, à David Jameson d’Oskhosh (Wisc.) et y fut exposé en 1974 à l’Experimental Aircraft Association Museum. Il appartient maintenant au Cradle of Aviation Museum, Nassau county (Long Island), où il est exposé depuis 2000, sur l’ancien site de Roosevelt Field.

L’autre réplique du « Spirit of St. Louis » (cn 153, NC7206) fut trouvée à Ceresco (MI). Il appartenait à un mécanicien travaillant pour McDonnell-Douglas. Il était en mauvais état, mais pouvait voler. Il servit de réserve au premier Ryan, au cas ou...Il fut racheté 15,000 $ par un groupe de St Louis à Tallmantz Aviation. En 1967, on le restaura et il vola pour le quarantième anniversaire du vol de Lindbergh. En 1975, il fut suspendu dans le hall du terminal de l’aéroport international de St Louis (Lambert airport) puis acquis par le Missouri Historical Society Museum en 1999. L’avion fut alors placé au centre du grand hall.

Mantz fit transporter ces deux répliques par deux C-124 Globemaster de l’USAF à Mitchel Field pour les scènes devant être tournées à Long island. Une autre réplique traversa l’Atlantique en C-124, pour les prises de vues en France. A Paris, le pilote de Paul Mantz, Jim Thompson, vérifia le Ryan et passa 132 heures devant les caméras. Il eut quelques difficultés avec le manque total de visibilité vers l’avant qui ne gênait pas trop les pilotes de l’époque, habitués à décoller ou à atterrir face au vent, sur des « terrains » et non sur des pistes. Pour un atterrissage de précision, il fallait regarder par les fenêtres latérales, en faisant glisser l’avion, ou en se penchant.

Le troisième Ryan (cn 156, N7209) fut trouvé à Greeley (CO) par Hank Coffin et Paul Franklin. Il fut acheté 1 000 $, mais sa restauration coûta 20 000 $... Ce Ryan fut utilisé pour filmer les décollages à Santa maria (CA). Il appartint à James Stewart, qui le pilota, et à son associé Joe DeBono. En 1959, ce «Spirit of St. Louis » fut donné par James Stewart au Henry Ford Museum de Dearborn (MI).

Les trois répliques comportaient deux siéges, le pilote étant à l’avant, à la place du gros réservoir de l’avion original, et disposait d’un pare-brise amovible pour voir vers l’avant lors des vols hors caméra.

Plusieurs répliques statiques ou volantes du « Spirit of St Louis » existent actuellement, dont une qui s’est écrasée en 2003, à Coventry (GB) en tuant son pilote, suite à une rupture d’aile. L’original est visible au Air and Space Museum de Washington DC.

Paul Mantz fournit également deux Standard J1 trouvés, l’un à Knoxville (TE) et l’autre à Poughkeepsie (NY). Ces appareils furent restaurés par Otto Timm qui donne son baptême de l’air au jeune Lindbergh ! L’un des deux apparut dans les films « Lucky lady » (1975) et « The great Waldo pepper » (1974). Il est actuellement au Fantasy of Flight Museum de Kermit Weeks en Floride. C’est également Mantz qui fournit les deux Curtiss JN-4 qui apparaissent quand Lindbergh achète son premier avion, et lors de sa période militaire à Brooks Field (Texas). Dans l’atelier de Ryan on voit un fuselage de JN-4 et celui d’un SE.5.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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