Rechercher dans ce blog

L'INSTINCT DE L'ANGE

 

 

L'INSTINCT DE L'ANGE

 

 

Année : 1993
Pays : France
Durée :1 h 53 min.
Genre : guerre
Couleur

Réalisateur: Richard Dembo
Scénario : Richard Dembo

Acteurs principaux :
Lambert Wilson (Henri), François Cluzet (Ernest Devrines), Jean-Louis Trintignant (Colonel Édouard), Hélène Vincent (La mère d'Henri), Marianne Denicourt (Léa), Sandrine Kiberlain (Pauline), Bernard Ballet Pechereau, Antoine Basler (Guerber).

Musique : Gabriel Yared
Photographie :Renato Berta

Producteur : Emmanuel Schlumberger
Compagnie productrice : Ciné Manufacture, France 3 Cinéma, French Productions, Metaboles et Compagnie, Zenab.

Avions :

  • -Albatros  C.I/B.II, réplique
  • -Blériot XI, F-AZBA
  • -Bleriot XI Pingouin 
  • -Breguet XIV, F-AZBH en arrière plan
  • -Fokker Dr.I réplique, F'AZAQ 
  • -Morane-Saulnier H, F-AZMS, au sol, en arrière plan
  • -Morabe-Saulnier MS.138 EP2, réplique, F-AZAJ
  • -Morane-Saulnier MS. AI, répliques, F-AZAN, F-AZAP
  • -RAF. SE5, répliques, F-AZCY, F-AZCN
  • -Salmson 2.A2, réplique, en arrière plan
  • -SPAD XIII C1, F-AZMP, en arrière plan

 

Notre avis :

Quand il sortit le 27 janvier 1993, ce film passa pratiquement inaperçu même dans les revues d'aviation. Il avait portant le mérite d'être un film d'aviation, genre rarissime dans le cinéma français, mais aussi le seul film d'aviation français traitant de la Grande Guerre depuis "l'Equipage" d'Anatole Litvak en…1935. Si le titre comporte le mot "ange", il n'a rien à voir avec les fameux "Anges de l'enfer" d'Howard Hughes. Ce film est construit autour d'un personnage, qui, pour vaincre sa faiblesse, devient un héros envié mais aussi haï par ses camarades de combat. Ce personnage solitaire, fragile et exalté, fait inévitablement penser à George Guynemer, l'as aux cinquante quatre victoires disparu le 11 septembre 1917, dans le ciel de Poelkapelle, à l'age de vingt deux ans .

Henri, un fils de famille couvé par sa mère, étouffe dans un milieu bourgeois qui ne lui laisse d'autre avenir que de succéder à son père à la tête de l'usine familiale. Ancien tuberculeux, il est réformé et ne peut s'engager à la déclaration de la guerre, au cours de l'été 1914. Un jour, un avion s'écrase dans le parc de sa maison et il décide de devenir aviateur. Il apprend à piloter à ses frais et devient même un expert en voltige. Faisant jouer ses relations, il est engagé dans l'aviation, une arme toute nouvelle. Ce bourgeois est accueilli assez fraîchement par ses camarades. Le colonel désigne Devrines pour entraîner Henri sur un avion d'armes. après avoir cassé du bois, au point d'être menacé d'être renvoyé, Henri remporte sa première victoire. Il devient un combattant froid, déterminé, qui ne partage pas la désinvolture des ses frères d'armes. Il accumule les victoires et les décorations et monte en grade. Mais sa réussite, liée à un comportement hautain, commence à irriter; on le trouve trop sûr de lui et on l'accuse même de porter la poisse aux autres... Il se retrouve totalement isolé au sein de son escadrille. Quand le colonel est promu général, il désigne un autre que lui pour lui succéder, bien qu'il soit le plus ancien dans le grade le plus élevé. Après avoir été blessé, Henri passe quelques temps en famille et à Paris. Quand il retourne dans son unité, il constate que son avion a été saboté. Il défie ses camarades en duel aérien. C'est Devrines, le seul qui était resté son ami, qui l'affrontera. Il descendra Henri et mettra fin à sa souffrance.

Si Henri ressemble beaucoup à Guynemer, le personnage de Devrines semble copié sur Jules Védrines dont il emprunte la gouaille et les manières directes. Le film n'est pas exempt de clichés, et on a droit au traditionnel jet de couronne mortuaire par l'avion allemand lors de l'enterrement du capitaine, à Henri qui charge lui-même ses bandes de mitrailleuses (Cf. "Ace of aces"...), aux adversaires qui se saluent poliment en pleine bagarre aérienne…

Ce film n'est pas un grand film d'aviation, surtout quand on le compare aux productions d'outre-atlantique, ou au film de Litvak, sur le même conflit. Son rythme est très lent, son scénario, plus qu'improbable. Imaginer qu'un pilote puisse devenir si populaire que ses camarades en arrivent à vouloir sa mort, est plutôt bizarre. Quand à la solitude de l'as, ce tueur en série sur commande, c'est un thème qui a été maintes fois traité à l'écran ("The eagle and the hawk", "Ace of aces"..). C'est un film typiquement français et l'analyse psychologique l'emporte sur le sensationnel, aussi n'est-il pas étonnant que cette œuvre (trop) dépouillée, provoque parfois l'ennui. "L'instinct de l'ange" est sauvé par de belles scènes aériennes dues à Jean Salis et son équipe, des gens qui ont l'instinct…du spectacle.

 

Les avions du film :

Il est difficile de trouver un seul film sur l'aviation de la première guerre mondiale qui utilise les bons avions. Les avions du film avaient l'avantage d'exister avant le tournage, ce qui convenait au budget limité de la production. Ils ont été fournis par Salis Aviation et le tournage eut leu en grande partie sur le terrain de la Ferté-Alais et ses environs.

 Henri fait ses premières missions sur Morane Saulnier MS. AI, dont on voit trois exemplaires. Le premier (n° 1567) fut reconstruit à partir d'une épave, les deux suivants (F-AZAN, F-AZAP) furent reconstitués à partir des plans d'époque. Le problème est que cet avion n'équipa que trois escadrilles entre février et mai 1918 (la 156, 158 et 161). Puis, il fut relégué à l'instruction. Pourquoi cet avion dans le film ? Tout simplement, parce que Jean Baptiste Salis avait volé sur cet avion en escadrille et en avait gardé la nostalgie... Ces Morane sont bizarrement équipés d'une mitrailleuse Lewis placée sur l'extrados, sur un affut Moreau, comme sur un Nieuport; cette Lewis Mk.I munie d'une crosse et d'un radiateur tubulaire, équipait en fait l'infanterie britannique, le modèle aviation n'ayant ni crosse ni de radiateur. Le modèle infanterie fut montée sur certains avions d'observation, au début de la guerre. Les vrais AI étaient équipés d'une ou deux Vickers de capot synchronisées. Les appareils du film portent l'insigne d'une escadrille fictive, un coq sur une mitrailleuse.

Après le Morane, Henri passe, non pas sur SPAD, ce qui aurait été logique, mais sur…un RAF. SE5  ! Là aussi, nécessité fit loi, car le seul SPAD XIII disponible, vu à la fin du film, au sol, venait de faire son premier vol après quatre ans de restauration, et Salis ne désirait certainement pas risquer ce précieux appareil pour le tournage.

Les deux répliques de SE.5 (F-AZCY et F-AZCN) avaient été réalisées pour les besoins du film "L'as des as" (1982). Elles sont basées sur des Stampe & Vertongen SV4 (dont elles ont gardé  les ailes en flèche) et équipés de moteur Lycoming. Faut il préciser que les Français ne combattirent jamais sur cet avion anglais (par contre les Anglais combattirent sur SPAD..) et c'est la plus grosse faute du film. Mieux valait garder les Morane !

Le magnifique SPAD XIII C1 (n°4377 F-AZMP) que l'on voit fort peu, dans un hangar, aurait été une monture plus digne d'un sosie de Guynemer. Récupéré à l'état d'épave par Jean Salis dans les années 1970, sa restauration débuta en 1988. Le fuselage et le moteur sont d'origine, et un important travail de reconstruction à l'identique fut effectué pour la voilure. Il reprit l'air pour la première fois depuis 1918, le 3 mai 1991, portant les couleurs d'un avion de l'escadrille La Fayette.

Les ennemis sont représentés par un "Albatros" C.I/B.II, une réplique approximative construite en 1977, sur une base de De Havilland Tiger Moth. L'autre avion "boche " est une réplique (F-AZAQ) beaucoup plus réussie de Fokker Dr.I construite en 1973 pour le feuilleton "Les faucheurs de marguerite". Il n'est pas piloté par le "baron", mais, selon Devrines, par Immelmann. Mort en 1916, le grand as allemand ne volait pas sur le triplan qui n'arriva en unité qu'à la fin de 1917.

Au début du film, Henri apprend à voler sur un Blériot XI, avec marqué sur le fuselage, "Ecole de Buc" qui était l'école de Blériot installée en 1913 sur son terrain privé, situé au sud ouest de Paris. Cet avion (F-AZBA) construit en 1921, est le plus ancien de la collection Salis. Il a été restauré en 1955 par Jean-Baptiste Salis. On voit aussi un "Pingouin", un Blériot XI à ailes raccourcies pour l'entraînement primaire (cf. Escadrille Lafayette)

Un Morane H (F-AZMS) construit en 1990, apparaît au sol et en vol à l'école de Buc. Un autre Morane Saulnier, un MS.138 EP2 (F-AZAJ) a été transformé en avion d'observation avec une tourelle de mitrailleuse en place arrière. Cet avion d'entraînement et d'école n'apparut qu'en 1927; celui de la Ferté est un modèle en grande partie d'origine qui fit son premier vol après restauration, en 1978.

D'autres avions apparaissent au sol, en arrière plan, un Breguet XIV (F-AZBH) tout jaune , une réplique de Salmson 2.A2 construite en 1977. pour le téléfilm "l'Equipage" (1978).

Enfin, on ne sait à quel avion Henri fait allusion quand il écrit à sa mère qu'il va bientôt être lâché sur un "Renault 130 cv"…Renault ne construisit qu'un bombardier pendant la guerre mais fabriqua sous licence des Farman et des Breguet équipés de moteurs Renault.

  

Christian Santoir

 * Film rare

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes