Rechercher dans ce blog

JERICHO

 

JERICHO

 

 

Année : 1946
Pays : France
Durée : 117 minutes
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisation :Henri CALEF
Scénario : Claude HEYMANN et Charles SPAAK

Acteurs principaux :
Pierre BRASSEUR (Jean-César Morin), Pierre LARQUEY (Béquille), René GÉNIN (Camille Ducroc), Louis SEIGNER (Docteur Noblet), Raymond PELLEGRIN (Pierre), Jean BROCHARD (Michaud), Santa RELLI (Simone Michaud), Line NORO (Rosa Ducroc) Jacques CHARON (Jacques de Saint-Leu), Pierre PALAU (Dietrich), André CARNÈGE (L'aumônier allemand), Nadine ALLARI (Alice Noblet)

Photographie : Claude RENOIR
Production : Sacha GORDINE

Avions :

  • -De Havilland  FB VI Mosquito
  • -Focke-Wulf Fw.190, document.
  • -Messerschmitt Me 109F et G, document.

 

Notre avis :

Le 18 février 1944, des Mosquitos de la RAF (squadrons 464 et 487) attaquent à basse altitude la prison d’Amiens pour libérer cent vingt patriotes français condamnés à être exécutés prochainement pour avoir aider les Alliés. Les prisonniers avaient été discrètement avertis et la Résistance était prête à les recueillir. Le bilan de l’opération s’éleva à cent deux  morts, dont six Allemands (certaine sources parlent de cinquante)... Trois avions furent abattus. Cette attaque fut, avec celle des bâtiments de la Gestapo à La Haye, en avril de la même année, un des hauts faits de la 2nd Tactical Air Force équipée des fameux Mosquitos, spécialisés dans ce qu’on appelle aujourd’hui, les «frappes chirurgicales ». En 1946, Henri Calef, voulant réaliser une oeuvre véridique sur la guerre, tint à faire un film sur cette opération qui permettait aussi de présenter des anti-héros, des Françaises et des Français, ni collaborateurs, ni résistants, pas plus courageux que la moyenne, face à l’occupation allemande et à ses exactions (la politique des otages). Pendant soixante ans, les officiels britanniques se déplacèrent à Amiens pour commémorer ce raid, devant la prison...

Mais la guerre a ses raisons que l’Histoire ne connaît pas. Avec l’ouverture des archives britanniques, il apparaît maintenant que ce haut fait d’armes n’était qu’une de ces manipulations dont les Anglais avaient le secret pendant la guerre ! Dès le lendemain de l’attaque de la prison, on s’était interrogé, à Amiens, sur les vrais motifs de ce raid. Pourquoi la RAF prenait-elle tant de soin pour bombarder une prison qui n’avait pas plus de patriotes enfermés (cent quatre vingt sur sept cent détenus environ) que les autres prisons de France, d’autant qu’aucune exécution n’était prévue dans les jours à venir ? En réalité, le vrai but visé par les Britanniques était d’intoxiquer les services de renseignements allemands dans le cadre du plan « Fortitude », destiné à leur faire croire que le débarquement principal des Alliés se ferait dans le Pas de Calais, et que le rôle de la Résistance serait crucial. Celle-ci n’avait pas été avertie du raid et rien n’était prévu pour mettre à l’abri les évadés. Les Anglais ne possédaient même pas de plan détaillé de la prison, juste une photo aérienne. Sur les deux cent cinquante cinq prisonniers évadés, cent quatre vingt deux furent rapidement repris. Les morts d’Amiens sont donc les premières victimes du Débarquement ! Même le nom de l’opération, « Jéricho », est faux. L’opération était désignée « RamRod 564 » par les Anglais, et son dossier fut classée sous le nom de « Renovate » qui était le nom de code pour annuler la mission ! Ce fut Henri Calef qui donna ce nom à l’opération, rappelant les trompettes qui, dans la Bible, firent effondrer les murailles de Jéricho. Ce film réalisé avec le concours de la RAF, dont le rôle « primordial » est souligné dans le générique, épousait et renforçait la thèse officielle, très vraisemblablement à l’insu du réalisateur. On remarquera que le film fait intervenir le raid peu de temps après le Débarquement, alors qu’il eut lieu en réalité trois mois avant, ce qui en change la signification…(Pour plus d’informations sur cette manipulation lire : J.P. Ducelier : « La manipulation d’Amiens » dans le Fana de l’Aviation n°432, 2005, pp. 19-27).

En 1944, les Allemands, à Amiens, sont sur la défensive et de plus en plus nerveux, vu la tournure des événements. Quand un train de carburant transite par la gare, la Résistance fait sauter un pont pour le bloquer. Le maire doit désigner cinquante otages qui répondront sur leur vie de la sécurité du train. Le conseil municipal se livre, mais les autres otages sont désignés au hasard par le commandant allemand parmi les détenus, dont certains sont emprisonnés pour de tout petits délits. Ces otages appartiennent à toutes les catégories sociales  : un médecin, un clochard, un hobereau, un coiffeur, un instituteur, un trafiquant... Malheureusement, les maquisards font sauter le train, signant du même coup l’arrêt de mort des otages qui doivent être exécutés à l’aube. Chacun doit se préparer à la mort avec l’aide d’un aumônier militaire allemand. Les personnalités se révèlent avec leurs faiblesses. Le trafiquant apparaît comme un lâche près à tout pour sauver sa petite personne; le clochard, au contraire, fait montre d’une grandeur d’âme insoupçonnée…A Londres, la RAF a pu être avertie de la tragédie en cours. Une escadrille de bombardiers va tenter le tout pour le tout pour faire écrouler les murs de la prison, afin que les otages puissent s’évader. L’attaque a lieu à l’aube, alors que le peloton d’exécution est en place. Malgré des pertes inévitables, les prisonniers rejoignent la Résistance qui les attend avec des camions. Ils partent en chantant « It’s a long way to Tipperary..» !

En 1945, le tournage eut lieu à Provins, Amiens étant détruite à 60 %... Les soldats allemands étaient des Allemands déserteurs ou des réfugiés politiques. Cependant, les officiers allemands sont joués par des acteurs français et un Autrichien

Bien que « Jéricho » ne soit pas à proprement parler un film d’aviation, l'attaque de la prison fut tournée avec de vrais Mosquitos pilotés par des équipages de la R.A.F. Il faut préciser qu’en 1944, on mentit aux équipages en leur servant l’histoire des otages qui avaient aidé des pilotes à s’échapper et qui allaient être exécutés sous peu. Le film est dédié à l’équipage du Mosquito "F" pour Freddie, le Group Captain P.P. Pickard et le Flight Lieutenant J.A. Broadley qui furent tués au début de l’attaque.

 

Les avions du film :

Les avions qui bombardent la prison d’Amiens à l’aube (en fait l’attaque commença à 12 h 03 pour se terminer à 12 h 07 exactement) sont des de Havilland Mosquito du même modèle que ceux qui participèrent au vrai raid, des FB VI, portant le code "SY" du Squadron 613 (City of Manchester) de la 2nd TAF, basé à Cambrai jusqu’à la fin de la guerre. En août 1945, il prit le nom de Squadron 69. Recouverts d’un camouflage bicolore, ils emportent deux bombes de 500 livres sous les ailes.

Les images de ces Mosquitos sont mêlés avec d’autres provenant de documents filmés pendant la guerre montrant des Mosquito B Mk. XVI des Squadrons 105 (code GB) et 139 (code XD). On peut même voir un Bristol Beaufighter avec des bandes de débarquement survolant la mer. Pour les avions allemands, on a utilisé des documents allemands que l’on retrouvera dans d’autres films français, montrant des Messerschmitt Me 109F et G, ces derniers étant équipés de canons de 20 mm en gondoles sous les ailes. Ils portent des codes d’usine (dont RG+BL). Il en et de même des Focke Wulf 190, vus au décollage ou faisant des passages bas.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes