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L'HOMME QUI AIMAIT LA GUERRE

 

L'homme QUI AIMAIT LA GUERRE

Vo. The war lover

 

Année : 1962
Pays : Grande Bretagne
Genre : guerre
Durée : 1 h 45 min.
Noir et blanc

Réalisateur :Philip Leacock
Scénario : John Hersey, Howard Koch

Acteurs principaux :
Steve McQueen (Capitaine Buzz Rickson), Robert Wagner (Lieutenant Ed Bolland), Shirley Anne Field (Daphné Caldwell), Gary Cockrell (Sous-lieutenant Marty Lynch), Michael Crawford (Sergent Junior Sailen), Ed Bishop (Colonel Vogt), Bernard Braden (docteur Randall), Tom Busby (Sergent Farr), Charles De Temple (Capitaine Braddock), Louise Dunn (Hazel), Robert Easton (Sergent Handown).

Musique : Richard Addinsell
Photographie : Robert Huke
Producteur : Arthur Hornblow Jr.
Compagnie productrice : Columbia Pictures Corporation

Avions :

  • -Boeing VB-17G, N9563Z
  • -Boeing B-17G, N5229V
  • -Boeing PB-1W,  N5232V

 

Notre avis :

Marquées par le succès de la Fox, "Le jour le plus long" (1963), les années soixante furent certainement les années les plus prolifiques en films sur la seconde guerre mondiale, depuis la fin du conflit. L'un des meilleurs films, un peu oublié, est "L'homme qui aimait la guerre", avec Steve McQueen et Robert Wagner. Le scénario est adapté du roman "The war lover" (1959) de John Hersey.

L'exactitude technique et historique du film est due en grande partie au coordonnateur des scènes aériennes, l'ancien pilote de la RAF et pilote cascadeur, John Crewdson. Ce dernier s'était fait un nom auprès des cinéastes anglais en leur fournissant des hélicoptères pour leurs productions, dans les années cinquante. Il procurera, plus tard, les Mosquitos de "Mission 633" (1964) et s'occupera des scènes aériennes de la série des James Bond, dans les années soixante. A l'été 1961, la Columbia confia à sa société, la Film Aviation Services Ltd., la tâche de localiser, restaurer et convoyer en Angleterre, les trois B-17 nécessités par le film. En moins de quatre mois, Martin Caidin et "Greg" Board exhumèrent trois B-17 trouvés à Tucson (Az) où ils furent rafistolés, malgré de nombreux problèmes techniques (les hélices s'envolaient, le nez transparent d'un B-17 explosa en plein vol...). Le convoyage fut également mouvementé et fit même l'objet d'un livre ("Everything But the flak" écrit par M. Caidin…). Un seul B-17 était équipé d'instruments pour le vol IFR et les autres devaient voler en formation avec lui... Après un long périple (Terre Neuve, Groenland, Islande, Portugal..), ils atterrirent néanmoins à la base de la RAF de Bovingdon, au nord de Londres. Là, les avions furent remis aux standards de guerre, avec notamment l'installation des tourelles de mitrailleuses et de sabords. Ils reçurent aussi une décoration conforme aux marquages de la 8th Air Force, plus particulièrement du 91st Bomb Group, pour ressembler aux B-17 du documentaire "The Memphis Belle" (1944) et de "Twelve O'clock High" (1949), dont le film empruntait des extraits.

La production commença officiellement sur le terrain de Bovingdon le 10 octobre 1961. Ancienne base d'entraînement de la 8th Air Force et du 92nd Bomb Group, Bovingdon accueillait les équipages de l'USAAF et de la RAF depuis la fin des années quarante. Avec la plupart de ses bâtiments datant de la seconde guerre pratiquement intacts, la base constituait un cadre parfait pour le tournage. La séquence aérienne la plus saisissante qui y fut filmée, fut celle où Rickson fait du rase-mottes sur la base, à moins de trois mètres au dessus de la piste ! John Crewdson, seul aux commandes, fit plusieurs passages devant la tour de contrôle, de plus en plus bas, une équipe au sol lui fournissant par radio, son "altitude" exacte…

A la mi-décembre, le réalisateur Leacock et son équipe, se déplacèrent sur la base de la RAF de Manston, sur la côte est de l'Angleterre, où toutes les scènes au-dessus de l'eau furent tournées. Crewdson et ses pilotes firent plusieurs vols au dessus de la Manche à basse altitude avec des moteurs coupés, des hélices en drapeau, la soute à bombe ouverte... Des pots à fumée étaient installés dans les ailes, pour simuler les feux de moteurs, alors que les dommages causés par la flak étaient imités par des morceaux de métal déchiquetés, rivetés au fuselage. C'est à Manston qu'eut lieu le seul accident mortel du film. Après avoir sauté d'un B-17, au dessus de la Manche, le parachutiste anglais Mike Reilly se noya, entraîné vers le fond, par son parachute. Début janvier 1962, Leacock retourna aux studios de Sheppeton, dans le Surrey, pour terminer les autres scènes du film, dont celles se passant à l'intérieur d'une cellule d'un vrai B-17. La production prit fin le 9 février 1962 et la première eut lieu neuf mois plus tard.

L'histoire commence sur une base américaine, en Angleterre, vers la fin de 1943, avec Buzz Rickson et Ed Bolland qui sont deux pilotes de bombardiers. Buzz exulte pendant les combats, et se distingue par ses performances, bien que ses supérieurs doivent parfois le freiner, vu les risques qu'il fait prendre à son équipage. Lors d'une mission sur Kiel, il a touché sa cible en bombardant à travers un trou dans les nuages, alors que son groupe avait reçu l'ordre de revenir. Au retour d'une mission d'action psychologique où il a du lâcher des tracts sur l'Allemagne, ce qui l'a rendu furieux, il se livre à une séance de rase-mottes au dessus de la base ! Mais ses supérieurs passent à chaque fois l'éponge, car c'est l'un de leurs meilleurs pilotes qui a réussi à accomplir vingt trois missions, sans une égratignure. Son copilote Ed est plus prudent, et n'aime pas tuer; la guerre est pour lui un devoir et il fait correctement son "boulot", sans plus. Au sol le comportement suffisant de Buzz l'isole de ses camarades de combat, seul Ed lui reste fidèle. Mais leurs relations se dégradent quand Buzz s'en prend à la petite amie anglaise d'Ed, Daphné Caldwell. Lors de sa vingt quatrième mission au-dessus de Leipzig, l'avion de Buzz et Ed est sévèrement touché par la chasse. Alors qu'il se traîne au-dessus de la Manche, Buzz ordonne à l'équipage de sauter et essaie de rejoindre seul l'Angleterre. Mais sa chance l'abandonne: il s'écrase contre les falaises de Douvres. Quelque temps plus tard, Ed retrouve Daphné.

Le scénario suit d'assez près le livre, mais dans ce dernier, Buzz pose son avion sur la mer, s'accroche à une hélice et sombre avec lui. Les conseillers techniques du film, les lieutenants-colonels, Robert F. Spence et William Tesla de l'USAF, ont fait ici du bon travail. Ils ont mis dans les dialogues quelque mots d'argot (édulcorés..) employés par les pilotes entre eux. Dans les cockpits, les pilotes portent leurs masques à oxygène (des A-14) alors que dans beaucoup des films de ce genre, pilotes et copilotes dialoguent sans masque, à 8000 mètres d'altitude ! Mais la petite histoire raconte que Steve McQueen portait son masque pour cacher des blessures qu'il s'était faites au visage lors d'une course automobile…Sans doute pour des raisons de disponibilité, les Mae West portées par les équipages sont des B-5 (plus petite que la B-4), en dotation dans l'USAAF  à partir de décembre 1944 seulement…La bombe qui reste suspendue dans la soute, et qui aurait été sans doute mortelle pour Buzz, même s'il s'était posé correctement, est là pour ajouter au suspense. Normalement, l'équipage disposait d'outils pour cisailler son attache et la laisser tomber.

La vedette du film est le B-17G "The Body" (code fuselage : DF-V du 324th BS, code de dérive : "A" dans un triangle, du 91st BG ), mais une grande variété de "nose arts" ("Alabama Whammer", "Hellcat Annie", "Erector set", "House of ushes", "Expendable Yi", "Round the trip ticket"..), de codes de fuselage et de faux numéros de série (s/n 127741, 127762…sont des serials de Martin A30), furent appliqués aux trois B-17, pour faire nombre. Les vues rapprochées montrent une escadrille d'avions roulant sur les bretelles pour rejoindre la piste. Les plans plus larges ne montrent que trois Forteresses volantes. L'atterrissage sur le ventre d'un B-17, effectué par Paul Mantz, est extrait de "Twelve o'clock high" (1949). Une fois l'avion arrêté, on ne filme que l'avant d'un autre B-17 ("House of ushes"); cette cellule de B-17 n'avait, en effet, pas d'ailes.

C'est sans doute un des meilleurs films d'aviation sur la deuxième guerre mondiale et son personnage de guerrier psychotique, incapable de se comporter normalement au sol, est intéressant. Par contre, le recours au (trop) classique triangle amoureux, gâche tout. Le film reçut néanmoins un bon accueil du public et de la critique, qui trouva que l'aspect psychologique du film avait été sacrifié aux scènes d'action, remarquablement réalisées. Nous, on ne s'en plaindra pas.

 

Les avions du film :

John Crewdson savait que les forces aériennes israéliennes avaient récemment retiré du service trois B-17, et il pensait qu'ils seraient disponibles. Mais une fois sur place, il constata que les avions avaient déjà été ferraillés ! Il ne put acquérir qu'un fuselage pouvant servir au tournage en studio. Ce B-17G-95 était le s/n 44-83811, qu'il fit transporter en Angleterre. Cet avion avait servi au sein du Squadron 69 "Hammer" de l'Israël Defense Force, entre 1948 et 1958. Puis, il avait été vendu à un Américain, et impliqué dans un trafic d'armes en Algérie. Il était retourné en Israël pour y être démoli.

Crewdson alla ensuite aux Etats-Unis, pour poursuivre ses recherches et se retrouva à Ryan Field, dans le désert  de l'Arizona, non loin de Tucson. Il trouva là un Boeing, ex VB-17G (s/n 44-83563) avec le matricule N9563Z, appartenant à une filiale de l'American Compressed Steel Corp. de Cincinnati (Ohio), l'Aero American Corp., dirigée par un certain Gregory Board, un homme haut en couleur, ancien pilote de Buffalo en Australie, pendant la guerre. Son activité consistait à acheter des avions de surplus à la base toute proche de Davis-Monthan. Crewdson put acquérir l'avion et se rendit à Dallas pour voir les autres B-17 qui y étaient stockés par la même société. Crewdson sélectionna deux avions. L'un était un B-17G-95 qui avait été transféré à l'US Navy (s/n 83883, BuNo 77243), puis immatriculé N5229V. L'autre était un ancien PB-1W (BuNo 77240, un avion de lutte anti sous-marine équipé d'un vaste radome sous le ventre) de l'US Navy, immatriculé N5232V. Ces avions furent remis en état de vol par les mécaniciens d'Aero American et livrés à Ryan Field. On récupéra des tourelles de mitrailleuses et des équipements militaires dans divers parcs à ferraille des Etats-Unis. Le 17 septembre 1961, un B-17 couleur métal et deux en midnight blue de la Navy, s'envolèrent pilotés par Crowdson, Don Hacket et Board, Martin Caidin servant de copilote à ce dernier. En Angleterre, les avions reçurent leurs équipements militaires et furent repeints comme les avions de l'USAAF, à la fin de 1943. Par un curieux effet, les surfaces inférieures apparaissent à l'écran, noires ou d'un gris très foncé. Le travail est correct, mais on remarquera que les tourelles supérieures des B-17 sont parfois un peu "vides". En outre, la tourelle de queue Cheyenne n'était pas muni d'un viseur à réticule, comme les anciens modèles, mais d'un viseur collimateur.

Les deux B-17 de la Navy furent ferraillés, après le tournage, en décembre 1961, sans doute à Manston. Des droits de douane très élevés et de nombreux problèmes mécaniques, ne leur permirent pas de repartir aux Etats-Unis. Le fuselage du B-17 israélien fut stocké à Croydon pendant plusieurs années, avant d'être démoli à son tour

Finalement, seul un B-17G (s/n 44-83563, N9563Z) survécut et retourna aux Etats-Unis piloté par Martin Caidin et Greg Board. Il y fut utilisé comme bombardier à eau et apparut en 1969 dans "Tora! Tora! Tora!". Puis, il fut vendu en 1985 au National Warplane Museum de Genesco (NY). Il vole actuellement à partir de l'Orange County Airport (CA) et appartient à la société Martin Aviation. Il est baptisé "Fuddy Duddy" (s/n 297400) et peint aux couleurs du 708 BS (447th BG), auquel cet avion appartenait en 1943.

 

Christian Santoir

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