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LES SUSPECTS

 

LES SUSPECTS

 

 

Année : 1957

Pays : France

Genre : espionnage

Durée : 2 h 05 min.

Noir et blanc

 

Réalisateur : Jean DREVILLE

Scénario : Antoine-Louis DOMINIQUE

Acteurs principaux:

Charles VANEL (Commissaire Perrache), Anne VERNON (Lucette Vignon), Jacques MOREL (Inspecteur Paul Duchamp), Maurice TEYNAC (Kurt Topfer), Henri CREMIEUX (Saab Astérich), Yves MASSARD (Inspecteur Louis Vignon), Robert PORTE (Koskah), Marcelle ARNOLD (Lynda).

Musique : René CLOËREC

Photographie : André GERMAIN

Producteur : Albert DODRUMEZ, Édouard HARISPURU

Compagnie productrice : CCFC et UDIF

Aéronefs :

  • Dassault MD.312M Flamant
  • Grumman TBM 53 Avenger
  • Piasecki HUP-2 Retriever
  • Vought F4U-7 Corsair 

 

Notre avis :

Le 22 octobre 1956, à l'instigation de membres du cabinet de Robert Lacoste, le gouverneur général de l'Algérie, l'avion transportant de Rabat à Tunis, de hauts responsables du FLN, dont Ben Bella, est détourné vers Alger où les passagers sont aussitôt arrêtés ! L'avion de la compagnie marocaine Air Atlas (le F-OABV, un ancien DC-3 d'Air France), fut détourné par son équipage, entièrement français, après avoir été contacté en vol par les autorités françaises qui lui révélèrent l'identité de leurs passagers et lui demandèrent d'atterrir à Alger. Les pilotes n'acceptèrent de se dérouter qu'à condition que l'on évacue leurs familles vivant au Maroc, ce qui fut fait rapidement et discrètement. L'avion tourna pendant trois heures, la nuit tombée, au-dessus de la Méditerranée, pour respecter son heure d'atterrissage à Tunis ! Il ne fut donc pas intercepté en vol, comme souvent allégué, mais il était surveillé, depuis son survol des Baléares, par des chasseurs Mistral, puis au dessus de l'Algérie, par un MD.315 Flamant qui avait ordre de tirer si l'avion refusait d'atterrir à Alger-Maison Blanche…

Cette opération, qui fit grand bruit, a certainement inspiré le scénario du film où il est aussi question du détournement d'un avion organisé par les service secrets français. Mais le groupe terroriste préparant des attentats en Métropole, fait penser à l'OAS, qui s'illustrera, au début des années 60, par plusieurs attentats et assassinats commis en France.

À la D.S.T., le commissaire Perrache et son adjoint, l’inspecteur Duchamp, travaillent sur l’affaire dite des “Partisans de la Métropole”. Un groupe de terroristes préparant une opération ayant pour nom de code "La journée du sang", en utilisant des émissions de radio clandestines. L'inspecteur Vignon ayant réussi à localiser un des postes émetteurs, s'introduit seul, de nuit, dans une villa de Saint Germain en Laye, pour espionner les conspirateurs, mais il est découvert et capturé par le chef du réseau, Kurt Topfer, un ancien membre des services secrets nazis. Lucette, la femme de Vignon, mais aussi la secrétaire de Perrache, est particulièrement inquiète de la disparition de son mari. Cédant finalement à ses demandes, Perrache fait arrêter le couple Asterich qui servait d'intermédiaire aux agitateurs. Dans un petit cinéma de banlieue où Asterich a l'habitude de recevoir des documents, la DST photographie Topfer, qui est déjà fiché à la DST. C'et ainsi que Perrache et Duchamp comprennent que Vignon est encore en vie, car le frère de Topfer est emprisonné à Alger pour terrorisme et il sera sans doute l'objet d'une demande d'échange. Le seul moyen de récupérer Vignon est d'intercepter l'avion des terroristes qui l'emmènent en Algérie. La Marine Nationale fournit un porte avions, mais après que les chasseurs aient intercepté l'avion au-dessus de la mer pour le forcer à atterrir, il s'écrase sur une dune ! Vignon fait alors sont apparition dans le bureau de Perrache ! Il n'était pas dans l'avion, mais dans un bateau qui l'emmenait en Italie. S'étant échappé à la nage, il était revenu directement à Paris. Perrache est furieux d'avoir dû affirmer à la Marine et à ses supérieurs qu'il se trouvait à bord de l'avion, sous la pression de Lucette, mais le chef de la DST passe l'éponge. Il y a d'autres affaires urgentes en cours.

On remarquera que Vignon s'échappe du yacht où il était retenu prisonnier, devant l'entrée du port de Monaco, qui semble bien vide en 1957…

"Les suspects" est un bon film, construit un peu comme un roman policier et interprété par de grands acteurs. Certes, il plaira surtout aux "anciens", car il manque de couleurs, d'action (Charles Vanel passe beaucoup de temps à tirer sur sa pipe, d'un air songeur...), de violence, de sang et de sexe (le principal personnage féminin ne faisant qu'enlever son manteau...); il n'y a même pas un combat aérien en images 3D ! Néanmoins les aérocinéphiles auront la surprise d'y trouver 25 minutes de scènes aériennes, tournées sur le vieux porte-avions "Arromanches" (ex. HMS "Colossus").

 

Les avions du film :

Les avions du film sont ceux de l'Aéronavale qui accueillit également l'équipe de tournage sur le porte-avions "Arromanches", alors qu'il faisait partie des forces maritimes de Méditerranée. Le bâtiment est filmé sous tous les angles, y compris du ciel. Certaine séquences ont été tournées dans la salle des opérations.

L'inspecteur Duchamp arrive à bord d'un hélicoptère Piasecki HUP-2 Retriever (n°3) de la Flottille "23.S", première formation d'hélicoptères opérationnelle de l'Aéronautique navale.

On assiste à une séquence complète de catapultage de chasseurs Vought F4U-7 Corsair de la Flottille 15F (n° 18, 14, 5, 3, 4..). Puis on les voit en vol et en formation serrée avec un MD-312. Ils portent encore les bandes jaunes de l'opération de Suez à laquelle la flottille venait de participer en octobre-novembre 1956, donc peu avant le tournage (du 26/11/1956 au 15/02/1957).

Quatre Corsair (n° 3, 12, 14, 15) interceptent l'avion des terroristes, un Dassault MD.312M Flamant, un avion de liaison de l'Aéronavale. Cet avion est filmé de trop loin pour être identifiable (Flottille 10S, basée à St Raphaël ?). On a quelques vues furtives du poste de pilotage (à double commande) et de la cabine. Cet avion était non armé, contrairement au MD.315, qui était, à l'origine, un "avion de police coloniale", équipé pour cela de deux mitrailleuses de 12.7 mm.

On voit également sur le pont, six Grumman TBM 53 Avenger (sans tourelle arrière) de lutte anti sous-marine, de la Flottille 9F, rangés à l'arrière du pont, ailes repliées. Les n° 22 et 26 sont vus peu avant leur catapultage, qui est filmé à partir de la place arrière de l'un d'eux.

Le tournage intervient à un époque où l'Aéronavale va bientôt changer son matériel volant datant de la seconde guerre mondiale : le "Corsair" sera remplacé par l'Etendard IVM, en 1962, et l'Avenger, par le Breguet Br.1050 "Alizé", à partir de 1960. L'HUP-2 sera lui aussi remplacé par l'Alouette II, dès 1956. Quant à l'"Arromanches", il ne sera retiré du service qu'en 1974.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur ebay.fr

 

 

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