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LES SACRIFIES

 

 
LES SACRIFIES

Vo. They were expendable

 

 

Année : 1949

Pays : Etats-Unis

Genre : guerre

Durée : 2 h 17 min.

Noir et blanc

 

Director : John FORD

Scénario : William L. WHITE, Frank WEAD

Acteurs principaux :
Robert MONTGOMERY (Lieutenant John Brickley), John WAYNE (Lieutenant J. G. 'Rusty' Ryan), Donna REED (Lieutenant Sandy Davyss), Jack HOLT (Général Martin), Ward BOND (Boats Mulcahe) Marshall THOMPSON (Enseigne 'Snake' Gardner), Paul LANGTON (Enseigne 'Andy' Andrews).

Musique : Herbert STOTHART

Photographie : Joseph H. AUGUST (Lt. Comdr. U.S.N.R)

Producteur : John FORD
Compagnie productrice : Metro-Goldwyn-Mayer 

Avions :

  • -Douglas SBD Dauntless
  • -Douglas C-47A
  • -North American SNJ-6 
  • -Piper J5A Cruiser 
  • -Vought Kingfisher OS2U

 

Notre avis :

Ce film fut réalisé dans le premier semestre de 1945, avec le concours de l’US Navy, de l’Armée, des Garde-côtes et de l’ « Office of Strategic Services » (OSS). Plusieurs membres de l’équipe de tournage étaient alors sous les drapeaux ou des anciens combattants, à commencer par John Ford lui même (capitaine de vaisseau USN), le scénariste Frank Wead (capitaine de frégate USN), un des acteurs principaux, Robert Montgomery (capitaine de frégate USN) et le directeur de la photographie, Joseph August (capitaine de corvette USN). John Wayne était simple civil, n’ayant pas participé à la guerre... John Ford le prenait d'ailleurs pour un planqué, ce qui n’était pas entièrement faux. Certes, il avait trente cinq ans au début des hostilités et il était chargé de famille, mais il n’insista jamais pour se faire engager ; en outre, les studios n’ayant que lui sous la main, il enchaînait les contrats. Cela ne l’empêchera pas, après la guerre, de passer pour LE symbole du soldat américain…Le monde virtuel ne date pas d’aujourd’hui !

Le scénario est basé sur le livre de William L. White « They were expendable » (1942), sur les opérations des vedettes lance-torpilles américaines aux Philippines, au début de la guerre. Bien que les noms aient été changés, les principaux personnages du film sont basés sur des personnes réelles, comme le lieutenant John B. Buckley, qui commandait, à l’époque, la flottille des vedettes rapides à Manille et qui reçut la Médaille d’Honneur, le lieutenant Robert Kelly et l’infirmière militaire Peggy Smith. La production du film ne commença vraiment qu’à la fin de 1944, au moment où les Américains s’apprêtaient à revenir aux Philippines. John Ford, dont c’était le premier film de guerre, reçut une permission spéciale pour le tournage. Le film fut tourné en Floride, autour de Miami, à Key Biscayne et à Cape Florida, dont on reconnaît le phare. Le film sortit après la guerre, en décembre 1945.

En 1941, le 3rd Motor Torpedo Boat Squadron de l’US Navy est envoyé à Manille pour renforcer les défenses des Philippines. La flottille, sous les ordres du lieutenant John Brickley, suscite, dès son arrivée, des sarcasmes, car ces bateaux en bois apparaissent bien fragiles. L’occasion de prouver leur valeur va bientôt arriver, avec l’annonce de l’attaque de Pearl Harbour. D’abord utilisée pour transporter des messages, l’unité est engagée dans des combats contre l’aviation japonaise. Leur base ayant été détruite, les vedettes partent pour Sisiman Cove, dans l’île de Bataan. De nouveau, il doivent assurer des missions de liaison. Le lieutenant «Rusty» Ryan est furieux et ne rêve que d’en découdre. Quand un croiseur japonais bombarde Bataan, Rusty est choisi pour aller l’attaquer, de nuit. Au retour, légèrement blessé à la main, il est envoyé à l’hôpital. On diagnostique une infection et il est hospitalisé, soigné par l’infirmière Sandy Davyss. Pendant sa convalescence, Rusty fait la cour à Sandy, mais Brick vient interrompre cet idylle naissante. Les Japonais attaquent en masse et il a besoin de tous ses commandants. Brick et Rusty sont chargés d’évacuer les généraux Blackwell et Mac Arthur vers Mindanao. Rusty en profite pour dire au revoir, par téléphone, à Sandy. Bientôt, le 3° squadron ne comporte plus que les deux bateaux de Brick et Rusty. On leur donne alors l’ordre d’attaquer un croiseur qui se dirige vers Corregidor. Ils parviennent à le couler malgré d’intenses tirs de barrage. Le bateau de Rusty est détruit, peu après, par une attaque aérienne. La garnison de Bataan se rend et les combats se déplacent vers Corregidor, le dernier point de résistance américain. Brick et Rusty reçoivent alors l’ordre de partir pour l’Australie, afin d’y entraîner une nouvelle unité de vedettes lance-torpille. Rusty part à contre cœur dans le dernier avion quittant les Philippines, sans savoir s’il retrouvera un jour ses hommes et Sandy.

Le 3rd Motor torpedo boat Squadron était équipé à la fin de 1941 de vedettes Elco de 77 pieds de longueur qui furent toutes perdues, soit au combat, soit après avoir été sabordées pour éviter leur capture. Elle sont remplacées dans le film, par deux vedettes Elco de 80 pieds et trois vedettes Huckins de 78 pieds.

Le personnage de Sandy est un salut aux infirmières militaires de l’Armée et de la Marine. Bien que Mac Arthur ait ordonné leur évacuation vers l’Australie, une soixantaine d’entre elles furent faites prisonnières. Mais elles furent internées avec les prisonniers civils, à Manille, et survécurent toutes à la guerre. Un film avec Claudette Colbert, « So Proudly We Hail », leur avait été consacré, dès 1943. La reddition de Bataan en 1942, qui fut vécu comme un second Pearl Harbour aux USA, inspira, en plus de celui-ci, d’autres films comme « Bataan » (1943), « Back to Bataan » (1945).

« They were expendable » glorifie l’esprit de sacrifice des hommes qui se battirent et moururent au début du conflit, alors que les forces armées américaines étaient sur la défensive. Le ton de ce film de guerre est presque intimiste, avec assez peu de scènes de combat, pas d’héroïsme individuel, pas de grands airs patriotiques, pas de propagande tapageuse... Il marque en cela un changement dans la réalisation des films sur la seconde guerre mondiale. Ici, les événements sont racontés avec sincérité et basés sur des faits réels, avec des héros « ordinaires », des professionnels, entraînés pour se sacrifier, et qui feront leur "job" jusqu'au sacrifice ultime.

Si la musique reste fidèle aux hymnes populaires chers à Ford, le leitmotiv du film n’est pas un air guerrier, mais une valse lente, nostalgique («Marcheta. Love song of old Mexico» écrite en 1913 par le compositeur américain Victor Schertzinger), bien au diapason de l’ambiance du film qui est l’histoire d’une défaite, mais une défaite dont la leçon sera retenue. Bataan, comme Pearl Harbor, a renforcé la détermination des Américains à se battre et, quatre ans plus tard, ils étaient de retour aux Philippines, en ayant bâti la plus grande puissance militaire du monde.

 

Les avions du film :

Ce film, dédié à l’US Navy, n’a utilisé qu’un minimum d’avions, comme il fallait s’y attendre. La partie aérienne, fort courte (deux minutes trente) est très peu documentée, voire pas du tout ; on en est donc réduit aux suppositions quant à la provenance du matériel aérien. Les avions, rapidement aperçus, proviennent sans doute de l’US Navy et peut être, de la base d’entraînement de Fort Lauderdale, proche des lieux du tournage.

Les avions japonais attaquant les vedettes au début du film sont six North American SNJ-6 et un Douglas SBD Dauntless (en feu), avec hinomaru sur les ailes.

Brickley descend d’un Piper J5A Cruiser civil dont plusieurs furent réquisitionnés pendant la guerre et attribués à l’USAAF (désignés L-4F), comme à l’US Navy (désignés HE-1).

Deux hydravions Vought Kingfisher OS2U, portant des insignes japonaises, attaquent les vedettes et jouent les Nakajima A6M2-N « Rufe ». Ces avions pourraient provenir de la base des Garde-Côtes de Dinner Key, située juste en face de Key Biscayne. Ils effectuaient à l’époque, avec leurs Kingfisher, des missions de sauvetage et de recherche des sous-marins allemands. Notons que le «Rufe» ne fut mis en service qu’en juin 1942, donc après les événements relatés dans le film, et dans les îles Salomon, pas aux Philippines.

Brickley et Ryan quittent les Philippines dans un Douglas C-47A (c/n 20049, s/n 43-15583), qui survivra à la guerre et finira chez « Laos Air Charter » (XW-PFY, XW-TDJ), plus connu sous le nom d’« Air opium »…Les fanas apprécieront le bruit du démarrage du Pratt & Whitney R-1830-92, enregistré sur place, un vrai «chant du départ» : d'abord, le ronronnement du démarreur électrique, puis l’allumage hésitant des cylindres…Ceux qui s'allument les premiers, les uns après les autres, sont ceux du dessus, puisqu'ils ont été alimentés en essence; les autres restent muets, puis, de nouveau, les cylindres supérieurs s'allument. C'est seulement à ce moment que les cylindres du bas, alimentés cette fois, se réveillent et que le moteur tourne régulièrement.

Comme le Piper, le C-47 porte des étoiles qui ne correspondent pas à l’époque du film (début décembre 1941-fin avril 1942). Blanches sur fond bleu (comme après le 18 août 1942), elles auraient dû avoir un rond rouge au milieu.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

 

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