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LES CORSAIRES DE L’ESPACE

 

 
LES CORSAIRES DE L’ESPACE

Vo. Sabre Jet

 

 

Année : 1953
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h 36 min.
Genre : Drame
Couleur

Réalisateur: Louis King
Scénario : Katherine Albert, Dale Eunson

Acteurs principaux :
Robert Stack (Colonel Gil Manton), Coleen Gray (Jane Carter),Richard Arlen (Général Robert E. Hale), Julie Bishop.(Mrs. Marge Hale), Leon Ames (Lieutenant Colonel Eckert), Amanda Blake.(Helen Daniel), Reed Sherman.(Lieutenant Crane), Tom Irish.(Lieutenant Bill Crenshaw), Michael Moore.(Sergent Klinger), Lucy Knoch.(Lee Crane), Kathleen Crowley.(Susan Crenshaw), Jerry Paris.(Capitaine Bert Flanagan).

Musique : Herschel Burke Gilbert
Photo :Charles Van Enger
Prise de vues aériennes : Tom Tutwiler

Conseillers techniques : colonel Alfred G. Lambert, colonel Clay Tice, major William H. Wescott, major Frederick C. Blesse, USAF.
Producteur : Carl Krueger
Compagnie distributrice : United Artists

Avions :

  • Aeronca L-16A, en arrière-plan
  • Boeing B-29, document.
  • Douglas A-26, en arrière-plan
  • Lockheed P-80C Shooting Star 
  • North American F-86E Sabre
 

Notre avis :

Le film « Sabre jet » sortit en France sous le titre « Les corsaires de l’espace », un titre digne d’un film de science-fiction ou d’un jeu vidéo. Le titre original n’est guère plus exact, car ce n’est pas non plus un film sur le célèbre chasseur. En réalité, c’est un film sur les épouses des pilotes de jets, pendant la guerre de Corée qui venait de prendre fin quelques mois plus tôt. Donc pas grand chose à voir avec l’avion de North American, et encore moins avec les corsaires et l’espace. Remarquons que l’année précédente, « One minute to zero » avait déjà montré les épouses attendant anxieusement leurs chasseurs de maris à la porte de la base d’Itazuke, au Japon. C’est d’ailleurs sur cette même base que s’ouvre le film.

Pendant la guerre de Corée, sur la base d’Itazuke (Fukuoka ,dans l’île de Kyushu, Japon) d’où s’envolent quotidiennement les jets de l’USAF pour intervenir sur la Corée, arrive Jane Carter, une correspondante de guerre. Elle est accueillie par le général Hale qui lui accorde toute facilité pour mener à bien son enquête sur la condition des femmes de pilotes. En effet, la guerre en cours est dénommée pudiquement « opération de police » et la base aérienne au Japon n’est pas sur le pied de guerre, les aviateurs y vivant avec leur famille. Au retour de chaque mission, les épouses attendent leurs maris, comme s’ils sortaient du bureau, devant un portail où est marqué « Par cette porte, passent les meilleurs pilotes du monde.»... Mais parfois, il y en a qui ne passent pas la porte ! Jane se trouve être l’ancienne épouse du commandant d’une escadrille de chasseurs, le colonel Gil Manton. Elle ne l'a pas vu depuis deux ans et a décidé de lui faire la surprise. Celui ci ne semble pas apprécier de telles retrouvailles. Jane commence ses enquêtes par l’interview de la femme du général Hale qui lui explique l’angoisse permanente des épouses et comment elles y font face avec toutes sortes de petites superstitions (par exemple, elles ne regardent jamais l’avion de leur mari décoller ; ça porte malheur..). Les relations de Jane avec son ex mari sont plutôt distantes ; il lui reproche d’être une froide observatrice des drames qui se jouent sous ses yeux et de ne chercher que le scoop, alors que ses visées sont en réalité tout autres... Il organise d’ailleurs son retour aux les Etats-Unis. Le général est descendu lors d’une mission et c’est Manton qui le remplace. Malgré un caractère austère et son ressentiment vis à vis de Jane, le stress des combats finit par avoir raison de lui. Comme les autres, il a besoin de réconfort au retour des combats. Jane finalement, restera et fera très bien l’affaire pour le repos du guerrier.  « Moi, Gil, toi, Jane.. »

Cet histoire d’amour sur fond de guerre de Corée et d’ « explications » entre Sabre et Mig vaut surtout pour son témoignage de la vie d’une base américaine à l’étranger. L’ambiance est très bien rendue : décontraction des rapports entre officiers de rang différents, soirées informelles autour d’un buffet où on ne parle jamais travail, épouses faisant leurs achats avec des caddies au PX (Post Exchange, le supermarché de la base ; un libre service totalement inconnu en France en 1953). Mais à coté de cet aperçu de l’ « american way of life » et du désespoir des femmes de pilotes, thème commun à de nombreux films d’aviation, l’aérocinéphile pourra contempler de nombreux avions de la base de Nellis (Nevada) où fut tourné le film avec la collaboration de l’USAF et de la firme North American.

Les principales vedettes masculines du film sont des spécialistes des films d’aviation. Robert Stack en tourna cinq, (« Sabre jet » étant son avant dernier), bien qu ‘il ne fut pas lui même pilote, contrairement à Richard Arlen qui fut membre du Royal Canadian Flying Corps pendant la première guerre mondiale et instructeur de l’USAAF pendant la seconde. Il tourna neuf films à commencer par « Wings » en 1927. Un homme qui a bien mérité du genre !

La première du film eut lieu à Dayton (Ohio) le 3 septembre 1953, pendant un meeting aérien national, en présence de neuf as de la Corée, dont Joseph McConnel Jr.

 

Les avions du film :

Les scènes aériennes furent tournées à Nellis AFB à proximité de Las Vegas. Les paysages n’étaient pas exactement ceux de l’île de Kyushu, mais il y avait beaucoup d’avions. Dans le film, les vedettes sont, comme indiqué dans le titre américain, les North American F-86E Sabre, dont les avions suivants portant les numéros de série : 51-13017 (avec un faux buzz number FU-60), 51-13022 (FU-022), 51-13064 (FU-064); ce dernier appareil serait aujourd’hui au Air Power Park d’Hampton (VA). Le Sabre est montré dans toutes les phases de vol : décollages en formation, breaks, atterrissages, évolutions en plein ciel. Une caméra à grand angle fut fixée sur la dérive d’un avion, de sorte que le spectateur à l’impression de participer aux combats ou de manœuvrer l’avion quand il atterrit. On remarquera les panaches de fumée bien noires sortant des réacteurs qui rappelleront à ceux qui voyageaient en jet à la fin des années soixante, la « bonne » odeur de pétrole brûlé (JP4) qui régnait sur les aéroports, un vrai parfum de voyage !

A côté de cet avion légendaire, on peut voir ses prédécesseurs, des Lockheed P-80A-5 Shooting Star mis au standard F-80C-11 (dont les FT-364, s/n 44-85364, FT-360, FT-391…), des FP-80A-5 (la version reco, dont le s/n 44-85453), des P-80B-1(dont le s/n 45-8534). On observera une petite maladresse : quand les avions atterrissent ils n’ont plus leurs réservoirs largables, mais quand ils rejoignent leurs places de parkings, ceux-ci réapparaissent  ! En Corée, cet avion assura la supériorité aérienne jusqu’à l’arrivée des Sabre, puis il se concentra sur l’attaque au sol et la reconnaissance, un rôle qui incomba également au Republic F-84E Thunderchief dont quelques uns sont vus à l’atterrissage (dont le FS-825, s/n 50-1825).

Quand le général Hale part pour sa dernière mission, sa femme et ses enfants se tiennent à côté d’un petit avion de liaison et d’observation, un Aeronca L-16A (A-201), un type d’appareil qui participa à la guerre de Corée. 

En arrière-plan, sur un parking, on reconnaît deux Douglas A-26, qui, malgré son âge, se montra très brillant comme avion d’attaque au sol. Les Boeing B-29, les seuls bombardiers lourds de la guerre de Corée, que l’on voit dans le film, sont issus de documentaires datant tous de la seconde guerre mondiale et appartenant à divers groupes de bombardement (9th BG code X, 497th code A, 39th BG code "P", 498th code "T", 499 th BG code "V"). 

Le film fait aussi une grand utilisation de films de ciné-mitrailleuses pour les combats aériens, comme pour les strafings. Certaine scènes, prises au dessus du Japon, mais aussi de l’Italie, avaient déjà été vues dans « Fighter squadron » (1948). Dans un combat aérien on reconnaît même un Messerschmitt Bf-110 !

Enfin, la partie adverse est représentée par des «MiG-15» qui sont en fait des F-86 peints en gris uniforme, à l’exception du nez peint en rouge et portant des étoiles rouges toutes simples qui ne sont ni nord-coréennes, ni soviétiques, ni chinoises !.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur YouTube

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